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EAN : 9782226238306
299 pages
Albin Michel (02/11/2011)
3.53/5   64 notes
Résumé :
En 1939, un pianiste hongrois en pleine gloire est brusquement hospitalisé à l'issue d'un concert à Florence, victime d'un mal mystérieux. Il va passer trois mois en proie à de grandes souffrances, dans un état quasi-hallucinatoire parfois, tandis que quatre infirmières, des religieuses à la fois bienveillantes et un peu inquiétantes, lui dispensent l'oubli à coups de morphine. Ce sont ses "rendez-vous chimiques" qu'il attend avec l'impatience d'un amant. Tandis qu'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 64 notes
À paraître le 19 juin.

Noël 1943. Dans un hôtel transylvanien, le narrateur retrouve une connaissance, un célèbre pianiste hongrois. le musicien est solitaire et a abandonné son instrument. Les autres occupants de l'hôtel sont plus ou moins maussades en raison du temps détestable qui règne à quelques jours du réveillon. le morne quotidien des personnages est soudain bouleversé par le suicide d'un couple au sein de l'hôtel. « Comment espérer, comment croire que de grandes nations puissent se comprendre, et vivre en paix sur terre les unes à côté des autres alors que certains individus se sacrifient d'une façon aussi désespérée et irrationnelle à des passions et des émotions insensées ? » (p. 42) le temps d'une soirée, le drame rapproche le narrateur et le pianiste. Ce dernier promet de lui envoyer un manuscrit où il raconte pourquoi il a cessé de jouer.

1939. Z., célèbre pianiste est invité à Florence pour donner un concert. Mais le voilà frappé d'un mal étrange et douloureux : il ne peut plus jouer, ses doigts refusant d'obéir. « La maladie m'a épargné, […]. Elle ne m'a confisquée que la musique. » (p. 66) Reste à savoir d'où vient ce mal paralysant : serait-ce l'amour contrarié que le maestro porte à la trop belle épouse d'un ambassadeur qui cause cette souffrance infernale que seul l'opium peut endormir ? Commence alors un sordide jeu de cache-cache avec la douleur, mais il se noue également des relations particulières entre le malade et quatre religieuses chargées de le soigner, Dolorissa, Cherubina, Carissima et Matutina. « Je m'attelais à la maladie, comme à une quelconque tâche, un voyage aventureux ou un travail dont on ne mesurerait pas les véritables difficultés dès le début. La seule chose que je devinais était que cette tâche allait se révéler compliquée et longue à accomplir. » (p. 150)

La structure du roman est très classique. le narrateur, dans une longue introduction, raconte comment il est entré en possession de l'histoire, puis présente le texte lui-même. D'ordinaire, je suis plutôt bienveillante envers l'artifice du manuscrit retrouvé ou du récit rapporté. Ici, j'ai trouvé la ficelle un peu grosse, « comme si le but de ce voyage n'avait été que la découverte de la vérité sur le sort de Z. » (p. 72) C'est bien, l'auteur me met directement les mots dans la bouche…

J'ai découvert Sandor Marai avec Les braises, un roman qui ne m'avait pas vraiment convaincue. Toutefois, j'avais gardé l'envie de lire autre chose de cet auteur. Désormais, je crois qu'il n'est pas fait pour moi. le style est parfois dodelinant, voire lénifiant. Cela laisse tout le temps à l'intrigue de se nouer, mais le rythme dilatoire atténue tous les effets et tous les rebondissements. La plume est belle et le talent est là, mais je m'ennuie avec cet auteur.
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Un musicien célèbre qui tombe gravement malade après un concert est pris en charge dans une clinique où on soigne autant l'âme que le corps. Il y découvrira que son amour pour une femme mariée, à la fois séductrice et frigide est en partie responsable de son état, car elle vit dans le mensonge et fait vivre ainsi tous ceux qui sont autour d'elle. Ce magnifique roman nous parle de vérité, celle que nous exerçons (ou pas) vis à vis de nous-mêmes et qui nous fait vivre en nous reliant au monde et au divin. Il nous parle aussi des relations entre l'âme et le corps et des maladies que nous appelons maintenant psychosomatiques.
J'ai peiné à rentrer dans ce texte, car les débuts donnent l'impression d'errer longuement dans un labyrinthe avant de parvenir au coeur du propos,. Mais cela vaut le coup de patienter et de prendre le temps de rentrer dans ce texte qui est profond et superbe. La lenteur et les détours y deviennent un peu comme ces méandres dans lesquels on se perd avant de se trouver, luttant contre les mensonges qui nous détournent de nous-mêmes et nous détruisent. le style est magnifique et met en valeur des remarques judicieuses sur les rapports entre l'art et la vie.
Après avoir un peu bronché comme un cheval rétif, j'ai fini par lire ce livre d'une traite et en suis sortie heureuse et apaisée tant en dépit de ses tours et détours il sonne juste.
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Le roman se divise en quatre chapitres d'inégales longueurs puisque le quatrième et le sixième font à peine une page. le quatrième sert clairement de transition pour passer d'un temps à l'autre. le sixième et dernier chapitre est quant à lui une sorte de conclusion. Les deux premiers chapitres forment un tout, quasiment dissociable du reste, et j'avoue m'y être ennuyée presque autant que les protagonistes confinés dans un chalet peu engageant avec trop peu en commun pour échanger et sympathiser les uns avec les autres. Ils servent certes d'introduction au récit principal mais fallait-il que cette entrée en matière soit si longue et assortie d'un fait divers plutôt lugubre que je ne dévoilerai pas ici de peur de « divulgâcher » votre lecture. La suite est, à mon sens, beaucoup plus intéressante et j'y ai retrouvé ce que j'aime de Marai, à savoir, sa philosophie personnelle un peu pessimiste quant à la nature humaine mais tellement bien observée et servie par une écriture inimitable. On trouve aussi dans son récit une sorte de suspense malgré le fait qu'il nous livre assez tôt dès l'abord plusieurs des issues. C'est difficile à décrire mais cet espèce de flashback sur l'enchaînement des causes et des impondérables me paraît assez caractéristique de cet auteur. C'est un peu comme la vie d'un humain qu'on sait devoir s'achever par la mort et que rétrospectivement on puisse retracer l'enchaînement des événements extérieurs, des rencontres et des choix personnels qui amènent au destin particulier de chacun.
J'ai aimé cette lecture à l'instar des autres que j'ai faites de ce même auteur. Je ne recommanderais cependant pas de l'aborder par ce roman.
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La lecture d'un roman de Sandor Marai m'apporte toujours un bonheur tant l'écriture est belle, réfléchie, profonde.
Ce bref roman de la Soeur est constitué de deux parties carrément distinctes. La première est très intéressante aujourd'hui car elle "raconte" une sorte de confinement involontaire, dépendant de conditions météorologiques, dans une espèce de pension-hôtel en montagne (en altitude). Bref tous ces pensionnaires se retrouvent coincés pour quelques jours, jusqu'à ce que la météo redevienne un peu clémente. C'est très drôle. Les qualités de Sendor Marai à dessiner les portraits de chacun sont évidentes, énormes, et m'ont attiré dans tous les cas bien des sourires et davantage, des éclats de rire. Ce n'est jamais méchant. C'est juste et merveilleusement et délicatement écrit.
Puis on passe à une deuxième partie, le lien étant un musicien célèbre... il ne faut pas raconter...
bref... donc on arrive à l'histoire de ce musicien malade et du coup lui aussi confiné dans sa chambre de malade. IL y reste trois mois, et réfléchit, soliloque, mais pas que, il a aussi des conversations avec les médecins, tout cela alors que la guerre (la seconde) opère son travail de destruction en Europe.
Les parallèles sont magnifiques... comme lorsqu' on étendait les draps et qu'on pouvait se dissimuler entre, les étendoirs consistaient en des parallèles, mais ils étaient si nombreux qu'on pouvait jouer sur les angles et donc s'y dissimuler.
Et puis, Sandor Marai parle des femmes, de la sensualité. Et encore de la dissimulation.
J'ai beaucoup aimé ce roman.
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Auteur découvert l'année dernière avec Les Braises, que j'ai pu comparer avec des oeuvres de Stefan Zweig par la puissance des descriptions et de l'analyse psychologique, Sandor Marai est un écrivain hongrois de plus en plus reconnu dans le monde. Quatre ans après ce chef d'oeuvre, il s'attaque à un autre type de relations humaines. Ce texte sera le dernier publié en Hongrie.

La Soeur, titre qui m'a interrogé tout au long de ma lecture et que je n'ai pas vraiment pu élucider, est l'histoire poignante d'un compositeur célèbre frappé d'une étrange maladie : la douleur apparaît brusquement et ne le quitte plus, le faisant passer des phases de paralysie totale ou de fortes fièvres. On ne saura jamais vraiment quelle est cette maladie, et comme le disent les médecins, qu'importe le nom latin ? Ce qui est important, c'est la réaction psychologique du musicien, qui se laisse complétement dominer par la douleur, et cherche au fond de lui-même ce qu'il a bien pu faire pour mériter ce châtiment. Punition de son orgueil et son arrogance ? Contre-coup d'une passion amoureuse contrariée ?

« Je m'attelais à la maladie, comme à une quelconque tâche, un voyage aventureux ou un travail dont on ne mesurerait pas les véritables difficultés dès le début. La seule chose que je devinais était que cette tâche allait se révéler compliquée et longue à accomplir. »

Tout comme Zweig, Marai se plaît à utiliser des récits-cadres : au lieu d'introduire directement son personnage principal et de raconter l'histoire à la troisième personne, il choisit un acteur extérieur qui découvre par hasard la retraite du célèbre pianiste et se voit confier le manuscrit de sa vie, qu'il ne lira qu'après la disparition de ce dernier. La mise en place du récit est ainsi un peu plus longue, mais elle permet de poser des cadres, d'introduire le personnage principal, à partir des souvenirs du témoin, et d'en savoir plus sur ce qu'il s'est passé après. Une fois ceci posé, il présente le récit en tant que tel, sous forme de confession écrite.

Avec un style impeccable, qui décrit bien l'atroce situation du musicien privé de ce qui fait sa vie : sa musique. Une fois guéri, la perte de cette passion ne pouvait que le conduire à la mort.

Un texte admirable et poignant par sa description de la maladie, par laquelle le personnage va se comprendre et se transformer.

"Peut-être se trouvera-t-il des lecteurs qui liront son histoire comme l'ultime création du musicien, dans laquelle la mélodie est plus importante que les paroles. Et la mélodie n'a jamais de "sens". Toutefois elle raconte quelque chose qu'on ne peut raconter avec des mots."
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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critiques presse (1)
LeMonde
14 novembre 2011
Toute la réussite du texte consiste dans ce combat d'un homme d'abord arrogant et sûr de lui, qui découvre dans la douleur les moyens de se comprendre, de se transformer, et de se guérir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Z., pianiste hongrois, évoque un concert donné à Florence en 1939:

"Il n'existe plus dans cette salle aucun autre pouvoir que celui de la musique, qui empoigne de la même manière le public, qui attend la musique, et moi, qui l'invoque - comme les prêtres et les fidèles au moment de la bénédiction, nous sommes tous sous le charme de forces surnaturelles. Car voilà ce qu'est un instant: une célébration. Ce n'est pas en vain que les hommes ont revêtus de sombres habits. Ce n'est pas sans raison que dans la salle étincellent l'or, le marbre, le feu des lustres, la splendeur sombre et parfumée des lauriers. Nous nous sommes rassemblés pour une cérémonie - ce n'était pas la première fois que je le ressentais au cours de mon existence, et je savais que l'anticipation de la fête était ce que la vie pouvait donner de meilleur aux hommes et certainement ce qu'elle m'avait donné, à moi. Ces instants, une seconde avant la première note, cette tension fatale de l'attente qui avait envahi chaque terminaison nerveuse dans cette salle, la certitude que cette pression tétanisée et cette attente dans lesquels mille personnes avaient oublié leurs soucis et sens de leur propre vie venaient de moi, c'est en effet ce que la vie m'a donné de meilleur. La musique n'avait pas encore retenti, la première note ne s'était pas fait entendre, sortant de ce corps noir au système nerveux comparable à celui des êtres humains, aux cordes métalliques fragiles, de ce fauve mystérieux, le piano - mais la fête était déjà entière. Cette force, née en même temps que le monde, nous élevait, nous, les hommes, du quotidien vers le sacré. Une fusion singulière s'opérait à présent entre mon corps et celui de mille autres personnes: je leur transmettais quelque chose qui faisait circuler le sang plus fougueusement dans leurs veines, d'aucuns pâlissaient, d'autres rougissaient ou inclinaient la tête, des glandes lacrymales s'activaient, des mains tremblaient. Et moi, transporté par ce monstre mythologique sublime, je volais,le piano et moi ne formions plus qu'un seul corps, comme le cavalier et le centaure légendaires - car sans doute seuls les héros et les animaux volants des légendes connaissent cette union magique de deux corps étrangers. Les nuages, le temps, le monde, nous abandonnons tout derrière nous - encore un instant, et la musique allait résoudre tout ce que les paroles et les choses n'expriment qu'avec paresse. Et je savais que ce serait pour la dernière fois."p.124/125
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« Comment espérer, comment croire que de grandes nations puissent se comprendre, et vivre en paix sur terre les unes à côté des autres alors que certains individus se sacrifient d’une façon aussi désespérée et irrationnelle à des passions et des émotions insensées ? » (p. 42)
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Peut-être se trouvera-t-il des lecteurs qui liront son histoire comme l'ultime création du musicien, dans laquelle la mélodie est plus importante que les paroles. Et la mélodie n'a jamais de "sens". Toutefois elle raconte quelque chose qu'on ne peut raconter avec des mots.
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Les hommes développent une surdité singulière et ne deviennent pas sourds seulement aux sons," continua-t-il vivement. " Ils s'assourdissent avec le vacarme indistinct de la vie, ils n'entendent pas l'essentiel, ils ne perçoivent pas les avertissements. Mais Dieu nous parle constamment, il nous prévient. Naturellement, il ne s'adresse pas à nous du haut des nuages, d'une voix tonnante. Parfois il parle tout doucement. Ses conseils, ses mises en garde sont laconiques. Qui a dit que, toute sa vie, il avait entendu une voix qui lui soufflait ce qu'il ne fallait pas faire, mais que jamais il n'avait distingué celle qui lui aurait dicté quoi faire ? Vous ne vous en souvenez-pas ? Moi non plus. Goethe peut-être. En fin de compte on attribue toujours ce genre de réflexion à Goethe.
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"C'était le quatrième Noël de la seconde guerre mondiale. Le temps a passé depuis (...). Mais le souvenir de la rencontre que j'ai faite alors est resté vivant dans mon esprit et dans mon cœur... Les informations concernant la destruction de villes entières ainsi que les doutes et les angoisses portant sur le monde occidental étreignaient le cœur de bien des hommes en ce temps-là, mais tout ce malheur incommensurable, inhumain, n'a toutefois pas été assez cruel pour estomper le souvenir de cette rencontre. Ce que j'ai appris alors n'avait pas trait à des peuples ou des pays mais seulement au sort d'un homme. Cependant la même fatalité peut s'acharner aussi implacablement sur la vie
d'un seul homme que sur l'existence des nations."
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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