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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
un livre belge qui se passe en Flandres à Anvers pendan la seconde Guerre Mondiale.
La communauté juive de cette ville a payé un lourd tribu et a subi des actes très violents.
Pour raconter l'implication des forces de police, l'auteur choisit un jeune policier pour personnage principal. Il n'est pas forcément sympathique mais plutôt opportuniste et veut survivre à la Guerre sans être contre les Juifs mais sans empathie non plus
Un roman qui, outre l'aspect historique, aborde de nombreuses questions morales. Un style particulier qui oscille entre l'ironique, le caustique et le cynique.
Et un personnage en toile de fond, la ville d'Anvers que je connais bien en tant que Lillois d'adoption !!!
Portrait d'un salaud, certes mais d'un salaud qui ne cherche pas à se faire passer pour autre chose, sans hypocrisie.
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ouf, un anti-héros mais si vrai
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Les 40 premières pages m'ont fait, j'avoue, tomber ce livre des mains, à tel point que je me suis laissée encore 20 pages pour décider si je le continuais ou non. Et j'ai bien fait de continuer, car c'est un très très bon roman.
On assiste à la deuxième guerre mondiale aux côtés du jeune Wilfried, policier de son état, et jeune homme d'une vingtaine d'années. Comment se positionner face aux rafles de Juifs, lorsque la police vient en soutien de l'armée allemande ? Faut-il protester, risquer une mise à pieds, voire une arrestation ? Y participer ? Que faire quand le droit commun n'a plus cours, que la morale habituelle n'est plus opérante dans une ville occupée ? le narrateur met en garde le lecteur : oui, toi lecteur, confortablement installé dans ton canapé, que ferais-tu dans cette situation ? Peux-tu juger, si tu ne sais pas ce que c'est d'avoir faim, ou d'avoir peur pour les tiens ?
Wilfried fait des choix ou n'en fait pas, il se prend les pieds dans le tapis, aide un copain résistant et boit des coups avec les nazis...
Un magnifique portrait d'homme tellement humain.
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Un livre troublant, comme l'annonce son titre qui semble référer au contenu du roman et aussi à l'effet produit sur le lecteur ! Dérangeant dès la première page… J'ai mis du temps à le lire, et j'ai laissé passer quelques jours avant d'écrire cette chronique. Dans trois parties de longueurs inégales, un vieil homme parle à la première personne à un interlocuteur absent qu'il interpelle fréquemment tout au long de son récit : « C'est alors, mon garçon, qu'un type comme moi doit sortir, vieux ou pas. » Il nous dira plus tard qu'il écrit ses souvenirs pour son arrière-petit-fils. Il se présente sans fard au début, et on comprend dès la première page qu'il est raciste.

Le récit de ce policier à la retraite navigue entre le présent et le passé, souvenirs d'enfance et d'adolescence parfois, mais surtout souvenirs de l'Occupation d'Anvers pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je me suis habituée très vite au fait que présent et passé se télescopent parce que la narration est le plus souvent au présent  Le récit n'adopte pas une chronologie linéaire, mais suit le fil de la pensée, saute du coq-à-l'âne, d'une époque à l'autre. Il en va ainsi de la première anecdote racontée ; elle se situe en janvier 1941, sept mois après l'arrivée des Allemands à Anvers, alors que lui-même, Wilfried Wils (« Ce n'est pas vraiment mon nom, mais ça, je te le raconterai plus tard »), et Lode Metdepenningen sont de tout récents auxiliaires de police. Les jeunes collègues sont recrutés par deux Feldgendarmes pour aller rafler une famille juive, les Lizke, dont le père est un personnage épisodique, mais important, du roman. Les deux Allemands se comportent très brutalement et blessent un des cinq enfants. Lode, bouleversé, prend l'enfant blessé dans ses bras. Un « Feldfritz » sort sa matraque pour frapper le jeune homme, mais Wilfried stoppe son poignet, se révélant alors capable de courage dans le feu de l'action.

Mais le lecteur découvre petit à petit la dualité du personnage, dualité qui prend peut-être racine dans l'enfance : atteint par une méningite à cinq ans, Wilfried se réveille après quatre mois de coma, mais ne se souvient plus de rien, ni de ses parents, ni de son prénom. Il pense s'appeler Angelo et doit tout réapprendre (pages 48 à 50). Son indécision, son inertie, sa passivité viennent-elles de cet événement ? Ne sont-elles pas plutôt le reflet de sa lâcheté et de sa volonté de sortir indemne de cette période si trouble, justement ? Angelo est présenté comme le double cynique et violent d'un Wilfried pas si mauvais que ça ; cet ami imaginaire, ou plutôt cette face sombre de lui-même, prend parfois l'avantage et parfois se contente de ricaner en jugeant sévèrement et à l'aune de sa propre morale les actes ou le refus d'agir de Wilfried. Dualité encore ou duplicité ? Lode Metdepenningen, le meilleur ami (?) et beau-frère de Wilfried est du côté de la Résistance. Mais Felix Verschaffel, son « mentor » en français et en littérature, et en bien d'autres choses…, surnommé Barbiche Teigneuse, affiche pour sa part ses sympathies nazies et se réjouit quand il peut apporter son soutien actif à la cause. Et Wilfried ? il suit l'un ou l'autre, selon les circonstances, se contentant pendant longtemps de laisser passer l'orage. On le sait pourtant capable de violence. Dès le début du livre (p. 44 à 46), il va tenter de noyer le chat de sa femme parce que l'animal lui a filé une puce…

J'ai trouvé ce livre prenant, mais particulièrement dérangeant. le personnage principal apparaît ambigu et antipathique, même si on sent çà et là la volonté, non pas d'être aimé, me semble-t-il, mais d'être compris. Est-ce un parfait salaud ? Il tente de s'en sortir au quotidien, et pour ce faire, il adopte un attentisme assurément prudent, jusqu'à ce que… La distance, parfois le détachement avec lequel Wilfried présente ses souvenirs, la plupart du temps comme le ferait un témoin plutôt qu'un acteur, impose au lecteur une grande réserve, je crois. J'ai l'impression que c'est en partie ce point de vue distant qui m'a ramenée sans cesse à la question : « Et là, dans cette situation précise, qu'aurais-je fait à sa place ? » Impossible de répondre… J'ai regretté cependant que la deuxième partie du roman ne soit pas plus resserrée : les mêmes interrogations reviennent et j'ai eu le sentiment qu'on tournait un peu en rond.
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Je ne débute cette critique que longtemps après avoir lu ce roman.
L'envie m'en est née après en avoir écrit une autre sur le fracas du temps de Julian Barnes. J'y ai retrouvé un thème commun : qu'aurais-je fait dans cette situation ?

Wilfried, un très vieil homme, se remémore son passé durant la seconde guerre mondiale et écrit ses mémoires à son arrière-petit-fils, c'est un long monologue sans véritable chronologie, et entre-coupé de relation de sa situation actuelle, malade, mouton noir pour sa famille et vivant seul à l'exception des visites de so infirmière.

Anvers en 1940, la ville est occupée par les Allemands et il lui faut peu de temps pour retrouver une vie normale.
Wil, le protagoniste principal, est un véritable anti-héros et un personnage ambigu.

Il se considère comme poète mais pour échapper au travail obligatoire en Allemagne, trouve un emploi à la police d'Anvers.
Il se fiance avec la belle Yvette, dont le frère, Lode, fait également partie de ce corps.
Ses ambitions littéraires sont encouragées par son professeur particulier surnommé barbiche teigneuse.

Ambigu il l'est certes, d'un côté il aide Lode qui est résistant à cacher un juif et lui apporte nourriture et livres et de l'autre, il participe en tant que policier aux grandes rafles de juifs. Il ne prend pas position, il se laisse mener par les événements et tente de survivre.
Barbiche teigneuse, son mentor est quant à lui admiratif des Allemands et hait les juifs.
Tout cela est raconté par lui sans rien cacher.
Il apparaît donc parfois sympathique, mais parfois odieux, son portrait par lui-même est nuancé mais ne tache-t-il pas parfois de plaider en sa faveur ?

On y découvre aussi sa tante, tante Emma, maîtresse d'un officier allemand pendant la guerre et maîtresse d'un Canadien lorsque la guerre est finie.

La ville d'Anvers est un personnage important. le narrateur nous entraine dans ses rues, en les nommant toutes, il nous décrit ses bars, les Anversois heureux de voir les juifs partir de la ville, le marché noir, la collaboration des autorités avec l'occupant, la situation morale de la ville occupée, le double-jeu mené par certains afin de pouvoir s'en sortir si après la guerre la situation devait se retourner.
Tout le monde prend des libertés avec ses principes.

Ce récit joue le rôle de miroir, et j'ai la certitude que l'auteur l'a voulu ainsi : qu'aurions-nous fait dans ce contexte ?

Le roman a manifestement fait l'objet de recherches historiques, nombre de détails le confirment.
Il se lit facilement et rapidement.
Je l'ai aimé.







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Désormais, certains écrivains n'hésitent pas à donner un joli coup de pied dans la fourmilière des clichés historiques. Je me rappelle d'un roman qui m'avait impressionné par sa puissance, par sa fureur. Il s'agissait du roman Les Bienveillantes de Jonathan Little qui nous racontait l'horrible odyssée d'un soldat nazi et, notamment, de ses exactions durant la solution finale. Entre le sérieux de la recherche et la démesure de la folie nazie, Littel avait écrit un impressionnant roman historique à des lieux des figures habituelles de résistants et collaborateurs.
Plus tard, j'ai lu le premier volet des enquêtes de Sadorski , série de romans policiers dont le héros n'est autre qu'un inspecteur des renseignements généraux chargé notamment de trouver des juifs.
Un anti-héros, un parfait salaud, mais Slocombe a le mérite de présenter une figure de "salaud honorable" déterminé à retrouver l'assassin d'une jeune femme.
Autant le dire, j'aime ces titres qui n'ont pas peur de nuancer leurs propos plutôt que de nous obligés à suivre les habituels figures de guerres. Certes, de temps en temps, nous avons besoin de nous souvenir de bravoure et de braves, c'est normal. Après tout, il est bon de se souvenir des héros et des actes positifs pour ne pas se figer dans un dangereux cynisme. Cependant, je suis de ceux qui pensent que tout n'était pas noir ou blanc, que le héros d'hier peut devenir le salaud de demain. C'est tout aussi important d'en tenir compte. Et dans cette lignée de fictions historiques nuancées , j'ai tout simplement aimé Trouble de Jerry Olyslagens.
Moins furieux que Les Bienveillantes, moins policier que les romans de Slocombe, Trouble a le mérite d'être plus fin, moins "physique" mais plus psychologique. Sa subtilité en fait un roman profondément impressionnant sur le climat de la Seconde Guerre Mondiale et sur les rôles du collabo et du résistant.
Dans ce roman, nous suivons la confession de Wilfred Wills à son arrière petit-fils. Wills lui raconte sans détour dans un monologue au style direct ce qu'il a vécu , ce qu'il a fait durant la seconde guerre mondiale en tant que policier d'Anvers. Wills, c'est un peu l'incarnation de la banalité civile en temps de guerre. C'est un personnage lambda qui exerce la profession de gendarme à Anvers et qui de ce fait va se retrouver mêlé à différents rafles de juifs. Wills va collaborer mais en même temps, il aidera un ami résistant. Bref, c'est un comédien qui jouera sur tous les fronts pour survivre. L'auteur ne cherche pas à juger ce personnage. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est justement cet empathie autour de Wills même si certains actes de ce dernier seront toujours condamnables.
Trouble est un titre fascinant car c'est vraiment dans des eaux troublantes que l'écrivain plonge ses lecteurs. La confession de Wills est sans tabou, sans censure, que ce soit des quelques scènes de rafles, dans les soirées dans les bars aux cotés de soldats et officiers allemands jusqu'aux scènes de sexe. Rien n'est caché. de plus, la vieillesse du personnage donne à ce récit l'allure d'une confession maudite mais sincère. Trouble mêle une écriture intimiste, la confession d'un pauvre hère qui s'appelle Wilfred Wills à l'écriture du vécu , du témoignage historique.
De plus, Trouble ne perd pas de temps en digressions trop historiques. L'auteur reste focus sur cette confession directe, avançant au gré des années d'occupation sans compter la ligne du moment présent dans laquelle un Wilfred Wills vit avec ses regrets et ses démons.
C'est un roman très amer duquel une certaine tristesse émerge. Certes, le personnage principal a commis certains actes radicaux. mais j'ai trouvé que l'auteur met aussi en valeur le fait que ce soit cette époque qui l'a écrasé et forcé à faire des choix pas vraiment moraux. D'un coté, il y avait un fort antisémitisme, de l'autre , un certain aveuglement due à l'immédiateté de la situation. Personne ne pouvait prévoir à quel point les choses tourneraient mal. Et dans ce tsunami, il y a Willfred Wills tentant de s'accrocher comme il peut au milieu des ravages des vagues.
N'oublions pas les personnages secondaires, tous très bien écrits comme Barbiche teigneuse, l'antisémite convaincu qui est féru de poésie française, Nicole la rebelle, ambitieuse chanteuse, Lode le résistant amoureux ,etc... Tous les personnages possèdent une sorte d'ambivalence qui les rendent tous attachant.
Enfin, notons le final de Trouble qui contribue justement à cette atmosphère des plus troublantes. Un final qui joue avec le lecteur...De quoi conclure l'amertume d'une époque cruelle dont les survivants en furent aussi les victimes à certains égards...

Trouble est un roman historique fin et direct. Un roman qui questionne sans hésitation la véracité des figures héroïques et mauvaises dans une période tumultueuse. C'est un roman nécessaire par son besoin de refléter une vérité douloureuse sur le quotidien en des temps fortement troublés.

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La Feuille Volante n° 1348 – Mai 2019.

TroubleJeroen Olyslaegers – Stock.
Traduit du néerlandais par Françoise Antoine.

Wilfried Wils revient sur son passé et se raconte, dans un long monologue, à son arrière-petit-fils qu'il ne peut pas voir. Quand il commence son récit, il a 22 ans à Anvers et les nazis occupent le pays. Il a l'âge d'être envoyé en Allemagne au titre du « Service du travail obligatoire » et, pour y échapper, entre dans la police comme auxiliaire. En France ses contemporains ont plutôt rejoint la Résistance, le maquis. Dans ces fonctions il connaît une situation plutôt ambiguë puisqu'il doit traquer ceux qui, comme lui, fuient le STO. de plus Anvers est la ville des diamantaires où les Allemands procèdent à des rafles et des déportations et d'un côté son collègue Lode le met en relation avec des résistants qui viennent en aide à des Juifs et de l'autre, son ancien professeur devenu son mentor, surnommé Barbiche teigneuse, le présente à des collaborateurs. Ainsi est-il, témoin et acteur, ballotté entre antisémitisme, collaboration avec l'occupant, dénonciations et résistance au cours de cette période trouble mais sans jamais pouvoir ou vouloir prendre parti pour un camp ou pour un autre, acceptant sans trop réfléchir les missions qui lui sont confiées avec pour seul objectif survivre. Il a en effet contact notamment avec le boucher traficoteur dont il finit par épouser la fille, Yvette. Il est effectivement mal à l'aise dans son uniforme de policier notamment parce qu'il écrit des poèmes sous le pseudo d' « Angelo », sa voix intérieure, sa part d'ombre. Ce personnage n'est pas là par hasard puisque, lorsqu'il avait 5 ans, Wilfried a été victime d'une méningite, est resté longtemps dans le coma et à son réveil il a dû tout réapprendre et a fini par penser que ses parents le trompaient sur sa propre identité. Ainsi imagine-t-il Angelo, poète à la fois violent et passionné, rêvant pour lui d'un destin littéraire qu'il ne connaîtra pas, quand Wilfried reste lui dans la normalité, une illustration manichéenne de sa personnalité, une dualité troublante dans cette période. La publication de ses poèmes se fera après-guerre, mais sous le titre de « confession d'un comédien » sous le pseudo d'Angelo, Wilfried, lui, restant policier.

Il y a aussi un contexte familial particulier et difficile puisque que sa famille l' abandonné, car si lui est plus que « trouble » dans son attitude, sa tante elle choisit de profiter pleinement de la présence de l'ennemi. Il y a aussi lui l'idée prégnante de la mort, celle de son fils, de sa petite-fille, dévastée par son attitude, puis de sa femme. Pourquoi écrit-on ses mémoires ? Pour nourrir son oeuvre quand on est écrivain, pour laisser une trace après sa mort pour sa descendance, pour faire le bilan de sa vie, se justifier aussi et c'est sans doute ce que veux faire Wilfried quand il destine cette confession à son arrière-petit-fils parce que, dans un telle démarche, surtout si elle est spontanée, il y a toujours la contrition et la recherche de la rédemption. Il a survécu à cette période orageuse au terme de nombre de compromissions personnelles et souhaite s'expliquer pour laisser sans doute une bonne image de lui. Il est difficile au lecteur de prendre parti. Je ne suis pas très sûr qu'il soit cependant sincère dans sa démarche puisque, écrasé par la culpabilité, il ne lui reste plus que cela, avant sa propre mort, pour justifier sa conduite. Pour ceux qui n'ont pas connu la Deuxième guerre mondiale, il est difficile de juger objectivement ceux qui ont chaque jour dû survivre, parfois au prix d'abandons, de machinations, de compromissions, de trahisons, autant de situations dont on n'est pas fier après coup mais qui ont permis de sauver sa propre vie. Cela nous revoie à l'éternelle question qu'on ne peut pas ne pas se poser. « Qu'aurais-je fait si j'avais vécu à ce moment-là ? » que je me suis souvent posée. J'aurais probablement fait comme la plupart des gens de cette époque, j'aurais cherché à survivre pour moi-même et pour ma famille en évitant de jouer les héros, une attitude de tiède qui n'a rien de bien glorieux. La dualité du personnage qui a traversé cette vie en solitaire est intéressante puisqu'elle nous concerne tous. En outre cette période se prête particulièrement bien à l'étude de l'espèce humaine qui trouve dans ces événements matière à révéler sa véritable nature, bien loin de ce que tous les propos lénifiants qu'on nous a souvent assénés. Elle est capable du pire comme du meilleur, mais bien souvent du pire, à l'image des salauds ordinaires qui pullulaient sous l'Occupation. Cette fiction évoque aussi l'histoire de la Belgique face à l'occupation allemande et notre littérature nationale a également trouvé là matière à réflexion et à écriture.
Sur le plan de la forme, j'ai noté beaucoup de longueurs, des faits et des personnages multiples, ce qui m'a un peu rebuté.
©Hervé Gautier.

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Littérature du Nord de mon pays, une LC avec Anne, Maryline et Kathel dans le cadre du mois belge, l'envie de prolonger "le flirt flamand" initié par la Foire du Livre de Bruxelles.

Wilfried Wils écrit ses confessions à l'attention de son arrière-petit-fils, il est au seuil de sa vie et revient sur sa jeunesse et les périodes "troubles" du début de la seconde guerre mondiale.

Est-il sincère ? On peut en douter, lui qui publia après la guerre de la poésie sous le titre évocateur de "Confession d'un acteur"?

Anvers 1940, Wilfried Wils a 22 ans et pour échapper au Travail Obligatoire, s'engage comme auxiliaire de police. C'est le tout début et avec son collègue Lode - fils d'un boucher qui deviendra son beau-frère - ils sont "réquisitionnés" pour participer à l'arrestation de la famille de Chaïm Lizke.

Le décor est planté, Anvers, cité diamantaire avec forte concentration de population juive. Wil va participer bon gré, mal gré à la mise en place de la politique anti-juive, arrestation, déportation, lynchage.

Partagé entre Lode, son beau-frère résistant et son ancien prof collabo "Barbiche Teigneuse", Will ne choisira pas son camp. Wil est passif, il exécute pour sauver sa peau dira-t-il .

Trouble, le personnage qui dans sa petite enfance a perdu la mémoire suite à une méningite. Il a dû réapprendre son nom, celui de ses parents et a développé une double personnalité. Il y a Wil dans la normalité et Angelo pour le côté obscur, violent, passionné, poète et hargneux.

Trouble est sa relation avec Lode qui un moment lui fait des avances, attiré par lui mais aussi résistant et sensible.

Trouble l'histoire de la tante de Wil qui mène la grande vie avec l'ennemi.

Trouble enfin (le roman porte très bien son titre) la construction du roman qui sans chronologie, nous livre les souvenirs d'hier ou d'aujourd'hui de son narrateur. de quoi se perdre au début j'avoue , les personnages multiples, les faits qui s'entremêlent. Il m'a fallu un certain temps pour apprécier cette structure chaotique qui fait en réalité parfaitement écho au récit. Les pièces s'imbriquent finalement les unes dans les autres et tout s'éclaircit et captive.

Une histoire sombre, celle de la ville d'Anvers où l'administration et la police sont à la botte de l'occupant, un récit illuminé par la présence d'Yvette la future épouse de Wil.

Pris continuellement entre deux réalités, à l'image de lui même Wil versus Angelo, c'est l'absence de choix qui est marquante. Une dualité à l'image de ses actes ; d'une part il participe à des rafles, de l'autre il prend soin d'un juif.

Le bien, le mal, où se situe la frontière ?

Cette absence de choix mais peut-il objectivement faire un choix dans sa réalité ? et l'inévitable question comment aurais-je agi en de telles circonstances ?

C'est sur un fond de tableau de Bruegel avec Margot la Folle et la poésie de Rimbaud que Jeroen Olyslaegers nous livre ce récit magistral sur Anvers et son histoire. Une histoire qui malheureusement semble toujours dans une moindre mesure à l'ordre du jour.... Malgré la narration coupée, non chronologique, un roman complexe, riche avec un vrai style. Un récit marquant, incontournable.
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Au soir de sa vie, Wilfried Wils se souvient et recompose de mémoire son existence, et notamment la période sombre de l'occupation. Il avait vingt-deux ans, vivait avec ses parents à Anvers, et était policier, ce qui signifiait participer parfois à des actions qu'il réprouvait, sans pouvoir toutefois s'y soustraire.
Pris entre son amitié pour son collègue Lode, plus carré et plus idéaliste que lui, son amour pour Yvette, et ses relations avec son professeur, un collaborateur qu'il surnomme Barbiche Teigneuse, le jeune Wilfried ne sait pas quel parti prendre, balançant entre résistance molle et participation peu active à des exactions à l'encontre des Juifs.

Le roman dévoile l'influence de ces années de guerre sur toute la vie de Wilfried en alternant les époques, et en étudiant ses relations avec les membres de son entourage.
Entrer dans les pensées du vieillard qui veut laisser une trace, des explications, à son arrière-petit-fils lycéen, n'est pas une sinécure. Malgré son grand âge, il reste cynique et grinçant, ne regrette presque rien, cherche constamment à justifier tout ce qu'il a pu faire. Il fait intervenir à cette fin son double, inventé dans son enfance, Angelo, qui aurait été son côté maléfique. L'ambiguïté est le maître-mot de ce roman.

Il ne faut pas venir chercher dans Trouble des personnages tout d'un bloc, sans faille, ou d'un courage hors du commun. Scruter des personnalités souvent lâches et pitoyables, en premier lieu celle du « héros », ne rend pas la lecture facile, mais passionnante, oui, et posant des questions universelles.
Bien qu'il ne soit pas dépourvu de quelques longueurs, le texte dense et fort, peu dialogué, restitue brutalement l'atmosphère menaçante d'une ville aux prises avec les heures les plus sombres de son histoire, ainsi que les motivations de chacun des protagonistes, souvent peu reluisantes.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Très belle découverte. Anvers 1940 occupée par les bottes allemandes, ville hautement stratégique par sa position géographique, ville terriblement attirante par l'éclat de ses diamants.
Au crépuscule de sa vie, Wilfried se souvient du jeune homme qu'il était alors. A son arrière petits-fils, il écrit une confession sans concession. Entre ses aspirations de futur grand poète et son statut de policier dans une ville sous domination nazie, où se trouve la ligne de partage entre le bien et le mal, entre la séduction d'un maître à penser collaborateur, le courage d'un frère d'arme et la découverte de l'amour avec Yvette ? Une époque confuse ne peut-elle engendrer que des comportements troubles, des actions troublantes, une certaine confusion latente….
Travaillant habillement les allers et retours entre le passé et le présent, Jeroen Olyslaegers compose une oeuvre tout en subtilité, saupoudrée d'une bonne dose d'acuité et d'une grosse pincée d'acidité. Point de jugement moral, de nostalgie, ni d'héroïsme sublimé par le passage du temps. L'auteur, au contraire, ouvre grand les yeux laissant tout sa place à la lucidité et à l'auto-critique. le résultat est éblouissant sur le fond, brillant sur la forme grâce à un style au cordeau. Tip top comme disent nos amis suisses.
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