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EAN : 9782809710748
192 pages
Editions Picquier (06/02/2015)
3.78/5   43 notes
Résumé :
Un soir de pluie, un étudiant découvre le corps d’un homme sous un pont. Près de lui repose l’arme qui l’a tué. Ou avec qui il s’est donné la mort. Un lawman mk iii 357 magnum ctg.
Cette rencontre submerge l’étudiant d’une joie si intense qu’il lui semble que son cœur va se déchirer en deux. Ce revolver d’une beauté magnétique va le révéler à lui-même. Faire surgir à la lumière les zones d’ombre de son enfance, ouvrir un monde enclos en lui, l’emmener vers un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Il se promène dans les rues sombres de Tokyo, un parc désert, un chantier vide. Une canette de café chaud à la main, quelques lampadaires qui éclairent timidement le trottoir lui donnant un air blafard. La pluie se déverse sur la chaussée, les voitures roulant à toute berzingue éclaboussant sans vergogne les contre-allées que les ivrognes ont désertés. Personne dans la rue. Sauf lui ce soir. Lui et cet homme qui git par terre. La tête en sang, le révolver à ses pieds. Regard à droite, regard à gauche, la pluie continue de tomber froidement sur la rue, blues du trottoir. Il courre, la main dans la poche, l'arme dans la main.

Un LAWMAN MK III 357 MAGNUM CTG. Comme l'inspecteur Harry. Comme dans les séries télévisées américaines. 3 balles dorées dans le barillet. Il rentre chez lui, le pose délicatement, la caresse, la sent, l'astique. Moment intense érotique d'un jeune homme avec son arme. Moment d'extase, moment de jouissance. Moment d'amour tout simplement ; l'arme va occuper l'esprit de l'adolescent, du matin au soir. Obnubilé par sa présence. L'amour, quoi. Plus rien ne l'intéresse, plus rien ne le passionne, hormis cette arme, ce magnum si beau esthétiquement, une froideur quand il le tient dans la main, mais pourtant il perçoit de la douceur. Comme une envie de lui faire l'amour, un amour exclusif même, tant les filles à-côté paraissent fades pour illuminer sa vie.

Et plus les jours avancent, les nuits basculent, et plus l'obsession de Nishikawa devient intense. L'envie de la tenir en main, de la promener dans la rue, à l'université, dans la chambre de sa petite amie. Cette envie qui se transforme en un besoin vital de l'essayer, trouver une cible, un lieu, un chat, une femme… Et cette canette de café chaud à la main.

Quel drôle de roman qui met en scène la vie amoureuse d'un jeune adolescent avec une arme trouvée par hasard. Parce qu'il s'agit bien d'un amour qui nait entre les deux. D'abord une curiosité, puis l'envie de se connaître, de partager des moments, de plus en plus intimes, jusqu'à cette envie irrépressible de passer à l'acte. Sans retour. Comme une force incontrôlable, une alchimie qui s'est créée, mélanges de phéromones qui attirent l'un envers l'autre. Et si la couverture (dessin de Hiroyuki Izutsu) ressemble à un « manga », le roman délaisse l'action pour se centrer sur la psychologie de l'être, sonder son âme humaine, en décrivant minutieusement ce besoin implacable d'un homme face à une obsession, son arme. D'ailleurs à travers ces extraits, tu auras facilement noté les références phalliques de l'arme pour ce jeune garçon drogué aux canettes de café chaud.

« Revolver » où l'art d'astiquer son magnum.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Revolver... roman étrange et dérangeant par l'auteur de Pickpocket. Nakamura Fuminori aime mettre en scène des personnages en dehors des clous.

Ici, Nishikawa Tôru est un jeune étudiant qui semble mener une vie réglée, certes peu exaltante, entre ses études et les filles d'un soir qu'il lève de temps à autre. Jusqu'au jour où il tombe sur un cadavre avec un revolver à la main. Il s'en empare (de l'arme, hein, pas du corps!) et la ramène chez lui en proie à une excitation invraisemblable. Débute ce qu'il faut bien appeler une histoire d'amour entre le narrateur et son 357 Magnum. Il m'a fait penser à Gollum et à son "précieux" anneau tant on sent l'emprise de l'arme sur son esprit. L'envie de la contempler, la toucher, l'astiquer, la porter sur lui... L'utiliser... Spirale de dépendance où les introspections du jeune homme n'aboutisse pas à grand chose dès qu'il essaie de réfléchir en terme de morale ou d'éthique.

Ce personnage met très mal à l'aise tant on le voit en proie à une vacuité incommensurable que vient combler de manière factice et illusoire la détention du revolver. Rien ne le touche de ce qui se passe en dehors de lui. Ses rapports avec les filles de l'université tiennent du coup d'un soir, avec toute la corvée du baratin à devoir débiter pour parvenir à ses fins. Peu ou prou d'amis. Des cigarettes qu'il enchaîne les unes derrière les autres - tout comme les cannettes de café. Des études qu'il poursuit avec ennui, estimant qu'il serait encore plus ennuyeux d'arrêter et de réfléchir à une autre orientation. Trop dur de mener ses réflexions plus avant. Mieux vaut se laisser porter. Que de rêve vendu par l'auteur!
Mais détenir ce colt à la beauté mortifère lui donne l'impression d'être enfin vivant. Mais qui possède qui? Bonne question.

Le roman est court. Il se glisse néanmoins avec force dans l'esprit par son style sans fioriture. Froid comme le métal argenté devant lequel se pâme Nishikawa. Nakamura Fuminori est un écrivain troublant et fascinant, qui sait construire ses intrigues et instiller une sensation de malaise chez son lecteur. Une plume nippone à suivre avec intérêt.
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Ayant écrit un jour une quelconque critique de cet ouvrage, je la relis ce jour pour la trouver éminemment insignifiante. Je ne devais pas être aux manettes ce jour-là. Souhaitant reprendre l'ancien écrit, je commence par changer la police de caractère de mon logiciel de traitement de texte. Passer du Comic sans MS à l'Arial, ça donne déjà plus de gueule à un texte évaporé. Recoiffez-vous le matin si vous voulez changer de vie –ou décoiffez-vous, c'est selon.


Revolver fait honneur à un compagnon de route tôt abandonné. Fi des interprétations, passons au livre. le personnage, croisant un jour un flingue, se dit qu'il pourrait se lier d'amitié avec lui plutôt que de se fatiguer dans de vaines courtoisies humaines. Cioran disait que l'idée du suicide lui avait permis de vivre longtemps ; ici, la possibilité de la mort permet de ne tuer personne. Ce n'est pas toujours salutaire. Pensez au barman qui a oublié de vous rendre les 50 centimes qu'il vous devait sur votre pinte de bière lors d‘une furieuse happy hour. Tout ça parce qu'il voulait ramener un petit pourboire à la maison le soir pour faire croire à sa copine qu'il avait la cote. Vous auriez bien aimé le buter, non ? Non, bof, on s'en fout. Et le mec du livre aussi s'en fout, c'est surtout pour ça qu'il hésite à ne pas envoyer trépasser le premier venu, la pseudo-meuf de ses rêves ou le perlimpinpin du coin. Si elle ne puait pas tant, on n'irait pas ensevelir notre merde dans des kilomètres de canalisation, on la poserait et on s'en irait l'oubliant là.


Finalement, pas grand-chose à dire sur ce Revolver sinon qu'il me fut conseillé en guise d'entrée impudique dans l'errance (que je fantasme peut-être) d'une destinée malmenée. Comme une manière de dire parle à ma place. Ne m'apprit rien sur moi mais me permit peut-être –par le truchement de l'enthousiasme- de me promener à pas feutrés dans une vie inconnue.
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Il y a manifestement du Camus chez Fuminori Nakamura. On le pressentait dans Pickpocket, c'est patent dans Revolver. L'intrigue du livre est réduit à son minimum : un étudiant trouve un revolver auprès d'un suicidé et ne va plus vivre que pour son arme, en la touchant, en l'astiquant, en brûlant de s'en servir. Pas d'intrigue policière ou presque, ce n'est pas ce qui intéresse Nakamura. En revanche, le romancier décrit par le menu le quotidien du garçon. Celui-ci essaie de donner un sens à sa vie, mais mollement, sans conviction. Il consomme canettes de café chaud et jeunes femmes avec le même détachement et sans désir. le fait est que son revolver est devenu sa petite amie, pour lequel il exprime enfin des sentiments, dont il est incapable vis à vis des êtres humains. Va t-il passer à l'acte et tirer sur un(e) inconnu(e) pris(e) au hasard ? Entre angoisse, frustration et envie, Revolver fouille tous les recoins de l'âme de son héros. Les phrases sont courtes, l'écriture est sèche. Comme une version de L'étranger au Japon. Efficace et brillante dans son genre, il faut bien l'avouer. Et qui laisse comme un arrière-goût de métal.



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Un étudiant découvre un soir le cadavre d'un homme sous un pont. A coté de lui se trouve le revolver qui l'a tué, un Magnum 357. L'étudiant le récupère et le fourre dans sa poche. Une fois chez lui, il est ébloui par la beauté de cette arme, son magnétisme. Il la nettoie consciencieusement, la manipule et l'astique chaque jour. Il va commencer à sortir en la cachant sous son manteau, puis il va ressentir le besoin irrépressible de l'utiliser…

C'est un roman à la japonaise, subtil mais teinté de modernité. Inquiétant, tendu, malsain. C'est aussi une réflexion sur une jeunesse perdue, solitaire, en quête de sens, sur une existence dont le vide abyssal est comblé par un objet fascinant. C'est enfin le récit d'une vraie histoire d'amour entre un homme et une arme, une histoire de désir qui croit peu à peu, une histoire qui va mal finir tant cette compagne encombrante et dangereuse envahit le quotidien. Tout se déroule l'air de rien, sans jamais en rajouter, tout s'enchaîne naturellement avec un détachement proprement effrayant. Bien sûr j'ai pensé à Ryu Murakami, mais Nakamura est moins excessif, moins provocateur. Et c'est d'autant plus flippant !

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
J'ai écrasé ma cigarette et me suis dirigé vers la cuisine où la fille était en train de préparer la café. Je l'ai enlacée par derrière et, en m'appliquant à faire preuve de muflerie, je lui ai peloté les seins tout en l'embrassant dans le cou. J'ai agi ainsi afin qu'elle me prenne pour un sale type intéressé uniquement par le cul mais à la réflexion, c'est bien ce que j'étais, ça m'a fait sourire.
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J’ai pensé que je n’étais plus le même qu’avant. J’avais découvert et savouré une extase qu’on pouvait qualifier de suprême. J’éprouvais de la gratitude pour l’arme qui me l’avait donnée, je ferais n’importe quoi pour la renouveler. Je me suis dit que cette sensation, c’était certainement ça, l’amour. Quand je serais de retour à la maison, j’astiquerais soigneusement l’arme, je voulais vite le faire. La joie qui enflait spontanément me rassasiait, je me sentais prêt à m’ouvrir au monde entier. J’ai pensé que j’étais heureux et que cela durerait jusqu’à ma mort.
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De la même façon que certains éprouvent de la joie à peindre des tableaux ou à composer de la musique, de la même façon que d'autres deviennent dépendants du travail ou d'une femme, d'une drogue ou d'unr religion, j'ai trouvé quelque chose qui me captive. Dans mon cas, il s'agit d'une arme, voilà tout. Je ne suis pas bizarre. C'est ce que je me suis dit.
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Je ne m’appesantis presque jamais sur mes actes passés. Le bien, le mal, ce qui en découle, je n’ai pas tellement l’habitude d’y réfléchir. Mais la façon dont je me suis conduit ce jour-là m’inspire une joie proche de la gratitude. Si j’étais bêtement rentré chez moi, je n’aurais pas aujourd’hui une arme entre les mains. Inversement, quand je pense que je pourrais ne pas l’avoir, une crainte diffuse s’empare de moi. Puisque avant ça je n’en possédais pas, peut-être ai-je tort de penser ainsi.
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Mon intérêt résidait uniquement dans l’excitation liée à l’acte de détruire la vie, et dans le caractère inhabituel qu’il revêtait. Davantage que le résultat c’était le processus, davantage que les images sanguinolentes c’était la tension qu’elles faisaient surgir en moi, qui m’intéressait.
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