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EAN : 9781091108035
200 pages
Les éditions du Bout de la Ville (13/10/2016)
4/5   11 notes
Résumé :
Qu'est-ce qu'une vie d'éleveur ? De la formation agricole à la certification bio des produits, de la traçabilité du troupeau à la sélection des animaux, Xavier Noulhianne nous raconte sa vie d'éleveur de chèvres et de brebis. Il remonte le fil de l'histoire pour comprendre la mise au pas des paysans et la mise en ordre des champs. Aujourd'hui, c'est l'État qui nourrit, non plus les paysans. Bien plus qu'une simple promenade dans le monde rural, ce livre propose une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quand j'étais jeune, je me souviens que mon père disait souvent : « ah ! Tu ne veux pas t'occuper de politique ! Mais en attendant, la politique s'occupe de toi ! » Je n'ai jamais aimé ça, la politique. J'entendais trop de discussions violentes, de conflits, de disputes autour des tablées. Je ne pense pas être la seule dans ce cas. Mais depuis quelques années, l'âge aidant peut-être, le Covid sûrement, m'incitent à vouloir en savoir un peu plus sur ce qui nous entoure. « Je suis descendue de ma planète », comme dit mon compagnon. Il était temps ? Mouais ; c'est pas joli joli ce que je découvre. L'exemple m'en est encore donné après cette lecture.

Un récit autobiographique d'un éleveur de brebis, dans le Lot-et-Garonne. Et quel récit mama mia ! Tout d'abord, c'est très bien écrit, raconté avec un certain humour et malgré quelques passages un peu rébarbatifs car difficiles de compréhension, la lecture est fort agréable. L'auteur raconte son parcours de vie depuis sa sortie de l'Ecole des Mines et son installation d'éleveur à Planté, avec son épouse Séverine. Il va nous familiariser avec le jargon administratif dont tout bon éleveur d'aujourd'hui doit absolument assimiler. Il nous fait découvrir les arcanes de l'administration, que dis-je ! Les tentacules de la bureaucratie, les imbrications du système, c'est à s'y perdre… J'en ai eu le tourni. Il hache, il décortique, il analyse l'évolution du métier d'éleveur depuis l'après-guerre et surtout depuis la loi sur l'élevage de 1966, qui changera à tout jamais la notion d'agriculteur. C'est édifiant.

Vous voulez comprendre comme en sommes-nous arrivés à une agriculture de masse ?
Vous voulez savoir ce qui est arrivé aux petits fermiers dont le seul souhait était de transmettre un savoir-faire ?
Vous êtes curieux de connaître comment l'État s'est substitué à l'individu riche de connaissances des générations antérieures ?
Lisez ce livre.
Vous voulez en savoir un peu plus sur la surproduction et les subventions agricoles ? Bof ? Et bien, c'est passionnant car ça explique beaucoup de choses !
La Traçabilité, la sélection agréée par l'État (la « Voie mâle ») par insémination artificielle, l'alimentation des bêtes, la réduction des pâturages remplacés par les bâtiments enfermant les animaux, les méthodes scientifiques de production, etc..

Et attendez, ce n'est pas tout ! Les maladies (virus, bactéries,…), les tests individuels de chaque animal, l'abattage de troupeaux entiers, les vaccins, la puce électronique. L'État surveille, l'État invente (toujours plus de génétique), l'État protège ! Merci papa.
Comme c'est troublant… Ne serions-nous pas des bêtes nous aussi ?

Tout est décision politique par le biais d'innombrables organismes mis en place par l'État. « En somme, à partir de la loi de 1966, c'est désormais l'État qui fait de l'élevage. »
Entre 1955 et 2016, soit en 60 ans, 1.850.000 agriculteurs ont disparu.

Mon père avait raison. La politique s'occupe de moi puisqu'en fin de compte, c'est elle qui décide ce qu'il peut y avoir dans mon assiette.

Un grand merci à Babelio et aux Edts Les éditions du bout de la nuit !
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Livre reçu dans le cadre de la Masse critique. C'est le premier que je peux lire dans ce cadre. Et c'est une belle surprise, en tout cas pour moi, belge.
L'auteur raconte sa vie d'éleveur de brebis avec son épouse. de plus ils fabriquent du fromage à partir du lait de leur troupeau. Ce n'était pas leurs premiers emplois, C'est un choix pour un changement. Leur récit reprendre toutes les étapes qu'ils ont dues suivre pour lancer leur ferme.
Ce récit est un prétexte pour l'auteur. Il nous fait connaître l'histoire de l'agriculture française du vingtième siècle jusqu'à nos jours. C'est très instructif. C'est une démonstration de l'envahissement de l'administration et de la bureaucratie dans un domaine où on ne s'attendrait pas leur si forte présence. La bureaucratie est une "arme" de l'état afin d'industrialiser l'agriculture. Et cette industrialisation est loin d'améliorer les conditions de vie de l'agriculteur.
L'auteur suggère par moment un parallélisme avec son ancien emploi dans la chimie et la pharmacologie. Et combien d'autres domaines la bureaucratie arrive à transformer l'orientation primaire du domaine.
Personnellement je la voie envahir et robotiser le domaine de la santé.
Un grand merci à l'auteur.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique et j'en suis ravie. Pour qui s'intéresse à notre monde actuel, c'est une source de réflexions permettant de comprendre combien l'industrialisation a sur son passage balayé tout sens... voilà ce qui me vient... l'état,l'internationalisation des relations économiques ont dévié et ont perverti tout rapport au sens. C'est un livre documenté, accessible, didactique et politique. À decouvrir en soutenant en plus une petite maison d'édition.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Dans le schéma de sélection de cette brebis si prometteuse (la Tête Rousse), il fut décidé de supprimer les cornes. Ces cornes si malcommodes et si encombrantes lorsqu'on veut serrer les animaux les uns contre les autres à l'auge ou à la traite. Elles auraient été un frein à l'intensification qui est l'aboutissement naturel du travail d'amélioration génétique de l'INRA.
(Institut National de la Recherche Agronomique).

Info supplémentaire :
les béliers de la race Tête Rousse ont continué à faire l'objet de manipulations génétiques par l'INRA, entraînant une "féminisation" des mâles (les testicules se rapprochaient du corps et perdaient leur fonction). "Heureusement", l'INRA a su stopper cette évolution tout en maintenant les caractéristiques "plus de lait, moins de cornes".
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Le Bleu Blanc Belge a toujours présenté des capacités à produire "de la cuisse", mais à force de sélectionner sur des individus atypiques exagérément développés, on a fini par produire du culard en série.
De telles conformations dénaturées finissent par poser tellement de problèmes à la mise-bas, pour faire sortir des veaux pré-conformés culards par un orifice qui lui ne s'est pas élargi, que certaines vaches sont maintenues en césarienne permanente; on ne les referme plus complètement entre deux césariennes.
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La production agricole coûte trop cher à la communauté. Sa structure est jugée archaïque. Elle est donc un "frein à l'expansion économique de l'industrie et du commerce". La solution paraît limpide : la modernisation de l'agriculture sera conçue comme un soutien direct à la modernisation de l'industrie. On s'appuiera sur les finances des agriculteurs en faisant en sorte qu'ils deviennent des consommateurs de produits industriels (machines agricoles, engrais,...).
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On trouve la volonté aveugle d'avoir voulu faire correspondre une population à une logique bureaucratique. Logique qui s'est révélée être systématiquement créatrice de conditions d'existence intenables. Puis, de mesures inadaptées en solutions inefficaces - et surtout méprisantes-, on fabrique des situations humainement invivables mais qui restent toujours sous contrôle... jusqu'au jour où l'émeute vient briser la Belle Histoire.
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C'est l'Etat qui nourrit, ce ne sont plus les paysans. Car une "production agricole" ne devient "alimentation" que si elle est passée par toutes les étapes de certification, du respect des réglementations (sanitaires, commerciales, environnementales), si elle a consommé des pesticides et des engrais chimiques, si elle a subi de la transformation agroalimentaire, si elle est passée par des réseaux de distribution. Lorsque cette production agricole a produit de l'emprunt, du travail administratif, de l'activité bureaucratique publique et privée, qu'elle a nécessité de la formation, qu'elle a été le sujet de spéculations et de transactions financières... alors, et alors seulement, la production agricole acquiert le statut d'"aliment". Aliment de masse, issu d'une production de masse pour une consommation de masse dans une société de masse.
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