LES SOUS-BOIS
Stucs italiens, murs d'or et miroirs. Et dames,
dames, dames… Brodequins et sonnettes, frou-
frous et mon cœur. « Beauté… » — elle recueille
et acquiesce, « Beauté… » et baisse les yeux en
consentement. Quittons ces murs. L'aube et,
là-bas, les jardins géométriques. « Beauté… » —
elle offre sa main : l'agneau n'offre-t-il pas le
cou ? Son bonheur est au-delà du sang. Descen-
dons les marches vers les pelouses, voici les
arbustes, les buissons. Beauté, oh beauté, oh
beauté, toi qui recèles la source de tous les
commencements ! Toujours tu renais autre des
cendres du miracle, et à nouveau tu te lèves et en
te levant tu lèves, avec l'ébahissement, la faim. Oh
beauté, oh beauté, oh beauté !
Frais et accueillants les sous-bois, et prêts.
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MATIN
Elle passait, plus légère que les pivoines roses
aux feuilles noires. Sa jupe acclamait ses jambes
fines de chair — légère, je la voulais tant ainsi !
Sous son passage, le trottoir large et tapissé
d'ombre fraîche sommeillait encore d'un silence
effacé. Sa ceinture, si finement soutenue, droite,
agitait à peine — et le buste menu annonçait hors
de paroles les richesses à offrir. Et, entre sa
bouche rouge et ses cheveux noirs, dansaient
émerveillés pour rien ses yeux vifs.
Elle allait vers le fleuve, je continuai à marcher
vers la terre.
Et je riais de ces matins d'été, heureux d'être
un homme.
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