Citations sur Le Malentendu (26)
"Avec elle pensa-t-il avec une irritation singulière, il faudrait toujours être moralement en smoking.
Ça ne rentre plus dans mes moyens , hélas......."
Denise serra les dents.
Elle aurait voulu arracher d'elle tous ces cailloux, les jeter à Yves, lui dire:"Prends les, souris seulement......" Mais est ce qu'on peut acheter le bonheur?"
Le bonheur laisse un goût amer, bienheureux, l'humble mâle du peuple, qui simplement, associe la femme à ses tristesses comme à ses joies.
L'amour qui naît de la peur de la solitude est triste et fort comme la mort.
L'auteur insiste sur la disponibilité, le côté solaire des vacances opposé à la grisaille de la ville et la réalité de la vie quotidienne.
La femme voudrait que son amant soit admiré, tandis que lui ne peut suivre ce train de vie.
(...) c'était une torture quotidienne que cette attente près du téléphone, un lent supplice raffiné qu'elle ne pouvait pas expliquer, qu'il aurait dû, pourtant, comprendre. Et cette incompréhension, c'était justement une des preuves les plus terribles qu'elle manquait entre eux, l'étrange fibre sensible qui relie deux êtres, les noue en un seul, les fait mystérieusement jouir des mêmes joies et saigner des mêmes souffrances ; oui, il manquait quelque chose entre eux d'insaisissable, d'inexprimable, tout simplement, peut-être, ce qu'on nomme l'amour réciproque. (p95)
Toujours las, fatigué, préoccupé, ennuyé, il avait, cependant, pour elle, de la tendresse et de l'attrait phyique, elle le sentait. Mais tout le temps, elle avait l'impression que c'était elle seule qui se cramponnait, de toutes ses forces, à leur amour ; si elle le quittait, elle savait qu'il ne ferait pas un geste pour la retenir, par paresse, par découragement inné et, de cela, elle éprouvait comme une immense fatigue morale, comme si elle eût porté en tremblant, entre ses mains faibles, un précieux fardeau trop lourd. (p.94).
- Tous les mêmes, murmura-t-elle, la voix un peu altérée... tendresse, désir... quelque chose, là... Pourquoi ne pas dire tout bonnement : l'amour ? Est-ce que vous avez peur du mot ?
- Et de la chose, Denise, ma vieille... Et puis quoi, depuis la guerre, on ne sait plus ce que c'est... Tiens quand je te sautais dessus, je t'adorais, comme tu appellerais ça, et puis aussi, quand tu m'as envoyé dinguer, j'ai pleuré comme un veau, tu sais, mais je sentais bien tout le temps que je me consolerais, parce qu'au fond, il n'y a pas de femme dont on ne se console pas... Nous savons ça en naissant, nous autres.
- Nous ne le savons pas.
(p. 90-91)
Sa présence seule lui était indispensable pour le moment ; sa longue chasteté, au lieu de lui peser, lui était précieuse comme une enfance retrouvée ; son désir d'elle lui causait une de ces souffrances exquises que l'on se plaît à faire durer, comme, au coeur de l'été, quand on a soif, on s'amuse à tenir longtemps sous ses lèvres, sans le boire, le verre d'eau glacé, embué de petites perles fraîches. Il avait assez vécu et senti pour reconnaître la valeur de son émoi ; il le cultivait égoïstement, jalousement, comme une fleur rare. (p.60)
Elle ne pleurait pas. Elle ne souffrait même plus. Elle répétait seulement, sans cesse, comme une petite fille fait d'un problème qu'elle ne comprend pas:
"Voilà, voilà, c'est fini...Et je n'ai pas su que c'était le bonheur...
Et à présent, c'est fini..."