Un titre ne doit pas forcément nous inciter à lire un livre . Celui-ci est tout sauf convaincant! Il est plat, creux et sans intérêt. La notion de pornographie n'est ici là que pour vendre un livre, c'est d'ailleurs ce que l'auteur doit faire à la demande de son éditeur! La notion pornographique est donc sans intérêt et non enrichissante. Si vous devez lire ce livre, passez votre chemin, car il n'en vaut pas la peine !
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un grand roman
sur l'écriture, le genre en littérature, et l'argent
une écrivaine très romantique se retrouve à écrire un roman porno pour de l'argent
c'est drôle et profond
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L'intimité détruit le discours sur l'intimité. On se protège, on réserve sa parole. On a peur que l'autre ne creuse en vous, sans doute, qu'il ne vous gobe pour mieux vous aimer.
je reviens à cette idée d'écrire les nouvelles pornographiques en mon propre nom. Longtemps j'ai hésité à me mettre en scène de façon aussi explicite, mais il me semble aujourd'hui que c'est la seule manière d'aborder honnêtement la proposition de l'éditeur. Non que ma propension à me confesser eût gagné du terrain, du grand déballage je me sentais fort éloignée, mais pour une raison plus souterraine: il m'aurait été impossible de faire vivre à une autre, fût-elle imaginaire, les débordements que je m'infligeais en tant que narratrice. Je me mouillais, comme disait Aline, je prenais sur moi, et par conséquent, symboliquement, j'avais tous les droits. Voilà ce que je gagnais en payant de ma personne, de ma première personne: le liberté de me travestir, de m'inventer, de me remodeler à loisir sans culpabilité majeure et même avec une certaine jubilation, et sans autre prétention que de servir le texte qui m'était commandé. La médiocrité habituellement réservée à ce genre de littérature (sa médiocrité constituante, comme Gabriel aimait à le répéter) me libérait en outre du souci jusque-là omniprésent dans mes romans non pas du bien-pensant, mais du bien construit et du bien tourné, chaque mot ayant sa place dans la spirale du récit, chaque accessoire son utilité. Cette notion de destin, ou de chemin accompli entre le premier et le dernier mot d'un texte, se réduisait, dans le domaine de la pornographie, à sa plus simple expression: à la fin la jouissance. Un but aussi précis et fugace appelait un traitement léger. Je n'avais pas besoin d'alibi grammatical, pas besoin d'habiller mes personnages de phrases décoratives, comme un fourre un morceau de beurre dans le cul d'un poulet industriel pour l'élever au rang du poulet fermier. Ça donne du moelleux la troisième personne, de la distance, on met de l'eau dans son encre, la chair est moins tassée, moins capitonnée. Le lecteur est soi-disant dans la connivence, au même titre que l'auteur, il se sent un peu au-dessus du livre, au-dessus de la mêlée.
Pour en revenir à ce qui préoccupait l'éditeur, il me semblait que le livre pornographique clairement défini comme objet commercial ayant pour but d'exciter le consommateur ne représentait aucun risque pour l'ordre moral, puisqu'il s'agissait d'un produit parfois nauséabond, certes, mais vendu sous couverture étanche, plastifiée, dans des lieux spécialisés. Il se situaient toujours du même côté de la frontière, le cul bien assis au milieu de la chaise, et la chaise posée sur ses quatre pieds, ce qui réduisait la menace à néant. Aucune déviation, disait Gabriel, ne résiste à la moulinette pornographique. La personne qui consomme ce genre de littérature préfère rester dans l'ignorance de ce qui lui arrive - ainsi échappe-t-elle au sentiment de culpabilité qui pourrait la submerger en se délectant de situations contraires à ses sentiments profonds. Elle jouit, elle oublie. Elle n'oublie pas seulement en jouissant, ce qui est la moindre des choses, mais en se relevant de sa jouissance. L'industrie pornographique s'arrange fort bien de cette impasse. Elle comble un vide, au présent, et à long terme cultive le manque. Voilà ce que Gabriel Tournon voulait éviter en engageant des romanciers, c'est-à-dire avant tout des être de mémoire. Il voulait lutter contre cette façon de banaliser les excès, de les presser pour en extraire le jus dans une consommation effrénée du plaisir; un jus sans joie, sans lendemain. Transformer les peurs infantiles en sperme frais, l'angoisse et les humiliations en volupté partagée, se rattraper, oui, disait-il encore en attendant l'autobus, la pornographie, telle que j'aimerais que nous la concevions ensemble, est le terrain de jeu idéal pour que l'enfant prenne sa revanche, l'enfant coupable qui nous habite, l'enfant blessé que nous habitons.
[...] et s'il reste encore un territoire préservé, un territoire que la pornographie fuit comme la peste, c'est cette disposition universelle du coeur qui commence par la première lettre de l'alphabet. Pas le sentiment monté en épingle, avec une majuscule tarabiscotée ni le sentiment cucul la praline, non, mais celui qui préside à la rencontre intime des êtres entre-eux.
Aimer, voilà l'audace.
Non, il n'était jamais allé en France, une prochaine fois peut-être, maintenant que nous nous connaissions. C'est à cet instant précis, lorsqu'il prononça le vœu de me retrouver un jour, à Paris, que mon cœur commença à battre de ce rythme très particulier, un peu acide, qui transformait mon corps paisible, en mécanique amoureuse.
Lecture par l'auteure accompagnée de Karinn Helbert (Orgue de cristal)
Festival Paris en toutes lettres
Elle a perdu son frère mais n'a pas réussi à se rendre à l'enterrement. Elle est effondrée et décide de s'exiler au bord d'un fleuve pour écrire un livre sur lui. Elle garde l'appartement d'un inconnu en échange de deux services : nourrir le chat et les plantes carnivores. Sauf que le chat n'apparaît jamais et que le récit de son histoire fraternelle et de cet amour fusionnel prend peu à peu une tonalité très dérangeante… Marie Nimier lit des extraits de son roman, accompagnée par Karinn Helbert qui fait entendre un instrument aussi singulier que l'est Petite soeur : un orgue de cristal.
À lire – Marie Nimier, Petite soeur, Gallimard, 2022.
Lumière par Patrice Lecadre, son par François Turpin
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