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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert Joyce Carol Oates il y a quelques mois, en lisant Délicieuses pourritures, et m'étais promis de revenir vers elle très vite.
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Et puis le temps a passé et l'envie de la lire m'est revenue hier.
Un peu par hasard, je me suis emparée de Viol, une histoire d'amour.
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Pour être tout à fait franche, je ne suis pas d'humeur "pavé" alors 200 pages me convenaient parfaitement.
Mais quelles 200 pages ! L'auteure ne s'embarrasse pas de superflu, ses mots vont droit au coeur, ça pique profond là où ça fait mal.
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C'est le 4 juillet à Niagara Falls. Feu d'artifice, match de baseball, musique, fête dans la rue chez les particuliers et dans les bars.
Tina Maguire et sa fille de 12 ans ont célébré le "jour de l'indépendance" chez Casey, le copain de Tina.
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Celle-ci a un peu bu, beaucoup dansé, puis a réveillé sa fille Bethie qui s'était endormie sur un canapé. Minuit, il était temps de rentrer à la maison.
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Il fait doux, il faut moins d'un quart d'heure pour faire le trajet à pied, Tina décide de passer par le parc de Rocky Point en longeant le lac.
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Là se trouve un hangar à bateaux crasseux, qui sert de débarras, endroit où Tina sera laissée pour morte par une bande de jeunes ivrognes camés que la mère et la fille ont eu le malheur de croiser.
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Combien d'hommes ? au moins cinq, probablement davantage. Et la gamine est là, blessée, cachée, terrifiée... mais courageuse.
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La plume de l'autrice décortique les événements sans concession.
C'est cru, c'est violent, mais ce sont les faits, sans fioritures.
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Beaucoup de sous-entendus, aucune complaisance, Joyce Carol Oates n'est pas faite de ce bois. Elle ne s'étend pas, en dit un peu, pas trop. On devine aisément le reste, on lit entre les lignes..
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Après le récit du viol, nous continuons la plongée dans l'horreur avec la réaction et le regard des gens, puis le procès.
L'autrice ne fait de cadeau ni à la société ni à la justice et ça sonne terriblement vrai.
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Le procédé narratif fait mouche. Emploi de la 3e personne du singulier pour les personnages "secondaires" et de la 2e personne du singulier pour la gamine.
L'emploi du "tu" est remarquable et ajoute encore de l'émotion.
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"Tu étais Bethel Maguire que tout le monde appelait Bethie. Ton enfance a pris fin lorsque tu avais douze ans."
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Nul besoin de préciser que ce roman m'a scotchée (oui, j'aime bien ce mot) et que je le recommande vivement.
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Titrer un roman "Viol" annonce d'emblée la lourdeur du contenu.
Mais ce n'est pas tout.
Faire suivre ce mot de l'expression "une histoire d'amour", vous avouerez qu'il faut être un peu pervers... ou sacrément culottée et talentueuse comme l'est Joyce Carol Oates.
Parce qu'après ce titre coup de poing, il faut que la suite soit à la hauteur.
Et elle l'est, vraiment !
D'emblée, Joyce Carol Oates m'accroche par une entrée en matière saisissante.
C'est sa marque de fabrique, je ne suis pas étonnée, mais là, c'est vraiment percutant et ça soulève le coeur.
Après une scène de viol particulièrement atroce, le lecteur peut se dit que, tout comme la victime, il a passé le plus difficile. La suite va n'être que compréhension, compassion, aide, gestes et paroles d'humanité. La suite, logiquement, va lui faire du bien, tout comme à la victime.
C'est bien mal connaître Joyce Carol Oates, c'est bien mal connaître la société qu'elle décrit.
Et c'est là que la lecture devient terrible.
Les rumeurs nauséabondes fleurissent dans la petite ville. Cette Tina un peu marginale n'a-t-elle pas eu ce qu'elle voulait ? "Elle le cherchait, cette garce. Habillée comme une pute." Tina, fatiguée, qui avait eu la malheureuse idée de traverser le parc pour gagner du temps. "Qui sait ce qui se passait dans ce parc en pleine nuit ?"
À partir de là, pour Tina, face à ses agresseurs, ce sera "sa parole contre la leur". Et la parole de Tina ne pèse pas bien lourd, elle ne fait pas partie de l'establishment, elle.
Dans un court récit dans lequel elle s'adresse à la fille de la victime, Joyce Carol Oates nous entraîne dans le calvaire de Tina et de l'enfant.
Il leur faut subir les ragots, les réflexions malveillantes. Voir les violeurs rouler sous leurs fenêtres, les provoquer en toute impunité. Elles ont peur, la petite fille particulièrement : elle a peur que les coupables reviennent finir leur travail de démolition. Elles doivent subir les horreurs déversées par la presse à sensation, prête à tout pour vendre du papier. Il leur faut subir également le procès, pendant lequel rien ne leur sera épargné. Tout revivre, faire face à un avocat de la défense particulièrement vicieux.
Stop ! Assez ! Cette inversion des rôles est insupportable. Tina et sa fille sont les victimes tout de même !
J'ai lu ce roman avec l'envie permanente d'arriver à la fin. Non parce qu'il ne me plaisait pas et que je voulais vite m'en débarrasser, mais parce que les souffrances de Tina et de sa fille étaient insoutenables et que j'avais envie qu'elles cessent le plus vite possible.
Joyce Carol Oates pousse là un grand cri de colère à la face de la société américaine.
Le viol se déroule le 4 juillet, jour de fête nationale, jour de barbecues entre voisins, jour de grandes réjouissances. Mais cette belle unité de façade cache des dessous nettement moins reluisants. Une société intolérante, qui n'aime pas cette victime pas assez comme il faut. Une société injuste, qui n'accepte pas que la justice fasse son travail, les agresseurs étant des fils de bonne famille.
Joyce Carol Oates dénonce. Avec force. Avec détermination. Avec talent.
Mais les travers qu'elle dénonce sont-ils exclusivement américains ?
La réponse est clairement non, et son livre a une portée universelle. Hélas !
Un court roman d'une intensité incroyable, qui m'a profondément remuée.
La quatrième de couverture parle d'une histoire "racontée avec une éblouissante violence" : c'est tout à fait ça.
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4 juillet 1996
Fête nationale aux Etats Unis.
Tina et sa fille Bethie, 12 ans, regardent le feu d'artifice en compagnie, chez un ami, à Niagara Falls.

Au lieu de rentrer directement, le temps est doux, la température clémente, Tina décide de passer par le parc, ce qui rallonge, mais est plus agréable.

Prises à partie par une bande de voyous, Tina est violée, viol collectif, battue, insultée, tripotée et laissée pour morte, dans un hangar à bateaux. Bethie a pu se cacher sur les injonctions de sa mère, yeux fermés et mains sur les oreilles pour ne pas entendre sa mère supplier, hurler et demander d'arrêter.
L'adolescente préviendra la police. Tina hospitalisée mettra longtemps pour retrouver une "petite" santé, puis une rechute et une nouvelle hospitalisation. Bethie, elle, est marquée a vie. Elle ne veut plus sortir, elle campe à l'hôpital avec sa mère, dans sa chambre, elle craint l'extérieur et sa violence, elle n'aspire qu'à la chaleur, même meurtrie, maternelle.

Les deux femmes sont hébergée par la mère et grand mère. Les salauds qui ont fait ça, cette dernière, les appellera : "des animaux". Mais combien étaient-ils ? Cinq disent les deux femmes, elles en connaissaient certains et réciproquement. Les analyses révèleront 8 adn différents, prélevés dans la bouche, le vagin et l'anus de Tina....

A l'audience, l'avocat de la défense, un cador du barreau, un gagnant, aux honoraires de star a demandé aux accusés de se faire beaux, rasés de près, bonne coupe de cheveux, costume et cravates pour influencer le juge et le jury. Il plaide non coupable de viol. C'est la femme qui les a provoqués, sa réputation la suit, son habillement aussi. A vomir. Mais le pire c'est que cela se passe, pas uniquement dans les livres, mais dans le vraie vie également.

Le descente aux enfers continue comme la vie de tous les jours, la vindicte populaire de la rue, de l'école, des commerçants, des gens que l'on croise dans la rue, les regards, les insultes...

Et cette question que se posent et se poseront toujours ces deux femmes, pourquoi ?? Mais pourquoi ??

Et puis un ange gardien...

L'auteure, dont on connaît la qualité de l'écriture, réalise, ici, un roman d'une énorme intensité tout au long de ses 180 pages. Ecrit à la seconde personne du singulier et s'adressant à Bethie, comme si cette enfant se parlait à elle même, apporte un supplément dramatique important. de plus ce semblant de froideur de rédaction, tel un rapport de police à la manière de Ann Rule, permet au lecteur de se faire son propre avis sur cette affaire - si tant est que l'acte par lui même ne permette pas de le faire immédiatement - sans tomber dans un pathos que les victimes n'ont jamais réclamé, se bornant, malgré, leur douleur, à ce que justice soit faite.

Un grand livre!


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Etats-Unis, Niagara Falls, 4 juillet 1996, la fête a battu son plein toute la journée, les feux d'artifice ont clôturé la soirée. Tina et sa fille de douze ans, Bethie, rentrent chez elles en prenant un raccourci qui traverse le bois au bord d'un étang. Ils sont un groupe de jeunes, défoncés à la « meth. » qui vont la prendre pour cible, la violer chacun à leur tour sous les yeux de sa fille et la laisser pour morte. La suite se perd dans les couloirs d'une justice corrompue et phallocrate, dans les méandres d'une vengeance silencieuse et inébranlable.
Joyce Carol Oates, sous la forme de flashs nés de la mémoire déchirée d'un traumatisme qui a détruit une vie et saccagé d'autres, signe une histoire d'une force inouïe qui marque les esprits et rappelle la violence, la sauvagerie qui sommeille en certaines personnes. Il y a des bêtes à figure humaine qui rôdent dans nos sociétés et pour lesquelles la seule loi du Talion est une réponse efficace.
Traduction de Claude Seban.
Editions Philippe Rey, Points, 183 pages.
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Un roman puissant, violent . Un roman coup de poing. Un roman qui hurle l'injustice, la cruauté et la bêtise. Un roman fort que j'ai lu tremblante et révoltée.

4 Juillet 1996, fête nationale aux Etats-Unis. La soirée est douce. Pour rentrer à la maison, Tina 35 ans et sa petite fille de 12 ans, Bethie décident de passer par le parc. Il est si beau avec son lac.

Mais la nuit, il n'y a pas que les gentils voisins qui profitent du feu d'artifice et du barbecue. Il y a aussi une bande de jeunes sous l'emprise de meth.
Les hommes commencent à aguicher Tina. Très lourds. Puis ils la trainent jusqu'au hangar aux bateaux et canoe kayak. La petite fille après avoir été rouée de coups s'échappe et se cache sous les bateaux.
Terrorisée, impuissante, elle entend sa mère se faire violer, frapper avec une violence sans nom.
Bethie trouvera la force de quitter le parc pour interpeler une voiture. Quand la police arrive, elle découvre Tina dans un état très grave.

Alors que Tina vient de vivre un cauchemar, l'horreur reste à venir.
Les voyous se payent un super avocat qui a bien vite fait de retourner les esprits. La presse s'en même. Les commérages vont bon train. les voix murmurent.
On le connaît le disque : elle s'habille comme une pute, elle l'a bien cherché non? Et puis qu'est ce qu'elle faisait dans le parc? Si ça se trouve, elle tapinait et sa fille aussi.

A vomir. C'est vrai que c'est le rêve d'une femme de se faire arracher les cheveux par poignées entières, de manquer de se faire crever un oeil.

La petite fille aussi a vécu l'enfer. Au collège. Subir le regard des autres. Entendre leurs menaces (elle côtoie les familles des agresseurs). Effacer les insultes sur son casier. Peur qu'ils viennent finir le boulot.

Mais heureusement dans cette ignominie, il y en a un qui prend les choses en main. Et ca fait un bien fou.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Joyce Carol Oates qui reste très objective. Elle livre des faits.

Pas une lecture facile mais la vie des femmes ne l'est pas non plus et en 2021 il reste encore beaucoup de travail pour faire changer les mentalités et les comportements.
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Loin de moi l'idée de donner mon opinion sur l'oeuvre de JCO, car ce n'est que le quatrième livre de cette autrice prolifique (on parle quand même d'une centaine de livres), que je lis.
Je ne suis donc pas oateslogue, mais après la lecture de « Viol, une histoire d'amour. » faisant suite à ma déception, toute relative, de celle ressentie suite à la lecture du long roman Mudwoman, et cette fois, avoir été absolument saisi par la puissance narratrice, la maîtrise de l'écriture, de ce court récit, je serais tenté de dire que les oeuvres resserrées de JCO (j'avais déjà admiré Délicieuses pourritures) sont ce qu'elle réussit de mieux. Mais ce serait comme dire d'avoir visité l'Italie en n'ayant vu que Rome.

« Viol., une histoire d'amour » c'est l'histoire terrible, abominable, d'un des cancers qui rongent notre planète, celle d'un viol collectif d'une jeune femme et mère, accompli par un groupe de bêtes humaines droguées.
Mais c'est aussi celle de l'amour compassionel qu'aura pour la victime un policier pourtant taiseux et froid, genre flic de film de Clint Eastwood; ainsi que celle de l'amour platonique de la fille de la victime pour le policier.

Nous sommes dans un petit village de « l'Amérique profonde » avec sa population un peu fruste.
Toni Maguirre, est une veuve de 35 ans qui élève seule sa fille Bethe, une adolescente de 13 ans. C'est une jolie femme qui, depuis son veuvage a eu plusieurs liaisons, la dernière en date avec Casey, un homme marié en instance de divorce.
Nous sommes le 4 juillet, jour de fête nationale. Après une soirée passée dans une brasserie, Toni préfère rentrer chez elle à pied, avec sa fille, plutôt que d'être raccompagnée en voiture par Casey. Prenant un raccourci par le parc des sports, elle y rencontre plusieurs jeunes du village qu'elle connaît bien.
Ceux-ci,drogués et agressifs, vont l'emmener dans un hangar, la violer, la battre, la torturer, la laissant pour morte. Bethe, ayant réussi à se cacher dans un recoin du hangar, part sur la route chercher de l'aide.
Elle rencontre un véhicule de police, ayant à son bord deux policiers dont John Dormoor, nouvellement arrivé dans le comté. Les policiers retrouvent Toni dans le coma. Celle-ci,après un séjour en réanimation, mettra de longs mois à récupérer, mais avec de multiples et terribles séquelles.
Le témoignage de Bethe et les analyses ADN permettent d'identifier les coupables, du moins une grande partie. Mais ceux-ci nient en bloc et le père d'un des suspects et chef de cette bande fait appel à un avocat retors et malhonnête, qui va d'abord dresser le portrait d'une Toni femme facile, de rapports librement consentis, puis évoquer la culpabilité d'étrangers au village. Libérés sous caution, les violeurs menacent Bethe et sa mère.
L'appel de Bethe à John Dormoor va changer le cours des choses, je vous laisse découvrir comment.

C'est tranchant, saisissant, et formidablement raconté. JC Oates a cet art de ne pas tout dévoiler, de nous laisser deviner ce qu'il y a derrière la narration.
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Dans la liste « Les 100 meilleurs polars américains selon Sang Froid n°3 », c'est un roman sur un crime horrible, sans qu'il y ait une enquête policière puisque les coupables sont identifiés rapidement.

Par une belle soirée estivale, pour rentrer chez elle avec sa fille de douze ans, Tina décide de traverser le parc. C'est tellement agréable un sentier au bord de l'eau… Ce sera une bien mauvaise décision, car un groupe de jeunes va l'acculer dans un hangar à bateaux, la battre, la violer et la laisser pour morte. le policier qui les trouvera, pourtant un héros de guerre, en sera chamboulé.

Si vous avez frémi d'horreur à l'idée de ce chapitre sur le viol, celui où Tina et sa fille iront témoigner en cour provoquera au moins autant d'indignation lorsque le discours d'un avocat retors voudra transformer les victimes en prostituées agressives. Et que penser de l'idée de vivre dans le voisinage des familles des agresseurs qui défendent leurs fils et accusent les victimes de salir leur réputation?…

Un roman heureusement court, car madame Oates s'y entend pour exprimer et transmettre la douleur des victimes, ainsi que la peur et le mal être qui les accompagnera pour toujours.
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Ouff, le puissant petit uppercut que voilà… Joyce Carol Oates aime la boxe et ça se voit, à nos dépends pauvre lecteur !
Je dois être un peu maso car j'ai absolument tout aimé de cette claque bien sentie et je tend volontiers l'autre joue.

Le 5 juillet 1996, quelques heures à peine après les festivités du 4 juillet, dans le hangar à bateaux du parc de Rocky Point, la police découvre le corps agonisant de Tina Maguire.
Attirée dans un guet-apens alors qu'elle rentrait chez elle à pieds avec sa fille de douze ans, par une bande de jeunes hommes ivres et visiblement drogués, elle est insultée, battue, violée et laissée pour morte sur le sol froid et sale du hangar. A l'autre bout du bâtiment, terrée sous une pile de canoës où elle réussit à se cacher, sa fille Bethie a tout entendu.
Mais la parole d'une fille de douze ans aura t'elle un poids suffisant face à la plaidoirie de Kirkpatrick, l'avocat star dépêché par les familles des violeurs ?
Quand elle entend les premières rumeurs, chuchotées dans le dos de sa mère, cette «sale pute qui l'a bien cherché », elle comprend que non.
Voici la vérité terrible des procès pour viol : c'est à la victime (encore faut-il qu'elle soit «en état » de le faire…) de produire les preuves de son non consentement, de prouver qu'elle est bien une victime. le monde à l'envers pensez-vous ? Pourtant, le cas Tina Maguire est décrit avec une lucidité édifiante : face à un juge visiblement plus préoccupé par les retombées politiques de l'affaire, face aux rumeurs et aux insultes des amis bien plus nombreux dans le camp adverse, face au mépris d'une justice qui ne protège pas, face à l'humiliation d'une exposition médiatique forcée, les deux femmes ne peuvent rien.
Cette triste réalité que JCO dénonce ici avec brio n'est malheureusement pas l'apanage d'une certaine Amérique.
C'est, au contraire, l'universalité de son propos qui frappe le lecteur. J'ai eu en tête tout au long du livre l'histoire de la «Manada », ce fait divers sordide arrivé pendant les fêtes de la Saint Fermin à Pampelune en Espagne. Ceux qu'on a surnommés «La meute », avaient violé en réunion une jeune femme, mais c'est son procès à elle qui a parut se tenir à l'époque, avant de soulever les foules jusqu'à faire changer la loi, en faveur des victimes. (Grâce notamment à la très forte mobilisation sur les réseaux sociaux avec le hashtag #yositecreo)
Malheureusement ici pas de soulèvement populaire pour la pauvre Tina qui peinera à se remettre de ses blessures, physiques et morales. Une vie gâchée, condamnée à la peur. A moins que la violence, omniprésente, ne change de camps…

Une lecture en apnée, courte mais percutante, qui m'a passionné.
Ne vous fiez pas à sa taille, c'est du grand Joyce carol Oates.
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Déjà, le titre.
On est habituée au style dérangeant de l'autrice, c'est même une des raisons pour avoir envie de la lire ou pas. J'avoue être attirée comme par un aimant vers la bibliographie (volumineuse) de Joyce Carol Oates. Pour autant, c'est toujours avec un a priori car je sais que je vais souffrir. Tout est si cru que ses mots viennent exploser en plein coeur. Ma propre contradiction réside dans le fait que c'est ce style qui m'attire car il permet d'entrer sans fard dans les interactions entre les personnages.
Une jeune femme est victime d'un viol collectif devant sa fille de 12 ans. Comme souvent, l'autrice met son lecteur face à chaque protagoniste. Cette fois-ci, elle prend cependant clairement parti pour la victime et surtout contre « la masse », ce magma de personnes que l'on côtoie sans connaître et qui pourtant a tout pouvoir : les voisins, la presse, les connaissances, toutes les facettes du qu'en-dira-t-on et des non-dits, la rumeur. C'est sans doute cet amalgame qui est un des personnages principaux.
Mais c'est à l'enfant que l'autrice s'adresse surtout, elle lui parle en utilisant le tutoiement. JCO utilise les moyens à sa disposition pour créer une ambiance particulière, celle de sa signature : elle s'adresse donc à un des personnages et elle utilise l'italique pour créer des confrontations de point de vue. le détournement de la typographie trouve encore une belle place dans ce court roman qui ne manque pas d'intensité et de précision dans sa narration.

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Le récit est court, les chapitres sont brefs, les phrases, percutantes. L'intrigue est aussi simple qu'elle est effrayante. Après le feu d'artifice du 4 juillet, Tina et sa fille de douze ans rentrent chez elles. Elles traversent un parc. de jeunes drogués les agressent et violent Tina, la laissant pour morte. Mais là où l'horreur commence vraiment, , c'est que dans la petite ville de Niagara Falls, les rumeurs vont bon train et si ce qui est arrivé à Tina est vrai, c'est forcément qu'elle l'a bien cherché. La preuve, elle ne peut même pas dire combien ils étaient, ni qui ils étaient, alors que dans cette ville, tout le monde se connaît. Que faisait-elle la nuit, en jupe et débardeur, dans ce parc, à part se prostituer, et sa fille avec elle ? Les agresseurs habitent tout près, ils ont tous des frères, soeurs, parents, cousins, prêts à les défendre. Et lors de l'audience qui devait les défendre, la procureure se laisse piéger par la condescendance du juge et la rouerie de l'avocat.
Une belle démonstration, à charge, des bassesses humaines, de la victime qui a bien mérité ce qui lui est arrivé, puis de sa déchéance dès lors que cette étiquette lui est attribuée. Heureusement, dans cette ville où toutes les règles sont détournées et où l'égoïsme est roi, la justice ne se trouve pas où on l'attend.
C'est ma première lecture de cette prolixe auteure, je poursuivrai probablement.
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