S'il est bien une pièce qui mêle savamment le comique et le tragique, et qui offre des réflexions profondes sur l'amour, c'est bien "
On ne badine pas avec l'amour"
De Musset. Cette petite pièce, reprise de la tradition des proverbes, pratiqués au XVIIIe siècle, prend une tournure moins légère qu'elle n'y paraît.
Si la pièce s'ouvre sur un savoureux passage comique où le choeur présente des personnages stéréotypés et fantoches, très vite la verve
De Musset nous plonge dans une réflexion sur le mariage : ses peurs, ses doutes ; mais aussi sur l'amour et ses dangers ; les jeux de l'amour qui, loin d'être si simples et légers, deviennent des jeux dangereux et mortels.
Musset affronte deux egos, deux orgueils qui luttent contre leurs sentiments : les deux protagonistes s'aiment mais l'un est maladroit et n'a pas apprécié être en lutte contre la religion, l'autre est conditionnée par une éducation stricte et par les confidences des femmes désabusées par l'amour. Perdican et Camille ne peuvent que se chercher, que lutter contre ce qu'ils ressentent et cet ego qui les fait souffrir. L'intrigue se corse quand on souhaite jouer avec les sentiments des autres pour servir sa cause et déclencher une marque de rédhition chez son alter ego. La pauvre Rosette en est victime, elle qui a appris à aimer sans condition et tout naturellement. Victime lâchée en pâture, elle déclenche la rupture dans le couple qui s'avouait enfin son amour.
Cette petite rose n'aura pas connu maturation et s'est éteinte brutalement car quand on joue avec le feu, on se brûle... victime innocente sacrifiée.
Si la partie comique est là pour détendre l'atmosphère, et rendre la pièce légère, elle est aussi une parodie de la partie tragique : on retrouve la guerre d'ego entre Blazius/Bridaine, chacun veut avoir raison. Dame pluche est une vision caricaturale de la dévote desséchée et stricte, sans amour. Les bêtises, les incompréhensions de Bridaine et Blazius précipitent la fin et annonce le thème de la mort non plus par métaphore : leur mort sociale auprès du baron annonce la mort des espoirs de Rosette de faire un grand mariage et sa mort physique.
Une pièce que j'ai lue, relue, et que j'apprécie toujours autant. L'amour n'est pas un jeu,
Musset et Sand s'y sont brûlés comme leurs personnages... cette petite pièce aux allures de drame romantique offre de belles leçons et références à la vie, aux lettres échangées entre
Musset et Sand. La prose qui est savoureuse et devient poétique par instants.
Un chef-d'oeuvre.