AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 3525 notes
Un titre acide pour un roman acide. Pas de mystères. Il s'agit bien là de la plume d'Amélie Nothomb, celle du début, celle qui avait réussi à rabaisser mon caquet de lectrice avec son Stupeur et tremblements. Certes, ce roman n'est pas mon préféré... Mais quel délice cette satire de ce que l'on appelle téléréalité... Cette chose abrutissante, sans intérêt et dont tout le monde raffole. Cette espèce de mal-bouffe télévisuelle, aspirateur de neurones et d'intelligence.

Ce roman est remarquable d'originalité et de réalisme. Dans Acide Sulfurique ce sont deux réalités, historique et actuelle, qui se superposent:
Première réalité: le traitement des juifs déportés au cours de la seconde Guerre mondiale.
Deuxième réalité: l'influence de la téléréalité dans notre société.

Toutes deux sont terribles, putrides et ont fait des dégâts (ou continue d'en faire...). Toutes deux sont le pur fruit de la bêtise humaine. Bêtise humaine que le regard d'Amélie Nothomb, 'légèrement' cynique, sait reconnaître. Chose qu'elle fait d'ailleurs très souvent. En effet, dans bon nombre de ses romans l'auteure a toujours le chic pour mettre en scène les travers de la société, les tortiller avec sa plume, les entremêler, le tout enrobé d'une fine couche d'ironie et de cynisme.

Un style unique, un bagou spécial, un univers fictionnel qui vacille entre réalité et science-fiction (parfois) et surtout ce sens de l'humour qui frôle toutes les couleurs et surtout le noir. Cet humour si particulier et au public restreint qui, manié habilement, arriverait à faire tordre de rire les plus réticents à son encontre.

Des épices 'Nothomboresques' malheureusement en voix de disparition pour les 'Nothombphiles' comme moi qui ne redemandent qu'à retrouver cette Amélie Nothomb, petite graine de raison douce dans une société tristement acidifiante, dont la voix de la sagesse aurait pu, fut un temps, être comparée à celle de maître Yoda (ou pas).
Commenter  J’apprécie          1001
Amélie Nothomb est une intellectuelle. du moins dans ses romans. Et particulièrement dans « Acide sulfurique ».

Alors que les thèmes – la téléréalité et les camps de concentration – portent à s'émouvoir, à s'indigner, à réagir avec ses tripes, ici, tout est mis à plat, décortiqué, disséqué. Donc pas de réaction instinctive, mais plutôt une mise à distance, une analyse...intellectuelle.
Le propos ? En 2 mots : dans un futur (très ?) lointain, des organisateurs de téléréalité ont mis en scène l'innommable, reconstituer un camp de concentration pour y faire mourir les gens à petit feu, et ce devant des milliers de téléspectateurs. Et curieusement, personne, non, personne ne réagit, que ce soit parmi ceux qui regardent, que parmi ceux qui dirigent le pays, ou même ceux qui subissent, sauf une ! Une très jolie jeune fille ose se détacher du moule et défier l'autorité de l'image. Les conséquences s'enchainent très rapidement : les « kapos » (quand je vous dis que c'est une reconstitution des camps, il faut me croire !), les autres détenus, les organisateurs et les spectateurs se positionnent. Et c'est l'effet boule de neige, car chacun, en tant qu'être humain (si, si, il parait que c'est encore des êtres humains) est obligé de se placer par rapport à cette frêle jeune femme au mental phénoménal.
Et donc, tout va se jouer, comme dans un (bon ?) jeu de stratégie. Un pion se déplace ? Les autres aussi, forcément. Mais ici, c'est d'un déplacement intellectuel qu'il faut parler. Chaque phrase est assassine (quasiment dans les 2 sens du terme). Chaque mot porte, tire et tue...ou sauve.

Amélie Nothomb en profite pour parler
- de la force du prénom (« le prénom est la clé de la personne. C'est le cliquetis délicat de sa serrure quand on veut ouvrir sa porte »),
- du langage (« On est toujours plus beau quand on a un mot rien que pour soi. le langage est moins pratique qu'esthétique »),
- et même de Dieu (« Au fond, la création accomplie, quelle était la tâche de Dieu ? Sans doute celle d'un écrivain quand son livre est édité : aimer publiquement son texte, recevoir pour lui les compliments, les quolibets, l'indifférence. Affronter certains lecteurs qui dénoncent les défauts de l'oeuvre alors que, même s'ils avaient raison, on serait impuissant à la changer. L'aimer jusqu'au bout »).
Et de toute une série de petites choses auxquelles on ne pense pas nécessairement dans la vie courante, mais auxquelles on acquiesce quand c'est dit à la manière nothombienne.

Bref, un roman qui, à défaut d'émouvoir, fait réfléchir. Ce qui n'est pas plus mal, en ces temps où les cerveaux sont souvent sclérosés par la pensée télévisuelle...

Commenter  J’apprécie          714
Mais quelle audace ! La femme au chapeau ne fait pas dans la demi-mesure et cela n'est pas pour me déplaire.
Original et percutant sont les deux adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier cet ouvrage très bref au titre décapant et aux premiers mots cinglants :
" Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus ; il leur en fallut le spectacle. "

Rafles, kapos, matricules, camp, tortures diverses et variées, exécutions. Un livre abordant la déportation ?, me direz-vous. Non, une critique extrêmement corrosive d'un genre télévisuel qui s'est fortement développé au cours des dernières années et dont les producteurs semblent vouloir repousser toujours plus loin les limites : la télé-réalité.

En imaginant un jeu télévisé mettant en scène une réalité historique douloureuse, Amélie Nothomb pousse le concept à l'extrême et fait mouche. Elle nous bouscule, nous égratigne, nous écorche pour mieux nous prendre dans ses filets.

Dans l'univers imaginé par la romancière, plus les médias s'offusquent et dénoncent les atrocités subies par les prisonniers du camp, plus l'audimat augmente ; ce dernier atteignant son paroxysme lorsqu'il est demandé au public de désigner les captifs devant être exécutés. Loin d'être atterrés par les règles inhumaines de ce qui est censé être un jeu, les spectateurs, complices, non seulement se complaisent dans un voyeurisme malsain mais prennent également plaisir à participer aux sévices.

Au beau milieu de cette noirceur, scintille toutefois une lueur d'espoir en la personne de Pannonique, magnifique jeune femme qui resplendit autant par sa beauté physique que par celle qui irradie de son âme. Intelligente, courageuse, endurante, la détenue CKZ 114, comme elle est appelée au camp, de par son sens du sacrifice et sa lutte pour conserver sa dignité, non seulement force le respect de ses compagnons d'infortune mais parvient également à faire fléchir et humaniser quelque peu la brutale kapo Zdena.

Acide sulfurique, un ouvrage provocateur et dérangeant ayant suscité la polémique mais proposant une exploration des facettes les plus obscures mais aussi les plus pures de l'individu et invitant à l'introspection. Un écrit fort intéressant !

Ah... J'allais oublier... Je m'appelle Isabelle !
Commenter  J’apprécie          705
On m'avait fortement recommandé de lire cet ouvrage d'Amélie Nothomb et pour une fois, j'ai bien fait d'écouter ce fameux "on". Il y a un très bon sujet de philo qui pose la question suivante ; L'Histoire est-elle un éternel recommencement ? et je crois qu'Amélie Nothomb a mis les pieds dans le plat avec cet ouvrage.
Le contexte ; de nos jours (bien que cela ne soit pas précisé exactement), une nouvelle émission de télé-réalité intitulée "Concentration" fait tabac. de plus, elle fait la une de tous les journaux et jamais le taux d'audience n'a été aussi élevé. Une véritable réussite basée sur la souffrance et la mort d'autrui. En effet, le principe est simple : reconstituer l'horreur qui sévissait durant les premiers camps de concentration sauf qu'ici, tout se passe en direct et, en plus d'être filmé, est retranscrit sur les écrans de télévision. Contre son gré, Pannonique est l'une des participantes à ce jeu cruel et démoniaque. Elle sera même privée de son nom si symphonique et si doux à l'oreille car désormais, comme tous les autres détenus, elle ne sera appelée et connue que sous son nom de matricule ; le sien étant CKZ 114. Les organisateurs ont pensé à tout pour déshumaniser complètement les prisonniers et leur enlever toute dignité. Pannonique, pardon CKZ 114 possède néanmoins un atout majeur : la beauté...une beauté telle qu'elle déstabilise non seulement les téléspectateurs mais également et surtout une kapo du nom de Zdena. Cette dernière sera tellement envoûtée qu'elle n'aura plus qu'une seule idée en tête : obtenir les charmes de la détenue CKZ 114 et pour cela, elle est prête à entraver bien des règles.

Un roman diaboliquement bien écrit qui nous prouve que nous ne sommes à l'abri de rien : malgré les horreurs que nous avons connu, les leçons que nous en avons tirées sont trop faibles et trop fragiles pour que cela ne se reproduise pas à nouveau. Dans cet ouvrage, le lecteur fait la rencontre de personnages très attachants, bien que confrontés à leurs instincts les plus primaires et en tire surtout une bonne dose de morale. A découvrir et à faire découvrir et surtout, un seul mot d'ordre : plus jamais ça !
Commenter  J’apprécie          521
Sans être un grand fanatique, j'aime bien lire Amélie Nothomb, et ai lu quelques-uns de ses livres.

J'apprécie, comme beaucoup, son style pétillant, plein d'humour, la qualité de ses dialogues, donnant vie aux personnages, qu'elle entremêle parfaitement avec son goût pour le tragique et le morbide. Il y a aussi chez elle un côté analyse froide qui donne de la profondeur à ses romans.

Ses qualités font que, si ses romans se lisent vite, pour autant les reconnaissances littéraires qu'elle a reçues ne sont pas volées : le regard qu'elle porte sur la vie est édifiant pour le lecteur et, sans assener ses idées, elle les fait passer en douceur, de même qu'elle l'enrichit par sa grande culture.

Pour autant, j'ai été en partie déçu par Acide Sulfurique. D'abord parce que j'avais préféré les romans autobiographiques de l'auteure, pour moi plus intéressants du fait de ses expériences de vie. Ensuite parce que cette fable dystopique est certes bien menée, avec des passages poussant la réflexion, mais manque un peu d'originalité.

Il s'agit en effet d'imaginer la création à des fins de show télévisuel d'un univers concentrationnaire dont le seul objectif consiste à satisfaire l'audimat. Outre l'expérience nazie, elle constitue une déclinaison romancée de la fameuses expérience de Stanford -précédée de celle de Stanley Milgram-.

On y découvre -pour le lecteur qui l'ignorait encore- à quel point l'être humain, sommé de jouer un rôle, s'adapte facilement à la pression sociale, adoptant sans vergogne -ou presque, pour la plupart d'entre nous- sa mission de victime, de sauveur ou de bourreau. Je conseille au lecteur choqué éventuel de lire les expériences réelles réalisées. La désillusion et le froid dans le dos sont d'autant plus grands que l'expérience est réelle.

Amélie Nothomb ajoute des réflexions personnelles intéressantes autour de ses personnages kapos et victimes, sur la valeur sociale d'un nom plutôt qu'un matricule, sur les limites du respect de soi lorsque la faim s'en mêle -la faim justifie-t-elle les moyens?- , sur l'esprit de résistance, d'abord individuel, puis collectif, et sur les effets d'entrainement d'un groupe.

Bref, un certain nombre de points m'ont plus dans ce roman, j'a passé un bon moment de lecture, mais la plume d'Amélie Nothomb, à mon goût, peut mieux faire, explorer des domaines moins faciles qu'une telle dystopie surexploitée par les séries télévisées -de qualité souvent satisfaisantes par ailleurs-. J'attends de son regard décalé et caustique qu'il me mène vers des horizons plus vierges, plus corrosifs. J'aspire à trouver chez elle les qualités d'autopsie de Yourcenar et Cervantes, et pas seulement une rémanence de mes lectures de George Orwell ou Aldous Huxley.

Au risque de paraître un peu dur aux critiques enthousiastes -comme l'est parfois le professeur lorsque son meilleur élève tombe une fois dans la facilité-, j'attribue donc note moyenne d'étoiles à ce livre.
Commenter  J’apprécie          486
Ce court roman est bien entendu un pamphlet critiquant les dérives et les excès de la téléréalité : le loft est ici métaphoriquement remplacé par un camp de concentration. Allant jusqu'au bout de son raisonnement, Amélie Nothomb transforme le plateau des émissions de téléréalité en camp de la mort, avec son lot de tortures mentales et physiques, la mise en scène des sévices, la destruction des personnalités et les exécutions de masse organisées au gré des votes du public (tout ceci est quand même un peu excessif, mais c'est le parti pris du livre).
Sont bien sûr dénoncés la dictature de l'audimat, le voyeurisme, les bas instincts des organisateurs et des téléspectateurs, mais les mécanismes décrits ne vont jamais beaucoup plus loin que ces simples constats. La démonstration occulte en particulier le principe du volontariat et le fait que les joueurs, tous volontaires, sont motivés par l'envie d'exister aux yeux du public (de se faire connaître, de se stariser, de se forger a minima une identité médiatique, même si elle frise le ridicule) donc de se construire plutôt que de se détruire.
Les vrais joueurs de la téléréalité sont sans doute impudiques, égocentriques et mégalomanes, et peut-être ne méritent-ils pas leur célébrité, mais ces travers ne sont pas exploités. Les victimes du jeu sont ici tirées au sort, vouées à l'anonymat, condamnées à une mort certaine et supposées se résigner. C'est donc un total contresens.
Par ailleurs, même en acceptant la démonstration, les situations imaginées par Amélie Nothomb ne sont pas exploitées au mieux (comment faire autrement dans un roman aussi court ?) : les petits trafics et arrangements organisés sont invraisemblables sous le regard des caméras, la relation insolite qui se crée entre le bourreau et sa victime se cantonne au niveau d'une aimable discussion de salon.
Commenter  J’apprécie          411
Une société de production vient de lancer une émission de télé-réalité d'un genre nouveau. Intitulée " Concentration ", elle met en scène des kapos chargés de torturer des prisonniers choisis au hasard parmi la population. Ces prisonniers sont chargés de creuser un tunnel inutile et sont affamés par les kapos. Lorsqu'ils deviennent trop faible pour travailler, les prisonniers sont envoyés à la mort et le public assiste en direct à leur agonie.

Parmi les kapos se trouve Zdena. Celle-ci a toujours tout râté et voit " Concentration " comme la chance de sa vie : elle va pouvoir prouver aux autres et surtout à elle-même ce qu'elle vaut réellement. Elle prend donc très au sérieux son rôle de bourreau des prisonniers et prévoit de briller devant les caméras.

C'était compter sans la présence de Pannonique, une jeune et jolie jeune fille, ancienne étudiante en paléontologie. le matricule de Pannonique est CKZ 114 et pendant des mois, Zdena ne va connaître de la jeune fille que ce matricule. Obsédée par la beauté de Pannonique, Zdena va tenter à tout prix de connaître le prénom de la prisonnière, de lui parler et de lui plaire. Pour cela elle alimente discrétement Pannonique en barre de chocolat que la jeune fille partage avec son groupe de prisonniers.

Bien involontairement, Zdena permet ainsi aux prisonniers de ce groupe de se rapprocher et de créer des liens entre eux, ce qui les aide à survivre aux conditions déplorables de leur incarcération.


" Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus; il leur en fallut le spectacle. "

C'est ainsi que commence ce roman choc d'Amélie Nothomb.

Ce qui est particulièrement effrayant dans Acide sulfurique, c'est que la situation qu'il décrit pourrait parfaitement se produire un jour dans notre société. Cette réouverture des camps de concentration pour le bon plaisir des amateurs de télé-réalité serait bien la pire dérive possible, mais de la manière dont Nothomb la décrit, elle devient réaliste.

Heureusement, le texte ne se focalise pas uniquement sur l'horreur vécue par les prisonniers. Des lueurs d'espoir animent les prisonniers du groupe de Pannonique. le courage dont cette jeune fille fait preuve est tout à fait admirable étant donné les conditions dans lesquelles elle doit vivre. La situation peut être aussi désespérée que possible, Pannonique conserve sa dignité et lutte contre la déshumanisation infligée aux prisonniers par les responsables de l'émission. Petit à petit, la détenue CKZ 114 devient ainsi le porte-drapeau de " Concentration ".

Grâce à Pannonique, Zdena aussi s'humanise. La kapo cruelle et sans scrupules finit par prendre conscience de l'horreur à laquelle elle participe. Petit à petit, Zdena va changer de camp.

Acide sulfurique est un roman assez court, qui se lit en maximum trois jours, mais qui laisse des traces chez celui ou celle qui l'a lu. le texte nous pousse à réfléchir à la société dans laquelle nous vivons et aux dérives possibles de la tendance au voyeurisme que les émissions de télé-réalité et les réseaux sociaux alimentent de plus en plus. Comme le souligne si bien Pannonique, ce ne sont pas les kapos qui sont responsables du succès d'un concept tel que " Concentration ". Ce ne sont pas non plus les producteurs de l'émission. C'est le public qui, demandeur d'émotions de plus en plus fortes, de sensationnel, fait exploser l'audimat et renforce la position de force des producteurs. Ce sont ces téléspectateurs que plus rien ne choque qui mène réellement les prisonniers de " Concentration " à la mort.

Le tout dernier paragraphe du roman, conversation entre Pannonique et l'un de ses co-détenus, m'a particulièrement touchée :

" - Vous n'étudiez plus la paléontologie ?
- Si, autant terminer ce qu'on a commencé. Mais maintenant, chaque fois que je rencontre une nouvelle personne, je lui demande son nom et je répète ce nom à haute voix.
- Je comprends.
- Ce n'est pas tout. J'ai décidé de rendre les gens heureux.
- Ah, dit Pietro Livi, consterné à l'idée de voir la sublime Pannonique se lancer dans la bienfaisance. Cela consiste en quoi ? Vous allez devenir dame d'oeuvres ?
- Non. J'apprends le violoncelle.
Il rit de soulagement.
- le violoncelle ! C'est magnifique. Et pourquoi le violoncelle ?
- Parce que c'est l'instrument qui ressemble le plus à la voix humaine. "

Amélie Nothomb a tout à fait raison : le violoncelle rend heureux.
Commenter  J’apprécie          380
Pour commencer, on notera la paresse de l'éditeur à présenter un synopsis digne de ce nom (dans la version poche), il a considéré que la première phrase du livre suffisait !

Dans un monde très proche du nôtre est proposée aux téléspectateurs une télé-réalité se déroulant dans un camp de concentration. Et c'est là que le bât blesse : j'attendais de l'auteure une explication « justifiant » un tel divertissement, mais non… On n'écrit pas de l'anticipation sans une base réaliste, consistant à grossir les défauts de la société actuelle. Présenter une idée de départ sulfureuse ne suffit pas à imaginer une anticipation, surtout quand on traite un thème aussi sensible que les camps de concentration. Ce raté dès la première page m'a empêché d'être immergée dans l'histoire.

Autant je lis avec une délectation coupable les aventures de gladiateurs ou d'esclaves contraints de participer aux jeux du cirque au temps de la Rome antique, autant depuis presque deux millénaires nous savons bien que les sacrifices humains sont devenus un tabou, et ce type de divertissement n'est tout simplement pas crédible dans une civilisation comme que la nôtre.

Quant à la suite du « roman » (j'y reviendrai plus tard), il est tout aussi décevant, malgré une écriture simple et fluide : les deux personnages principaux sont tellement archétypaux qu'on ne croit pas à leur histoire — encore faut-il comprendre leur psychologie — et l'ensemble du récit n'offre pas de surprises ni de thèmes de réflexion intéressants, même la fin est bien trop moralisatrice pour être mémorable.

Quant au « roman »… Un livre de poche de 200 pages, mais avec de très larges marges, une grande police de caractères et des interlignes espacés… C'est une novella plus qu'un roman, confirmé par le fait qu'une seule histoire courte est racontée, avec principalement deux personnages (mais vendu au prix d'un roman, hein !).

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          303
Belle critique des excès de la télé-réalité! Ce court roman suit une jeune fille digne des meilleurs Nothomb après qu'elle ait été enlevé pour participer à une émission de télé-réalité particulièrement horrible.
On y trouve un voyeurisme malsain, une bonne dose d'hypocrisie, et les dérives qu'entraîne la combinaison de ces deux ingrédients agrémentés de quelques autres...
Commenter  J’apprécie          300
Encore un Amélie Nothomb lu en une journée. C'est vous dire si j'ai apprécié ma lecture, même si, selon moi, ce n'est pas le meilleur roman de l'auteur(e).

Cette fois, Amélie nous livre une satire de la société et plus particulièrement de la télé-réalité qui monopolise bon nombre de nos chaînes de télévision. Ceci en établissant un parallèle entre la déshumanisation engendrée par lesdites télé-réalités et celle pratiquée dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale. Tout cela, bien entendu, avec la plume et la verve qu'on lui connait.

Donc une lecture plaisante mais qui ne restera pas dans ma mémoire au même titre que "Stupeur et tremblements" ou "La nostalgie heureuse", il lui manque ce petit grain de folie habituel. Pour moi, Amélie n'est jamais aussi "bonne" que quand elle nous conte sa vie romancée.

Petite question à l'auteur(e) : Mais où allez vous chercher les prénoms de vos héros? Pannonique, c'est loin d'être commun !

Au fait, j'allais oublier ... moi c'est Frédéric !
Commenter  J’apprécie          240




Lecteurs (8393) Voir plus



Quiz Voir plus

acide sulfurique

1.Quel était le métier de Pannonique?

a.bouchère
b.paléontologue
c.directrice d’école

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thème : Acide sulfurique de Amélie NothombCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..