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3,47

sur 471 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Connaissez-vous Joyce Carol Oates ? Moi je ne la connaissais que de nom jusqu'à hier, jour où j'ai décidé de me lancer.
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Voyez-vous, je lorgnais quelques uns de ses titres depuis un moment mais n'avais pu me résoudre à m'y plonger.
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Puis, je vis passer des retours sur Délicieuses pourritures... plus que mitigés les retours.
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Mais 117 pages à côté des pavés habituels de l'auteure, c'était un moyen de découvrir sa plume en trempant seulement le bout de l'orteil dans la mare.
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Joyce Carol Oates est une auteure controversée. On l'aime, on la déteste, mais elle laisse rarement indifférent d'après ce que j'en ai entendu dire.
Et ce n'est pas Délicieuses pourritures qui va inverser la tendance.
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Je me suis donc à nouveau emparée de ma bouée canard, parce que patauger dans la fange n'est pas toujours sans risque et aucune assurance ne couvre la perte de l'âme.
À dire vrai, c'est à Gillian, héroïne et narratrice du roman qu'elle aurait pu servir, cette bouée.
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Comme la plupart de ses copines, Gillian est amoureuse de son professeur de littérature et chacune fait tout pour en être remarquée.
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Une dizaine d'élèves ont le privilège d'être admises à participer au petit atelier de poésie prestigieux dudit professeur, M. Harrow.
Trève d'excès de politesse, appelons-le André, comme il souhaite que les privilégiées le fassent.
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Et ça devise, et ça disserte, et ça "poétise" et ça se livre, en fumant, d'un air plus ou moins faussement décontracté.
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On quête l'approbation et les compliments du cher, si cher professeur, lequel les dispense parfois avec parcimonie, parfois avec enthousiasme, à moins que son cynisme à la limite de la cruauté ne frappe de plein fouet.
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Mais au fait, il est marié, ce cher André. Marié à Dorcas, sculptrice de corps nus en bois portant le pompeux nom de totems, laquelle est également très présente, bien qu'en pointillés au départ.
Sa place deviendra prépondérante au fil du roman.
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Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître, l'auteure m'a trimballée comme elle l'a voulu du bout de sa magnifique plume, et de ce fait, j'ai aimé ce livre, même s'il devient particulièrement cru, osé, très malsain.
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Tout ce qu'il y a d'abject dans le sexe et la soumission se retrouve dans cette novella, mais plus suggéré que dévoilé sous une lumière crue.
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Les deux adultes sont des manipulateurs de la pire espèce, difficilement aimables, et pourtant...
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On verra au fil des pages que les élèves "ciblées" sont en grand manque d'amour parce qu'ayant vécu des enfances particulièrement traumatisantes.
Ceci expliquant peut-être cela.
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Je remercie ma Yaya (Yaena) de m'avoir fortement incitée à lire ce livre, presque à son corps défendant.
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Joyce Carol Oates, une auteure prolixe qui fascine et divise ses lectrices et lecteurs, c'est l'impression qu'elle donne à la lecture des critiques sur Babelio.

Comme cela m'arrive souvent, et sans doute ne suis-je pas le seul, enfin j'espère, après une lecture qui m'avait estomaqué, celle de son roman Les chutes, je l'avais complètement oubliée.
Ce sont les nombreuses critiques récentes de mes ami.e.s babeliotes et l'éventualité d'une lecture commune, si j'ai bien compris en février 2024, qui m'ont décidé à replonger dans l'océan « oatesien », mais en y faisant une courte trempette par la lecture de ce roman court, environ 120 pages, mais qui marque. Il n'est pas nécessaire d'écrire mille pages pour produire un récit formidable, Zweig nous l'a montré amplement.
C'est un roman que j'ai lu quasiment sans faire de pause, fascinant, dérangeant, qui traite d'emprise, de perversion, avec une exceptionnelle maîtrise formelle.

JC Oates utilise le procédé du récit enchâssé cher à Zweig, mais cette fois doublement enchâssé puisque le premier chapitre a la même temporalité que le dernier, le second la même que l'avant dernier. Les deux premiers nous plongent dans l'énigme qui se résout dans les derniers. C'est particulièrement bien fait et avec un style d'écriture resserré, vif, sans fioritures, qui m'a impressionné.
Et tout cela au service d'une intrigue bien sombre, qui résonne à notre époque « metoo », où l'on y voit des pervers narcissiques tirer parti de leur pouvoir pour manipuler des jeunes filles dont l'histoire personnelle a des failles, et pour assouvir leurs désirs de domination sexuelle, de « chair fraîche » humaine. Et tout cela raconté avec un art consommé du non-dit qui m'a bluffé.

Ce récit, c'est celui de Gillian Brauer, relaté, après les deux premiers chapitres, comme une chronique ou un journal intime.
Gillian, une étudiante de vingt ans, plutôt brillante, suit, avec une dizaine d'autres élèves, toutes féminines, un atelier de poésie animé par André Harrow, un professeur charismatique, exigeant, connu pour son anticonformisme. Il est marié à Dorcas, une sculptrice qui réalise des sortes de grands totems en bois impressionnants et aux formes grossières.
Mais il y a une atmosphère étrange dans cct atelier d'une petite Université: une à une, des étudiantes maigrissent, font des tentatives de suicide, quittent le campus sans jamais revenir. En même temps, des alarmes incendie se déclenchent sans qu'on trouve le ou les coupables de ces alertes.
Comme toutes les étudiantes, Gillian est amoureuse de son professeur, un amour qu'elle pense sans réciprocité. Mais, celui-ci, qui feint avec elle la froideur, va tendre à Gillian, avec l'appui de Dorcas, un piège pervers, ignoble, abject. Je n'en dis pas plus.
Et pourtant, Gillian va échapper à l'emprise par une sorte d'acte manqué, là encore je n'en dis pas plus.

Vraiment, la lecture de ce court roman est un coup de coeur qui me donne envie d'en lire bien d'autres de la même auteure.
JCO, ça vole haut.
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Joyce Carol Oates fait partie de ces auteurs que je lis avec avidité et surtout avec beaucoup d'intérêt. Les sujets abordés sont toujours d'une grande qualité et d'une grande justesse. L'écriture est elle parfaitement maîtrisée, normal pour cette dame exerçant à Priceton! Les regards qu'elle porte sur ses personnages sont bienveillants, sans jugement, parfaitement étudiés, on y relève même une attention particulière et intense, une certaine ethnologie et beaucoup de psychologie.

Il est toujours difficile de choisir l'un de ses livres, le choix est cornélien, mes intentions sont pourtant claires, les dévorés les uns après les autres, mais il faut pourtant en choisir un. C'est donc sur Délicieuses Pourritures que celui-ci s'est arrêté, le titre n'étant pas totalement étranger...

Dès les premières lignes, une atmosphère oppressante nous assaille, nous sentons que quelque chose d'inéluctable et d'irrémédiable va arriver. Au fil des pages qui ne sont pourtant pas nombreuses (126), l'horreur indicible prend place, manipulation, obsession, avilissement, folie..... Un sujet grave, sans voyeurisme. Ne voulant pas spoiler l'histoire je m'arrêterai donc là.

Simplement, Oates nous démontre qu'il est inutile d'écrire des pages et des pages pour faire de la qualité et surtout pour aller au fond des choses.

Joyce Carol Oates a indéniablement et définitivement "Trouvé la Jugulaire... Pour ceux et celles qui ont lu ce livre, vous comprendrez.
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Date : 1975.
Lieu : Campus universitaire, Catamount, Massachusetts.

Une période difficile, sans enjeu, sans profonde motivation, pour les étudiantes de ce campus. John Kennedy est mort depuis une dizaine d'année, la guerre du Viêt-Nam s'est enfin achevée... Contre quoi et pour quelle cause, cette jeunesse peut se rassembler, se rebeller... L'âge d'or des revendications politiques est dépassé, leurs parents ont déjà vécu la libération sexuelle, que reste-t-il donc à cette jeunesse ?

Du Valium et des anti-dépresseurs...Un monde où les idées suicidaires sont omniprésents... Un monde où l'anorexie se vit naturellement... Un monde où un pyromane sévit à l'intérieur de ce campus...

Alors, lorsqu'un professeur de poésie, « charismatique », avec sa femme sculptrice (d'un art moderne plus que controversé) et « énigmatique » entrent en scène au milieu d'un groupe de 12 étudiantes... Avec des étudiantes qui ne semblent se passionner que pour l'intérêt et l'amour de ce professeur...Un professeur qui pousse ses étudiantes à se dévoiler en profondeur, le plus intimement possible...Un professeur qui demande à ses étudiantes de tenir un journal intime pour le lire à haute voix et qui jubile lorsque celui-ci rentre dans les détails les plus cruels et les plus sombres de l'intimité (psychologique et physique) de chacune... Une montée en puissance crescendo vers un univers dramatique où la cruauté des mots renforce la jalousie de chacune...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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1975, dans une prestigieuse université féminine de la côte Nord-Est des Etats-Unis. Des incendies d'origine mystérieuse éclatent la nuit sur le campus. Une brillante étudiante (dont le livre est le journal) souhaite briller encore davantage auprès de son charismatique professeur de littérature. Jusqu'à l'obsession. le professeur Harrow est marié à une artiste plasticienne qui sculpte des oeuvres provocatrices, souvent obscènes. le couple jouit d'une réputation sulfureuse. Une excitation un peu malsaine règne entre les jeunes filles, parmi lesquelles, autant que les rumeurs, drogues et alcool circulent.

Drame annoncé, ambiance de campus, atmosphère close et angoissante, ce n'est pas pour rien que l'on compare Kasischke et Oates.

Menant son intrigue d'une manière terriblement efficace, distillant mystère et perversité, l'auteur scotche le lecteur aux mots de son héroïne borderline, jusqu'au final.
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Troisième rencontre pour moi avec la plume de Joyce Carol Oates avec une lecture que j'ai beaucoup appréciée. le titre m'avait beaucoup intriguée et il est très bien choisi.
Nous sommes sur un campus américain dans les années 1970. Gillian, comme la plupart de ses camarades, est amoureuse de son professeur de littérature, André Harrow. La jeune fille se met même à suivre sa femme, une fascinante sculptrice du nom de Dorcas. C'est Gillian qui nous raconte quelques mois de sa vie marquée par cette relation malsaine à ce couple.
Une histoire très bien écrite qui nous raconte un campus américain de filles des années 1970: relations avec le professeur, entre élèves. Nous suivons l'évolution psychique de Gillian dans ce contexte. C'est très bien écrit. L'auteure nous conduit dans les méandres de l'esprit de Gillian, suggérant beaucoup, nous mettant ainsi à la place de la jeune fille.
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Moi qui n'avait jamais lu Joyce Carol Oates, j'avoue être très surprise, cependant après avoir lu quelques avis et critiques du bouquin, je confirme que ça ne plaît pas à tout le monde et que les avis sont plutôt mitigés. (Mais c'est mon article alors let's go!)

Avant toute chose, je vais y aller franco : ne vous méprenez pas! Ce bouquin, bien que court, ne m'a pas laissée indifférente. Je vais d'abord parler de la couverture qui, selon moi, va de pairs avec l'ambiance malsaine et sensuelle de l'histoire. En la voyant, je m'attendais réellement à une histoire d'amour passionnée entre une élève et son professeur de littérature… Comment vous dire qu'en refermant ce livre, une heure après, ma vie n'était plus la même? (Bon, j'abuse, mais je garde un souvenir très ancré de cette histoire, on peut dire qu'elle m'a marquée!)

J'ai toujours cru qu'un bon livre se basait principalement sur la capacité du lecteur à s'identifier à ses personnages, et c'est tout autre chose que j'ai découvert ici. C'est l'histoire de Gillian, jeune étudiante d'une vingtaine d'année, qui tombera sous le charme de son professeur de littérature, Andre Harrow. Cependant, ce dernier est marié à l'inaccessible Dorcas, sculptrice excentrique et pour couronner le tout, Gillian n'est visiblement pas la seule à succomber aux beau yeux de son professeur. Ainsi, rivalités, jalousies et mesquineries se mêlent à l'histoire. Au fil de celle-ci, on découvre qu'Andre et Dorcas ne sont pas si inaccessible que ça et une effroyable machine infernale se met en marche.
La plume de Oates est tout sauf simple et légère. A chaque mot lu, je m'enfonçais un peu plus dans l'univers pervers de l'écrivain, et ça m'a clairement pris au tripes! J'étais si chamboulée que je ne savais pas quoi penser de l'histoire une fois finie et au final, j'en arrive à ce verdict: elle est juste incroyable, à en couper le souffle. Il y a quelques scènes et passages floues, mais on finit toujours par les comprendre. Les personnages sont énigmatiques et plus les pages défilent plus la noirceur s'installe, comme si Joyce Carol Oates voulait nous dire: «vous êtes confortablement installés? Tout va bien? Alors préparez-vous, vous n'avez encore rien vu…»

Âmes sensibles s'abstenir, vous vous apprêtez à découvrir quelque chose de sensuel, quelque chose d'horrible, quelque chose de malsain. Délicieuses pourritures était une magnifique découverte, et cette citation du livre illustre bien l'intention de son écrivain: Allez plus profond! Cherchez le point le plus faible. Cherchez la jugulaire.

Ce livre a décidément trouvé la mienne, et je ne m'en suis pas remise!
Lien : https://lentredeuxmondes.wor..
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Joyce Carol Oates est une autrice américaine que j'affectionne particulièrement, notamment pour sa façon de dépeindre avec une grande justesse les côtés les plus sombres et malsains de l'être humain ainsi que ses critiques sous-jacentes de la société américaine.

Dans Délicieuses pourritures, on suit Gillian Bauer, une étudiante brillante de troisième année, secrètement amoureuse de son professeur de littérature, Andre Harrow. le récit se passe au sein du campus exclusivement féminin, dans la Nouvelle-Angleterre des années 1970.

Il règne dans ce roman une ambiance dérangeante, perverse, qui met le lecteur relativement mal à l'aise. Andre Harrow semble envoûter toutes ses étudiantes, il joue de son charisme, et fait ressortir toutes leurs « pourritures », leurs noirs secrets, à travers un exercice qui consiste à rédiger et partager leur journal intime en classe.

C'est un court roman, qui se lit d'une seule traite mais où l'on retrouve J. C. Oates dans toute sa splendeur : une plume à la fois crue et onirique. J'ai adoré me plonger dans l'atmosphère de ce campus, c'est une lecture qui ne laisse pas de marbre.

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Dans le musée du Louvre, Gillian s'arrête net devant un totem. Il n'est pas comme les autres, il lui fait remonter des souvenirs, ceux qu'elle a voulu effacer de sa mémoire. Pour comprendre pourquoi, l'auteur nous raconte l'histoire de Gillian quand elle était étudiante en lettres. A l'époque, il y avait des incendies et des tentatives de suicides. On se pose des questions, et puis page après page, tout s'éclaircit.

C'est le genre de roman qui fait qu'à la fin, on s'interroge. Une fois terminé, je suis revenue au deuxième chapitre, le plus étrange du livre parce que j'avais toutes les clefs pour le comprendre. Il y a beaucoup de non-dit, beaucoup de suggestions. A aucun moment, je ne me dis que j'aurais fait différemment. Elle est prise dans un engrenage et ses amies aussi. Personne ne pouvait les aider.

Très bonne lecture pour ma part.

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Dans les années 70, sur un campus féminin en Nouvelle-Angleterre, Gillian Brauer - étudiante brillante et assidue - s'est entichée de son professeur de littérature, Andre Harrow; un homme qui semble avoir une aura toute particulière et quelque peu malsaine auprès de ses étudiantes. de l'amour à l'obsession, il n'y a cependant qu'un pas quelques fois. Et alors que Gillian rêve d'un amour transi, les désirs de son professeur ainsi que de son épouse se révèlent au travers des mots ouatés, à peine exprimés, de ces jeunes filles qui, finalement, ne connaissent rien des horreurs dont l'âme humaine peut receler et qui se retrouveront brisées.
Au rythme des chapitres, l'inouï se dévoile. le malaise grandit pour prendre toute la place et laisser les flammes de l'enfer dévorer le lecteur. Comme à son habitude, Joyce Carol Oates excelle dans la finesse d'analyse de l'âme humaine et des mécanismes psychologiques qui se jouent en nous. Avec une apparente (et déconcertante) simplicité, elle livre un récit qui interroge et ébranle pour nous laisser le coeur au bord des lèvres d'avoir lu tant de perversité et de beauté dans un même roman. Il y a quelque chose de pourri au royaume d'Andre Harrow… et c'est délicieusement terrifiant et cruel.
Livre après livre, Joyce Carol Oates prend une place de plus en plus prépondérante dans mon panthéon personnel.

« Le meurtre d'âme, ça existe , dit Pénélope. Sauf qu'il n'est pas visible comme l'autre. Il y a des gens mauvais. Il y a des gens cruels. Des gens qui devraient être punis. S'il y avait quelqu'un pour les punir. »

Traduction : Claude Seban
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