Le masque de l'Afrique

Livre passionnant et foisonnant de V.S. Naipaul. J'y ai retrouvé la saveur et le dépaysement de son livre « Jusqu'au bout de la foi » que j'avais beaucoup apprécié également. Dans le Masque de l'Afrique, V.S. Naipaul relate ses voyages dans différents pays africains en 2010 à la rencontre des religions, traditionnelles ou plus récentes, présentes dans le pays. Il rencontre toutes sortes de personnes et les interroge sur leurs expériences. le livre est découpé en chapitres, un chapitre par pays visité, l'Ouganda, le Ghana, le Nigéria, Côte d'Ivoire, le Gabon, l'Afrique du sud. Mais à l'intérieur du chapitre, il faut savoir apprécier le style de Naipaul, cela part dans tous les sens. Il raconte son arrivée à l'aéroport et sa mésaventure dans un mauvais hôtel de la ville, puis sa rencontre avec un chef sorcier, interroge une dame sur la vie de sa mère dans un harem africain, ainsi que ses visites de différents lieux saints traditionnels. Naipaul observe et raconte. Il n'a pas le ton militant, mais plutôt celui, détaché, d'un observateur extérieur. Personnellement, je trouve cette façon de faire agréable à lire car on peut se faire sa propre opinion par soi-même. Il donne quelques coups de canif aux religions « importées » comme le christianisme et l'islam, qui ont perturbé les repères, mais ne cache rien de la sorcellerie, de la peur constante d'être victime d'un mauvais sort, et de la violence qui en découle (j'ai tué mon voisin car c'est lui m'a envoyé la malaria) ou des anciennes coutumes de sacrifices humains et de jeunes vierges envoyées comme esclaves aux sorciers en « réparation » de mauvaises actions commises par leur famille. Il ressort de la lecture du livre que beaucoup de personnes rencontrées par Naipaul, même celles ayant fait des études ou ayant voyagé à l'étranger, sont tiraillées entre religions traditionnelles, qui refont surface mais dont ils n'ont pas de traces écrites, et religions "importées" qu'ils n'ont pas toujours choisies librement. V.S. Naipaul a reçu le prix Nobel de Littérature en 2001.