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EAN : 9782981665195
40 pages
Thierry Noiret (05/07/2021)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Pendant plus d’un an, inquiets, en deuil parfois, confinés, épuisés, tous vous avez eu besoin de vous exprimer.
Depuis Edgar Morin jusqu’au plus obtus des complotistes, tous vous avez parlé, pris même la plume, fait valoir que vous existiez.

Quel bonheur de vous savoir vivants, en bonne santé !

Pour ma part, attentif à ne tomber ni dans l’obéissance aveugle ni dans aucune croyance absurde j’ai choisi la prudence et le respect ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce court recueil poétique évoque le confinement avec beaucoup de retenue, selon la volonté même de son auteur : « Une pincée d'angoisse, quelques cuillers de claustrophobie, un fond de solitude, beaucoup de tristesse, même un peu de nostalgie et un bon bouillon de rigueur hagarde. Comme vous tous avez pu le ressentir. »

Des ouvertures salutaires, dès les premiers mots : le balcon, la fenêtre, le ciel, face au huis clos imposé par l'épidémie. On apprend à vivre autrement et on se remet à faire son pain maison, comme autrefois. Un rythme parfois saccadé, comme ce souffle qui semble à bout. Des rimes qui résonnent et scandent l'impatience ou la révolte étouffée contre le royaume de la Pénurie.
L'incendie de la cathédrale Notre-Dame à Paris est également évoqué (p. 10) comme pour marquer le temps des chagrins.

Superbe petit éloge des narines (« les odeurs sont les petites fées /de notre mémoire ») aux pages 11-12, hypocrisie des statistiques déshumanisées, exil obligé dans les livres (mais pas ceux de la bibliothèque publique), la muselière des masques avec la disparition des sourires, les rues désertes, souffrance de la quarantaine pour beaucoup, les « remparts la distanciation » (p. 23), évocation subtile, mais oh combien nécessaire, de la « liberté » (notamment celle de voyager), peur et « mort qui rôde », vaccin enfin, tout cela est consigné avec justesse pour que l'on s'en souvienne.
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« Un an de défiance, vers pour une année de confinement » est le premier recueil que je lis de Thierry Noiret, un petit livre d'impressions poétiques sur l'instant, sur cette période marquante que fut celle de la pandémie de la Covid et du confinement.

Par touches légères, par un resserrement d'images et d'évocations de son expérience personnelle, Thierry Noiret fait remonter à la surface de notre conscience (intime et collective) ce temps éprouvant fait de pénurie, de manque, de ce flot médiatique ininterrompu, paroles d'hommes sans visage (ils étaient responsables politiques, ils étaient experts scientifiques) qui nous parlait avec gravité de restrictions, de précautions, de risques. Et puis tous les autres, les invisibles, présents en première ligne (médecins, infirmières, soignants). le port du masque, les distanciations, les gestes que l'on disait « barrière », les couvre-feu (sur le feu qui couve), etc. faisait de nous des exilés involontaires, retenus dans notre propre maison, dans notre quartier, et partout ailleurs. Reclus chez nous et en nous-mêmes, la cité du dehors fermait ses accès :

« Pas de coiffeur de torréfacteur d'aviateur
pas de bar de terrasse de table ouverte
ni libraire ni bréviaire
pas de lupanar de caviste
ni de suaire
pandémie oblige »

L'expérience de la réclusion, du manque et de l'absence a éveillé d'autres ressources, dont celle de la mémoire. Dans de légères digressions et une belle écriture, Thierry Noiret se remémore Paris et Notre-Dame en proie aux flammes :
« (…)
Me suis promené
Mais n'ai pu m'approcher
Mettre la paume sur tes plaies
Mettre un nom sur ton brasier »

ou encore les senteurs, les saveurs douces de l'enfance et des terres arides du sud de la France :

« (…)
Sous l'antique pont qui traverse le Gard
La garrigue s'enflamme et inonde notre carré de terre
Ça sent le thym la grillade le romarin et l'eau
Qui n'est encore qu'une rivière
Cette odeur d'eau que nul parfum de femme n'égale
(…) »


Entre désenchantement et résilience, avec la crainte alors de tout perdre, Thierry Noiret écrit des poèmes concis, dépouillés. Des textes dans lesquels les vers, les mots effleurent et ravivent en creux des souvenirs nés de circonstances très particulières. Comme un éloignement, un dépaysement intérieur :


« Jamais je ne suis resté si longtemps loin de mon pays
Loin de mes racines
Jamais avant le temps n'avait occulté l'espace d'ici
A là-bas ma naissance
M'ont-ils oublié vont-ils un jour me laisser rentrer
Ai-je encore ma nationalité
Mes papiers se sont-ils désagrégés pulvérisés
Le virus les a-t-il dévorés
Existent-ils encore ceux qui ont peuplé
Ma jeunesse mon école mes murs
Se sont-ils effacés sans bruit sans pitié
Mes souvenirs mes murmures
Jamais ne suis resté ainsi si loin de mon enfance
(…) »


En plein confinement, il fallait savoir compter sur le pouvoir du langage et de la poésie pour maintenir un espace à soi, un espace de liberté.
Aujourd'hui, la pandémie s'est éloignée, le confinement est remisé. Restent les mots, précieux, comme ceux de Thierry Noiret.


.
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Non pas une critique - ce serait prétentieux de ma part à propos de mes écrits - mais comme une excuse : mes vers, pendant le confinement se sont faits plus humbles, plus routiniers, sans plus aucune approche formelle, plus de musique, plus de rythme sinon le quotidien qui, dans ce quasi journal, captait le tonitruant silence de ceux que l'on ne peut rencontrer, des voyages et randonnées que l'on ne peut faire, des livres et de la musique que l'on ne peut acheter.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le soleil brille à nouveau
à nouveau
A-t-il jamais cessé de briller
au loin
Il y a les remparts la distanciation
Il y a dit-on
sauvage invisible foudroyant
un ennemi
par delà les murs il y a aussi
les humeurs
qui elles aussi invisibles trucident
Moi je suis là quand là ne veut plus
rien dire
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Les moineaux sur le balcon
parfois quatre ou cinq
des êtres vivants
des invités à ma table confinée
depuis tant de semaines
les moineaux sautillent

Les écureuils grimpent
le ciel leur reste ouvert
Pas de porte pas de fenêtre
Les écureuils sur mon balcon
la terre entière leur appartient
désormais
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Pas de coiffeur de torréfacteur d’aviateur
pas de bar de terrasse de table ouverte
ni libraire ni bréviaire
pas de lupanar de caviste
ni de suaire
pandémie oblige
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Ce matin-là
Assignés à résidence
Rimes sévères à l’horizon
Dormance latence silence absence
Travail famille Amis
Garder ses distances
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