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4,06

sur 817 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Des critiques ont déjà mis en exergue la trame de ce livre.

« Les braises » titre au combien évocateur, est déjà un résumé en lui-même : 41 ans d'attente ont permis aux personnages de s'interroger sur leur vie (enfance, amitié, conditions sociales, carrière professionnelle, vie amoureuse) et surtout sur la « rupture amicale » entre eux.

C'est un monologue mené à la façon d'une enquête policière par l'un et toléré par l'autre.

A lire absolument tant il est rare qu'un roman traite aussi bien de l'amitié.
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Je continue d'explorer l'oeuvre de cet auteur majeur hongrois que fut Sandor Marai. Découvert avec « Mémoires de Hongrie », j'avais été agréablement surprise, je dirais même émerveillée, par la similitude de son style avec Stefan Zweig. Une écriture élégante, j'oserais écrire aristocratique, qui sait parfaitement mettre en évidence ce que cachent nos failles, nos motivations, nos sentiments. Il surprend par une grande profondeur de réflexion, une belle acuité d'analyse des passions humaines.

Antifasciste dans un pays collaborant avec l'Allemagne nazie, il quittera son pays en 1948, à l'entrée des chars soviétiques dans Budapest, pour les Etats-Unis jusqu'à son suicide en 1989. Là encore, sa gémellité avec Zweig interpelle. Il ne sera réhabilité en Hongrie qu'en 1990, après son suicide.

Le titre original de ce roman serait « A gyertyak csonking égnek », ce qui signifie « Les chandelles brûlent jusqu'au bout ». Après avoir pris connaissance de ce livre, le titre m'a intriguée. J'ai cherché le lien entre « Les braises » et le récit et me suis rendue compte que le titre initial était bien plus en adéquation avec la traduction littérale.

Dans un château en Hongrie, Henri, âgé de plus de soixante-quinze ans, général à la retraite, attend son ami Conrad qu'il n'a plus revu depuis plus de quarante et un ans. le temps s'est écoulé. L'empire austro-hongrois n'existe plus. La seconde guerre mondiale est à ses débuts.

Amis d'enfance malgré leurs différences sociales - l'un est issu d'une famille extrêmement fortunée, évoluant dans l'entourage de l'empereur François-Joseph, l'autre est issu d'une famille de fonctionnaires - il n'en reste pas moins qu'Henri et Conrad demeurent très attachés l'un à l'autre, inséparables pourrait-on dire. Alors, comment se fait-il que du jour au lendemain, Conrad se soit exilé sous les tropiques après avoir donné sa démission de l'armée et tout cela, sans donner de raison. le moment tant attendu est enfin arrivé, Conrad est de retour à la table d'Henri. Celle-ci a été dressée avec le service de porcelaine française, le repas, les fauteuils, la disposition des fleurs dans les vases, tout est à l'identique du dernier soir qui les a vus réunis il y a quarante et un ans. Il manque Christine, l'épouse d'Henri, qui est décédée.

J'ai beaucoup apprécié ce huis-clos très intimiste, cette confrontation entre deux hommes où au fur et à mesure que les chandelles se consument, la tension dramatique se fait de plus en plus intense jusqu'à l'ultime révélation qui se fait connaître en toute fin du récit. Toute la force de ce chef d'oeuvre réside dans le dialogue truffé de non-dits qui s'installe entre les deux amis. de leurs échanges, il se dégage beaucoup de vulnérabilité, c'est indéfinissable. Si l'un des deux vient à souffler sur les « braises », tout peut s'embraser en un instant. Peut-être est-ce justement cette nécessité ou la peur d'entrevoir enfin une parcelle de vérité qui rend l'instant si fragile et que la vieillesse les rapproche de la mort. Ils ont fui la vie tous les deux, l'un sous les tropiques, l'autre dans une annexe de son château. L'un comme l'autre, ils n'ont pas osé aimer, pas osé affronter leurs émotions. Henri a passé sa vie à se poser des questions, mortifié, rongé par la rancoeur, et ce sont toutes ses réflexions qu'il livre à Conrad. A chaque main tendue, une révélation vient bousculer l'espoir de les voir se réconcilier.

C'est une histoire d'amitié entre deux hommes, d'une amitié bafouée, perdue que nous livre Sandor Marai. Une histoire où les valeurs liées à ce sentiment d'amitié sont mises à rude épreuve.

J'ai relevé qu'Henri reste sans nouvelle de Conrad pendant quarante et un ans. J'ai noté que l'exil de l'auteur est aussi de quarante et un ans. Selon La Bible, le nombre 40 est le nombre de l'attente, de la préparation, de la maturation, de l'épreuve ou du châtiment.

« Il reste l'une des grandes voix de la Mitteleuropa, aux côtés de Stefan Zweig ou Thomas Mann qu'il admirait ». France Culture.

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Sándor Márai - Les Braises - 1942 : Il faut savoir que ce livre n'a été autorisé en Hongrie, pays d'origine de l'auteur, qu'après la chute du mur de Berlin. On peut s'interroger sur la raison de cette censure, rien dans cette histoire ne paraissant subversif ou portant atteinte à la moralité et à l'existence de l'union soviétique. Seule une volonté d'étouffer un intellectualisme considéré par la pouvoir en place comme une menace pouvait expliquer l'interdiction de cet ouvrage. le huit clos mis en scène par Sandor Marai évoquaient tour à tour la fin d'une amitié mais aussi celle d'un monde avec l'entrée en guerre des puissances européennes et leur fuite en avant vers le chaos final. Après quarante années de séparation, ce sont deux vieillards qui se retrouvent pour solder enfin les rancoeurs accumulées pendant un demi-siècle. Une relation comme celle qui les unis depuis l'académie militaire ne pouvait rester éteinte sans qu'un dernier souffle ne rallume les braises de la discorde. Malgré la différence de classe sociale rien ne semblait pouvoir rompre leur attachement, pourtant, du jour au lendemain, à la suite de ce qui paraissait n'être qu'un bête accident de chasse, l'un des deux est parti sans explication abandonnant sa carrière de soldat et un avenir brillant dans le monde. Si l'écriture est très riches et les longs monologues brillants, le livre pèche un peu par l'absence de mystère car on comprend très vite les raisons de ce mutuel silence. Il suffira de dire qu'une femme complète ce duo pour que la fin se dévoile bien avant la conclusion du récit. Malgré ce bémol, ce classique reste très agréable à lire et permet de découvrir la littérature d'un pays rarement mis en avant pour le mérite de ses oeuvres littéraires..
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L'orage gronde. Henri, ancien officier qui vit reclus en son château, reçoit Conrad, un ami qu'il n'a pas revu depuis plus de quarante ans. Nous allons progressivement apprendre au cours de ce huis clos ce qui a poussé Conrad à quitter soudainement un ami de longue date, l'armée et son pays.

L'auteur aborde une histoire d'amitié entre deux hommes que tout oppose : Henri, un général issu d'une famille aristocratique et fortunée, dont la vie est fondée sur les valeurs de l'armée ; Conrad, cultivé et d'origine plus modeste, qui n'est pas attiré par l'armée mais plutôt par la musique et les arts. Nous découvrons peu à peu de quelle manière Conrad est l'obligé de son ami, qui mène la conversation lors de cette soirée.

Sandor Marai dépeint à merveille son pays et en filigrane le démantèlement de l'empire austro-hongrois.


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Un ancien général de l'armée Austro Hongroise s'apprête à recevoir dans son domaine son ami de jeunesse qu'il n'a pas vu depuis 41 ans . La séparation a été très douloureuse , malgré par un incident inexplicable .

Très beau roman , tout en finesse , où le temps semble s'écouler avec une infini lenteur .

Au delà du remarquable face à face des deux "amis" qui nous tient en haleine de part tous les secrets et les non dits entre eux deux , ce livre est aussi un trait d'union entre le monde tel qu'il va devenir et l'empire Austro Hongrois. Il est question d'honneur , de fidélité , de devoir...Sentiments avouons le légèrement bafoués de nos jours.
La description de la chasse est saisissante , les relations entre individus remarquablement bien évoquées.
L'écriture est brillante, tout en restant d'une fluidité impressionnante.
C'est un petit bijou, fin , intelligence, laissant la place à l'honneur et au non dits , tout en nous plongeant dans la fin de l'empire , les horreurs de la guerre et les moeurs de la "haute" société
.
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Il y a des auteurs dont on connaît le nom, dont on sait que leur oeuvre a conquis des millions de lecteurs et qui vous demeurent inconnus.
C'était en ce qui me concerne le cas pour Sandor Marai, dont je n'avais jamais ouvert un livre.
Je serais bien incapable d'en donner la raison.
J'ai été, je dois le dire conquise dès les premières lignes de ce magnifique roman.

Dans un château isolé, Henri, général à la retraite âgé de soixante-quinze ans dîne avec Conrad, un ami perdu de vue depuis quarante et un ans.
De nombreuses questions se posent lors de ces retrouvailles et c'est à un quasi monologue que se livre Henri évoquant une série d'anecdotes, de souvenirs, de silences et de faux-fuyants.
La tension est palpable et l'auteur réussit à doser savamment les révélations pour replonger ses personnages dans leurs ressentiments alors que l'on croyait qu'une réconciliation était possible.
J'ai été happée par cette écriture d'une intensité remarquable retraçant l'atmosphère et les usages de l'Empire austro-hongrois.

Sandor Maria m'est apparu comme un peintre de l'âme humaine pour démontrer les rouages psychologiques de drames intimes dans un huis-clos haletant et nous donne à lire une magnifique étude des rapports de classes, de l'amitié et de la trahison.

J'ai bien l'intention de poursuivre très rapidement ma découverte de l'oeuvre de l'auteur.

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Si vous aimez la littérature, si vous n'avez pas lu Sandor Marai, lisez Les Braises
Nous sommes parmi les plus grands écrivains de tous les temps
L' histoire paraît simple. C' est la fin de l'empire austro- hongrois
Un très très vieux général attend la visite d'un ami très cher
Il y'a 41 ans qu'il attend cette visite qu'il sait inéluctable
Alors le général raconte avec beaucoup de tendresse et de finesse la belle amitié enfantine puis adolescente.Le texte est magnifique Dans ce contexte historique, la fin d'une époque impériale, les deux amis vont nouer une relation fusionnelle malgré la différence de statut social
J' ai rarement lu un texte aussi beau sur l'amitié
Un jour, le général voit son ami disparaître brutalement , sans explication
Plus de quarante ans après, il se retrouvent dans le château du Général
Commence alors un dialogue feutré pour expliquer cette séparation
Une histoire de femme aimée et maintenant disparue
Banal, direz-vous.
Pas du tout car le dialogue entre les deux hommes est d'une richesse infinie , quasi métaphysique
On y parle de l' amitié bien sur mais aussi de l' amour , de la loyauté, de la culpabilité, de la vengeance et du pardon sans oublier de l' importance des classes sociales dans cet empire finissant
Il leur faudra aller jusqu'au bout de la vérité
Après, la boucle sera bouclée.
Sandor Marai a longtemps été interdit puis oublié
Il est grand temps de le remettre à sa juste place parmi les plus grands
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Dans un château un vieux général attend son ami qu'il n'a pas vus depuis 41 ans et 43 jours. Il se remémore leur relation.
Dans les dernières années de l'Empire Austro-Hongrois, ils se sont liés d'une amitié indéfectible dans l'établissement militaire où ils ont suivi leur formation. Pourtant beaucoup de choses les séparaient. Il appartient à une famille riche, tandis que les parents de Conrad ont fait de grands sacrifices pour leur fils. Ce dernier aimait la musique et les livres quand lui était mondain. Lorsque lui Henri s'est marié, leur amitié a perduré. Pourtant le lendemain d'une chasse où un événement inattendu a eu lieu, Conrad a quitté l'Angleterre.
Lors du repas et de la soirée partagés, le vieux général exprime ses réflexions à son ami Conrad qui essentiellement l'écoute et intervient peu. Pourquoi se sont-ils séparés ?
Un livre qui interroge l'amitié.


Je suis heureuse d'avoir enfin lu un livre de cet auteur auquel je pensais depuis un moment. Ce ne sera pas le seul.
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Dans son château hongrois, Henri : Général retraité de l'Armée Impériale attend son ami de jeunesse, son condisciple de l'école militaire de Vienne !
Il demande à sa vieille nourrice de préparer à cet effet un souper dans la tradition de ceux qu'il prenait 41 ans auparavant.
Il se souvient de leur amitié indicible, des jours heureux passés à Vienne ou dans le château quand ils étaient jeunes, puis le trio qu'ils formaient avec Christine, son épouse !
Une 1° de couverture avec une belle aristocrate et, l'on devine pourquoi Conrad a voulu le tuer et ensuite pourquoi il s'est enfui, a démissionné de l'armée !
Henri était un riche comte , fortuné, brillant qui fréquentait l'Empereur, aimait la chasse et pratiquait l'équitation mais Conrad était modeste et surtout désargenté, il aimait la musique comme la mère d'Henri, comme Christine : des êtres" différents " ! Au contraire Henri , comme son père représentait les valeurs de l'ancien monde fait d'honneur, de courage et de vérité.
Un huis clos, un face à face va s'installer entre les 2 vieillards à la lueur des "chandelles qui brûlent "( titre exact du roman ), et Henri va harceler de questions son ami, le pousser à dire une vérité qu'il soupçonne depuis longtemps, le Général mènera l'interrogatoire avec un Conrad qui ne dit quasiment rien..
En effet, Conrad a fui lâchement en Malaisie et lui, a fui dans son pavillon de chasse laissant son épouse , seule au château sans se soucier d'elle jusqu'à sa mort 8 ans plus tard !
Un roman dans un style élégant, fluide , raffiné qui nous fait vivre ce " duel" oratoire, avec une analyse poussée de la psychologie des 2 hommes, de la valeur de l'amitié et finalement, l'obsession de ce Général qui réalise peu à peu qu'il a ruminé pendant 41 ans pour une victoire dérisoire et sans lendemain ! C'est Sandor Marai ( qui comme Stefan Zweig ) et tous les auteurs de son époque analyse avec justesse et lucidité l'écroulement de l'Empire Austro-Hongrois , les dernières décennies du XIX siècle, la guerre et l'annonce du grand chaos qui va faire chavirer l'Europe.



L.C thématique de Mai : littérature étrangère
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C'est le sixième roman de Sándor Márai que je lis, et c'est la sixième fois que je suis totalement emportée, hypnotisée, chamboulée.
Comme presque tous les romans de Márai l'action peut se résumer en deux mots, mais comme dans tous les romans de Márai ce qu'on y ressent est multiple. Les braises m'a particulièrement rappelé Les mouettes ; car il s'agit ici aussi d'une conversation qui va durer une nuit entière. Une nuit fiévreuse, une longue nuit. Henri et Conrad, deux vieux amis, se retrouvent après quarante et un ans sans s'être vus. Ils vont discuter pour essayer de mettre au clair les raisons de leur amitié brisée, tenter de lever les nombreux secrets et non-dits qui entourent leur étrange, mais très fort, lien d'amitié.

Leur conversation est un véritable échange fiévreux, foisonnant, profond, et philosophique où ils discourent sur à peu près tout ; l'amitié (coeur du livre), l'amour, l'honneur, le devoir, la famille, c'est à la fois un plaisir à lire et aussi très questionnant. Mais ce roman, et leur conversation, est aussi et surtout un fabuleux portrait d'un monde disparu ; celui de l'empire austro-hongrois. Un empire englouti par la guerre, et avec lui l'enfance et la vie qu'ils ont connu ; une société bourgeoise codifiée par des normes sociales contraignantes, par le carcan des conventions et des apparences, qui d'ailleurs d'une certaine façon auront raison des deux hommes.
Ce roman a eu sur moi l'effet d'un page-turner, comme avec Les mouettes je n'arrivais plus à le lâcher, j'avais envie de connaitre cette « vérité » que Henri cherchera toute la nuit durant, quitte à en attendre un peu trop. Car j'ai été très légèrement frustrée par la fin, mais comme je le dis presque chaque fois dans mes critique de Márai ; j'ai compris qu'il y aura toujours une part de mystère autour de ses personnages et de la fin de ses histoires. Doucement j'ai appris à l'accepter.

J'ai retrouvé dans ce sixième roman tout ce que j'ai découvert et tant aimé de cet auteur ; une plume poétique, une extraordinaire acuité psychologique, un récit lent mais un rythme haletant, plusieurs strates de lectures, et des thèmes universels.
Du grand Márai.
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