Savez-vous ce que c'est le cakeism ? Dans le contexte du Brexit, c'est le fait d'avoir le gâteau et de le manger en même temps. Avoir le beurre et l'argent du beurre.
En anglais : the doctrine of having one's cake and eating it too, particularly regarding the UK's approach to Brexit negotiations.
Les hommes et les femmes politiques d'outre-Manche adeptes du ‘Leave' (sortir) ont défendu l'idée suivante : les négociations avec l'UE permettront à la GB d'avoir à la fois les avantages de l'UE concernant l'accès au marché ET les libertés d'être en dehors de l'UE - ne plus accepter les travailleurs étrangers, ne plus se soumettre aux institutions supranationales (notamment la Cour de Justice Européenne).
Les négociations ont fait voler en éclat cette hypothèse. le marché unique est défini par quatre libertés : la libre circulation des marchandises, des personnes, des capitaux et des services. Comme les Britanniques refusent la libre circulation des personnes, adieu marché unique (datant de 1993).
Ce livre aborde la question du Brexit sous quatre angles :
Une brève histoire de l'UE, avec un focus sur l'aversion de la GB à l'UE / la mondialisation et la paupérisation des classes populaires / la frontière Irlande - Irlande du Nord en perspective historique / les circonstances de la campagne autour du referendum Brexit et les enjeux de la négociation.
L'auteur est irlandais (attention, il n'est pas britannique). Il est universitaire, son domaine est l'économie. Au sujet de l'Irlande / Irlande du Nord, il nous rappelle : l'accord de 1998 (accord du Vendredi saint) a apaisé les lourdes tensions entre l'Irlande et la GB. Cet accord a mis fin aux actes terroristes. L'appartenance à l'UE des deux pays a facilité le processus de pacification. Cependant, le Brexit risque de provoquer une régression avec la mise en place éventuelle d'une frontière avec de postes de contrôle entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
Ce n'est pas un livre grand public. Il y a des passages brouillons et d'autres passages superflus ; la traduction est médiocre. L'esprit de synthèse n'est pas son fort.
Quelques sujets de réflexion à l'issue de cette lecture :
- l'idée de rester dans l'UE ou de la quitter est quelque chose d'épidermique, ou alors idéologique si vous voulez ; tandis que les enjeux sont économiques et en tant que tels mal compris car techniques.
- les personnages politiques britanniques, de manière générale, se positionnent en opportunistes par rapport au Brexit, et non en conformité avec leur conviction intime (piètre image de la classe politique britannique)
- les personnages politiques, lors de la campagne du referendum, ont fait miroiter le beurre et l'argent du beurre ; deux ans plus tard, une partie des électeurs se rend compte du mensonge. Autrement dit, le Brexit est une expérimentation grandeur nature. Lors de la campagne, personne ne savait ce que cela va donner.
- mon constat le plus amer : La gouvernance se soustrait à la démocratie en imposant des règles tellement compliquées que le peuple ne peut plus les comprendre. Il arbore alors le gilet jaune. Ou alors il se laisse faire. La gouvernance dit NON à une perspective de referendum d'initiative populaire, car cela pourrait déboucher sur frexit.
- comprendre le Brexit c'est comprendre l'UE – c'était ma motivation pour m'accrocher à cette lecture
J'ajoute quelques notes en supplément, source https://www.capital.fr/economie-politique/les-options-post-brexit-pour-la-relation-royaume-uni-ue-1307954
Quelles perspectives pour le statut post-Brexit de la GB ?
L'option norvégienne
La Norvège bénéficie d'une relation économique et commerciale très poussée avec l'UE,
Elle a accès au marché unique et doit respecter la liberté de circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux, mais sans avoir son mot à dire. Les produits de l'agriculture et de la pêche ne font pas partie de l'accord.
Au-delà des seules relations commerciales, la Norvège s'est alignée sur les règles communautaires en matière d'aides d'État, de concurrence ou de marchés publics.
Ce modèle a été rejeté par Londres, qui s'oppose à la libre circulation des personnes et refuse de reconnaître la Cour de justice de l'UE.
Un accord "à la canadienne"
Etant donné les "lignes rouges" fixées par Londres -pas de marché unique - l'UE estime que l'accord de libre-échange conclu avec le Canada (CETA) pourrait servir de modèle à la future relation.
Cet accord met en place des normes communes en matière de santé, d'appellations d'origine contrôlée ou encore de marchés publics. Mais il pourrait, comme avec le Canada, nécessiter des années de négociations pour s'entendre sur un degré de coopération convenant à chacun pour chaque secteur et le niveau des droits de douanes.
Cette option a les faveurs des pro-Brexit mais elle signifie qu'il faudra un accord à part pour l'Irlande du Nord et revenir à mettre en cause l'unité britannique, a averti Mme May.
Les seules règles de l'OMC
En cas d'échec des négociations, le Royaume-Uni deviendrait du jour au lendemain un pays tiers aux yeux de l'UE. Leur relation ne serait alors plus régie que par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Ces règles par défaut impliquent des droits de douane et des barrières au commerce qui entraveraient les échanges entre Londres et le continent.
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Une lecture intéressante et accessible pour tous ceux qui s’intéressent à la relation particulière du Royaume-Uni avec l’Union européenne et aux raisons structurelles qui ont facilité le Brexit au-delà des causes immédiates du référendum de 2016.
Lire la critique sur le site : Actualitte