Navrant, plat, creux.
Pas de rythme réel, beaucoup de condescendance pour le lecteur, qu'
Amélie Nothomb abrutit aussi efficacement que les organisateurs de sa télé-réalité puisqu'on ne lui demande même pas de réfléchir à la société représentée, simplement de manger le pain qu'on lui donne.
Les prisonniers de ce jeu morbide sont des victimes, avec, bien sûr pour ne pas être trop manichéen, un ou deux êtres passablement désagréables dans les rangs, et qui n'ont d'intérêt que de montrer la bonté, l'humanité, l'intelligence, en un mot la perfection de l'héroïne.
Les kapots sont des méchants, plus ou moins pervers, dominés par le sexe (la nymphomane, le pédophile et Zdena), dont l'une, la dernière nommée, sera sauvée grâce à l'amour. C'est beau, non ?!
A l'extérieur du camp, tout le monde est passif, hypocrite. C'est à la rigueur la seule description correcte de la société représentée mais qui présente trop d'incohérences pour être totalement crédible. Ainsi, il serait juste de s'interroger sur les réactions des proches et des mesures judiciaires prises autour de cette émission : quoi ? aucun parent, aucune association, aucun avocat n'a défendu ces prisonniers en temps de paix ? comment cela est-il possible ? cela demande une brève explication. Même dans The Truman Show, on expliquait que l'enfant avait été adopté légalement et que cette mesure justifiait le show. On pourrait aussi se demander comment les politiciens ont réagi, hors du strict « mince, on aurait dû agir ». Non ! Des politiciens se sont certainement insurgés, des débats houleux ont certainement eu lieu, car si des politiques ont défendu les prisonniers, d'autres ont dû défendre la liberté des organisateurs à faire cette émission de merde, la liberté des spectateurs à regarder etc. Cela aurait donné un peu plus d'épaisseur à cette société, un peu plus de crédibilité surtout à l'oeuvre. Certains diront que mes propos n'ont pas de sens car Nothomb ne souhaitait pas se focaliser sur ce type de détails. Certes, mais c'est une série d'incohérences dont on pourrait se passer dans un ouvrage si fragile.
D'ailleurs, c'est bien simple, malgré les créations qui s'affichent comme "non manichéennes" comme le "méchant" prisonnier du baraquement de Pannonique, les rôles sont clairement établis (cela semble normal, si on veut rester un tant soit peu moral) avec un jugement que le lecteur n'aura même pas le plaisir d'avoir de lui-même. le prisonnier désagréable est une vraie peau de vache sans nuance, et sans que l'on montre, par exemple, que les privations le mettent à fleur de peau, qu'il est épuisé, qu'il a peur de mourir, bref que sa réaction est tout simplement humaine, bien plus que celle de l'héroïne christique. Zdena, la kapot amoureuse de Pannonique, est présentée très clairement comme une crétine, une ratée (le mot est donné), qui est devenue kapot parce qu'elle a tout raté dans sa vie et qui jalouse les gens intelligents. Et les autres kapots ? tous des crétins décérébrés ?
En somme, le parti de Nothomb est de présenter les divers aspects de la société responsables de cette émission, mais sans approfondir aucun d'entre eux. Non vraiment, la peinture de la conscience et de l'âme humaine n'est pas la spécialité de Nothomb...
Et c'est si mal écrit ! Si les dialogues étaient consistants, un roman uniquement constitué de discussions, tels des dialogues philosophiques, aurait un intérêt, mais ce n'est pas le cas. Ces discussions n'avancent pas, ne décollent pas. Tout tourne autour d'une figure qui me rappelle Princesse Sarah dont on cherche à nous faire croire que la moindre de ses paroles est une bénédiction de sagesse et qui ne profère que des banalités. Les propos sont naïfs et, même si le roman date d'il y a une dizaine d'années, il semble déjà très en retard sur son époque. Ce ne sont ni les articles sur les émissions de télé réalité, ni les films, ni les réflexions sur la passivité consumériste des spectateurs qui ont manqué pour constituer une réflexion un peu plus solide que ce roman.
C'est simple, je suis bon public et j'ai adoré les Hunger games ; et bien
Amélie Nothomb fait vraiment moins bien que cette série pour adolescents.