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3,44

sur 347 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais bien senti, en lisant mon premier recueil de nouvelles d'Alice Munro (il s'agissait de "Les lunes de Jupiter"), qu'il allait me falloir du temps pour pénétrer son univers et l'apprécier à plein. Mais je n'aurais pas cru que cela arrive si vite, si fort, dès la deuxième lecture : cette fois-ci c'est un coup de foudre, ou plutôt une sensation de symbiose totale et d'immersion absolue dans ces huit nouvelles dont chaque phrase, chaque mot, chaque mouvement, chaque détail m'ont intéressée, interpelée, ont résonné en moi.
Cela ne va parler à personne d'évoquer en quelques mots maladroits ces histoires de femmes marquées par des lignes de fuite, des bifurcations, des retours en arrière, des voies sans issue. Cela ne sert à rien de parler du départ avorté de Clara, femme battue, des instantanés de vie de Grace que l'on retrouve à plusieurs reprises (mais est-ce bien la même?) éloignée de ses parents, son enfant s'éloignant d'elle, ou emportée dans une fugue, ni de Laureen éperdue face au secret familial ni encore de Robin, dont le hasard a fait bifurqué le destin.
Pour les sentir, ces femmes, leurs histoires, tout ce quelles portent de souffrances, d'espérances ou d'occasions manquées, tout ce qu'elles recèlent d'universel, il faut s'immerger avec elles, porté par la plume infiniment délicate de l'auteure et par son oeil qui voit tout et éclaire leurs ombres autant que leurs lumières. Je vous souhaite de tout coeur que cette expérience soit aussi enchanteresse, nourrissante, méditative et au final apaisante qu'elle l'a été pour moi.
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"Retour à Castlerock" ne m'avait pas convaincue...Mais là je suis complètement séduite.
Par contre, c'est sûr, évidemment, il faut aimer le genre de la nouvelle, c'est à dire, à peine commencé c'est fini, à peine attachée il faut se détacher, et on n'en saura jamais plus...A la lectrice-lecteur de reconstruire beaucoup de choses, et une envie parfois affolante de crier : "pourquoi !! ? pourquoi ???? !!!! Ne me laisse pas comme ça, peste !!!!"
Alice Munro reste dans ses nouvelles la peste qu'elle est dans Castle Rock ...
"Fugitives" montre en huit nouvelles des femmes qui partent, physiquement, intellectuellement, les deux, qui fuient des mariages, des familles, selon leur volonté, ou parfois même malgré elles. L'écriture est sublime, incisive, fine, subtile, féroce, voire cruelle. La dame n'est pas tendre. Mais pourquoi le serait-elle dans un monde qui ne l'est pas ? Par contre, la beauté est montrée, celle des gens et des lieux, la force, le courage, et aussi la faiblesse, l'ambiguïté, l'incompréhension, le mensonge...
Soyons peut-être un peu plus précise, sans vouloir vous ennuyer.
1. Fugitives : la nouvelle éponyme, peut-être celle qui m'a le moins convaincue. Les fugitives sont Carla, Sylvia et Flora. Comprenne qui pourra...
2-3-4. Hasard/Bientôt/Silence : trois nouvelles autour du même personnage, Juliet. La densité d'un roman en 50 pages. Juliet fuit puis on la fuit (c'est là que j'ai eu envie de crier : pourquoi ?!!!) Cruel !! Très cruel ! Ce que l'on fait aux autres, le destin nous le rend au centuple.
5. Passion : Arghhh ! On ne peut pas commenter sans raconter, c'est énervant. Fuite sans issue. Passion, quoi. Grace ne sait pas, puis elle sait, voilà. Mais à quoi ça sert ?
6. Offenses : Tout le monde se fuit là dedans, mais la plus grande fuite est à venir...
7. Subterfuges : l'horreur, j'ai failli pleurer.
8. Pouvoirs : bizarre bizarre, une nouvelle avec deux axes, Tessa et ses pouvoirs étranges, Ollie et Nancy...qui se mentent toute leur vie...ça veut en venir où ? Je ne sais pas mais c'est envoûtant.
Bref, à essayer de commenter les nouvelles sans les dévoiler, je me rends d'autant plus compte de la densité des textes, et surtout de la complexité de la psyché des personnages, parfois brumeuse, parfois claire, glissante, passive, instinctive, réfléchie, amnésique, irrationnelle ...
Superbe !
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C'est à regret que l'on quitte Nancy, Juliet, Robin, Flora, leur espoir dans une vie meilleure, leurs renoncements et leur stoïcisme face aux vicissitudes de la vie. En quelques pages, Alice Munro, écrivain canadien, auteur de nouvelles et prix Nobel de littérature, réussit à condenser l'essentiel d'une existence dans toute sa complexité et à nous faire partager la vie intérieure de ces femmes tiraillées entre leur désir d'accomplissement personnel et la peur de la solitude. Elles nous rappellent que notre liberté est souvent conditionnelle.
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J'ai lu ce recueil de huit nouvelles par curiosité dans la mesure où Alice Munro a reçu le prestigieux Prix Nobel de littérature en 2013, et je n'ai pas été déçue !

En effet, bien que ce livre ne corresponde pas du tout à mes habitudes de lecture (tant le genre de la nouvelle que le type d'intrigues ou la littérature canadienne), je suis tout de suite rentrée dans chacune des histoires et j'ai beaucoup aimé la finesse de chaque psychologie, à travers de petits détails qui rendent les personnages « réels ».

J'ai particulièrement apprécié les trois nouvelles autour du personnage de Juliet, à la fois pour ce procédé (que je n'avais vu nulle par ailleurs) de reprendre le même personnage à différents moments de sa vie dans plusieurs nouvelles, et pour la personnalité de l'héroïne et les émotions que m'ont fait ressentir ces histoires. Mais, mis à part la dernière nouvelle dans laquelle Nancy m'a un peu laissée de marbre, j'ai vibré avec toutes les héroïnes de ce recueil.

Un des thèmes récurrents de ce recueil contribue d'ailleurs à faire ressentir encore plus d'émotions : la vieillesse, et plus généralement le passage du temps. En effet, plusieurs récits mettent en scène les héroïnes à plusieurs moments de leur existence, et notamment lorsqu'elles ont la vingtaine puis la soixantaine… ce qui ne manque pas de nous faire nous interroger sur nos propres vies.
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La plume douce-amère d'Alice Munro nous emmène à la rencontre de femmes qui font le choix, à un moment donné de leur existence, de fuir, un mari, une famille, un amant, un enfant… ou toute une vie.

Ce qui m'enchante, c'est que tout se déroule à une époque (pas si lointaine) où le temps n'est pas mesuré comme aujourd'hui. Pas de portables, ni internet, pas d'immédiateté. On s'écrit des lettres, on voyage en train (4 jours pour traverser le pays!), ce qui entraîne de longue séparations, des attentes, des silences. La vie s'écoule différemment et les fugues sont d'autant plus définitives et belles.

Ses textes sont toujours extrêmement justes et féministes. Elle n'a pas peur de décrire le réel, les règles, les corps qui changent et se fanent, mais sans atermoiement: on célèbre ces corps de femmes!
Alors quand dans nos médias les corps sont jeunes et les règles sont bleues..

C'est une découverte pour moi d'apprécier les nouvelles. Jusqu'ici je ne jurais que par les longs pavés avec lesquels nous voyageons plusieurs semaines avec les même personnages. Mais avec Alice Munro, je découvre le charme des histoires courtes (et pas toujours si courtes) l'art de dresser l'histoire des personnages en quelques pages, de nous faire traverser leurs émotions, une tranche de vie et de terminer par une chute plus ou moins attendue, toujours marquante…


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La première fugitive de ce recueil est la petite chèvre Flora. Clara, malheureuse en ménage, aimerait bien faire comme elle. Mais sa tentative tourne court, elle revient auprès de son mari comme sa chèvre d'ailleurs sur qui tournera la violence de ce dernier.
Les autres nouvelles plus longues mettent en scène des femmes qui voient leur vie ébranlée, ratée, par une circonstance quelconque. La famille est souvent le théâtre de ces quiproquos. Pourquoi Pénélope fuit-elle sa mère pour fonder sa propre famille sans plus lui donner de nouvelles ? Lauren doute : et si elle avait été adoptée comme le lui suggère sa nouvelle amie Delphine ? de jeunes femmes ( Nancy - Grace ) semblent davantage en lien avec le frère qu'avec le fiancé auquel elles sont destinées, quant à Robin, elle rate le rendez-vous avec l'homme qu'elle avait rencontré en tombant sur son frère jumeau qui bien sûr ne la reconnaît pas.
Huit nouvelles à la structure variée qui plongent le lecteur dans le destin d'héroïnes auxquelles il s'attache.

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« J'espère que je ne suis pas en train de dire que j'ai accepté de l'épouser pour surmonter ma gène. » (283)

À quoi tiennent nos décisions importantes…

Je retrouve, à la lecture des livres d'Alice Munro, un plaisir adolescent à découvrir d'autres vies que la mienne, à me laisser complètement emporter dans un récit, à m'identifier sans réticences ni prise de recul dans un tourbillon romanesque.

Alice Munro a un talent remarquable pour l'observation et la retranscription de ces observations en mots. Elle a un vocabulaire précis, inattendu et parfaitement juste. J'essaie d'en saisir des bribes qui me permettraient de mieux nommer mon quotidien. Elle les utilise de manière si appropriée que j'ai envie de les réintroduire avec cette fraîcheur dans mon panel de mots de tous les jours.

Elle aime bien cependant nous égarer de temps en temps, nous laisser en suspend sur l'identité des personnages, le temps qui passe, le pourquoi d'une situation, mais gentiment, malicieusement.

Ce sont des nouvelles assez riches pour être relues avec un regard neuf dans quelques années.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Ce beau recueil de nouvelles est porté par une écriture saisissante, intense et efficace. Chaque nouvelle a un vrai déroulement, toujours très psychologique. Certaines sont dérangeantes mais toutes touchent profondément et sont parfaitement construites.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Coup de coeur pour ces nouvelles, des histoires de femmes qui essayent de changer leur destin, de trouver une manière de continuer sans renoncer ou de rattraper des moments qui leur ont échappé parfois. L'écriture est tout à fait de celles que j'admire, imagée mais concise, qui va à l'essentiel. Alice Munro compte sur le lecteur pour faire des liens, déduire, comprendre… Elle a l'art de créer une ambiance en quelques lignes, de préciser des relations compliquées en un court paragraphe, de raconter toute une vie en quelques dizaines de pages.
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Recueil de huit nouvelles de cet auteur qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2013. Canadienne, peu lue en Europe, elle mérite d' être découverte par les lecteurs sensibles à ces apparemment petits riens sous la surface qui bouleversent l' existence psychique des personnages et en révèlent les faiblesses, les douleurs.
Elle sculpte la condition humaine comme une discrète dentelle...
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