AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Lucien Marchal (Traducteur)
EAN : 9782851814210
84 pages
L'Arche (21/10/1999)
3.56/5   78 notes
Résumé :
Pas de Dieu. Pas de Père Noël. Pas de fées. Pas de forêt enchantée. Rien, putain de rien.

En 1995, Sarah Kane écrit Anéantis (Blasted) qui est aussitôt créé au Royal Court Theatre de Londres. Presque trente ans après Sauvés d Edward Bond, créé dans le même théâtre, la presse britannique se déchaîne : sale, alarmant, dangereux. Mais l'auteur et sa pièce accèdent immédiatement à la célébrité. L'histoire de Ian et Cate dans un hôtel de luxe à Leeds est l... >Voir plus
Que lire après AnéantisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 78 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis
Une pièce coup de poing. L'expression trouve tout son sens ici. Ca fait mal à lire, ça assomme. Est-ce que c'est bien ? Il faut déjà essayer de retrouver tous ses sens pour donner une réponse claire.

L'auteur Sarah Kane ne nous épargne rien. Vous me direz qu'elle ne s'est rien épargné à elle non plus puisqu'elle s'est suicidée à l'âge de 28 ans. Comme souvent après une lecture, ma critique en emprunte les codes, donc désolé d'être un peu abrupt.

On a parfois l'impression d'un catalogue de tout ce qui devrait être a priori impossible de montrer sur scène. On se demande à un moment s'il y a un sens derrière... Oui forcément... Parfois on en doute... Et puis on se dit que...quand même... tout ça pour rien ?

Il y a dans cette pièce tout le désespoir face au monde d'une femme qui finira par préférer quitter la vie d'elle-même. L'horreur de la guerre, l'horreur de l'amour, l'horreur du sexe. Ce n'est pas du théâtre de l'absurde comme on l'a découvert avec Beckett ou Ionesco, c'est du théâtre de l'absurdité de la vie.

J'aime plutôt les textes qui me provoquent, me bouleversent, cherchent à me sortir de mon confort... mais j'avoue que j'ai du mal à me positionner face à ce texte tellement dérangeant qu'on hésite entre génie et provocation gratuite.

Depuis que j'ai pris conscience du peu d'auteurEs dramatiques, je m'efforce de chercher à en lire le plus possible, car c'est notre seul pouvoir de lecteur pour qu'il y en ait de plus en plus. Certains regretteraient l'absence de femmes comme auteures de pièces en expliquant tout ce qu'elles pourraient y apporter: la tendresse, la compréhension, l'empathie, le romantisme. Ce sont des regrets éminemment sexistes... et Sarah Kane vient cracher au visage de ces bien-pensants son texte extrême. Et rien que pour ça, elle mérite le respect.
Commenter  J’apprécie          233
La première fois que j'ai lu « Anéantis » de Sarah Kane, j'ai été étouffée par la violence du texte. Une violence extrême, tant dans le choix des mots que physique et morale. D'ailleurs, l'auteure a été souvent accusée d'écrire des obscénités.
L'histoire : dans une chambre d'hôtel, un couple atypique qui ne s'aime plus cherche un moyen de raviver la passion, par le sexe et la brutalité. Une bombe explose, détruisant le lieu. Un homme déboule. le couple bascule dans l'enfer.
Des personnages en marge de la société. Qui malgré leurs actes, malgré la surenchère incessante dans l'horreur – du racisme, au viol en passant par le supplice jusqu'à l'anthropophagie – conservent au fond d'eux une part de poésie et d'humanité. Sarah Kane ne fait pas dans ce texte l'apologie de la barbarie. Elle traite de combats, ceux que l'on mène contre soi, ceux que l'on mène pour survivre, ceux que des voisins plus ou moins lointains mènent par idéologie ou folie et qu'on fait semblant de ne pas voir… À travers ces horreurs, l'auteure dénonce les guerres et la violence. Et, c'est l'impression que j'ai eue en tout cas, dénonce « notre voyeurisme et notre immobilisme » devant la cruauté des faits divers qui passent à la télévision.
Ce texte m'a dégoûtée. Assommée. La seconde fois que je l'ai lu, j'ai été révoltée. Et enfin anéantie car après tout, je ne suis rien de plus, moi non plus, qu'une spectatrice lambda qui se repaît des détails scabreux de la presse quotidienne et continue égoïstement son chemin.
Âmes sensibles, passez votre chemin, ne lisez pas cette pièce…
Commenter  J’apprécie          70
"Anéantis" est du grand théâtre. La guerre s'y dévoile comme le pire des cauchemars que peut vivre l'humanité, sauf que ce n'est pas un cauchemar, et qu'on ne s'en réveille pas. Après l'horreur, une autre horreur, toujours, jusqu'à l'anesthésie et la mort.
La puissance de l'écriture de Sarah Kane ne brise pas la complexité des situations et les sentiments sont rendus à la perfection dans leurs subtils renversements : comment l'amour peut s'exprimer dans un macabre jeu de pouvoir ; comment on glisse du rôle de victime à celui de bourreau ; comment celui qui croit n'avoir plus rien à perdre a encore tout à perdre ; comment l'instinct nourricier se conserve au seuil de l'anéantissement ; comment enfin le collectif, sombre et implacable, se substitue à l'individuel lors des "grandes marées".
Sarah Kane a écrit ce texte à 25 ans. Elle est incontestablement une grande artiste et une visionnaire.
Commenter  J’apprécie          100
Âmes sensibles s'abstenir, cette pièce de théâtre m'a menée au bord de l'écoeurement. Voilà qui interroge singulièrement notre appétit vicieux de faits divers sanglants et notre curiosité morbide. Qui osera assumer son voyeurisme jusqu'au bout après ça?

______________________

L'auteure (contemporaine) était très jeune. J'ai consulté sa biographie sur internet. Vous remarquerez que je déroge à tous mes principes en ce moment... Il y a des périodes comme ça où on n'est plus libre d'être soi-même. Espérons que ce n'est pas fait pour durer. Je disais donc qu'elle était très jeune à l'époque, elle s'est d'ailleurs suicidée peu de temps après, an 1999, à l'âge de 28 ans.

Elle a été traitée de folle par les critiques ai-je lu... Je n'irai pas jusque là, mais effectivement, on sent dans ce texte, Anéantis, qu'elle ne devait pas vivre parmi les bisounours...

Le texte (très court, 90 pages) est découpé en cinq scènes. Tout se passe dans une chambre d'hôtel.

Un journaliste d'age mûr y abuse d'une jeune fille, cherche à la dominer, à coucher avec elle, l'humilie. Tout ceci à grand renfort de termes très crus (Premiers mots de la pièce: "J'ai chié"), de revolver brandi, de masturbation et de propos homophobes. A partir de la scène trois, la chambre est éventrée par un tir de mortier et l'histoire se trouve en quelque sorte symboliquement déplacée en contexte de guerre... Enfin, c'est ce que je comprends mais ne vous fiez pas trop à cette affirmation.

Arrive un soldat, qui va reproduire sur Ian (l'homme abject du début) des atrocités telles que viol, énucléation (il mange les yeux de sa victime) tout en expliquant que rien ne compte, que la violence contre la personne est relative, face à la violence organisée des peuples.

« le fusil est né ici-bas et ne mourra pas. Je peux pas faire un drame de ton cul ».

A la fin, la sexualité se mêle à la mort et au cannibalisme...

Vous l'aurez compris, pas le genre de texte devant lequel on peut s'endormir ou s'ennuyer. Je plains les spectateurs, s'ils n'ont pas été prévenus... Pour la sortie en famille, oubliez.

Au début, je l'avoue, c'était un peu too-much pour moi. Trop de termes sexuels, une violence trop "en vitrine" au point d'en avoir un petit côté absurde. Et j'en ai plaisanté. Je lisais à Amour quelques passages croustillants (ceux sur les fellations par exemple) en les assortissant de commentaires personnels. Mais plus j'avançais dans ma lecture, moins j'avais envie de rire. Et j'ai même fini par avoir la nausée. Ce qui ne m'est pas arrivé souvent. (Les tombes, Médina - excellent livre au demeurant)

Le fond de l'histoire, à mon avis, c'est de nous positionner par rapport à tout ce dont nous sommes abreuvés dans les médias, notamment en ce qui concerne les guerres "à l'extérieur" c'est à dire qui ne nous concernent pas et dont on ne mesure pas la violence, ou mal...

Nous sommes là en posture de voyeurs, face au sexe, face à la force brute, à l'humiliation quotidienne à laquelle on ne prête même plus attention et face à cette barbarie de la guerre, qui semble ne même pas concerner notre société protégée. La pièce réussit à faire en sorte que nous nous regardions nous-même en train de voir tout ça exactement au moment même où nous sommes fascinés malgré nous par ce spectacle... Assez fort en vérité... Déroutant.

Quelles sont mes chances de trouver quelqu'un qui a lu ce texte pour débattre de la psychologie de la fille, Cate? Je n'arrive pas à statuer sur son rôle...
Lien : http://talememore.hautetfort..
Commenter  J’apprécie          40
Je suis perplexe face à ce texte particulier, d'une violence extrême certes, mais à la narration parfaitement maîtrisée.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris tous les tenants et les aboutissants de ce drame moderne, dans lequel deux anciens "amants" dont on ne saura pas grand chose, sont confrontés à une violence pure.
Il y a de la violence physique mais d'abord psychologique entre les deux personnages principaux dont la relation est plus que malsaine.
Cependant je ne pense pas que cette pièce fasse l'apologie de la violence, au contraire cela devait être une forme de dénonciation pour l'auteure, mais je pense qu'elle doit être proche de l'insoutenable à voir jouer sur scène.
La forme du texte est parfaite que ce soient les dialogues ou les didascalies.
Difficile à juger cette pièce...
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
CATE.
C'est mal de se tuer.
IAN.
Non, c'est pas mal.
CATE.
Dieu n'aimerait pas.
IAN.
Il n'y en a pas.
CATE.
Comment tu sais ?
IAN.
Pas de Dieu. Pas de Père Noël. Pas de fées. Pas de forêt enchantée. Rien, putain de rien.
CATE.
Il faut qu'il y ait quelque chose.
IAN.
Pourquoi ?
CATE.
Sinon ça n'a pas de sens.
IAN.
Putain sois pas idiote, de toute façon ça n'a pas de sens. Aucune raison qu'il y ait un Dieu uniquement parce que ce serait mieux s'il y en avait un.
Commenter  J’apprécie          70
IAN - Cate, je te flingue de mes mains si tu n'arrêtes pas. Je t'ai dit ça parce que je t'aime, pas pour te faire peur.

CATE - Tu ne m'aimes pas.

IAN - Ne discute pas, je t'aime. Et tu m'aimes.

CATE - Plus maintenant.

IAN - Tu m'as aimé cette nuit.

CATE - Je ne voulais pas.

IAN - Je pensais que tu aimais ça.

CATE - Non.
Commenter  J’apprécie          70
Le fusil est né ici-bas et ne mourra pas. Je peux pas faire un drame de ton cul.
Commenter  J’apprécie          20
CATE
Avant je t'aimais.
IAN
Qu'est ce qui a changé ?
CATE
Toi.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Sarah Kane (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sarah Kane
Extrait d'"Anéantis" de Sarah Kane. Avec Clélia David & Alexis Jacquet.
[ATTENTION, VIOLENCE SEXUELLE.]
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature dramatique anglaise (128)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (200) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1295 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}