Le 25 mars 1995, des membres de la secte Aum Shinrikyo coordonnent cinq attaques au gaz sarin sur différentes lignes du Métro de Tokyo. le Japon, sous le choc, vient de connaître le plus grave attentat depuis la seconde guerre mondiale : plus de cinq milliers de blessés, douze morts.
La secte Aum fut créée en 1984 par Shoko Asahara et est un syncrétisme entre le bouddhisme, l'hindouisme, l'apocalyptisme chrétien.
Tirant partie de la quête spirituelle sincère de ses membres, la secte a tout d'abord pratiqué une « politique » d'adhésion agressive ; chaque membre était incité à abandonner la société séculière et de ce fait léguer tous ses biens à Aum. Peu à peu, les dérives criminelles se multiplièrent : fabrication d'armes, extorsions de fonds, intimidations, tortures, meurtres... Mais, ces exactions ne furent malheureusement révélées qu'après l'attentat au gaz du métro.
Haruki Murakami a voulu, par ce livre, comprendre pourquoi un tel drame a pu se produire dans son pays. A travers des entretiens avec plusieurs victimes ainsi que plusieurs membres de la secte, on vit l'horreur crue des symptômes d'une attaque au gaz sarin (sensation d'étouffement, contraction des pupilles qui vous plonge très vite dans une sorte de cécité jusqu'à une mort douloureuse si aucun traitement n'est administré), mais aussi les premières réactions souvent indifférentes face aux victimes, ou au contraire celles extrêmement dures pour les membres « de base » de la secte.
Aujourd'hui, que penser d'une société où un groupe religieux, dont tous les cadres dirigeants sont par ailleurs des gens éduqués et diplômés, arrive à convaincre ses membres que tuer une personne équivaut à lui rendre service et contribue à préserver son « karma » ? Toute cette souffrance n'aurait-elle pas été évitable, car l'attentat du métro de Tokyo ne fut à vrai dire pas le premier méfait de la secte qui s'attaqua bien avant, avec ce même gaz sarin, à la ville de
Matsumoto en juin 1994 ?
Un regard très intéressant sur la société japonaise, sur les mécanismes d'un attentat.