AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782896945474
504 pages
Alto Editions (12/10/2022)
4.02/5   47 notes
Résumé :
Enfant gâtée et charismatique d’un baron du sucre, Marie Antoine est la reine des gamins du Mile doré. Jusqu’à ce jour de 1873 où elle fait la rencontre de la sombre et brillante Sadie Arnett. Elles se lient aussitôt d’une amitié tumultueuse qui les poussera vers des jeux de plus en plus dangereux, au point où on jugera nécessaire de les séparer.

Chacune de leur côté, les deux filles traversent leur adolescence, dansant entre innocence et dépravation.... >Voir plus
Que lire après Perdre la têteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 47 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Remerciements à Babelio et aux éditions Alto pour l'envoi de ce livre lors d'une masse critique québécoise.
Perdre la tête d'Heather O'Neill est un roman abouti, très inspiré et fascinant.

Mile doré, mile sordide.
Mile doré est un quartier de bourgeois anglophones qui migrent à l'intérieur de Montréal sur une pente du mont Royal dans cette partie de la ville qui présentait un habitat plus sain, en amont des vents dominants.
Mile sordide, quartier pauvre de la ville, où l'air est saturé des odeurs des usines, où les filles survivent comme prostituées ou comme travailleuses industrielles à très petit salaire, dans des conditions exécrables.

Ce quatrième roman d'Heather O'Neill, sous la magnifique traduction de Dominique Fortier, aborde la rencontre de deux jeunes aristocrates du Golden Mile de Montréal, Marie Antoine et Sadie Arnett, aux personnalités complexes, qui ont l'impression chacune de trouver l'âme soeur.

« Une fillette aux boucles blondes et aux joues bien reconnaissable, rondes comme des pommes. Une seconde était une petite fille aux yeux noirs avec une tignasse noire. »

Cette rencontre est déterminante car en naîtra une amitié particulière et intense qui changera le cours de leurs vies.
Après un de leur jeu dangereux qui virera au drame, les deux jeunes filles seront séparées.
Sadie ira étudier en Angleterre et verra sa vie complètement bouleversée et Marie commencera à prendre compte de son statut de riche héritière de l'empire de son père Louis dans les usines de sucre.

L'oeuvre est prétexte à la description de l'industrialisation de la ville, aux soulèvements populaires liés aux mauvaises conditions de travail mais surtout à la force des femmes qui peut soulever des montagnes. L'amorce en 1873 et les années suivantes nous en dit beaucoup sur la transmission du savoir féminin avec les pamphlets, les rencontres secrètes et le début d'émancipation par la parole.

Il y a beaucoup de matière dans ce roman, les classes sociales, l'action révolutionnaire, l'amour maternel mais aussi et surtout, la folie, celle qui fait aimer et celle qui fait haïr.
Marie, Mary, Sadie, George, ces femmes ont un lien fort qui est complexe et imparfait, destructeur même. L'auteure refait à sa façon la Révolution française.
Roman féministe, qui oscille entre amour et haine, entre opulence et pauvreté, m'a tenu en haleine jusqu'à la toute fin. La forme est classique mais le fond, ludique et d'une imagination sans bornes en fait un roman des plus captivant.

Commenter  J’apprécie          190
Un roman fascinant qui commence par un duel au pistolet entre deux petites filles et la mort par balle d'une servante de la famille!

Dans le décor du Montréal de la fin du 19e siècle, deux fillettes, la riche et belle Marie Antoine aux boucles blondes qui habite une belle maison dans le Mile Doré et la méchante Sadie, à la chevelure sombre qui vient du quartier pauvre, le Mile Sordide.(des personnages symboliques qui me font un peu penser aux contes d'Amélie Nothomb).

C'est d'abord une histoire d'enfance avec ses amitiés, ses jalousies et ses trahisons. Mais c'est ensuite un éventail de thèmes : une fille en exil dans un pensionnat anglais pour apprendre les bonnes manières et une amie élevée dans un bordel.

Il y aura les droits des femmes, le sexe et le plaisir féminin, mais il sera aussi question de l'industrie du sucre, des classes sociales et du pouvoir de l'argent.

Et en bonus, des secrets de famille et des révélations inattendues.
Une lecture étonnante, un univers riche et un côté historico-fantastique dépaysant.
Commenter  J’apprécie          240
Suite à une gaffe majeure, un meurtre accidentel (annoncé dès les premières pages), deux jeunes amies sont séparées de force et connaîtront des destins bien différents. Au fil des ans, elles passeront par une gamme de relations : amitié, jalousie, complicité, rivalité, amour, jalousie, envie, haine, mais jamais par l'indifférence . . . L'époque n'est pas tendre pour les femmes. Qu'elles soient chefs d'entreprises, simples ouvrières, écrivaines, bonnes, prostituées ou avorteuses, qu'importe, les hommes ont le pouvoir et n'entendent pas leur céder. Conquérir son indépendance devient alors un combat quotidien, parfois ouvert, parfois souterrain.

Toute une trame de fond pour ce roman qui met en scène deux femmes “de la haute”, mais aussi plusieurs autres de classe moins privilégiées. On passe d'une perspective à une autre, on saute des motivations individuelles à des considérations de classes sociales, on flirte avec l'ambiguïté de genre. En plus, l'auteure nous mène en bateau, s'amuse à détricoter ce qu'elle nous avait concocté, finit le tout avec un feu d'artifice. J'ai bien aimé cette lecture à multiples tiroirs, avec ses personnages pétillants, toujours animés par de fortes pulsions.
Commenter  J’apprécie          230
Ma troisième lecture de la Montréalaise Heather O'Neill après le recueil La vie rêvée des grille-pains (que j'ai trouvé bon quoique inégal) et la nouvelle coup de poing Tu redeviendras poussière. Son dernier roman paru, Perdre la tête, se révèle aussi maîtrisé que percutant.

En 1873, dans un Montréal où « la richesse [connaît] une croissance exponentielle, même si le nombre de riches [n'augmente] pas », les jeunes Marie Antoine et Sadie Arnett nouent une amitié amoureuse aussi tordue que fusionnelle. Séparées, elles mènent chacune leur barque pendant dix ans avant de se retrouver. Marie, fille du riche propriétaire d'une raffinerie de sucre, a des goûts de luxe dignes de Marie-Antoinette, tandis que la rebelle Sadie est autant opposée à toute forme de morale qu'un marquis de Sade au féminin. Chacune, à sa manière, tente de s'affranchir des diktats de la bonne société dont elles sont issues :

Mais, et c'est là le coeur du roman, elles ne remarquent pas que leur quête d'épanouissement personnel, loin de remettre en cause le système, ne fait qu'oppresser un peu plus une autre catégorie de femmes : celles de la classe ouvrière.

L'autrice soulève une réflexion assez fine sur deux types d'oppressions sociétales et la façon dont celles-ci s'entre-nourrissent : le patriarcat et la lutte des classes. Marie et Sadie, en tant que femmes privilégiées, se trouvent dans une position ambivalente. le portrait que l'autrice brosse d'elles, quoique nuancé, est toutefois dénué d'ambiguïté. On peut y voir, en creux, une possible remise en question des récentes réhabilitations féministes de Marie-Antoinette.

Par ailleurs, j'ai adoré l'univers baroque quasi-irréaliste si caractéristique d'Heather O'Neill ainsi que sa plume très bien rendue par la traduction de Dominique Fortier. Les personnages sont tous haïssables (hormis George, très attachante) mais j'ai pris un grand plaisir à les détester.

Une très bonne lecture pour commencer l'année!
Commenter  J’apprécie          80
Perdre la tête est un roman de femmes qui crient et actent en faveur de leur pouvoir à Montréal en pleine révolution industrielle. Cela en fait un roman très riche qui abordent de multiples thèmes comme l'amitié, la différence, le pouvoir, le sexe, l'homosexualité, la trahison. Il fourmille de détails, sa construction est lente et d'autres personnages vont faire leur apparition notamment Mary qui ressemble étrangement à Marie et Georges toujours habillée d'un style masculin et coiffée à la garçonne qui , pour avoir vécu dans un bordel se bat pour que les femmes soient libres de leurs corps.

Un livre au début dramatique qui va nous maintenir en haleine jusqu'à la fin. L'écriture de l'autrice est vive, parfois teintée d'humour et elle arrive parfaitement à faire passer des messages à ses lecteurs. Un roman à découvrir pour son originalité, sa vision d'un monde où la femme s'impose, prend sa place, tient son rôle et ne recule pas devant les responsabilités. Perdre la tête est un roman de femmes, écrit par une femme et pour les femmes Finaliste du Prix des Libraires du Québec en 2023.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le livre parlait d'innocence. Il parlait de délices. Il parlait de rapports intimes. Il parlait d'amour vrai. Il parlait du fait que le reste du monde cesse d'exister pour les vrais amoureux. Ils seraient prêts à violer et à assassiner pour leur amour, mais celui-ci n'en était pas moins célébré. Et n'était-ce pas là une chose merveilleuse ? N'était-ce pas merveilleux ? Elle était convaincue d'avoir écrit quelque chose de valable. Qu'est-ce que cela pouvait bien faire qu'elle ait utilisé le corps de la femme et sa sexualité comme métaphore pour la liberté et la création ?
Commenter  J’apprécie          90
C’était une idée toute neuve que de considérer l’enfance comme une période de la vie méritant d’être célébrée, digne de considération en elle-même. Alors qu’on voyait autrefois les enfants comme des adultes incompétents, on estimait maintenant qu’ils appartenaient à un état édénique qui leur permettait d’accéder à une faculté d’imagination supérieure à la raison. La moindre de leurs paroles recelait une sagesse qui avait été perdue par les adultes. Il fallait encourager l’enfance, se consacrer à en faire l’âge le plus magique de la vie.
Commenter  J’apprécie          110
Il est vrai que la femme était physiquement plus faible que l’homme. Mais elle était pleine de rage. Et comme n’importe quel animal, n’importe quelle proie, elle avait appris la manipulation et la rouerie pour survivre.
Commenter  J’apprécie          100
Cette prise de conscience vint à Marie Antoine alors qu'elle se tenait au-dessus de tous ses ouvriers. Elle avait l'impression que son corps tout entier s'apprêtait à être dépouillé d'une part essentielle de lui-même. Si elle avait un mari, personne ne la regarderait comme ils la regardaient en ce moment. C'est plutôt à lui qu'on adresserait les questions. Elle les regarderait regarder quelqu'un d'autre. Mais elle, ils ne la regarderaient jamais dans les yeux. Elle deviendrait de moins en moins visible. Elle disparaîtrait une couche à la fois, comme une peinture que l'on peint à l'envers. Elle deviendrait de plus en plus pâle, jusqu'à n'être plus qu'une esquisse sur une feuille de papier. Alors, en regardant, vous ne verriez plus que de la neige.
Philip se servirait de cette usine et d'elle pour devenir une figure politique importante, sinon la plus importante. Il allait la priver de tout son pouvoir, comme son père l'avait fait avec sa mère. Ce pouvoir appartenait aux femmes de la famille, non pas aux hommes. Elle n'allait pas céder cela à Philip ; elle n'allait le céder à personne. Elle le voulait pour elle-même.
La liberté et le pouvoir étaient une seule et même chose. Ils étaient interchangeables. Ils venaient main dans la main.
Commenter  J’apprécie          00
Être plaisante à regarder, cela ne venait pas naturellement. Il fallait pour cela déployer des efforts considérables. Un sourire ne pouvait pas être vu comme une réaction spontanée, cela s’apparentait davantage à un arrangement de fleurs, ou a un poème appris par cœur, une chose qu’il fallait travailler.

(Alto, p.106)
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : Amitié féminineVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (135) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
220 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..