«
Poussière », c'est ce que nous deviendrons tous et pourtant, la pièce de
Lars Norén ressemble parfois à une comédie un peu obscène sur la vieillesse et sur la mort. Je l'ai vu jouer à la comédie Française dans une mise en scène de l'auteur suédois et je dois dire que le sujet est difficile mais que
Lars Norén sait parler de ce qu'est la fin parce que lui-même vieillit.
Des personnes âgées se retrouvent sur une plage, un lieu assez sordide où ils vont en vacances depuis trente ans. Ils n'ont pas de nom, ils sont nommés par des lettres et c'est comme s'ils se découvraient ou se redécouvraient car ils ont peut-être oublié les années passées. Il y a six hommes très différents, certains sont révoltés, grossiers dans leurs peurs, d'autres résignés, quasi silencieux.
Les quatre femmes sont plus tranquilles, parfois brusques, telles qu'elles ont sans doute été toutes leur vie, prêtes à demander à la mort de ne pas les emmener trop vite. Il leur reste les souvenirs, la conscience des corps usés, une mémoire aléatoire, des douleurs sourdes omniprésentes. Et puis, il y a une jeune femme attardée mentale, fille de l'une d'entre elles. Elle chantonne, totalement désinhibée et se transforme doucement en ange de la mort, accompagnant un par un ces personnes âgées de l'autre côté.
Il y a quelque chose de traumatisant dans cette histoire mais comme le dit
Lars Norén, « C'est une pièce sur les au revoir et les souvenirs, sur les dernières vagues à traverser avant la fin. Une pièce belle et mélancolique qui ne parle que de la vie. »
Avec «
Poussière », j'ai découvert un écrivain contemporain majeur.