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4,06

sur 817 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dernières décennies du 19ème siècle, l'Empire austro-hongrois est gouverné par François-Joseph 1er, également roi de Hongrie. Henri et Conrad, deux amis que seule sépare une différence de fortune, vont grandir ensemble comme deux frères à l'école militaire et devenir officiers. Conrad est accueilli comme un de leurs membres dans la famille d'Henri, dans un château au coeur de la forêt hongroise. le mariage d'Henri avec Christine ne semble pas perturber cette amitié, les jeunes gens continuant à vivre dans une harmonieuse complicité. Jusqu'à cette journée de juillet 1899, où, après une partie de chasse, Conrad démissionne de l'armée et disparait à jamais.

Août 1940, quarante et un ans plus tard, Henri vit seul dans son château isolée en compagnie de sa vieille nourrice. Sa femme est morte depuis de nombreuses années et il se prépare à recevoir enfin la visite qu'il attend depuis si longtemps : celle de son vieil ami auquel il a tant de choses à dire…

Dans ce roman puissant, tragique, confrontation de deux vieillards dont le monde s'est effondré avec l'Empire qui les avait vus naitre, Sándor Márai nous offre une réflexion très profonde sur l'amitié, l'amour, les relations entre les êtres, la destinée humaine soumise à la violence sans limite des passions qui s'oppose aux règles et contraintes de la vie en société…Jusqu'au jour où les dernières flammes ayant tout consumé, ne subsiste que la nostalgie. Une très belle découverte.
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Quatre étoiles parce que c'est un très beau livre, très bien écrit. Mais un avertissement pour monsieur Marai : quelques remarques stupidement sexistes émaillent son livre, et lui font perdre de son éclat. C'est une histoire d'amitié ; d'après M. Marai, les femmes sont incapables d'éprouver ce sentiment : je l'invite à lire d'outre tombe L'Amie prodigieuse, ou tout simplement à observer plus attentivement le monde. Il remarque de plus que très rares sont les femmes capables de dignité : alors là, c'est formidable. je ne vois pas d'où l'on peut sortir une telle idée ...Bref : deux avertissements pour M. Marai, qui ne sort pas non plus des cavernes puisqu'il a vécu dans la dignité jusqu'en ...1989. Mais comme je suis moi -même digne, je vais arrêter de critiquer papy pour ses errances d'un autre siècle (le siècle dernier...)
Donc, c'est une histoire d'amitié virile et digne entre deux aristocrates hongrois qui se rencontrent à l'école militaire. Enfin, digne...Quand le récit commence, les deux amis ne se sont pas vu depuis quarante et un ans. Visiblement, il y a eu une brouille violente, dont les braises, si longtemps après, couvent encore. On comprend très vite, si on a eu une expérience de la vraie amitié (donc si on est un homme...Donc je dois être un homme, moi...Il faut que j'en parle au docteur pour envisager des traitements hormonaux et une opération...)(Excuse-moi, papi, je me moque indignement) que sous la loyauté virile a aussi brûlé la possessivité, la rivalité, l'envie...Et que dans cette histoire d'hommes une femme a mis son nez indigne. Ou plutôt que les deux hommes ont fait entrer une femme dans leur couple amical, histoire de pimenter leur relation...Enfin bon, tout cela est très classique, mais rondement mené.
J'ai surtout aimé l'écriture de Marai, qui dépeint magnifiquement la Hongrie, physiquement et moralement. C'est aussi l'histoire d'un monde disparu et d'une loyauté disparue entre des hommes et un empire, un empereur. La nostalgie prend à la gorge. Les deux vieillards qui se retrouvent pour se perdre à nouveau n'ont plus rien depuis quarante ans : ni famille, ni ami, ni amante, ni empire, et pour l'un, ni maison, ni terre. Tout se mêle, histoire et Histoire, et une fois de plus le XXème siècle a tout dévoré.
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En cherchant à offrir un roman  d'écrivain hongrois, je me suis rendue compte que je n'en avais en fait jamais lu ... Voilà chose faite avec Sandor Marai , écrivain du début du vingtième siècle !

Un vieux général, Henri , en son château dans la campagne hongroise, se prépare à recevoir à diner , Conrad, son ami de jeunesse ,  camarade de promotion de l'école militaire , qu'il n'a pas vu depuis 41 ans et 43 jours .

Deux vieux messieurs , face à leur passé, et pour Henri, enfin l'occasion tant attendue de connaitre la vérité , sa seule motivation pour repousser la mort .

Conrad a t'il vraiment eu l'intention de le tuer avant de baisser son arme et de fuir pour réapparaître après tant d'années et Christine, la femme d'Henry a t'elle été un simple témoin ?

Une histoire d'amitié, de passion et de trahison dans un long monologue, car seul s'exprime Henri, et le lecteur assiste comme Conrad à l'évocation du passé, et également au fur et à mesure des pages à l'évolution de l'état d'esprit du vieux général .

Plus alambiqué et moins flamboyant que Stefan Zweig auquel Sandor Marai est comparé , j'ai trouvé l'abord sans doute  plus complexe , mais je vais continuer l'exploration des oeuvres de cet excellent écrivain .
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Merci aux Babélionautes et notamment aux participants au challenge 20ème siècle que j'anime d'avoir fait à multiples reprises passer le nom de cet auteur sous mes yeux au point d'attiser ma curiosité : il est absolument certain que je reviendrai me frotter à son oeuvre, après cette première découverte.
Beaucoup ont fait le parallèle avec le sublime Stefan Zweig; pour ma part, c'est aussi Joseph Roth que la tonalité et le contexte de 'Les braises' m'a évoqué, avec l'atmosphère fin d'empire de 'La marche de Radetzky', mais aussi 'Les Buddenbrook' de Thomas Mann, récit de la chute inexorable d'un ordre ancien vu à hauteur d'hommes. Ou encore sur le même thème 'Les Thibault' de Martin du Gard... bon, j'arrête avec les comparaisons, mais il est vrai que j'affectionne particulièrement ces grands romans marquant les tournants sociologiques du 20ème siècle.

Dans 'Les braises', ce contexte en toile de fond imprime une marque profonde sur l'intrigue au premier plan : un face à face, théâtral dans la mise en scène, de deux hommes vieillissants que tout oppose socialement, qui furent les meilleurs amis du monde dans leur jeunesse avant de se séparer pendant plus de quarante ans pour finir, au seuil de la mort, par lever le voile sur toutes les faussetés de leur relation.

Sur la forme, on assiste essentiellement au long monologue du meilleur né des deux, pur produit de l'aristocratie d'empire dont la première guerre mondiale a réduit la position et les certitudes en poussière, un homme abimé mais lucide qui a fini par comprendre que son monde a disparu et ne cherche plus que la vérité ultime liée à ses passions.
Même si j'ai été assez frustrée de ne pas assez entendre la voix et le regard contradictoire sur le monde de son interlocuteur, cet "échange unilatéral" d'une profondeur crépusculaire m'a subjuguée, et donné envie d'explorer en Sandor Marai un conteur de son temps.
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Un livre très théâtral, Les braises..., même si j'avais du mal à voir Claude Rich dans le rôle du général, Claude Rich a une étincelle d'enfance dans le regard que je n'imagine pas du tout dans celui de cet Henri, fils d'un officier hongrois de la Garde impériale et d'une aristocrate française, qui depuis 41 ans attend cloitré dans son château familial le retour de l'homme, Conrad, qu'il avait désigné comme son "ami" . Et qui est parti sans rien dire le lendemain d'une journée de chasse, dont les évènements vont nous être dévoilés au fur et à mesure du roman. Il attend de savoir si ce qu'il rumine depuis 41 ans est vrai.
Voulais-tu m'assassiner, étais-tu l'amant de ma femme, savait-elle ce que tu voulais faire, et, surtout, m'as-tu toujours haï?

La force du récit tient finalement à l'absence de preuves et de réponses aux accusations. Nul besoin. C'est l'affrontement , après tant de temps, qui est important, que toujours l'un parle et l'autre se taise, l'un soit resté et l'autre ait fui.Conformes à ce qu'ils étaient enfants. le dominant et le dominé. le riche et le pauvre. le soldat et l'artiste. Tout, sauf des amis, et à cela, Henri, coincé dans des valeurs bien rigides, n'avait pas pensé. Mais liés à jamais par tellement de non-dits.La complexité des relations humaines.

C'est remarquablement bien écrit ( et bien traduit), le récit est mené de main de maître , une chasse juste pour le plaisir après plus de 40 ans de gâchis.

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La lecture de Sandor Marai m'enrichit de plus en plus.
Son écriture, bien évidemment, magnifique, musicale, si précise, est celle d'un peintre impressionniste, aussi, je ne trouverai pas les qualificatifs car cette écriture, elle est à respirer, à entendre (surtout) (et coïncidence, la musique est essentielle dans l'oeuvre de S. Marai), mais aussi à humer... oui le nez en l'air.

Les Braises est fléché comme le "must", le "best"... personnellement je n'en sais rien, puisque je n'ai lu aucune critique ni aucune étude sur cet auteur, conseillée par un ami babéliote futé, et par mes lectures de Kertesz Imre... j'ai pris toutes les oeuvres par ordre de création et les lis, sauf celles que je n'ai pas pu me procurer. On dira ce qu'on voudra, mais il y a longtemps, j'ai fait pareil avec Marguerite Duras, et franchement je l'ai bien vécu.

Les Braises est un roman qui confronte deux amis, enfin, si on veut, car qui a voulu être l'ami de l'autre ? une femme, deux sociétés donc deux cultures, et deux "nations" (même si cet aspect est assez oublié, il m'a paru important... on est hongrois, on est mi-polonais, un peu roumain, un peu tyrolien... toutes ces notes ne sont pas anodines).
On parle de mensonge, de trahison, de fidélité, d'amitié, mais aussi de chasse, de virilité, de faiblesse, de mémoire et de vieillissement.
Chacun pourra y voir ce qui correspondra à sa sensibilité, à sa propre histoire, et je pense que c'est ce qui donne à l'oeuvre de Sandor Marai, son intemporalité et une forme d'universalité.
Pour ma part, j'y ai vu surtout une opposition de caste, de classe sociale.
Mais c'est une belle lecture, Si l'on accepte le long monologue du Général (comprenez, un peu long à mon goût et donc trop dominant face à son "adversaire").
Enfin, je vois des espèces de classement des romans de Sandor Marai. Je n'aime pas trop les classements, mais je dois dire que celui-ci n'est pas celui qui m'a le plus emballé.

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Sàndor Màrai est un auteur hongrois du XXème siècle dont l'oeuvre fut censurée par le régime communiste. Il écrivit Les Braises pendant la deuxième guerre Mondiale. J'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman qui raconte les retrouvailles à huis-clos entre deux vieillards, le général issu de la grande tradition militaire austro-hongroise, et son ancien ami Conrad, qui se revoient pour la première fois quarante-et-un ans après la fuite de Conrad vers les Tropiques. L'écriture est classique et superbe, les descriptions du château sont magnifiques, on croirait y être, et les analyses des personnages sont fines, intelligentes, acérées. le roman raconte ce que fut leur amitié, aux yeux du général, un sentiment de grandes pureté et valeur. Puis le général raconte à Conrad comment au fil des années de solitude, il a fini par comprendre la cause de leur rupture d'amitié, et à la lumière faiblissante puis moribonde des bougies qui se consument, sa longue confession le laisse finalement exsangue, vidé de sa peine, de sa colère et de son désir de vengeance. J'ai moins aimé cette deuxième moitié, j'eus souhaité un dialogue, ce monologue auquel seul le silence répond m'a finalement laissée le coeur lourd et sur ma faim.
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L'amitié au tison
A la suite d' un mystérieux incident de chasse, deux anciens amis d'enfance sont restés plus de quarante ans sans se revoir et ne se reverront jamais plus. C'est l'heure de s'expliquer. Les braises ce sont ces passions anciennes qui bouillonnent encore et que les retrouvailles vont attiser. Henri, le général, s'est réfugié dans son vaste château familial, au milieu des forêts de son enfance. Conrad, l'amateur de musique, a quitté l'armée, changé de nationalité et a fui très loin, sous les Tropiques. Le général veut la vérité et dirige la conversation, mais, à mesure que nous apprenons ce qu'il s'est réellement passé, nous comprenons aussi que leur amitié s'appuyait sur des fondements bien illusoires...
Je remercie Tiptop92 pour m'avoir permis de découvrir ce beau roman intense et douloureux.
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L'amitié, c'est l'amour débarrassé de la tentation charnelle. L'amitié est une affinité spirituelle quand l'amour est une pulsion irraisonnée salutaire. En hommage à l'amitié, ce bel ouvrage de Sandor Marai le confirme : l'amour est prédateur de l'amitié.
Les braises de Sandor Marai nous propose un affrontement entre deux hommes à l'heure de leurs retrouvailles au crépuscule de leur vie. Cette rencontre tourne au monologue de celui qui accuse.
Faisant fi des conditions sociales, comme l'amour, l'amitié s'affranchit des barrières. Mais si le premier est passionnel, la seconde est vertueuse. Rompre l'amitié est toujours une trahison.
Une forme de huis clos psychologique sur le thème de l'amitié. C'est superbe !
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Ce qui m'a tout de suite plu dans ce roman est précisément cette construction et le mystère qui petit à petit explique la séparation des deux amis. Même si très vite nous devinons l'origine du conflit, le roman est construit de telle façon que le suspens demeure. L'intérêt second réside bien sûr dans ce long échange entre les deux hommes, dans une analyse psychologique, dans un démantèlement des évènements passés qui font que j'ai été totalement passionnée par ce livre. Tout repose sur une perception erronée du Général et sur un évènement clef qui va lui permettre de reconsidérer toute sa vie avant sa rupture avec Conrad.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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