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EAN : 9782850610578
293 pages
Premier Parallèle (26/08/2021)
3.54/5   23 notes
Résumé :
"Sous la plume de Susan Neiman, les questions philosophiques les plus épineuses deviennent soudain lumineuses, portées par un style qui respire l'énergie et l'intelligence. "
Eva Illouz

Notre société est obsédée par la jeunesse. La chose semble partout admise : devenir adulte, c'est se résigner à une vie moins aventureuse et beaucoup plus insignifiante que ce à quoi l'on pensait pouvoir prétendre.
Mais si l'on ne parle jamais de l'âge ad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il en va des philosophes comme des artistes : ils se doivent d'influencer leurs successeurs pour atteindre la notoriété.
Ce principe est très prégnant actuellement et gage de légitimité.
Boaf…
Personnellement je ne vois pas le bien fondé de cet argument, je le trouverais plutôt appauvrissant.
Si dans l'art cette influence est flagrante, dans certaines formes, dont la philosophie, elle se manifeste par des référencements continuels, assommants et finalement obscurcissants.
Pour le lecteur dont la connaissance des auteurs cités est relativement modeste, ce qui est mon cas, cela devient rébarbatif.
Dans cet opus, pourtant destiné au grand public, cela atteint un tel degré, proche de la nausée, qu'on s'y égard rapidement et que le texte en perd sa vivacité.

Heureusement Susan Neiman distille quelques traits d'humour bienvenus :
Grâce à ses références à Kant – ad nauseam - aux stoïciens, aux philosophes des Lumières, et à Peter Pan, souvent.
Elle va jusqu'à se référencer elle-même. Par méthode ou par humour, je ne sais pas…

N'empêche que pour un essai, de 300 pages tout de même, qui traite de maturité et d'autonomie, ça la fiche mal…

Je comprends bien qu'avancer des idées simples qui ne font finalement référence qu'au bon sens, sans appui de maîtres à penser faisant autorité peut être angoissant.
Mais madame Neiman cette crainte est aussi une forme de soumission au système actuel que vous blâmez.
Affirmez donc simplement votre postulat, en doutant pour la forme, et le message passera beaucoup mieux. Car votre message est on ne peut plus capital.


En tous cas, pour ma part et en faisant abstraction de votre schéma de rédaction assommant, j'adhère quasiment à toutes vos idées :

1 - L'immaturité relève d'une forme de paresse : il est beaucoup plus facile de ne pas réfléchir et de se laisser guider dans nos choix et dans notre vie sociétale.

2 - La maturité s'oppose au "syndrome" de Peter Pan et à cette nostalgie de l'enfance.

3 - La maturité est une forme de révolte permanente et épuisante consistant à faire son possible pour que la vie s'approche de l'idéal tout en restant conscient de sa réalité.

4 - le choix est ce qui caractérise l'homme mûr.
Or ceci est incompatible avec l'asservissement à une société de consommation pour laquelle il est important de maintenir l'homme dans un leurre qui lui permet de croire en sa liberté de choix.
Car on ne lui propose que les choix entre une multitude de céréales pour petit déjeuner ou de voitures plus attrayantes les unes que les autres.
L'homme est ainsi captif du système tout en s'en croyant détaché. Cela s'entend également pour la politique, elle même asservie au système.
Le but de la société productivisto-consumeristo-alienante est de maintenir notre paresse intellectuelle par des joujoux apaisants. Elle a besoin de brebis dociles et fait tout pour nous maintenir dans cet état immature, formaté et confortable, à coups de publicités crétinisantes et de jobs aliénants et juste suffisamment rémunérés pour faire tourner la roue.

5 - Acquérir une autonomie de pensée, car c'est de cela qu'il s'agit, en quoi est-ce utile dans un monde où le travail (poiésis), subordonné au système est maître? N'est-ce pas attiser l'insatisfaction, la souffrance ? Etre adulte serait apprendre à souffrir ?
Pourtant, à y regarder de plus près, quitte à souffrir, il convient sans doute mieux d'opter pour une souffrance liée à l'insatisfaction sociétale plutôt que celle liée à l'insatisfaction de ne pouvoir acquérir les derniers objets inutiles qui sont indispensables à notre bonheur de paille mais si utile au système.
Car, au moins, plus les hommes véritablement adultes seront en nombre et plus nous auront la possibilité de sortir de ce schéma universellement destructeur.

6 - Dans l'élaboration de la pensée, le savoir ne suffit pas. le jugement est indispensable. et grandir permet d'affiner son jugement, si tant est qu'une base existe à ce bon sens car on peut être un imbécile très instruit.

7 - Nous sommes nés libres et partout nous sommes dans les chaînes. (Rousseau).

8 - Ce que vous faites dans le monde ne doit pas être relié à ce que le monde fait de vous.



Néanmoins quelques idées m'ont titillé:


L'auteure tourne et tourne autour du pot pour en revenir toujours à cette mono pensée qu'être grand c'est être en opposition aux idées qui nous ont été inculquées et au diktat sociétal.
J'y vois une sorte d'anarchie douce et une injonction à l'insatisfaction systématique qui ne me plaît guère.
Grandir se résumerait donc à cette faculté de pouvoir se mettre en opposition ?
Si « Un père doit avoir un enfant qui discute » Est-ce une finalité ?
Bien qu'elle en avance l'idée, l'auteure oublie la tempérance à vivre au mieux entre le monde tel qu'on le veut et celui tel qu'il est.


Je dirais en forme de conclusion de mon interprétation :

Notre unique plaie est l'argent.
La production économique n'est plus le moyen d'avoir une bonne vie, c'est notre vie qui est devenue le moyen d'assurer le bon fonctionnement de la production des ventes et de la consommation.

Et à Susan Neiman, toute modestie oubliée, je dirais
Pas besoin d'être en opposition systématique.
Ça c'est l'adolescence.

Pas besoin non plus de tenir la main de Papa ou Maman pour dire haut et fort ce que l'on pense.
Ça c'est ça être grand

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D'où vient cette idée courante que les jeunes vivraient leurs meilleures années, devraient profiter de la vie avant de rejoindre le rang…?
Comment se fait-il que la vie adulte ne représente plus l'indépendance, l'émancipation, la possibilité de s'affranchir des valeurs parentales et d'agir sur le monde, mais au contraire un appauvrissement, un rétrécissement, comme si elle n'était que contrainte et désillusion?
Ce thème à contre-courant m'a vivement intéressée et j'ai aimé l'analyse de l'auteure qui y voit une question politique :
car nous présenter un bonheur à base de jouets consommables et monnayables permet au libéralisme d'entretenir notre immaturité et faire de nous des citoyens manipulables qui ne réclameront rien d'autre: « Nous vivons dans une société qui ne veut pas d'adultes – car des sujets infantiles et obsédés par eux-mêmes sont plus faciles à diriger. »
L'auteure vente les vertus d'un âge adulte subversif, conscient des réalités mais gardant un oeil sur ses idéaux tout au long de la vie, lucide mais pas résigné.
Pour cela elle propose de s'appuyer, entre autres, sur la philosophie, et notamment celle des Lumières.
L'occasion de certaines longueurs et répétitions qui m'ont parfois lassée,
mais malgré cela j'ai apprécié cet ouvrage à la fois intéressant et inspirant !
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J'ai trouvé le début compliqué à lire car l'autrice y explore les théories philosophiques de Rousseau et Kant sur l'éducation, et je n'ai pas l'habitude de lire de la théorie philo.

Mises à part mes lacunes dans cette matière, l'autrice explore de manière très complète les différents courants et opinions sur l'éducation, la culture, la lecture et effectue toujours un parallèle avec le monde moderne.

Je pense qu'il faut plusieurs jours pour appréhender toutes ses facettes mais je recommande vraiment ce livre !
Il donne plusieurs idées sur lesquelles réfléchir, donne envie de les appliquer au quotidien, et nous ouvre les yeux sur ce que l'on choisi de faire et comment on choisi de vivre sa vie.
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critiques presse (1)
LaCroix
06 septembre 2021
Dans un essai vif et profond, la philosophe américaine Susan Neiman critique le jeunisme de nos sociétés et formule un plaidoyer incisif en faveur de l’âge adulte.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Un bébé qui mange à heure fixe comprend très vite qu'il est incapable de modifier le cours des évènements contrairement à celui qui mange à la demande.
Mais il apprend aussi à supporter la faim...

Grandir c’est accepter les incertitudes qui traversent nos vies ; c’est peut-être même vivre sans certitude, si ce n’est la certitude que nous courrons perpétuellement après ces certitudes.
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Il n'est pas étonnant que Kant ait pensé que la maturité était plus affaire de courage que de savoir : toute l'information du monde ne saurait se substituer à l'audace de juger par soi-même. [...] Le courage est nécessaire pour supporter cette faille qui déchire nos vies, aussi bonnes soient-elles : les idéaux de la raison dessinent une image de ce que le monde devrait être ; l'expérience nous apprend qu'il est rarement tel qu'il le devrait. La maturité consiste à se confronter à cet écart, sans pour autant abandonner ces idéaux ni cette expérience.
[...] Il faut bien plus de témérité pour reconnaître que les idéaux, comme l'expérience, nous obligent. Grandir consiste à refuser de succomber au dogmatisme comme au désespoir. Agir selon ses moyens pour que son fragment de monde se rapproche de ce qu'il devrait être sans perdre de vue ce qu'il est, voilà une bonne définition de l'âge adulte.
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L'enfance de la raison est dogmatique. Les jeunes enfants ont tendance à considérer que ce qu'on leur enseigne relève de la vérité absolue. [...]

L'étape suivante, pour la raison, est le scepticisme ; le mot "adolescence" n'avait pas encore été inventé à l'époque de Kant, mais le philosophe en décrit tous les symptômes : ce mélange étrange de déception et d'euphorie qui accompagne la découverte que le monde n'est pas tel qu'il devrait être. [...]

Kant affirme que cette étape témoigne de plus de maturité que la crédulité caractérisant les prémices de la raison, et qu'elle est nécessaire et importante [...]. Mais le passage brutal de la confiance infinie à la méfiance permanente ne relève pas encore de la maturité. Sans surprise, la maturité est la métaphore qu'utilise Kant pour qualifier sa philosophie, laquelle doit vous aider à trouver le juste milieu entre le fait de croire bêtement tout ce qu'on vous dit et celui de le rejeter tout aussi bêtement. Grandir, c'est accepter les incertitudes qui traversent nos vies ; c'est peut-être même vivre sans certitudes, si ce n'est la certitude que nous courrons perpétuellement après ces certitudes.
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Communiquer sur Facebook, Twitter ou Instagram est comparable au plaisir du gamin qui court vers sa maman pour lui montrer ses derniers coloriages.
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Tôt ou tard, la domination directe accouche de la rébellion ; la domination indirecte, elle, mène à la dépendance. Les méthodes infantilisantes des sociétés non totalitaires sont plus simples et plus subtiles. Elles encouragent notre paresse naturelle en nous offrant une large gamme de jouets réconfortants. Évidemment, ni les smartphones ni les voitures ne sont présentés comme des jouets, mais des outils sans lesquels une vie adulte n'en serait pas une. Inversement, l'idée ou les idées d'un monde plus juste et plus humain sont présentées comme des rêves d'enfant qu'il vaut mieux oublier pour la vraie vie qui consiste précisément à acquérir des jouets, autrement dit à trouver un travail stable qui confortera notre position dans une économie de consommation. Le renversement est perfide et ne laisse pas d'être déstabilisant. C'est la raison pour laquelle Kant affirme que la révolution la plus importante de l'homme est la sortie la minorité dont il est lui-même responsable.
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Video de Susan Neiman (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Susan Neiman
La crise sanitaire a souvent été lue comme la consécration d'une tendance de nos sociétés vers la gérontocratie : les personnes âgées sont celles qui votent le plus, et qui décident donc des politiques publiques. Elles seraient aussi celles qui ont été privilégiées face à l'arrivée de l'épidémie, puisque l'on aurait "enfermé" les jeunes générations, qui ne couraient pourtant pas de grands risques, afin de prendre soin des plus âgés.
Mais ne pourrait-on pas renverser la perspective et considérer que si l'on a envisagé le confinement comme un "enfermement" des jeunes, c'est parce que l'on considère la jeunesse comme l'âge d'or de l'existence ? N'est-ce pas l'occasion d'interroger nos représentations sur l'âge adulte et la vieillesse, mais aussi de rendre ces étapes De La vie plus enviables ?
C'est ce que propose de faire Susan Neiman dans son premier essai à être traduit en français, "Grandir. Eloge de l'âge adulte à une époque qui nous infantilise" (Premier parallèle). Elle y montre que l'âge adulte n'est certes pas l'insouciance naïve de l'enfance, mais pas non plus la révolte tumultueuse de l'adolescence : il est cette étape où nous comprenons enfin que si nos idéaux ne sont pas déjà inscrits dans le réel, il nous appartient néanmoins de tout faire pour les y actualiser.
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