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EAN : 9782070783830
686 pages
Gallimard (16/05/2007)
4.45/5   29 notes
Résumé :
"Choses vues" dans les dernières années du XXe siècle, les chroniques ici rassemblées dressent un portrait aussi précis que possible de notre temps ; et, simultanément, elles ébauchent une théorie générale de ce moment de la civilisation que Philippe Muray appelle l'ère hyperfestive, car l'accumulation illimitée de fêtes en est devenue l'occupation la plus fervente et la consolation la plus quotidienne. L'individu inédit que cette civilisation est en train de façonn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Muray est moins fort que Debord qui lui-même est moins fort qu'Adorno. Mais ces textes sont drôles, c'est un très bon inventeur d'insultes et de formules. Certaines de ses réflexions sont intéressantes, que l'on soit d'accord avec le contenu ou non. Mais dans l'ensemble le livre est répétitif, beaucoup de chapitres s'apparentent à des coquilles vides de contenu et les 678 pages pourraient être résumées en 20. Par ailleurs, Muray ne décrit pas des réalités mais la réalité de l'opinion de son époque, l'opinion "des gens", on a là, donc, un livre dont la rigueur méthodologique ne va pas très loin. Seule subsiste la posture de la transgression (celle découverte la semaine dernière, oubliée demain puisque les code qu'il transgresse sont situé géographiquement en France si ce n'est à Paris et temporellement en 1999 et 2000) et la belle écriture de celui qui semble prendre du plaisir à la critique.

Pour comprendre la société, lisez plutôt Adorno.
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Vocabulaire

Mots clés : Philippe Muray

Par Etienne de Montety
24/06/2010 | Mise à jour : 13:44 Réagir

On se demande ce que Philippe Muray aurait pensé de la semaine qui vient de s'écouler. Observateur à l'ironie acérée, Muray avait bien vu la réduction de la vie publique à une vaste «fête». Il annonçait l'avènement d'un Homo festivus - être moderne participant à des «apéros géants» grâce à la «circulation douce». Grimés en Homo festivus bon gré mal gré, nous avons assisté au spectacle d'un pays vivant au diapason du football, souffrant mort et passion devant la pitoyable prestation de ses joueurs. Signe qu'on était bien en France, on entendit parler de grève, de révolte, de catastrophe, mais aussi d'honneur, de dignité, sans qu'on sache toujours si les commentateurs qui faisaient usage de ces mots parlaient de la défaite de juin 1940, récemment commémorée, ou du désastre écologique provoqué par la défaillance d'une plate-forme pétrolière.

Le vocabulaire eut son importance durant cette semaine des dupes:langue de bois sculpté chez le sélectionneur, langue verte - pour le moins - chez un joueur exprimant abruptement sa façon de penser, langue pauvre chez la plupart de ses pairs. le vocabulaire:seul domaine où le football connaît la pauvreté. Molière a eu quelques migraines ces temps-ci, s'il regarde la télévision.

Maintenant, un juste opprobre s'abat sur les vaincus. On est encore chez Muray:c'est moins la défaite qu'on leur reproche que la manière. Par leur attitude, ils ont «gâché la fête» ; Homo festivus, son maquillage bleu en vrac, est déçu, il en veut aux «trouble-fêtes»… Sa colère sera terrible, jusqu'à l'ouverture de Paris-Plages.

Oui, vraiment les commentaires narquois de Philippe Muray nous manquent. On se consolera dès septembre puisque son éditeur, Les Belles Lettres, publie en un volume l'ensemble de ses essais intitulés L'Empire du bien, Après l'histoire et ses fameux Exorcismes spirituels. Il nous tarde d'entendre, après la farce, son grand rire. Rendez-vous en septembre, donc.

Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Une critique cinglante et visionnaire de notre société où subsiste une seule valeur commune : la fête. Muray nous décrit l'homo festivus, être qui se développe après l'histoire c'est-à-dire après l'émancipation de la nature, ses moeurs, sa neutralité, ses boucs émissaires, ses haines fabriquées, son politiquement correct... C'est à la fois drôle, cruel, acide, pas très optimiste mais tellement actuel...
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Suivre le parcours de l'Homo festivus est un régal qui ne faiblit sous la plume de Philippe Muray.
Si vous ne connaissez pas les écrits de cet auteur commencez par "Après l'Histoire"
Un conseil, ne lisez pas les chroniques d'un bout à l'autre, laissez faire votre curiosité
Lien : http://www.seriatimonline.com
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
C'est une inondation, Noël, et c'est un éboulement. Les guirlandes sont des muscles démesurés qui s'enroulent et gonflent pour étouffer le peu qui restait de la réalité. Les lumières clignotantes rampent vers les immeubles et les escaladent pour les aveugler. Des éboulis de boules hétéroclites deviennent des giboulées de grêlons impitoyables. Les vitrines se couvrent de mille chiures d'étoiles. Des étages sans fin de fausse joie pétillante s'empilent au-dessus des rues. Il n'y a plus d'autre géographie que celle du cataclysme. Qui peut se vanter d'avoir surpris, à l'aube ou en pleine nuit, les malfaiteurs municipaux grimpés dans leurs nacelles pour accrocher toutes ces décorations terrifiques? Lorsqu'on les aperçoit, il est déjà trop tard. Noël vous saute dessus comme une bête féroce. Chaque façade reçoit ses coups de griffe. Des sapins hystériques fument comme des feux d'enfer. Dans les centres-villes meurtris de sonorisations, il ne reste plus qu'à marcher courbé entre des magasins fardés de neige empoisonnée et remplis de post-humains qui se ressemblent tous parce qu'ils sont habités de la même peur qu'ils camouflent en allégresse.
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1. À quelque mois de là, paraissaient plusieurs livres sur Guy Debord, ainsi que le premier volume de sa correspondance. L'enthousiasme des plus grasses canailles de notre époque en faveur de Debord devrait être raisonnablement le début de la démolition de celui-ci. Il est temps d'entamer la critique méthodique de ce penseur ; et de dire pour commencer que, contrairement à ce qui se radote depuis si longtemps, l'époque n'a pas connu d'ami plus fidèle que le théoricien du spectaculaire intégré. On peut même avancer que l'ère hyperfestive, laquelle n'a plus rien à voir avec la société du spectacle, avait besoin de cet idéologue pour avancer masquée. Que des citoyens de la post-histoire aient commencé à canoniser l'ancien situationniste n' a rien de surprenant. Dans le premier volume de sa Correspondance, on voit justement Debord, en 1960, affairé à la réalisation d'un projet de manifestation artistique qui devait se tenir dans le Stedelijk Museum d'Amsterdam. Il s'agissait d'organiser l'espace du musée comme un labyrinthe ; et, surtout, d'y installer des portes. La nécessité de ces portes ne sautant pas aux yeux de certains autres situationnistes, Debord le leur explique inlassablement : "Les portes, telles que nous les avons fixées à Bruxelles, sont totalement nécessaires pour créer la possibilité de s'égarer, de revenir sur ses pas, de choisir des chemins différents", écrit-il à l'un. Il faut que "soient gardées toutes les portes telles que nous les avons fixées ensemble à Bruxelles", répète-t-il à l'autre. Ces précieuses portes initiatiques, qui finalement ne seront pas réalisées à Amsterdam en 1960, deviennent donc en 1999 la trouvaille essentielle du ministre de la Culture pour les festivités de l'an 2000 ; et aussi un indice parmi d'autres que, si les années soixante ou soixante-dix ont pu être rebelles à Debord, la nouvelle période ne l'est plus du tout. Contrairement à ce qui se raconte pour préserver l'abusive légende d'un penseur dangereux, l'âge posthistorique et hyperfestif lit Debord ; et il le lit très bien ; et, surtout, il l'accomplit. On en voit le résultat chaque jour, à travers le désastre de la "communication totale", le cauchemar du "dialogue" enfin rétabli entre les individus, le culte de l'horrible "contact, les malfaisances en expansion de l' "interactivité", la dictature du proximisme, l'éloge des "tribus", la dissolution programmée de toutes les "frontières symboliques" et de toutes les différenciations" ; et, bien entendu, la généralisation du festif comme vie quotidienne enfin augmentée. Partout le debordisme triomphe, jusque dans le rêve, exprimé aussi en 1960 par Debord lui-même, de dépasser le théatre en "mettant des acteurs dans la rue" ; et partout la vie, de ce fait, est devenue impossible. Homo festivus est le fils naturel de Debord et du Web. Nous subissons ce que le futur auteur de La Société du spéctacle appelait également de ses voeux en 1960 : " La fin de la séparation spécialisée entre "producteur de la culture" et le reste des gens vivants (donc, aussi, entre un "domaine culturel" plus ou moins moderniste, et le reste de la vie)." Le debordisme est au pouvoir ; mais ceux qui en portent les couleurs doivent toujours feindre aussi que l'idole dont ils se réclament est encore dans l'opposition. Mais elle n'est que dans leur opposition ; qui est, comme tout ce qu'ils touchent, un autre nom pour servitude (octobre 1999)
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« Quand on peut entendre la déplaisante romancière Darrieussecq, sur un plateau de télévision, affirmer qu'elle vote "naturellement" à gauche, il est évident que tout s'est renversé, que la désagrégation de toute pensée est arrivée à son terme, et que ce vocable, "gauche", ne désigne plus un ensemble d'idées politiques, ou une fraction de l'opinion, comme naguère, comme du temps de Marx, de Jaurès et de bien d'autres (où être de gauche représentait un véritable travail et un combat de la pensée, non un prétendu fait de nature et en réalité une paresse crasse de l'esprit, mais un effort constant du négatif, et un assaut contre les évidences, précisément, et contre le "naturel"), mais qu'il s'agit désormais du plus vautré des conforts intellectuels, et du plus poisseux des "être-ensemble" qui aient jamais été, transfigurés en position divine et sublime, ou encore d'un de ces termes non marqués d'où le conflit (l'Histoire) s'est évaporé miraculeusement, et dont le contenu n'a même plus besoin d'être argumenté puisqu'il relève du naturel et de l'universel : en ce sens, il correspond parfaitement à un monde qui se passe de réel et qui ne s'en porte que mieux, s'épanouissant dans les délices de Capoue d'une prétendue position politique qui n'est plus qu'une mystique de confort, et un naturisme routinier, présentés comme une exaltante conquête de l'esprit. » (p. 600)
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Et encore : "On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure."
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Le féminisme d'il y a trente ans, dont se réclament les neo-féministes de la post-histoire, était déjà précisément l'un de ces discours amplifiés et sur-ajoutés, l'une de ces superstructures décoratives et emphatiques venant envelopper, et faire semblant de déclencher, alors qu'ils n'arrivaient qu'après coup, un fait accompli : l'irréfutable transformation des femmes, le changement de leur "place" dans la société, et toutes sortes d'autres réalités qui n'étaient nullement les conséquences du féminisme ; d'où, bien sûr, la rage de celui-ci à en rajouter ; et à faire semblant de conduire une évolution qui se produisait sans lui.
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Philipe Muray n'a pas eu droit de son vivant à l'attention que son talent aurait justifiée. Mais un comédien a contribué à le venger. Savez-vous de qui il s'agit ?
« Exorcismes spirituels » de Philippe Muray, c'est à lire en poche chez Tempus.
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