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L'originalité de cette oeuvre est de remettre le choeur de chanteurs au centre de la tragédie antique.
Pourquoi ? Nous allons essayer de comprendre...
"Le choeur, dont l'existence remonte aux origines mêmes des représentations dramatiques, est un élément essentiel de la tragédie grecque, que celle-ci soit issue de rituels funéraires, de cultes dionysiaques ou du dithyrambe." ( Christabel Grare ).
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Voici ce que j'ai compris du texte... ( désolé, je ne fais pas une présentation de l'oeuvre, mais un "déchiffrage" ! )
Après une centaine de pages de "La naissance de la tragédie", j'écarte les voiles du questionnement, et cerne enfin l'objet de Friedrich Nietzsche dans un de ses premiers essais (1872 ). Il oppose ici le théâtre d'Euripide ( Vè siècle avant JC ) et de ses successeurs, à celui d'Eschyle qui le précède d'un demi-siècle.
Pour Nietzsche, Euripide et ses successeurs font un théâtre visuel, d'apparence, trompeur, et on dirait aujourd'hui "soft", "commercial" pour divertir les spectateurs : un artifice qui glorifie le beau, et Apollon.
Eschyle lui, faisait un théâtre plus "vrai", avec des choeurs, de la musique, un véritable art pulsionnel montrant la souffrance du titan Prométhée ou d'Ulysse ; c'est un théâtre dionysiaque, qui, pour l'auteur, représente la souffrance, mais aussi la musique et la fête, les mythes grecs, et donc les racines de la culture grecque à laquelle ce pays doit s'identifier.
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Quelles sont les racines allemandes de Friedrich ?
Vient à propos Richard Wagner qui propose ses opéras, donc avec de la musique si chère à Friedrich, par exemple "Tristan et Isolde" auquel, bien que mythe celte, l'auteur se raccroche. Wagner crée aussi l'opéra-drame lyrique "Siegfried" qui conforte Friedrich dans ses racines nordiques, et se plaît à espérer un renouveau allemand de la tragédie antique.
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Bref, cet essai est "jeune" ( l'auteur n'a que 28 ans ) ; il est encore trop imprégné de références universitaires, et l'on peine à chercher les "tripes" de mon cher et obscur Friedrich...
Cependant, il est vrai que c'est une oeuvre majeure, puisqu'elle révèle que la naissance de la tragédie n'est pas un spectacle de scène, mais un rite avec une importante chorale qui célèbre les dieux et les mythes grecs.
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Quant au "pessimisme dionysiaque" évoqué dans le titre, je pense qu'il s'oppose à l'insouciance et à la frivolité qui accompagne le théâtre "apollonien", esthétique.
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Je me permets une touche personnelle sur les "spectateurs" pris aux "tripes" par le spectacle.
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Les spectateurs antiques étaient-ils pris aux tripes en voyant et entendant les choeurs vanter leurs mythes et héros (Prométhée ; Ulysse ) ?
Chez les Romains, quid de "Panem et circenses" pour faire avaler la pilule des gouvernements dictatoriaux au peuple ?
Au moyen âge et à l'époque classique, les "héros et mythes" ne sont-ils pas Moïse, Jésus et Mahomet ? Les maîtres de cérémonie ne sont-ils pas les prêtres ?
J'ai même vu des fidèles évangélistes en transes ! ...Manipulations pour conquérir et dominer les incroyants...
Maintenant qu'on ne croit plus à rien sauf au foot et aux écrans, les super-héros qui occupent les masses pendant qu'on fait passer des lois ne sont-ils pas Kylian Mbappé, Johnny Halliday ( on en revient à musique des choeurs, on cassait des chaises au début des concerts de twist ) et des gamins rivés devants leurs écrans avec l'idole/mythe Captain America ou un Game of Thrones?
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Où sont les racines ?
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Les études universitaires de Nietzsche, après un bref passage par la théologie souhaité par sa mère, se sont orientés vers la philologie classique. C'est dans ce domaine qu'il obtient une chaire à l'université de Bâle en 1869. Son intérêt pour la philosophie s'est éveillé par la suite, et sa formation dans ce domaine est celle d'un autodidacte. A Bâle, il donne des cours sur divers sujets en rapport avec sa spécialité : les lyriques grecs, Sophocle, l'histoire de la tragédie grecque etc. Il écrit des textes à partir de ces matériaux, certains édités sous forme de brochures. Ces travaux vont constituer la base de son premier livre, La naissance de la tragédie. Terminé en 1871, il est d'abord refusé par l'éditeur, Nietzsche édite des extraits à son compte, puis le livre est finalement publié au début de 1872.

Si le sujet paraît se rattacher à la philologie, et Nietzsche, de par ses fonctions avait obligation de publier des textes se rapportant à la philologie grecque, il s'agit avant tout pour lui, de faire oeuvre de philosophe. C'est en quelque sorte l'ouvrage fondateur de sa pensée philosophique, dans lequel une grand partie des thématiques et questions récurrentes dans son oeuvre apparaissent.

Dans la première partie de l'ouvrage, Nietzsche expose ses hypothèses sur l'origine de la tragédie grecque. Il cherche l'origine de la tragédie dans la musique : il pense que le théâtre est né du dithyrambe chanté par un choeur autour de l'autel de Dionysos, le dieu de l'ivresse. Ce n'est que dans un deuxième temps que les acteurs, leurs paroles, leurs actions, qui produisent les héros tragiques à proprement parler, ont gagné en importance. Les parties chantées se seraient progressivement développées pour constituer la tragédie telle qu'elle nous a été transmise. Il faut dire que Nietzsche accorde une grande importance à l'art, et il place la musique en tête de tous les arts. La musique se passe des mots, et arrive par ses moyens à dire l'indicible ; elle laisse les impressions, sensations se déployer. Il associe la musique à Dionysos, le principe dionysiaque est signe d'une adhésion totale à la vie. L'artiste dionysiaque ne représente pas, il fait ressentir – la joie, la douleur. Sa forme d'expression par excellence, c'est la musique, la danse, le chant.
Mais pour arriver à la tragédie, il faut aussi Apollon : ce dernier est le dieu de la lumière, de la clarté, de la belle forme, des contours précis. Il s'exprimera de préférence dans la sculpture, la peinture, l'architecture, à travers les formes plastiques en général, et également dans la poésie épique, qui met en scène des individualités, des héros.

C'est l'association des deux, du dionysiaque qui par la musique, de sa capacité à faire ressentir, au-delà du mot, qui relève du monde des phénomènes, l'essence du monde, et l'apollinien qui donne une apparence belle et harmonieuse, dans la sérénité, la maîtrise de soi que s'est construite la tragédie grecque, qu'elle a atteint son apogée, sa perfection.

Mais dans la deuxième partie de son livre, Nietzsche évoque ce qu'il pose comme le déclin du genre tragique chez les Grecs. Il associe ce déclin à Euripide et à Socrate. L'équilibre miraculeux entre le dionysiaque et l'apollinien qui est au coeur de la tragédie, présent chez Eschyle et Sophocle serait rompu par Euripide qui privilégie l'apollinien au détriment du dionysiaque, mettant paradoxalement en cause l'apollinien également. Mais cette démarche d'Euripide serait pour Nietzsche inspirée par la philosophie de Socrate, une pensée rationaliste, qui cherche à mettre de l'ordre, à analyser, à clarifier, et qui remplace les contemplations apolliniennes et les extases dionysiaques. C'est en fait la négation d'un art véritable. Avec Socrate émerge, l'homme théorique, qui croit pouvoir pénétrer les mystères de l'existence grâce à sa raison. Mais c'est une illusion, selon Nietzsche, car la pensée rationnelle ne vient pas à bout des mystères de l'existence. L'illusion de la connaissance vient ainsi se substituer à l'illusion artistique. Mais cette illusion de la connaissance est dangereuse car elle méconnaît sa propre nature d'illusion - l'art, en revanche, assume pleinement, d'être un jeu avec les apparences, d'être un simulacre.

Enfin dans la troisième partie de son livre Nietzsche fait le parallèle entre la tragédie grecque et le drame musical de Richard Wagner (dont il était très proche à l'époque où il a écrit son livre, à qui d'ailleurs il était dédié) et exprime ses espoirs d'un renouveau de la culture allemande. Il prendra par la suite des distances avec l'oeuvre et la personne de Wagner.
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Faire la critique d'une oeuvre de Friedrich Nietzsche peut paraître ridicule, même si elle a pour objectif de témoigner des grandeurs de cette littérature. Pourtant, il n'est, en même temps, pas possible de rester muet après la lecture de "La Naissance de la Tragédie", première oeuvre du grand philosophe allemand. Je comprends qu'il ait pu paraître dérangé et perturbé aux esprits éclairés de son époque après la lecture de cet apparent essai philologique qui se révéla être plutôt une réflexion sur l'art prenant pour point de départ les origines de la tragédie grecque. Si ses contemporains notables universitaires ont pu lui coller l'étiquette du déréglé ce fut probablement pour ne pas s'avouer leur propre faiblesse face au génie de ce poète-philosophe. Ne pensez pas y lire un traité pompeux sur l'histoire et les codes de l'art antique, au contraire, l'imagination riche et enthousiaste de Nietzsche laisse transparaître une ode passionnée, d'un grand lyrisme, pour la reconnaissance de la véritable signification de l'Art.
Certains passages sont d'une grande beauté, déversant un flot d'images aussi fortes qu'éphémères, même si elles ne suffisent pas à faire pencher le lecteur en faveur des principes du philosophe. Mais plus qu'une thèse proposée sentencieusement par Nietzsche, il y a dans cet essai une critique de la société moderne aiguillonnée par la science et le socratisme qui, sûre du bon sens de sa marche vers le progrès, le bonheur et la Vérité suprême, fait écho aux remises en cause actuelles du modernisme autour des problématiques environnementales et écologiques.
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L'originalité du point de vue de Nietzsche, alors tout jeune professeur de philologie, sur le théâtre grec (tragédie attique) dans cet ouvrage, était tel qu'il essuya pas mal de critiques féroces à son encontre. Sous l'influence revendiquée de Schopenhauer pour le pessimisme et celle de Wagner en ce qui concerne la musique, Nietzsche s'est lancé dans une nouvelle vision de la Grèce antique sous les balises protectrices d'Apollon et de Dionysos. Ces deux pulsions antagonistes : l'apollinien, « l'art du créateur d'images » et le dionysiaque, « l'art non plastique de la musique » qui est aussi celui de la démesure. Ces deux pulsions se retrouvant très souvent en conflit.

C'est donc au théâtre, plus particulièrement au sein du choeur, que celles-ci se manifestent. L'homme soumis à ce spectacle et à ses mythes mis en scène, doit pouvoir se déposséder de lui-même et entrer en communion, que dis-je, en harmonie avec la musique et ne faire plus qu'un par le biais de ces énergies par-delà le bien et le mal. Mais ce n'est pas être simplement spectateur, c'est faire partie intégrante du spectacle, le public et les comédiens formant un tout, un « je » non plus égotiste mais unitaire comme il le dit si bien lui-même dans cet extrait :

« Nous avions en effet toujours pensé que le véritable spectateur, quel qu'il soit, devait rester conscient d'avoir sous les yeux une oeuvre d'art, non une réalité empirique. »

L'art est, ici, un substitut à l'absurdité de la vie et à la souffrance qui lui est immanente. Il est vu comme une consolation au tragique de la vie. le théâtre attique a justement pour fonction de libérer les pulsion l'espace d'un moment dans un cadre bien précis, ce que l'on pourrait communément appeler une catharsis bien que Nietzsche n'aime pas le terme, ce mot étant affilié à Aristote.

On peut déjà apercevoir en filigrane le futur Nietzsche qui s'opposera à la philosophie de Schopenhauer et à sa négation du vouloir dans certains passages comme celui-ci :

« Avec ce choeur, le profond Hellène, possédant un don sans pareil pour la souffrance la plus délicate et la plus rude, se console, lui qui a jeté un regard décidé au coeur du terrible processus d'anéantissement que constitue ce qu'on appelle l'histoire universelle, ainsi que sur la cruauté de la nature, et se trouve exposé au danger d'aspirer ardemment à une négation bouddhiste de la volonté. L'art, ce qui le sauve à son profit – c'est la vie. »

Quand il revient à « La naissance de la tragédie », dans sa préface de 1886, il n'y va pas par quatre chemins pour critiquer la première pierre de son édifice philosophique notamment la lourdeur du style ainsi qu'un sentimentalisme et un trop grand idéalisme dont il se séparera par la suite.

C'est avec l'arrivée d'Euripide que commence le théâtre rationaliste, socratique pourrait-on dire et que par la même occasion survient le déclin de la tragédie grecque et de ses mythes.

« Si la tragédie ancienne en périt, le socratisme esthétique en est donc le principe meurtrier. »

Ce qui m'a le plus surpris dans ce livre, c'est avant tout l'analogie que l'on peut trouver entre d'une part la tragédie grecque, et d'autre part un concert de métal extrême. On y retrouve en effet à peu près les mêmes caractéristiques, ce passage y faisant foi :

« Qu'il n'y avait fondamentalement aucune opposition entre public et choeur : tout, en effet, est uniquement un grand choeur sublime de satyres qui dansent et chantent, ou d'êtres qui se font représenter à travers ces satyres. »

Avant de conclure, je voudrai partager cet extrait sublime qui résume bien le fond de la pensée nietzschéenne quant à la philosophie :

« Le dialogue platonicien était comme un canot sur lequel la poésie ancienne naufragée se réfugia avec tous ses enfants : entassés dans un espace exigu et craintivement soumis au seul et unique pilote, Socrate, ils partaient désormais pour un nouveau monde qui ne pouvait se rassasier de voir l'image fantasmagorique de ce cortège. »

Tout ceci a, pour moi, un fort goût de paganisme.
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Cité par beaucoup d'auteurs parlant de musique, Nietzsche, lui même musicien, m"intriguait, notamment ce premier livre sur la tragédie grecque et ses prolongations dans l'opéra de Wagner, glorifiant en fait l'Allemagne, sortie victorieuse de la guerre de 1870, en pleine affirmation de sa grandeur, en pleine recherche de ses mythes et de ses héros !

Le style montre une nette tendance au coupage de cheveux en quatre et à l'usage immodéré de grands mots, (inoui, prodigieux, suprême...) pour ressasser l'affrontement entre Apollon et Dyonysios, sous toutes ses formes ! Difficile d'échapper à l'ennui et de ne pas passer sans doute à côté d'une grande partie de la pensée profonde de ce philosophe !
Je pense que l'auteur a écrit des oeuvres plus essentielles et je n'ai sans doute pas commencé par le bon livre... ou alors je ne suis pas vraiment câblé pour la philosophie.
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Les autres critiques ont raison, ne commencez pas Nietzsche par cette première oeuvre majeure(par delà le bien et le mal est un bon début). Mais si vous êtes déjà un peu familier avec sa philosophie il faut lire ce texte relativement court qui analyse d'une manière profondément troublante la tragédie antique, puis l'Art en général, auquel il donne une importance plus que centrale, vu qu'il le voit comme le seul but de l'humanité. Notons aussi que l'opposition dont on nous dit qu'il fait entre le dionysiaque et l'apollinien n'en est pas une, c'est à une distinction des deux éléments qui doivent s'unir dans l'oeuvre d'art total(je reprends évidemment le mot de Wagner auquel cet ouvrage est dédié, car il met alors tous ses espoirs nationaux sur lui), que sont par excellence les drames de Sophocles. Dans sa préface posthume il critique la forme de ce livre, écrite de manière traditionnellement philosophique, mais cela reste bien plus agréable à lire que du Kant ou du Hegel, et on trouve, surtout vers la fin, les images sublimes et les terribles colères qui nous adorons chez lui.
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La place qu'accorde Nietzsche à l'art est essentielle. Il le magnifie car il le considère comme proche de la nature.
Comme elle, il relève du domaine du mensonge, et, en tant que phénomène d'apparence, l'art camoufle les abîmes du monde sans que l'on puisse pour autant parler comme d'une production d'illusions trompeuses ou de fausse conscience.
L'analyse qu'il en fait dans « La Naissance de la tragédie » est capitale.

L'art se confond avec la tragédie, qui a trouvé son point de perfection dans la Grèce antique.
La tragédie antique est parvenue à équilibrer les influences dionysiaques (porteuse de démesure et de vie, la musique, par exemple) et les influences apolliniennes (véhicules de la forme et créatrices de la beauté, par exemple, la poésie).
Dans ce système, Socrate est à l'opposé de Dionysos. Il symbolise l'homme théorique adversaire des forces vitales.
Il en est de même du Christ, celui du moins que l'Eglise s'est efforcée d'imposer.
Comme Socrate, il s'inflige la mort pour culpabiliser l'homme attaché à la vie.
La conception du philosophe est intimement liée à cette vision esthétique : Socrate et le Christ présentent des exemples de comportement nihiliste qui aboutit à transformer les faibles en forts.
Trois stades se succèdent dans ce processus : après la mise en accusation de ce qui est beau et noble, intervient la mauvaise conscience ; il ne reste plus qu'à imposer l'idéal ascétique qui, renversant les valeurs, juge la vie en partant de critères qui la condamnent.

Si les lectures de Schopenhauer ont exercé de grandes influences sur sa pensée et ses relations avec Wagner.
La glorification de ce dernier est parfaitement visible dans « La Naissance de la tragédie » : si le lien entre les deux pôles (Dionysiaque/Apollinien) est à l'origine de la tragédie antique.
Nietzsche fondait en Richard Wagner l'espoir d'un renouvellement de la tragédie grâce à ses drames musicales qui étaient censés pouvoir d'un côté réunir, à l'instar de la tragédie antique, l'oeuvre et le public dans une forte expérience libérant les instincts de l'esprit tragique et de l'autre, permettre d'en revenir à l'époque d'avant la « décadence » initiée, selon Nietzsche, par Socrate.
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Dans ce livre, on voit déjà poindre quelques éléments de la philosophie nietzschéenne mettant la vie au coeur de son projet.
Face à un besoin vital de faire face au pessimisme résultant de leur vision du monde, les Grecs ont dû pleinement affirmer la vie, en ce qu'elle a de plus sacrée. L'art a été le moyen par excellence pour y parvenir, notamment grâce à la tragédie.
A travers elle, deux pulsions pourtant opposées ont su être réconciliées : l'apollinien et le dionysiaque. le dionysiaque, cet élan amenant à une dépossession de soi vers l'essence du monde, porté par la musique et le choeur, est le principe premier de la tragédie. Vient ensuite l'apollinien, qui traduit sur scène en apparence et en images harmonieuses ce que le dionysiaque a révélé. Tout en donnant la priorité à Dionysos, c'est l'association de ces deux pulsions artistiques qui ont fait de la tragédie l'aboutissement de l'art grec.
Le déclin a commencé avec l'avènement du rationalisme socratique. Par l'entremise de l'auteur tragique Euripide qui a amené dans le champ artistique la philosophie de Socrate, Dionysos a disparu, faisant alors de la tragédie le royaume des images et surtout de la Raison, et condamnant de ce fait la tragédie et les Grecs.
En définitive, La Naissance de la tragédie préfigure déjà ce que sera par la suite la philosophie de Nietzsche : entre lyrisme et critique de la modernité, cet ouvrage est sans doute, pour celui qui s'intéresse à l'art, le plus accessible pour se familiariser avec la pensée de l'auteur.
Lien : https://mon-imaginarium.wixs..
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Surtout ne lisez pas cette critique.

Surtout ne commencez jamais Nietzsche par ce recueil.
A moins d'être un artiste, musicien ou théâtreux et intellectuel et passionné par toutes les théories sur l'art, sans quoi vous vous demanderez ce qu'on a pu trouver à ce type...
Le problème de ce livre est son assemblage, les pages intéressantes représentant l'essence des idées de N. sont noyées dans des redites, des fragments, des textes divers, des variations et des notes. Ce qui rend la lecture est on ne peut plus pénible... Et c'est bien dommage car les idées sont vraiment intéressantes (comme toujours), le rêve vs la vérité ; la maîtrise vs la démesure ; la beauté vs ... la vie... Au travers une approche d'historien de l'art, N. nous propose une réconciliation et une réunion des deux aspects Apollinien vs Dionysiaque qu'est la vie (pour faire simple). Ce qu'il aurait lui perçu dans la tragédie grecque, passée de mode, triste selon l'auteur.
Il égratigne au passage Euripide et Socrate au plus haut point...
Puis, que dire, je me perds et m'abîme les yeux sur les trop petits caractères de cet ensemble sur lequel je me dis est-il dionysiaque, la souffrance est-elle à aimer tout autant que le sublime, comment l'esprit Germain va-t-il se restaurer, Shakespeare était-il un génie, pourquoi dans ce livre j'ai préféré les préfaces et un ou deux des textes annexes, vais-je ou pas faire une critique, sera-t-elle belle ou pénible mais dans ce cas pourquoi le ou ne serait pas un et... et toutes sortes de choses...

Tandis que dehors, il pleut. (Et que je vous avais dit de ne pas lire cette critique.)
(Et surtout lisez d'autres oeuvres de N.)
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Pour le néophyte que je suis le propos du bouquin n'est à priori pas très engageant. Pas philologue pour un sou, j'ai quelques réminiscences d'études de grecque ancien, très vagues...Je ne m'attendais pas à découvrir l'émergence d'un esprit neuf, d'une pensée libre au sein de cet imbroglio philosophique...S'il s'agit bien de la genèse de la tragédie grecque, on découvre tout au long de ce riche exposé la volonté toute Nietzschéenne de vouloir renverser les valeurs, pourfendre les pensées établies, bouleverser les repères qui ne sont véritablement que des carcans. Si le panthéon hellénique vous barbe, les références nombreuses aux auteurs tragiques vous débecte, passez votre chemin. Mais un tel foisonnement d'idées édifiantes sur la poésie, la musique, la culture, la sagesse, ne peuvent laisser quiconque indifférent. Nietzsche en est à ses balbutiements mais déjà on pressent une force toute dionysiaque dans la volonté du jeune auteur de jeter son pavé dans la mare
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