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EAN : 9782714454164
592 pages
Belfond (07/02/2013)
3.79/5   372 notes
Résumé :
Livre d'entretiens, mais aussi réflexion philosophique et autobiographique, un essai indispensable pour décrypter l'oeuvre de l'auteur de 1Q84, la trilogie au succès planétaire.

Le 20 mars 1995 se produisait l'attentat le plus meurtrier jamais perpétré au Japon : en pleine heure de pointe, des adeptes de la secte Aum répandent du gaz sarin dans le métro de Tokyo, tuant douze personnes, en blessant plus de cinq mille.

Très choqué, mais a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 372 notes
Underground a malheureusement été traduit tardivement en français.
Murakami nous livre ici un compte rendu minutieux des attentats qui, le 20 mars 1995, coûtèrent la vie à douze personnes et en intoxiqua des milliers d'autres. On prend d'abord connaissance de la démarche de Murakami qui, par ces témoignages, a su aller au-delà de la couverture médiatique pour tenter de comprendre ce qui a poussé les membres de la secte Aum à tenter de perpétrer un meurtre de masse en frappant au hasard.
Ensuite, on lit d'abord les témoignages des victimes, tous très émouvants, notamment ceux de cette jeune fille restée lourdement handicapée et la famille d'Eiji Wada, qui perdit la vie dans le métro de Tokyo.
On peut ensuite lire les témoignages de membres de la secte, certains l'ayant quittée, certains en faisant toujours partie. le plus frappant est que la plupart d'entre eux ne remet pas en cause son engagement initial dans ce mouvement.
L'intérêt de ce livre est que Murakami dépasse la simple enquête journalistique, mais que, pour autant, il n'excuse à aucun moment le geste commis par Aum.
C'est poignant et instructif, il aurait néanmoins été bénéfique de lire ce livre avant la trilogie 1Q84.
Une bonne partie de l'intrigue de cette fiction tourne en effet autour du phénomène sectaire et Aomame est chargée d'assassiner le "grand maître" d'un de ces mouvements.
Underground nous livre des clefs de compréhension qui permettent de mieux aborder 1Q84.
En tout cas, ce livre change beaucoup des romans de Murakami mais il présente un indéniable intérêt car les incises de l'auteur nous offrent de mieux le comprendre.
A ne pas lire dans le métro, néanmoins...
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Murakami Haruki ici échange son costume de romancier pour celui de journaliste.
20 mars 1995: la secte Aum lance plusieurs attaques terroristes au gaz sarin dans différentes rames du métro de Tôkyô. Les poches transportant ce gaz mortel ont été percées à une heure de grande affluence, occasionnant des morts et des milliers de blessés.

Dans une première partie, Murakami apporte les témoignages de survivants de l'attaque, ou de proches ayant perdu un des leurs dans cette tragédie. La parole y est libre et l'écrivain n'intervient que très rarement dans les récits. Il est juste là pour recueillir. Se croisent les histoires d'employés du métro directement aux prises avec le drame, des salary-men ou office ladies passagers au mauvais endroit et au mauvais moment. Au-delà du récit purement événementiel, ces témoignages donnent un aperçu du rapport au travail au Japon. Malgré la panique, le caractère extraordinaire de l'attaque et les symptômes dus au gaz, tous pensent en premier à leur travail: régler le problème pour les employés du métro, ne pas arriver en retard au bureau pour les autres. Beaucoup arrivent donc sur leur lieu de travail malades et aveuglés par le sarin, avant d'être hospitalisés.
Ces récits montrent aussi le manque flagrant de communications entre les hôpitaux, les services d'urgence et de police pour assurer la prise en charge de toutes ces victimes. Ce qui ressort de nombreux témoignages, c'est la colère à l'encontre de l'incurie des services publics pour gérer une telle situation d'urgence.
Quant aux réactions vis-à-vis d'Aum, elles divergent selon les personnes. Pourtant, bien peu sombrent dans la haine et le ressentiment, même si beaucoup demandent les condamnations des coupables, à commencer par le gourou Asahara Shôko. A noter que lors de la parution de son livre au Japon, les procès étaient encore en cours. D'ailleurs, ils le sont toujours aujourd'hui pour certains membres retrouvés seulement en 2012. Quant à Asahara, il fut condamné à mort en 2004 mais attend aujourd'hui encore son exécution.

Dans une seconde partie, Murakami donne cette fois-ci la parole à des membres (anciens ou toujours actifs) de la secte Aum Shinrikyo. Ici le ton change et se fait plus journalistique. Il pose des questions, pousse parfois ces personnes dans leur retranchement, mais sans se départir de son objectivité. Cette partie se révèle également très intéressante. Elle décortique notamment les mécanismes de la secte (et plus généralement des sectes). A l'origine de leur adhésion, toutes les personnes interrogées vivent en souffrance dans le monde, perdues et se sentant déphasées par rapport à la société. de cours de yoga et de méditation dans des dojo de la secte, à la lecture de leur magazine jusqu'à prononcer des voeux et se retirer du monde séculier pour faire partie des élus, les parcours sont tous identiques. Ces personnes pensent trouver a sein d'Aum ce qui leur manque, des frères et soeurs qui partagent leurs points de vue, des maîtres leur disant ce qu'ils doivent penser, ... Les témoignages donnent un aperçu de la vie quotidienne des "samana" retirés: le travail excessif, les ascétismes épuisant, les sévices pour certains en désaccord avec l'organisation.
Quant aux attentats, ils provoquèrent doute et incompréhension chez la plupart des membres interrogés. Certains quittèrent alors la secte à ce moment.
Les divers récits formant cette seconde partie éclairent et expliquent l'intrigue de "1Q84". Ils permettent également une réflexion sur le malaise courant dans nos sociétés consuméristes, porte ouverte à ces dérives sectaires. On se retrouve facilement dans les questions que posent les membres au monde d'aujourd'hui.

Murakami prouve une fois de plus son talent. Son oeuvre n'est pas sans rappeler "Notes d'Hiroshima" d'Oe Kenzaburo. Il est dommage que la traduction française arrive si tardivement.
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Le 20 mars 1995, un attentat au gaz sarin a fait de nombreuses victimes dans plusieurs lignes du métro de Tokyo. On apprendra plus tard qu'il a été perpétré par des membres de la secte Aum. Je me souviens encore des images vues à la télévision française et de la sidération que nous avons alors ressentie.
L'auteur a mené un travail considérable en interviewant d'abord les survivants puis, à la fin du récit, quelques personnes ayant fait partie (ou faisant encore partie) de le secte. Une brève conclusion nécessaire termine le livre.
Cette lecture fut pour moi éprouvante, car les symptômes sont bien décrits et qu'il s'agit de travailleurs ordinaires dont la vie va se trouver complètement bouleversée.
J'en ai appris un peu plus sur le rapport des Japonais au travail, mais aussi sur la fragilité de nos sociétés en général. Ce gros bouquin évoque aussi l'évolution de la mémoire au fil du temps.
Et le dernier paragraphe est à méditer : bien sûr, les personnes qui ont suivi ce gourou avaient toutes un problème relationnel, se sentaient mal dans le monde, mais cet embrigadement ne guide t'il pas chacun.e d'entre nous lors d'un moment de fragilité ?
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Ce roman est passionnant.Dans la première partie(qui donne son nom au livre),l'auteur "reconstruit" les événements du 20 mars 1995_la secte Aum répand du gaz sarin dans le métro de Tokyo_.Des témoignages touchants car les survivants ont subi l'horreur et beaucoup en gardent des séquelles.L'auteur prend la mesure de l'incapacité des institutions qui n'ont pas pu(ou su) réagir vite faute de communication.
La deuxième partie(le lieu promis)rapporte les témoignages d'adeptes d'Aum_certains ont quitté la secte_.Encore une fois la faille du système social et éducatif a provoqué l'adhésion de "cerveaux"à cette secte,qui se sont laissés briser "pour leur bien".Ces témoignages sont peut_être encore plus frappants que ceux des victimes(ils le sont aussi ,en quelque sorte).
L'auteur révèle une fois de plus,grâce à une fine analyse des situations et des personnalités,une vive intelligence et une grande clairvoyance.Difficile d'oublier ce roman.
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Le 20 mars 1995, le Japon est victime d'un attentat meurtrier dans le métro de Tokyo. Cet attentat causera la mort de douze personnes et en blessera plus de cinq mille.
Haruki Murakami bouleversé par cet attentat au gaz sarin, en quête d'explications à cet événement tragique, troque son costume de romancier pour celui de journaliste d'investigation.

Pendant un an :
• il va aller à la rencontre des victimes et recueillir leurs témoignages, 1ère partie de son livre « underground », partie la plus importante ;
• en seconde partie, il va interviewer des membres de la secte Aum ;
• pour terminer, il écrira un épilogue.

Il est frappé par la dignité des « rescapés » du gaz sarin et constate, en général, l'absence de haine à l'égard de Aum et le fait que ces malades du sarin n'ont pas de ressentiment à l'égard des autorités de Tokyo démunies et sans organisation aucune pour les secours d'urgence qu'ils auraient dû pouvoir maîtriser.
Lors de ses rencontres avec des membres de la secte Aum, membres étrangers à l'attentat, il apprend de certains que des dirigeants de la secte allaient parfois jusqu'à la torture avec des adeptes récalcitrants.

Haruki Murakami a réussi un magnifique livre témoignage d'une période noire au Japon, son écriture inégalable en fait un livre à lire absolument.
Underground est le livre précurseur à lire avant la trilogie 1Q84.

Il est dommage qu'il ait été traduit en français après 1Q84 !
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critiques presse (7)
LeDevoir
08 juillet 2014
Murakami a conservé certaines des répétitions et redites qui hantent ces différentes voix, pour dresser ce documentaire littéraire, pourrait-on dire, d’un des grands traumatismes que le Japon a vécus.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Actualitte
31 mars 2014
Underground fait partie des « grands » livres d'Haruki Murakami, au même titre que Kafka sur le rivage et la trilogie 1Q84. Ce n'est pourtant pas un roman ni même un trésor de l'imagination de l'auteur japonais. Underground est une suite de témoignages de victimes des attaques au gaz sarin du métro de Tokyo, le 20 mars 1995.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
22 mars 2013
Rétrospectivement, Underground éclaire singulièrement son œuvre la plus récente, tout en faisant pénétrer le lecteur dans les arcanes de la mentalité japonaise.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
21 février 2013
Parti d'un événement qui ressemble à la "boîte noire" de la société nipponne, ce livre ne cesse d'élargir sa focale pour mettre en lumière des maux collectifs et pour esquisser, à force d'écoute, une "tentative de réparation".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
13 février 2013
C'est un livre plein de larmes, que Haruki Murakami reconnut avoir laissé jaillir plus d'une fois en recueillant la matière première pour l'écrire. Un livre de parole vive, puisée au plus près de sa source.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
12 février 2013
À l’humble travail de documentariste, l’auteur [...] ajoute un étourdissant talent de dramaturge, voire de metteur en scène [...] Minutie et sensibilité avancent de pair dans cet essai, stricto sensu, de débroussailler la mémoire collective tout en y débusquant le spectre universel du fanatisme.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
11 février 2013
Lorsqu’il les interroge [les romanciers], il y a quelque chose de plus que la compassion muette, l’écoute, formant le nid où naît la parole émouvante et retenue des victimes. Le romancier fait soudain face à des concurrents intimes et monstrueux, des miroirs.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Il y a trop de gens qui se croient supérieurs.
Mais il y a aussi un bon côté, chez les passagers. Ainsi, un type d'une cinquantaine d'années prend toujours la première rame du jour, et il me salue à chaque fois. Il a dû croire que j'étais mort, avant que je reprenne le travail. Hier matin, quand on s'est revus, il m'a lancé : "Vivant et en bonne santé ! Ça signifie qu'il vous reste des choses à faire. Ne baissez pas les bras !" C'est un tel encouragement, d'être simplement salué avec gentillesse ! Il ne sort rien de bon de la haine.
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Je place quatre doigts dans la paume de sa main, à peine plus grande qu'une main d'enfant, et ses doigts se referment lentement sur les miens, aussi doucement que les pétales d'une fleur qui s'endort. Des doigts de fillette, doux, pulpeux, et pourtant bien plus forts que je ne l'aurais cru. Bientôt ils serrent ma main comme un gamin envoyé faire une course s'accroche à l'"objet important" qu'il ne doit pas perdre. On est là en présence d'une volonté très forte et clairement tournée vers un objectif. Concentrée, mais probablement pas sur moi : Shizuko recherche un "autre" au-delà de moi. Cependant, cet "autre" fait un long voyage et semble revenir vers moi ... Je vous prie d'excuser cette explication nébuleuse ; ce n'est qu'une impression fugitive.
Quelque chose en elle doit tenter de sortir. Je le sens. Quelque chose de précieux, qui n'arrive pas à trouver comment émerger. Même si ce n'est que temporaire, Shizuko a perdu le pouvoir et les moyens de permettre à cette chose de faire surface. Pourtant, celle-ci existe, intacte, saine, entre les murs de son espace intérieur. Quand Shizuko tient la main de quelqu'un, elle ne peut rien faire de plus pour que l'on comprenne que "cette chose est là".
Elle tient ma main très longtemps, jusqu'à ce que je dise : "Merci."
Alors seulement, l'un après l'autre, ses doigts s'ouvrent.
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J'ai fini par ne plus du tout porter de jugements. "Vrai" ou "faux", "sain d'esprit" ou "malade", "responsable" ou "irresponsable" - ces différences n'avaient plus d'importance. Ce n'était du moins pas à moi de porter le jugement final, ce qui m'a facilité les choses. J'ai pu me détendre, et simplement prendre les histoires des gens au pied de la lettre. Je suis devenu, non pas la "mouche sur le mur", mais une araignée aspirant cette masse de mots, afin, plus tard, de les séparer en moi et de les tisser en une "autre narration".
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... si ma propre vie se dirige vers sa destruction, peu importe que je devienne Premier ministre ou que je finisse sans abri, non ? A quoi sert de se battre ? J'en ai tiré une conclusion horrible : si les souffrances surpassent les joies, dans la vie, il serait bien plus sage de se suicider dès que possible.
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J’ai ouvert ces deux fenêtres pour aérer la voiture entre Myogadani et Karakuen, je crois. Quand la rame s’est arrêtée à ces stations, beaucoup de passagers sont sortis, mais personne n’a réagi au fait que j’avais ouvert les fenêtres. Personne n’a rien dit. Tout le monde était tellement silencieux! Aucune réaction, aucune communication. J’ai vécu en Amérique pendant un an et, croyez-moi, si la même chose s’était produite là-bas, ça aurait déclenché tout un spectacle.
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Videos de Haruki Murakami (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
#harukimurakami #littérature #animation
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