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Léopold passera au goulag cinq ans de sa vie, mais les séquelles psychologiques seront durables : à son retour, il restera un étranger parmi les siens. La vie du camp est décrite avec un grand réalisme ; le froid : il y a une loi qui « vous interdit de pleurer quand on a trop de raisons de le faire. Je me persuadais que les larmes étaient dues au froid, et je me crus. »;la faim, surtout : « En guise de cerveau, on n'a plus dans la tête que l'écho de la faim ». Beaucoup d'images poétiques, de symboles forts dans ce roman bouleversant.
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Une population germanophone en Roumanie à la fin de la seconde guerre mondiale. Au nom de la responsabilité collective et de la négation des droits démocratiques, des staliniens condamnent à la déportation. Un autre crime de guerre après des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre. Un crime de plus aux pays du « socialisme » réellement existant. Rouge le sang et la haine comme un drapeau usurpé, dévoyé…

Léopold, ses souvenirs, ses livres dans un autre enfer, camp de travail, travail forcé, déportation, « Tout ce que j'ai, je le porte sur moi »…

Les mots, les phrases pour relater intimement le passé, le temps où « on n'a pas voulu en savoir plus », cette petite ville « ce dé à coudre où toutes les pierres avaient des yeux », puis ces vols d'existence, le camp, la nuit russe, le ciment qui s'introduit et recouvre, le ciment complice de l'ange de la faim, les sous-vêtements et les claquettes, le camion, les peupliers noirs, « je n'étais qu'un banal objet russe au crépuscule », le charbon, les rations, le pain…

Les mots pour dire la faim, « Que dire de la faim, quand elles est chronique. On peut dire qu'il y a une faim qui fait souffrir de la faim », l'ange omniprésent, l'ange de la faim, « Tu n'es pas encore assez léger, pourquoi ne pas lâcher prise… », les multiples causes de mort mais toujours ce lien avec la faim…

« La faim est un objet.
L'ange est monté au cerveau.
L'ange de la faim ne pense pas. Il pense juste.
Il ne fait jamais défaut. Il connaît mes limites et sait sa direction.
Il sait mon origine et connaît son action.
Il savait déjà tout avant de me rencontrer, et il connaît mon avenir. »

Les douleurs fantômes, le coucou de l'horloge, Katie, les voleurs de pain, le froid, « avoir faim et avoir du pain, mais ne pas le manger », le sable jaune, Karli, les sapins, les roubles, le dépouillement des morts, le mâchefer, des sacs d'os asexués les uns pour les autres, l'humanité dépouillée de son humanité, la force de la lumière du jour, les tranches de travail, les substances chimiques, le pays et la nostalgie, là-bas où « j'ai mangé à ma faim »…

Ce rêve de soi à califourchon sur un cochon.

Les patates, 273, Béa, Tur, le fer-blanc, des silhouettes déformées et pelées, « nous avions l'air d'être du bétail de rebut », la pelle en coeur, le bonheur soudain, au coeur du vide, le froid, le zéro indicible, un jour…

Et longtemps après, les insomnies, « je ne sais toujours pas si j'ai des insomnies parce que j'essaye de me rappeler des objets ou si, à l'inverse, je me bagarre avec eux, ne pouvant fermer l'oeil de la nuit », la nourriture comme grande excitation, le cahier, l'écriture…

Sobre et dense, une écriture pour la nuit. Des mots et le silence pour ce « nous du camp », une oeuvre de notre temps…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Herta Müller a commencé, en 2001, pour rédiger ce texte, par interroger le poète germano-roumain Oskar Pastior. ils devaient écrire le récit à quatre mains, mais celui-ci est décédé prématurément. Elle raconte ici un épisode peu connu de l'après Seconde Guerre mondiale. Celle-ci n'est pas encore terminée que les Russes exigent de la Roumanie qu'ils envoient en Russie de jeunes roumains germanophones (la région d'om est originaire Herta Müller et qui est au centre des ses autres livres), soupçonnés d'avoir été d'importants soutiens de l'Allemagne nazie. La mère de l'auteure a été elle-même déportée dans ces camps. le texte est fort, poétique malgré le sujet lourd qui est traité, et j'ai de plus en plus envie de découvrir cette auteure en version originale... de toute façon, la VO est indispensable pour lire d'autres livres, puis que j'ai maintenant lu presque tous ceux qui ont été traduits en français (L'homme est un grand faisan sur terre, La convocation et Animal du coeur), il ne me reste plus qu'à lire le renard était déjà le chasseur... Pourquoi les éditeurs français ne nous permettent-ils pas d'accéder à d'autres textes?
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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La couverture et le titre du livre sont particulièrement en cohérence avec le récit. Parce que l'auteur joue est à la limite entre la poésie et le drame (fleur, froid), elle nous tient sur le fil entre le rêve et la réalité, à deux doigts de la bascule dans l'horreur.
Herta Müller a choisi un thème qui la touche particulièrement puisqu'elle fait raconter à Léo ses cinq années de détention dans un camp de travail en Russie. Effectivement, à la fin de la guerre, les Russes ont envoyé en camp de travail les allemands de Roumanie. ce fut le cas de la mère de Herta et d'un ami, le poète Oskar Pastior. C'est grâce à eux que Herta Müller a pu concrétiser ce récit.
Bien entendu, elle témoigne de la difficulté de vie dans ces camps (la faim, les poux, le froid, les travaux pénibles et dangereux, la mort) mais ses descriptions longues et poétiques favorisent l'optimisme;
Même la faim omniprésente est personnifiée en ange.
Léo est un être courageux. Il se remémore sans cesse la phrase de sa grand-mère "Tu reviendras". Son seul sentiment négatif naît lorsqu'il apprend la naissance de son frère, jaloux que sa mère lui ait substitué un fils.
Quand il est enfin libéré, on comprend toute la difficulté de la réinsertion. Il est difficile de retrouver une vie normale, d'avoir un rapport sain avec la nourriture. Une autre phrase le hante alors "J'y ai été".
Je souhaitais découvrir cette auteure, à la suite de son Prix Nobel et je suis ravie d'avoir lu cette finesse d'écriture, ce style poétique et onirique, cette bascule fragile entre la réalité et l'espoir.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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L'histoire de Leopold, roumain germanophone, déporté dans un camp de travail en Russie en 1945 aurait pu être touchante. En effet, les conditions de travail et de vie, la faim, le froid, le manque d'hygiène forment le point commun des nombreux chapitres de ce roman mais il manque le liant. J'ai eu l'impression de lire des nouvelles très courtes sur ces thèmes et j'ai donc été très déçue. Herta Muller ne m'a pas convaincue dans un style trop froid, sans suspense et sans liant.
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Leopold a 17 ans en 1945 et comme tous les Allemands vivant en Roumanie il est déporté dans un camp de travail forcé en Russie.
C'est avec de courts chapitres qu'Herta Müller nous fait entendre la voix de Léopold qui passera cinq années au goulag.
Le récit se présente comme une histoire morcelée par fragments, une photographie instantanée sur un moment (les saisons, Noël…), un objet (le ciment, la pelle, le bois, le mouchoir…), un lieu (La cimenterie, les baraquements, la tuilerie, l'usine de charbon…), un évènement (la mort d'une détenue, le vol du pain, les dix roubles trouvés par terre…) et bien sûr le quotidien (la soupe, le pain, les vêtements…)…
La vie quotidienne du camp est décrite de façon très crue.
L'écriture est sobre et jonchée de métaphores poétiques.
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Au sortir de la seconde guerre mondiale, les roumains germanophones sont suspects, aux yeux du pouvoir soviétique, d'avoir soutenus les nazis. Ils sont donc nombreux à être envoyés en camp de travail où ils connaîtront la faim et les mauvais traitements.
Nous suivons Léopold qui n'a que 17 ans quand il est déporté. Pendant cinq années, nous l'accompagnons dans toutes ces activités quotidiennes, toujours tiraillé par la faim. A son retour, amer de son expérience et de la vie qui a continué sans lui dans son pays, il aura beaucoup de mal à reprendre une activité normale. Un livre précis et émouvant qui met en lumière un fait méconnu de l'histoire roumaine.
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La "prix Nobel" Herta Müller est fille de déporté et souhaitait raconter la vie en déportation, en sa compagnie, du poète roumano-allemand Pastior. Son décès l'a obligée à s'y atteler seul.
La faim est omniprésente dans ce livre mais le désir de vivre et l'humanité des déportés rendent le livre saisissant avec un style sobre mais incisif, le tout avec des chapitres courts.
Lecture exigeante mais édifiante
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Un récit poétique, très bien écrit, mais beaucoup trop abstrait pour moi! J'aurais aimé en savoir plus sur la façon dont ces hommes ont vécu dans le camp.
Lien : http://clubdelecture.tubize-..
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La bascule du souffle
(Gallimard) Herta Müller 2018 Roumanie, janvier 1945. La population germanophone de Transylvanie vit dans la peur de la déportation. En effet, le régime stalinien, lancé dans sa chasse aux sorcières, décide de «faire payer » les populations qui auraient soutenu le régime nazi. La seule « faute » pour cette minorité roumaine : parler allemand.
Léopold, 17 ans, sait qu'il est sur la liste. Il prépare consciencieusement sa petite valise : des affaires chaudes, quelques livres ... Et quand la police roumaine vient le chercher, sa grand-mère lui dit « je sais que tu reviendras ». Et cette phrase l'habitera et le soutiendra tout au long de ces années de captivité.
Le roman est en fait une succession de confidences, pas réellement un journal ou un récit au jour le jour.
Pendant cinq années Léopold va endurer l'enfer : des travaux forcés, de jour comme de nuit, le froid, les parasites, les maladies liées à la sous alimentation mais aussi les travaux dans la cimenterie, le goudron, la tuilerie, le charbon ... et la faim, omniprésente dans ce roman.
Chaque jour est un combat. Il y a le corps qui réclame la nourriture, et il y a l'esprit qui déraille parfois ... Et c'est grâce à son esprit, à sa faculté à transformer le réel que Léopold s'en sortira.
Roman fort, sur un sujet terrible. de magnifiques passages à l'écriture poétique. Un récit poignant.
Citation :
« Après la douche, nous attendions debout dans le vestibule. Une fois nus, avec nos silhouettes déformées et pelées, nous avions l'air d'être du bétail de rebut. Personne n'avait honte. de quoi avoir honte, quand on n'a plus de corps. Mais c'était à cause de ce dernier que nous étions au camp, pour des travaux physiques. Moins on avait de corps, plus on était puni par lui. Cette dépouille appartenait aux Russes. »
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