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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'ai lu qu'un seul livre de Joyce Carol Oates, un livre qui m'avait projetée dans l'intimité d'un grand malade psychopathe et qui m'avait grandement perturbée, mais dont j'avais aimé la plume. Il était donc logique que je revienne vers elle, sans trop savoir vers lequel de ses nombreux romans je me tournerai (d'autant que je m'en étais noté pas mal). C'est un peu par hasard que j'ai choisi "Ma vie de cafard", le titre et les thèmes associés étant attirants.

Un cafard, outre l'insecte, désigne également une personne qui moucharde ou dénonce. Dans ce roman, il s'agit de Violet Rue, gamine de 12 ans, témoin d'un événement accusant directement deux de ses frères du meurtre d'un jeune afro-américain. Comme le titre et le résumé de la quatrième de couverture l'indiquent, elle va cafarder, entraînant l'arrestation et la condamnation de ces derniers.

L'histoire se déroule en premier lieu à South Niagara, dans l'état de New York. Violet revient sur son enfance et sa vie de famille d'avant le drame, prend le temps de nous présenter chacun des membres : son père, que tout le monde craint et adore ; sa mère, dévouée à son mari et ses enfants mais malheureuse ; ses quatre frères et ses deux soeurs, tous plus âgés qu'elle. Une vie de famille tout ce qu'il y a de plus normale (ou presque), jusqu'à ce fameux jour où Hadrian Johnson se fait agresser et meurt quelques jours après de ses blessures.

Reniée par sa famille pour avoir dénoncé ses frères lors d'un moment de panique et de forte fièvre, Violet est recueillie par une tante et continue à nous raconter son histoire, désormais sa vie de cafard.

Rejet familial, violence, racisme, sexisme, abus sexuels, culpabilité, honte, vont bercer les vingt années qui vont suivre, toujours dans la peur de représailles et toujours avec l'espoir qu'on lui pardonne et qu'on lui demande de revenir...

Joyce Carol Oates nous entraîne dans une histoire sombrement initiatique, dans laquelle on aimerait prendre sous son aile cette gamine complètement perdue et rejetée, qui tente d'avancer et briller pour se faire pardonner, pour rentrer, pour retrouver sa vie d'avant, son insouciance, son enfance. J'ai souffert avec elle et perçu ses moindres ressentis, elle m'a beaucoup touchée.

Et la plume de l'autrice y est pour beaucoup, puisqu'elle sait nous raconter des choses moches de belle manière. Une plume qui a une âme, s'adressant directement au lecteur, lui permettant de s'impliquer dès les premières pages. Une plume sachant décortiquer la complexité des liens familiaux autant que les sentiments et la psychologie des personnages. Une plume qui dégage une certaine aura, rendant l'atmosphère ambiante pas toujours très confortable et pourtant captivante.

Joyce Carol Oates prend le temps de tout installer, les personnages, les lieux, le contexte socio-familial. Son histoire, tragique, ne nous laisse pas indifférents, tout comme ses personnages, fouillés et bien campés, qui nous touchent ou qu'on déteste profondément.

Roman noir, roman iniatique, roman psychologique, "Ma vie de cafard" est tout ça à la fois. Bouleversant, incandescent et intense, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit en le fermant. J'ai beaucoup aimé, vraiment beaucoup aimé.
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Ostracisée.
«Elle avait trahi la famille, voilà le péché impardonnable.»

Jerome Junior et Lionel Kerrigan ont battu à mort un adolescent noir avec une batte de base-ball.
Leur soeur, Violet, 12 ans, a cafardé. Elle doit quitter la maison, aller vivre chez sa tante Irma.
Les années d'attente commencent - «On ne cesse jamais d'espérer parce que, sinon, que reste-t-il?». Violet vit sa vie de cafard. Comme si elle aussi purgeait sa peine.
«Rester en vie. Éviter de me noyer. Tel était le défi.»
Et une fois de plus je suis fascinée par la puissance et la finesse de l'écriture de Joyce Carol Oates, par son génie quand il s'agit d'exprimer la vie des profondeurs dans sa complexité, avec toutes ses contradictions, son ambivalence, ses frémissements, ses bouillonnements, en suggérant l'indicible.
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Être une petite fille aimée et voir sa vie se fissurer et voler en éclat.

C'est l'histoire de Violet Rue Kerrigan, tourmentée par le doute. Elle a vu ses frères enterrer quelque chose le soir où un jeune Noir a été tabassé à mort. Elle ne témoignera pas, mais les policiers retrouveront l'arme du crime avec des empreintes et des traces de sang. La famille fait bloc autour de ses garçons. Violet est coupable d'avoir trahi et elle sera exilée chez une tante.

Joyce Carol Oates est une grande autrice américaine. Elle a beaucoup de talent pour décortiquer l'enchaînement des événements et plonger dans l'âme humaine pour décrire les émotions ambiguës.

On partage les sentiments de la petite fille rejetée, celle qu'on traite de cafard et qui ne pourra plus jamais revoir sa famille.

On pénètre dans cette ville des États-Unis où les gens du quartier prennent la défense des agresseurs en arguant qu'il s'agit d'un coup monté des racistes anti-blancs…

On suit l'évolution de l'ado vulnérable dont on tentera de profiter et qui aura du mal à accéder à l'âge adulte…

Un excellent roman, mais dans le drame plutôt que dans l'eau de rose.
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Un lynchage d'un jeune Noir, renversé à vélo, roué de coups jusqu'à ce que mort s'en suive. Un crime sans raison, juste parce qu'il est Noir. En face 4 jeunes Blancs 17 19 ans comme la victime. Parmi eux deux frères, les aînés d'une fratrie de 7 enfants. La plus jeune, Violet Rue, va être le témoin de leur retour avec la batte ensanglantée. Elle va témoigner. Elle va devenir le "cafard" du titre.
Violemment exilée de sa famille, reniée par sa famille, abandonnée....
Un récit sur une famille qui explose, la culpabilité à hauteur d'enfant puis de jeune femme.
Je pense que ce qui m'a le plus sidérée c'est que pour les parents, la coupable c'est elle, pas les deux frères qui ont massacré le jeune Noir.
Ce livre m'a fait découvrir encore plus la difficulté d'être Noir aux USA. Même si on trouve les traces du choc sur la voiture des deux frères, même si la batte a le sang du jeune Noir d'un côté et les empreintes des frères de l'autre côté, il se trouve des gens pour dire qu'ils ont été accusés à tort car Blancs !
Un récit centré sur Violet Rue, sa vie gâchée, sa rédemption....
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Pour rester dans l'image zoologique, quelle mouche a donc piqué la traductrice d'intituler ce livre « Ma vie de cafard » alors que le titre en V.O mentionnait le rat ? To snitch en anglais, traduction de « cafarder » ne se réfère pas à un animal en particulier. En revanche, outre-atlantique, on prête au rat le même défaut majeur que le cafard dans la langue de Molière. Erreur éthologique majeure, d'ailleurs, puisque le rongeur, bien qu'il suscite appréhension ou dégoût, n'en demeure pas moins un animal intelligent et social. Les rats usent de stratégies et de solidarités familiales autrement plus poussées que chez bien d'autres mammifères, suivez mon regard. Peut-être Joyce Carol Oates, jouait-elle précisément de cette méprise pour qualifier cette histoire de rupture familiale ? Violet, notre héroïne bannie des Kerrigan, parviendrait-elle à s'en sortir loin de ce foyer qu'elle contribua à déstabiliser ?
« Ma vie de rat », donc, est une chronique passionnante qui nous plonge dans cette Amérique des franges où le racisme et les délits sexuels causent des ravages. le tragique destin de Violet permet d'aborder de nombreux angles de ces problématiques, qui, comme souvent, au pays de l'Oncle Sam, sont à analyser à travers le prisme d'une sensibilité religieuse exacerbée. Joyce Carol Oates décrit avec précision tant le cadre social que la psychologie des personnages ainsi que leurs relations. Ne pas faire sombrer le lecteur dans l'ennui pendant plus de 400 pages en traitant de thèmes aussi sombres qu'intimistes est une gageure dont l'auteure se sort avec une grand maîtrise. Pourtant, en refermant ce livre passionnant, une petite insatisfaction me tirailla. En songeant à toutes ses mésaventures successives, il m'apparut que notre pauvre Violet était une sorte de François Pignon XXL, sans toutefois que cette avalanche de galères ne prête à sourire. du coup, la véracité de ce personnage principal me sembla souffrir de la volonté légitime mais sans doute trop poussée de Oates de dénoncer the dark side of the american moon (je garde volontairement le terme anglais pour ne pas que le mot « lune » ne suscite chez certain(e)s des ricanements malséants, c'est bien le cas de le dire).
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Une nuit où Violet ne dort pas, elle entend ses frères rentrer bruyamment d'une soirée. La tension est palpable et Violet comprend qu'il s'est passé quelque chose.
Violet est la benjamine d'une fratrie de 7 enfants, 4 garçons et 3 filles dominée par le père. L'alcoolisme, la misogynie, la violence, le racisme cohabitent dans cette famille complexe mais soudée jusqu'à ce que Violet provoque l'irréparable.
En décrivant l'ensemble des sentiments qui composent la personnalité de Violet, l'auteur brosse le tableau des conflits qui agitent la société américaine.
Nous suivons Violet dans sa vie de cafard avec ses rencontres, ses proches, ses doutes, ses peurs.
Violet se révèle être une jeune fille complexe et attachante, enfermée dans une culpabilité qui la fait douter de tous et surtout d'elle-même.
Lire Joyce Carol Oates a été à nouveau un immense plaisir. J'ai apprécié l'étude des problématiques américaines dans laquelle s'écrit l'histoire de Violet.
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C'est avec bonheur que je retrouve la plume de J.C. Oates qui embrasse dans ce roman ses thèmes de prédilection, racisme, sexisme, liens familiaux, classes sociales... On y découvre le destin cruel de Violet Rue, une jeune Américaine de 12 ans d'origine irlandaise qui vit dans l'état de New York, benjamine de la famille. Ses grands frères se rendent coupables d'un crime violent dont elle a connaissance... mal lui en prit. À l'école, elle révélera ce secret trop lourd pour elle, et scellera ainsi son sort: elle a trahi la famille, c'est elle qui sera rejetée, éjectée brutalement de l'amour des siens et de la maison familiale... On la suivra dans sa «Vie de cafard», tentant de se reconstruire suite à ce terrible rejet. Quelle plume fabuleuse ! l'autrice dissèque avec finesse les sentiments de ses personnages, elle les situe avec acuité dans leur milieu social et économique, et quelle puissante humanité elle a injectée dans son bouleversant personnage principal, j'ai adoré cette lecture.
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Violet rue kerrigan, adolescente, petite dernière d'une fratrie de sept enfants, adorée par son père, un homme dur (surtout avec ses fils) et souvent sous l'emprise de l'alcool.
Violet aime profondément ses frères aînés, deux sociopathes qui ne lui accordent que peu d'importance... Jusqu'au jour où ils s'en prennent à un jeune afro-américain.. Violet ne pourra pas se taire, trop difficile, trop culpabilisant...
Rejetée par sa famille, soumise à tant de tragédies, abusée, elle ne cessera pas d'attendre de ses parents une once de reconnaissance, de pardon
..
La peur de ses frères qui sortiront un jour de prison...
Mais Violet avance, malgré tout, petit à petit, vouloir y croire toujours et se résigner..
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En novembre 1991, Violet Rue Kerrigan, 12 ans, est la cadette des Kerrigan, une famille irlandaise catholique traditionnelle de sept enfants, vivant à South Niagara. L'alcoolisme, la misogynie, la violence, le racisme cohabitent dans cette famille complexe mais soudée jusqu'à ce que Violet provoque l'irréparable. Un soir, les deux frères aînés de Violet, Jerr et Lionel, renversent un jeune afro-américain en vélo, Hadrian Johnson, puis le tabassent. le jeune homme décède des suites de ses blessures. le soir même, Violet surprend une conversation entre ses frères. Lorsque l'enquête débute, elle devine ce dont ils sont responsables et totalement angoissée et perturbée, Violet dénonce ses frères. La petite-fille est alors bannie de la famille et envoyée vivre chez sa tante Irma, à 130 kilomètres de chez elle.

Plonger dans un roman de JC Oates, c'est plonger dans l'histoire de la société américaine, dans ce qu'elle a de plus sombre. En décrivant l'ensemble des sentiments qui composent la personnalité de Violet, l'auteur brosse ainsi le tableau des conflits qui agitent la société américaine. A travers la voix et les pensées de Violet, l'auteure nous montre tout le dilemme qui se pose à l'être humain lorsqu'il est partagé entre son devoir de justice et son devoir familial. Violet aime sa famille : son père en premier lieu, et puis ses frères dont elle recherche l'attention et l'affection. Mais le sens moral de Violet est le plus fort puisque malgré son attachement profond à sa famille, elle n'hésite pas à trahir cette dernière. Si la dénonciation de la petite-fille est surtout impulsive au début, la jeune femme qu'elle devient reste elle emplie de remords et d'un profond sentiment de redevabilité envers la famille d'Hadrian Johnson. Plus largement, Violet ne supporte pas le racisme ambiant du monde qui l'entoure, ainsi que sa violence.
En effet, les rencontres qu'elle fera, d'un professeur de maths suprémaciste blanc fanatique à son amant qui fantasme sur ses potentielles relations sexuelles avec des hommes Noirs, en passant par le racisme ordinaire de sa famille, révèlent combien la société américaine reste gangrenée par le racisme, un thème que JC Oates aborde très souvent dans ses romans.
Autre thème de prédilection de JC Oates, c'est bien sûr la condition de la femme et les violences exercées contre elle. Les hommes que Violet rencontrent sont tous des prédateurs qui prolongent sa solitude de « cafard » et son enfermement. A un autre degré, la mère et la tante de la jeune femme sont elles aussi d'autres exemples de femmes soumises à des maris misogynes.

Comme à son habitude, c'est au scalpel que Joyce Carol Oates étudie la sociologie dans laquelle s'inscrit l'histoire de Violet.  le regard que cette dernière porte sur elle-même, ses proches, ses rencontres, le monde qui l'entoure rend l'approche psychologique de ce personnage passionnant. Récit fort et touchant, « Ma vie de cafard » véhicule malgré sa thématique sombre des sentiments positifs : courage, empathie, résilience, sens de la justice.
Une fois de plus, un roman qui confirme tout le génie de JC Oates.
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Mais comment fait Joyce Carol Oates pour se renouveler à chaque fois ?
Et à chaque fois nous transporter dans son univers.
Certes ce sont toujours les mêmes ficelles dramatiques, la même typologie de personnages, les mêmes engagements forts contre le racisme, le sexisme et toutes les formes de discriminations.
Ici encore elle frappe fort contre le racisme et contre les suprematistes blancs qui ont l'extrême audace de se faire passer pour des victimes. Et contre ces hommes despotiques et manipulateurs qui s'octroient un pouvoir démesuré sur les femmes.
Mais à partir de ces postulats de base, elle a la capacité d'innover, de surprendre ses lecteurs.

Violet, une adolescente de 12 ans est brutalement reniée par sa famille pour avoir dénoncé ses deux frères aînés, coupables d'agression raciste d'une extrême violence. Là voilà donc condamnée à une vie de cafard (ou de rat selon le titre américain), exilée chez une tante et privée de tout contact avec un père tyrannique qu'elle adorait.
Mais l'abandon de la famille ne suffit pas à JCO qui va en plus la doter d'un professeur pédophile qui va abuser d'elle, d'un oncle pervers, puis d'un amant manipulateur narcissique qui va l'utiliser comme objet sexuel et d'un frère qui rêve de se venger. le tout sans craindre de jouer la carte du misérabilisme !
Car Joyce Carol Oates ne joue pas dans ce registre. Son talent de raconteuse, sa compréhension de la psychologie des personnages, sa capacité à contextualiser historiquement et sociologiquement lui permet d'oser, ce qui chez d'autres passerait pour de la surenchère malsaine.
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