Dan O'Brien nous conte un tournant de sa vie, lorsqu'il a décidé de renoncer définitivement à l'élevage de vaches pour se consacrer à celui du bison. Ce choix fut dicté aussi bien par des considérations financières (il faut être fou pour élever des vaches dans le Dakota) qu'écologiques. Les Grandes Plaines qui formaient l'un des plus beaux écosystèmes d'Amérique ont été presque en totalité défigurées par l'élevage et dont les prairies sont devenues stériles.
Dans ce journal de bord, l'écrivain nous fait part de son découragement, puis de sa volonté de changer les choses en restaurant l'écologie de la prairie et en optant pour le retour du bison. C'est un texte nourri des réflexions personnelles d'O'Brien, de ses expériences, de son apprentissage en tant qu'éleveur de bison. C'est aussi une introduction, quoique sommaire, sur l'écologie de la grande prairie. On se prend rêver, tout comme l'auteur, au retour de ces fantastiques animaux qui incarnent si bien la grande faune nord-américaine au même titre que le grizzly ou le puma.
Avec simplicité, Dan O'Bien sait expliquer comment le surpâturage des vaches et des moutons conduit à l'appauvrissement de tout un écosystème alors que les bisons dont le mode de fonctionnement est totalement différent de celui des bovins domestiques, permet au contraire la régénération de l'herbe, l'apparition d'un certain type de végétation favorable à la faune sauvage et aux oiseaux.
Je dois avouer que j'ai en effet ressenti une très légère pointe de déception à la lecture.
C'est ce dernier point qui m'intéressait le plus, et qui est malheureusement survolé. J'ai néanmoins noté dans mes prochains achats, Grassland de
Richard Manning qui me parait très instructif. J'aurai aimé davantage de poésie dans les descriptions, mais cela n'enlève rien aux qualités de ce livre.
Les efforts de Dan O'Brien ne peuvent être que salués, évidemment, surtout lorsqu'on examine le modèle agricole américain. Il faut du courage pour sortir du cadre imposé... Cependant, je n'ai pu m'empêcher de m'attrister un peu. Car les bisons du ranch sont destinés à la consommation. Une viande plus saine, un mode de production plus écolo, de quoi séduire une nouvelle niche de consommateurs et rentabiliser le retour de l'animal. Dan O'Brien en profite pour dévoiler un peu les coulisses de l'élevage intensif du bison (et oui, ça existe !!) : pas reluisant.
Ainsi, pour sauvegarder un milieu ou une espèce, il nous faut à tout prix en retirer un bénéfice économique. Vision réaliste (ou étriquée ?) de l'écologie, mais si triste...
Lien :
http://lectures-au-coin-du-f..