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sur 3543 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une nouvelle émission de télé-réalité fait fureur : il s'agit de « Concentration ». Elle met en scène des prisonniers (des passants enlevés), dont les conditions de détention sont proches de celles des prisonniers des camps de concentration de la seconde guerre mondiale, et des surveillants impitoyables (des candidats recrutés), encore nommés « kapos », le tout sous la férule des « organisateurs ». Amélie Nothomb se penche sur le sort de Pannonique, une prisonnière au matricule CKZ 114, victime de la kapo Zdena. Entre elles deux se tissent des relations ambivalentes, l'amour et la mort semblant très proches dans ce camp où chaque matin de nouveaux prisonniers sont tués. Très vite, grâce à des moyens tels que la parole, l'un des étais du pouvoir, CKZ 114 devient une égérie de son unité (ce qui parallèlement entraîne une progression fulgurante de l'audience), et sème le vent de la révolte.

En forçant à l'extrême les traits des émissions de télé-réalité actuelles, ce sont tous ces styles de programme qu'Amélie Nothomb stigmatise. Elle souligne, à travers son héroïne révoltée, la complicité des téléspectateurs dans une entreprise déshumanisante et terrifiante. C'est notre regard qui engendre de telles productions, et plus le spectacle est dégradant pour le « candidat », plus notre regard devient insistant, se délectant de sa souffrance. J'ai, par ailleurs, beaucoup aimé l'analyse psychologique des relations entre Pannonique, qui en révélant son prénom s'humanise, et la kapo Zdena. Entre ces deux protagonistes, naît un sentiment trouble et cruel. Un roman au rythme aiguisé, tout comme l'est la plume de l'auteur. Un style efficace et sans concession. A découvrir à une période où fleurit la télé-réalité…
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Coup de poing dans la face que ce récit de science-fiction, genre dans lequel je n'aurais pas imaginé notre Amélie nationale!

On ne croit pas une seconde à la probabilité qu'une telle émission télévisée puisse un jour exister, ce qui provoque un certain détachement à la lecture, mais néanmoins ce récit morbide et cynique m'a captivé pendant une heure trente de lecture boulimique et voyeuriste.




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Celui-ci m'a vraiment marquée. Les dérives de la télé-réalité. Un camp de concentration où chaque semaine le téléspectateur vote pour les candidats qui passent au four.
Quoi de plus cruel, mais quoi de plus banal? L'être humain dans toute sa bassesse. J'ai apprécié le fait que Nothomb s'attaque à un pareil sujet, on a parlé de provocation, mais personnellement, je crois l'homme tout à fait capable de ce genre de choses si cela peut lui procurer du plaisir.

Ce livre colle de trop près à ma misanthropie extrême pour que je ne m'y attache pas. Et effectivement, il m'avait complètement bouleversée à l'époque.
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« Lorsque la cruauté des hommes ne leur suffit plus, il leur en fallut le spectacle. » Nothomb a le don des formulations lapidaires ; celle-ci m'a tout de suite plu.

Entre Marche ou Crève de Stephen King et les Hunger Games de Suzanne Collins, découvrez... *Concentration*, la nouvelle émission de télé-réalité !
Les candidats sont enlevés au hasard dans les rues, des kapos recrutés, et chaque semaine, on exécute deux candidats. Votez pour vos préférés !

Ok donc on est dans la provoque ? Clairement, sur l'idée oui. Dans l'esprit de l'expérience de Milgram, on se demande jusqu'où vont les gens lorsqu'ils sont déresponsabilisés, on explore la laideur de l'animal social qu'est l'homme, et, en combinant son goût pour le sang et son goût pour le voyeurisme, on met en place un jeu de téléréalité délétère. Rien de neuf pour les fans d'Hunger Games (ou de SF en général) (même si Acide Sulfurique date d'avant HG). Mais ici on est collés à la peau du personnage principal qu'est Pannonique (toujours le choix génial de Nothomb pour les noms de ses personnages), avec aucune vision d'ensemble si ce ne sont les projections des personnages eux-mêmes.

Le cadre est donc la vie d'un camp de concentration moderne, mais plus particulièrement, le ressenti bizarre et fascinant qu'entretiennent les personnages pour l'expérience et notamment, la relation étrange de fascination qui va naître entre l'une des kapo et Pannonique.

Un roman court et intense, assez perturbant, et à mon goût permi les meilleurs de Nothomb, qui fait vraiment de tout... A lire si vous aimez être bousculés.
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Bien sûr ce court roman traite de la télé-réalité mais me semble aller au delà. Qui est responsable de ce que l'on voit, de ce que l'on fait collectivement: les organisateurs, les participants, les spectateurs, ceux qui pourraient arrêter mais qui laisse faire, ... ? La presse maîtrise-t-elle les conséquences de ce qu'elle fait (ne fait-on pas la promotion de ce qu'on dénonce ? ). Un gouvernement doit-il faire respecter une morale alors même qu'une grande majorité du peuple qui l'a élu ne la respecte plus ? La non-interdiction vaut-elle droit à faire sans avoir à interroger sa conscience (on se souviendra d'une pseudo émission durant laquelle les participants administraient des décharges électriques à d'autres sans se demander si ce qu'on les autorisait à faire était acceptable).
Ce roman peut gêner, faire réfléchir ... le plus gênant c'est de se demander si, quoi qu'on en dise, on n'aurait pas été du côté de la masse qui accepte.. Résistant ou collabo ? plus facile de répondre aujourd'hui en trouvant la réponse évidente que de s'engager en 1940.
Un roman très facile à lire qui amène à réfléchir.
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CHALLENGE ABC 2014/2015 (16/26)

Sous le chapeau d'Amélie Nothomb se cachent quand même des idées aussi inédites qu'effrayantes. Oser réunir dans "Acide sulfurique" la période la plus horrible de l'Histoire du monde et l'invention la plus absurde de l'histoire de la télévision, il fallait le faire... Dans ce roman, les concepteurs de la téléréalité sont arrivés au "summum de leur art", à savoir reconstituer un camp de concentration, réplique parfaite de ceux connus pendant la seconde guerre mondiale, avec ses prisonniers, raflés au hasard dans la rue, et ses kapos (pour en être, il faut quand même passer une petite sélection) qui bien sûr ont droit de vie ou de mort sur les précédents ; la cerise sur le gâteau étant la présence des caméras 24h/24. L'audimat de l'émission au doux nom de "Concentration" explose, le gouvernement ferme les yeux, tout le monde est d'accord pour trouver cela abjecte mais tout le monde est devant son petit écran.
L'auteure ne s'attarde pas à nous décrire les horreurs du camp mais se consacre à nous relater les relations entre prisonniers ou entre surveillants et surveillés et plus particulièrement celle qui va se créer entre la kapo Zdena tombée amoureuse de sa prisonnière matricule CKZ 114 (Pannonique dans une vie antérieure mais le principe de déshumanisation consiste en premier à la perte du nom). On va assister en quelque sorte à la lutte du bien et du mal. Pour savoir qui va triompher, je vous invite à lire ce roman.

Personnellement, je salue le culot d'Amélie Nothomb qui nous propose un sujet aussi inimaginable. Elle le traite d'ailleurs avec brio car en jouant sur l'influence des médias et l'attrait du voyeurisme chez les spectateurs, on est prêt à y croire. Au milieu du récit de cet enfer, des petites pépites dans le texte à saisir à chaque page et qui expliquent le nombre de citations relevées. le seul petit reproche à faire, c'est l'épaisseur du roman, mais apparemment, c'est la signature de l'auteure qui préfère offrir à ses lecteurs un titre par an assez concis plutôt qu'un pavé tous les 5 ans. Dans "Acide sulfurique, l'aspect psychologique est très développé par rapport à la description du vécu des prisonniers qui aurait mérité quelques pages supplémentaires (ça doit être mon côté voyeuriste qui ressort !)

Je ne suis pas une spécialiste d'Amélie Nothomb mais déjà son personnage et son air de magicienne échappée d'un film d'Harry Potter me plaît. D'autre part, ayant apprécié "Stupeurs et tremblements" autant que celui-là, j'ai envie d'en découvrir plus sur elle car je trouve qu'elle a "une patte", une originalité bien à elle dans sa façon d'écrire. Un bon 17/20
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Le meilleur de Nothomb et une claque monumentale a la télé poubelle qui ne sait vivre qu'avec le malheur d'autrui exploité sans aucune honte , ni scrupule . Dans ce contexte qui rappelle fortement les camps de concentration , l'on est saisi par la hargne sans pitié , par la charge virulente que Nothomb qui d'habitude est mesurée et gentille envoie à la face des producteurs de la lie télévisuelle. Avec Marche ou créve , Running man , Battle royale , voila la réaction du monde des lettres à la vague nauséabonde de la télé poubelle. C'est court , incisif , percutant et d'une puissance rare . Indispensable!
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Amélie Nothomb est un maître dans l'art de nous montrer la noirceur de l'âme humaine, de nous plonger dans l'horreur, de mettre à nu les pensées des hommes qu'ils paraissent bons ou méchants, nous démontrant que tous nous cachons des monstres en nous.

C'est cette faculté de décortiquer le cerveau humain qui me plaît énormément chez elle. Même si parfois l'horreur et le dégoût deviennent insoutenables, il m'est impossible de ne pas être attirée par ses récits.

La télé-réalité vous connaissez, j'imagine? Alors imaginez un nouveau jeu qui s'appellerait « Concentration ». Imaginez un jeu qui atteint le summum de la folie. Imaginez des gens qui feraient n'importe quoi pour augmenter le taux d'audience, même aller jusqu'aux pires horreurs. Jusque-là cela pourrait ressembler aux jeux de télé-réalité les plus trashs… Mais c'est encore pire que ça, l'auteur nous emmène encore plus loin dans la folie humaine.

Maintenant que vous vous représentez bien le tableau, imaginez ce que cela pourrait donner avec ces quelques mots-clés supplémentaires: camp, nazisme, extermination totale, morts. Je vous laisse mettre les pièces du puzzle ensemble et supposer ce qui se passe dans ce livre et dans ce jeu. Je ne vous le décrirai pas car cela ne se décrit pas. Si cela vous intrigue et si vous avez le coeur bien accroché, lisez-le et faites-vous votre propre opinion.

Demandez-vous comment vous auriez réagi, comment vous vous seriez comportés (tant en tant que participant qu'observateur). Dans quel camp auriez-vous été?

C'est l'histoire d'une égérie qui se prend pour une sorte de dieu et qui décide de combattre le tyran. C'est l'histoire d'une Kapo qui découvre d'une façon bien étrange l'attirance et l'amour. C'est l'histoire d'organisateurs qui feraient n'importe quoi pour devenir les numéros 1. C'est l'histoire de journalistes qui tout en s'indignant font le jeu des organisateurs. C'est enfin l'histoire d'hommes et de femmes qui luttent pour leur survie et dont le seul objectif est de ne pas mourir.

Ce livre m'a interpellée, retournée comme une crêpe, indignée, dégoûtée, horrifiée, touchée et même fait rire par moments. Difficile d'admettre que je suis passée à deux doigts d'un coup de coeur devant l'horreur qui nous est décrite. Pourtant c'est bien ce qui s'est passé! S'il n'y avait pas eu quelques longueurs à certains passages, il serait rentré dans cette catégorie haut la main.

Du grand Nothomb, aussi bon que Hygiène de l'assassin et Cosmétique de l'ennemi, un livre qu'il faut lire si on est fan de l'auteur, mais à éviter à tout prix dans le cas contraire.
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Selon moi Amélie Nothomb et son style d'écriture si particulier ne peut laisser indifférent ses lecteurs. Soit on aime, soit on n'aime, il ne peut pas d'avoir de milieu avec elle. Coup de bol, cette fois-ci j'ai vraiment adoré ce roman qui aborde un thème original et qui dénonce un tas de dérive de notre société actuelle. Lorsque Amélie Nothomb s'attaque à la téléréalité, le moins qu'on puisse dire c'est que ça saigne !

L'intrigue est fascinante pour plus d'une raison : on se retrouve avec une téléréalité horrible mettant en scène une rafle de diverses personnes de façon aléatoire, qui sont par la suite enfermées dans un centre de concentration. le jeux télé porte le nom bien trouvé de "Concentration" et les gens suivent la vie semblable à celle des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. On ne peut pas penser à la similitude avec les actes des nazis et la totale passivité de la population française. de plus le fait que les téléspectateurs choisissent par différents types de votes qui vit ou meurt, montre parfaitement la société actuelle qui rit de n'importe quoi et qui oublie de plus en plus les erreurs passées.

Les personnages de l'auteure sont toujours aussi complexe, mal dans leur peau tout en étant courageux, pour ne pas dire tête brûlée. Même si ce n'est pas une autobiographie, on ressent qu'elle s'identifie par moment aussi bien chez Pananonique que Zedna. Ces deux demoiselles sont âgées de 20 mais leur ressemblance s'arrête là, elle représente deux choses totalement différentes. Pananonique, élève en paléontologie, se retrouve déportée et forcée à participer à cette aberration. Son exemple pendant toute cette vie dans le camps est la raison de l'évolution de la pensée des téléspectateurs. En parallèle, on suit la vie quotidienne de Zedna qui est sans études et pourtant travaille pour l'émission. Elle représente toutes les dérives de la société, en plus d'être en partie le réveil de la conscience de l'humanité.

L'ignominie de l'Homme est parfaitement mis en avant avec toute cette passivité puis participation éloignée, froide de la population en votant depuis chez soit, comme si cela ne les concernait pas. Zdena est la seule lumière d'espoir dans toutes ces ténèbres et l'horreur de la chose, la seule à agir. Ce thème sur la souffrance des gens, le détournement de faits horribles n'est pas une première, mais c'est toujours aussi choquant. On referme le livre en se posant une tonne de questions et en repensant que ce type de jeu télé ne sont pas si loin de la réalité. Un livre à prendre avec des pincettes, qui se lit agréablement et rapidement, tout en laissant une marque indélébile en vous. Même quelques années plus tard, vous vous souviendrez de cette lecture, j'en suis la preuve…
Lien : http://leschroniquesaleatoir..
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Très loin d'être une fan de l'auteure, je tenais pourtant à vous inciter à découvrir ce roman intéressant et très bien vu. Un excellent complément des réflexions insufflées par « inconnu à cette adresse » ou encore « matin brun », en plus original et moderne.
Dans cette histoire, Amélie Nothomb dénonce la passivité du peuple et les dérives de la téléréalité, à l'aide d'une émission qui a pourtant tout pour révolter : Une téléréalité sur des camps de concentration. de là à en déduire qu'elle compare la téléréalité avec le principe des camps, et en profite pour étudier les outils de manipulation des foules, il n'y a qu'un tout petit pas que j'ose franchir.


En effet, le principe est le même : On vous choisit pour être enfermé, suivre les règles, puis être éliminé lorsqu'on n'a plus besoin de vous. Et l'on utilise la passivité du peuple pour cautionner le tout. C'est déjà palpable quand vous regardez Loft-Story and co, c'est encore plus frappant si vous regardez une émission qui reconstitue les trop célèbres camps nazis, comme c'est le cas dans ce roman. L'auteure pousse ainsi l'horreur de la situation à son paroxysme.


Du coup, lorsqu'on le lit pour la première fois, on se demande où on est tombé, tellement on a du mal à croire possible ce qu'on lit. Cette impression est accentuée par le fait qu'on entre directement dans le sujet, sans préliminaire pour s'y préparer, ce qui ôterait de la force aux propos. On veut croire que c'est surréaliste. Pourtant, en y réfléchissant, cette fiction poussée dans ses retranchements est criante de vérité.


Tout commence au jardin des plantes. Un certain nombre de gens est raflé au hasard sous l'oeil des caméras, afin que le public puisse assister à la sélection. On observe ensuite avec le public la sélection des « Kapos » censés surveiller et maltraiter les prisonniers. Ils sont sélectionnés pour leur idiotie et leur brutalité. le but de l'émission étant de reproduire les camps de concentration de la seconde guerre mondiale, tout est fait pour déshumaniser les prisonniers : On les bat, on brûle leurs papiers d'identité pour leur attribuer un matricule, etc…


Hélas, jamais une émission n'a eu autant d'audience. Plus les prisonniers essayent de faire comprendre aux téléspectateurs que la seule issue de l'émission est leur mort, plus l'audience grimpe : Tout le monde croit au spectacle. Et quand après six mois, l'audience stagne, les organisateurs s'enfoncent un peu plus dans l'horreur en proposant l'interactivité : Ce sera aux téléspectateurs de voter pour « éliminer » qui ils veulent. le mot « mort » est soigneusement évité. L'émission obtient l'audience absolue. Quelqu'un prendra-t-il enfin tout cela assez au sérieux pour au moins tenter d'y mettre fin ? C'est ce que je voudrais que vous découvriez en lisant ce roman.


*****

Une expérience unique qui montre à quel point le monde n'apprend pas de ses erreurs, à quel point il est facile de basculer à nouveau et à tout instant dans l'horreur, en manipulant les foules avec les bons outils. Un livre à lire et relire, en forme de critique de la société mais aussi d'analyse humaine et bien sûr d'avertissement, dans lequel vous trouvez des tas de pistes de réflexion sur la passivité de l'humanité, la télévision, les outils de manipulation, la guerre (même psychologique).


Vous l'aurez compris, c'est pour moi un livre à offrir, à diffuser. Pourquoi pas à étudier à l'école ? Et à méditer. J'ai adoré ce bouquin extrêmement marquant !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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