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«  Tout ce que j'ai , je le porte sur moi ».
«  Je sais que tu reviendras. »
Deux extraits de ce récit sombre qui évoque le quotidien de Léopold , jeune roumain germanophone , 17 ans, soupçonné avec ses parents d'avoir soutenu l'Allemagne nazie pendant la guerre.

«  Ma mère et surtout mon père croyaient à la beauté des nattes blondes et des chaussettes blanches, au rectangle noir de de la moustache d'Hitler..... ».

Il a préparé sa petite valise , des affaires chaudes, quelques livres.
Il reçoit les mots de sa grand - mère , évoqués plus haut, comme un viatique ...

Construit à l'aide de chapitres très courts ce récit nous conte le quotidien terrifiant de ces années de froid , de faim, de découragement qui tuent au sein de ce camp de travail en Russie..
L'auteure dans un style très particulier:
marquant , à la fois poétique et réaliste , son écriture ciselée , sèche, puissante , maîtrisée et surprenante , ses images symboliques fortes donne corps à l'usine de charbon, la cimenterie , la tuilerie ,la coke, les terrils, la toxicité des substances chimiques, les travaux forcés , le combat de chaque jour , la sous alimentation, le piège du pain, la faim inexorable qui ne lâche pas prise, les rêves éveillés , la faculté de transcender le réel, l'illuminer de l'intérieur , «  La faim voyage dans le corps d'un ange » , le corps qui réclame, l'esprit qui déraille parfois , les parasites, les maladies consécutives à la faim.:
«  Dépendance aux substances chimiques : Je me convainquais de l'existence de rues odorantes', ce qui était agréable, c'était d'avoir des «  Mots » pour y échapper , comme il y avait des Mots de la faim ou de la nourriture , à la fois , une nécessité et une torture ... »
C'est une narration subtile à portée universelle qui décrit de façon magistrale , par la force de son écriture si singulière une horreur de notre histoire, celle de la condition humaine , jusqu'où peut aller l'horreur ...

«  Mon crâne est un terrain , celui d'un camp , je ne peux pas en parler autrement .Impossible de se protéger , que ce soit par le silence , ou le récit.
On pourrait dire : «  J'y ai été » .
«  Mon retour à la maison est un bonheur rabougri, une toupie de survie ... »
On lit ce livre , on reste sans voix, le souffle coupé...

Je l'avais déjà lu en 2010, sans en mesurer la portée ...ni la magie du style.

A ne pas lire peut - être en cette période festive ....

La première de couverture est jolie et le titre de même .
Pas facile de commenter un tel livre.....


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Une superbe couverture, un titre poétique, pour un roman sombre abordant l'horreur et la souffrance dans des camps de travaux forcés.

Le roman débute en Roumanie en janvier 1945, quand une partie de la population germanophone de Transylvanie est déportée dans un camp de travail en Russie. Ecrit à la première personne, il s'agit de confidences, sous forme de chroniques, d'un jeune homme déporté à 17 ans. Il s'est retrouvé sur la liste russe : « Aucun de nous n'avait fait la guerre, mais pour les Russes nous étions responsables des crimes d'Hitler, étant allemands. » (p. 40)
Soixante ans après, la nuit, il est encore hanté par les souvenirs de cette vie au camp qui lui reviennent à partir des objets, il est alors au bord du malaise : « J'ai des lourdeurs d'estomac qui me remontent jusqu'au palais. La bascule du souffle est chamboulée, je suis hors d'haleine. » (p. 30) le roman, construit en cours chapitres, énumère et décrit ces objets et la vie de déporté de façon aléatoire pour le lecteur, un peu comme arrivent les souvenirs douloureux dans sa mémoire, « chamboulant » cette « bascule du souffle ».
Il a un rapport particulier aux choses et aux objets qui s'animent, qui deviennent sujets des verbes et interagissent avec l'homme. La réalité est-elle si dure à affronter qu'il adopte cette réaction comme une échappatoire ?
Le récit prend alors un ton onirique : le ciment boit, la pelle se transforme en coeur et s'adresse à lui directement, la faim apparait sous la forme d'un ange, l'arbre est hors de cause si l'on vous bat, le mouchoir est « le seul être à se soucier de moi »… La réalité est totalement déformée et on ne sait plus trop où est l'humain dans tout ça. Il lutte contre la faim, le froid, la fatigue, la peur. Toutefois malgré la noirceur du quotidien, une infime note d'espoir transparaît dans cette vision onirique. Une certaine force émerge de ce personnage qui jamais ne se plaint de son sort, qui se contente de témoigner, d'expliquer l'impensable.

Si j'ai apprécié le début de ce roman, découvrant une part d'histoire, j'ai trouvé ensuite quelques longueurs dans l'énumération qui s'ensuit, me demandant où l'auteur voulait en venir, car il n'y a alors plus d'intrigue. Une fois dans le camp, une routine s'installe et le temps s'étire. Puis la libération arrive, le récit rebondit et le personnage tente de nous dévoiler le vertige de la liberté retrouvée. J'ai toutefois été sensible à la poésie qui ressort de cette écriture.

Un écrit poignant, original dans sa forme d'écriture, sur un sujet plutôt méconnu (ou tu). A découvrir, c'est certain.
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Comme chaque fois, Herta Müller me laisse sans voix. La bouche sèche de mots, de soif, de faim, le coeur comme asséché d'une écriture ciselée au plus proche du nécessaire. Dans La bascule du souffle, d'abord projet à quatre mains avec le poète Oskar Pastior, Herta Mûller donne à l'expérience concentrationnaire une vie propre, au-delà de la question de la survie ou de la dignité. Car tout s'incarne ici dans une cosmogonie particulière au camp. le ciment prend vie, le pain un personnage, et l'ange de la faim domine l'expérience, au plus profond des corps et des âmes. Ainsi, en donnant à cet étrange réel une existence poétique, Herta Mûller ne semble pas placer l'individu au centre. Elle n'explore pas non plus les humiliations ou les tactiques de survie. Elle analyse comment l'homme fait front, face au ciment qui s'insinue, face à l'ange de la faim qui rôde, dans une autre réalité, qui par l'imaginaire en devient plus glaçante.
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Léopold a dix-sept ans en 1945. Roumain germanophone, il est à ce titre sur la liste de ceux qui seront envoyés par les Soviétiques en camp de travail en Sibérie. Mal à l'aise avec son homosexualité vécue mais dissimulée à ses proches, il ne tente rien pour se soustraire à cette déportation. Suite à un voyage de plusieurs semaines en wagon à bestiaux, où les individus perdent vite toute dignité, il arrive au camp.

La faim l'obsède davantage que le froid et toutes les autres épreuves. Il l'évoque abondamment, de même que son activité forcée et éreintante de manoeuvre en bâtiment. Si ses souvenirs d'enfance et ses relations avec les autres détenus sont abordés dans le récit, le narrateur décrit plus longuement les matériaux manipulés (ciment, houille, brique, sable, charbon…) - ce qui peut surprendre.

Je suis navrée de ne pas avoir aimé ce livre, de m'y être ennuyée. Malgré les conditions éprouvantes de la détention de Léopold, je n'ai pas réussi à éprouver la moindre empathie pour lui. Sa froideur apparente explique peut-être cela ? "(...) je tente toujours de me persuader que je n'ai guère de sentiments. Si je prends une chose à coeur, elle ne m'affecte pas outre mesure. Je ne pleure presque jamais." (p. 221-222)

La présentation de l'éditeur indique : "sous la plume [d'Herta Muller], le camp devient un conte cruel, une fable sur la condition humaine". Même si de nombreuses réflexions m'ont touchée, émerveillée (comme en témoignent les extraits recopiés), je n'ai ni accédé à ce niveau allégorique, ni adhéré à la langue imagée de l'auteur, j'en suis désolée... J'ai probablement eu tendance à comparer à 'Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre', également sur les déportations staliniennes mais beaucoup plus descriptif, plus abordable.
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Challenge Nobel de la littérature 2013.2014

Léopold est sur la liste des roumains germanophones qui seront déportés en URSS en janvier 1945.
La police roumaine vient le chercher au milieu de la nuit et il s'en va avec en tête une phrase de sa grand-mère: "Je sais que tu reviendras". Phrase qui l'habite et le soutient tout au long de sa déportation: cinq années en enfer, où rester en vie ne tient qu'à un fil.
"Le samedi, l'eau-de-vie de betterave égaie les sentinelles, qui ont la gâchette facile. le dimanche matin, quand un homme gît dans la cour, il paraît que c'est une tentative de fuite. Et si on le retrouve en caleçon dans la cour parce qu'il filait aux toilettes, ses intestins rongés ne supportant plus la soupe aux choux, ce n'est pas une excuse".
J'ai pris du temps à lire ce livre, pas par rapport au nombre de pages (350) mais rapport au poids des mots.
La guerre finie, il ne sera pas fait de cadeaux à ces jeunes! " Aucun de nous n'avait fait la guerre, mais pour les Russes nous étions responsables des crimes d'Hitler, étant allemands".
Ce livre est rempli des images que se fait Léopold dans sa tête pour rester en vie.
Une écriture magnifique pour faire vivre avec une force incroyable cinq années terribles!
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Roumanie 1945 : la population germanique soupçonnée de nazisme est envoyée dans des camps de travail en Russie. Parmi ces hommes et ces femmes, un jeune garçon Leopold. Il survivra dans cet univers concentrationnaire 5 ans et heureusement on le sait dès le début. Il retrace un quotidien épouvantable : travaux de force, humiliations, appels du soir interminables et par-dessus tout la faim et la nostalgie de son pays. Mais ces souffrances, il les dépasse en transfigurant le réel . Il s'adresse directement à "l'ange de la faim", personnifie les objets ("la pelle du coeur") et les différents matériaux qu'il doit porter, transporter, travailler. Par l'emploi de la métaphore et de la poésie, l'autrice transforme l'horreur en beauté.
Ce roman renvoie à une part d'histoire qu'il ne faut pas oublier et qui résonne étrangement aujourd'hui.
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J'ai toujours un peu de mal à me souvenir qu'avant la seconde guerre, les pays n'étaient pas habités que de nationaux. Les Allemands étaient répartis sur différents pays dont la Roumanie, pays qui s'associa à Hitler. Quand la guerre fut terminée, la Roumanie étaient du mauvais côté du manche et tomba dans l'escarcelle de l'URSS. Pays traitre , les Allemands de Roumanie- traitres parmi les traitres- devaient payer.

Le régime soviétique et son grand chef ont fait ce qu'ils savaient faire très bien, des camps de travail forcé. Des camps, encore des camps, des prisonniers, usés,exploités, sous-nourris ,malades ....de quoi a été fait l'essor de l'URSS....

L'auteur nous offre, dans une très belle écriture, le témoignage d'un jeune homme, qui au travers de courts chapitres, dévoile la réalité, la misère, la petitesse et la dureté de ces années de camp.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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J'ignorais totalement que la population germanophone de Roumanie avait été contrainte d'intégrer des camps de travail russes après la guerre. C'est l'histoire qui nous est contée ici, violente, une histoire de froid et de faim, de cruauté, de solitude pour un jeune homme arraché à sa famille.
Avec une écriture poétique et onirique, l'auteure montre le lent basculement dans la folie.
Un récit hypnotique et dur.
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Leopold est embarqué dans un camp de travail en Russie en 1945. Nous suivons par petites tranches de vie son quotidien. C'est dur et froid.
Nous ne nous attachons pas au personnage principal qui se déshumanise et survit juste. Il n'y a plus d'affect seulement l'ange de la faim et le mal du pays.

J'ai eu beaucoup de mal à finir ce "roman " sans intrigue qui nous relate le quotidien de ces déportés dans des camps que nous connaissons moins bien que les camps de travail allemands. L'atmosphère est lourde et nous ne pouvons qu'être tristes de savoir que ça a existé.

Des termes allégoriques voire oniriques mais redondants, et en même temps 5 ans de travaux forcés difficiles cest indéfinissable.

Un livre pour ne pas oublier.
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Description du camp, des corps, de la nourriture etc, on ne s'attache pas au personnage principal qui nous fait en somme une "visite guidée" et de plus morcelée car chaque chapitre a un thème. Non franchement je me suis ennuyé et ai lu la deuxième moitié en diagonal après avoir bien tiré pour lire la première.
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