Th. : Bien, tu as répondu à la lettre et nous sommes très contents... maintenant on continue et je t'avertis que continuer signifie augmenter la dose jusqu'à ton point de saturation.
P. : ... depuis que je le fais sept fois, ce n'est plus que ça m'assouvit comme la première fois, ça me casse un peu les pieds, de le faire sept fois ! [Ils rient]
Th. : OK, et ça, à quoi ça te fait penser ? le fait que tu aies toujours besoin d'avoir des rythmes précis, minutieux, qu'est-ce que ça te fait penser à ton sujet ?P. : Euh, je me sens comme un vieux.
Th. : Techniquement, on appelle cela une tendance obsessionnelle à répéter les mêmes scénarios, et si je ne peux pas répéter le scénario, je me sens mal. Un certain taux d'obsession qui me permet chaque matin de me forcer à faire un quart d'heure ou une demi-heure d'exercices pour me maintenir en bonne santé, l'obsession est saine ; si par contre j'ai l'obsession que durant la journée je dois régulièrement faire certaines choses, ce n'est pas sain. Bien, tu as dit que tous les jours tu te forces à faire de l'exercice.
... si nous sommes à même de construire une stratégie composée de manoeuvres thérapeutiques capables de résoudre le même type de problème chez un nombre élevé de personnes, ce sera la structure de cette stratégie qui nous indiquera la forme du problème qui a été résolu. Comme diraient les logiciens en mathématiques, la régularité d'une structure et la persistance d'un problème sont révélées par la régularité de la structure de la solution capable de la résoudre.
P. : ... je veux dire que je fais aussi du sport de façon compulsive, chaque soir avant de manger je vais courir une demi-heure ou je vais nager. C'est une obsession, parce qu'avant de dîner je dois avoir couru de manière à être détendu pour le repas, et ainsi de suite. En réalité, j'ai toujours eu ça, j'ai toujours été très routinier. Quand j'étais petit aussi, j'ai toujours eu des obsessions. La première fois, j'avais trois ans, je devais boire du Coca-Cola... ma mère n'arrête pas de me la raconter.Th. : Tu as toujours eu des fixations...
Il est très différent d'être libéré d'une pathologie invalidante en deux ou trois mois ou en deux ou trois ans. L'efficience d'un traitement, en effet, renforce de beaucoup sa réelle efficacité thérapeutique (effectiveness). C'est la raison pour laquelle nous continuons à étudier et à expérimenter des techniques et des stratégies communicationnelles qui rendent les interventions thérapeutiques toujours plus ciblées sur les caractéristiques non seulement de la pathologie mais aussi de l'individualité unique du patient.
Si d'un côté [la méthode evidence-based] semble rigoureusement scientifique, puisque basée sur les critères de la recherche contrôlée en laboratoire, elle est d'un autre côté fortement critiquée pour son réductionnisme méthodologique qui considère une psychothérapie, où la relation et la communication avec le patient jouent un rôle central, comme un médicament, en l'évaluant ainsi sur la base de critères élaborés pour mesurer les effets de l'administration de substances pharmacologiques.