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Claude Schmitt (Traducteur)Jean-Christophe Bailly (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782842053994
61 pages
1001 Nuits (12/05/1999)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Le murmure de Paris (Il mormorio di Parigi, 1986) est un recueil de récits de voyages effectués par Anna Maria Ortese dans les années soixante en qualité de journaliste. Mais par delà les cinq villes qui sont le sujet apparent de ces histoires -- Paris, Naples, Londres, Palerme, Gênes -- c'est l'invitation à une descente hallucinée dans la conscience de la voyageuse : beauté, misère, désespoir, effroi, candeur, étrangeté... Tout le mystère et le fantastique des îles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«Le murmure de Paris» est composé de récits de voyage effectués en train par Anna Maria Ortese, récits qui relatent ses impressions et ses rencontres dans le train et dans cinq villes : Paris, Londres, Palerme, Gênes. A les parcourir on va d'enchantements en enchantements.
Car Anna Maria Ortese c'est avant tout un regard qui a su garder une candeur enfantine, étonnée et bouleversée par la beauté fugace, toujours renouvelée du monde qu'elle décrit comme dans un rêve coloré.

Paris :
p 31« L'eau et l'air s'en allaient par-dessous ses trente ponts, et des barques coloriées, et des péniches peintes avec des pavillons, et la foule, et des lumières. Et tout autour, quand l'oeil réussissait à embrasser les deux rives à la fois, il y avait des arbres transparents sous la nouvelle lune, une lune verte, et Paris s'élevait (ou avait l'air de s'élever ?), oui, petit à petit il s'élevait, quittait la terre, se perdait dans le ciel.»

Arrivée à Palerme
p 84 «La ville qui, le matin, depuis la mer, m'était apparue modeste, quelconque, sans même élever un cri, une voix, s'étaient merveilleusement animée. de forts beaux jeunes gens et des femmes allaient et venaient, continuellement, sur les trottoirs, en conversant sur un ton vague et bas, avec une langueur de cygnes. Et les cloches ! Et ce parfum aigu de vanille, d'amande, de mandarine ! La ville ressemblait à une tarte lisse, blanche, verte et jaune de durs fruits confits. Oui, elle est peut-être trop sucrée.»

Elle est aussi attentive aux êtres qu'elle croise qu'ils partagent un compartiment de train ou qu'elles les côtoient dans la rue, dans un café, chez des amis. Elle sait deviner leur souffrance et elle les entourent, les caressent en employant des mots bouleversants de douceur et de délicatesse et empreints de bonté ; oui, de bonté un mot qui n'est plus beaucoup utilisé par les temps qui courent.
Ainsi de Roger qu‘elle entrevoit dans la cuisine chez son ancien professeur de piano, Roger un coeur simple qui, à trente ans, reste un enfant.
«Roger n'avait pas beaucoup grandi, il était resté un petit garçon ; un enfant du Paradis, tout simplement.
Sa petite silhouette (celle d'un garçon de douze ans) s'achevait par une tête presque rouge, fine, avec deux yeux plein de joie et de silence, pleins d'un rire humble et d'une antique stupeur. Des yeux gais, sans histoire, et avec toutes les histoires possibles ; sans espoir, et cependant brillants de paix, d'amour. Comment cela pouvait se faire, je ne le comprenais pas.»p 44

Je laisse la parole à Claude Schmitt qui préface ce livre pour qu'il achève de vous convaincre de lire Anna Maria Ortese, une grande dame solitaire et humble.
«Nuages. Des diverses hallucinations dont les récits d'Anna Maria Ortese sont le recueil infiniment troublant, la mutabilité du ciel est le plus souvent cause. le livre est comme parcouru de nuées qui métamorphosent sans cesse les lieux, les objets, les êtres, l'âme du narrateur, son regard sur les choses, sa confiance dans l'être humain, sa peur. Rien de confortable, rien d'assuré pour cet éternel voyageur sur la terre.

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Par hasard j'ai fait la connaissance de cet auteur en lisant le livre "Une traversée de Paris" de Eric Hazan....
Je me suis laissée fasciner par le thème de la Ville Lumière, leitmotiv des mes études à l'Université ....
C'est pour cette raison que je lirai son livre "Le murmure de Paris" ....

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il y a des doigts, c'est-à-dire des cheminées, et il y a des yeux et des oreilles, et les yeux et les oreilles ce sont les gentilles-jaunes fenêtres de Paris, dans le soir d'août, à l'écoute de toute chose, pleines d'un regard de passion pour toute chose. Et de la tête aux pieds de ces maisons-magiciennes, de ces maisons de l'autre monde -- le monde humain partout disparu --, crient, résonnent, chantent toutes les couleurs de l'écharpe d'Iris, toutes les couleurs qui sont dans l'arc-en-ciel de Paris. La plus forte en est la jaune ; comme il sied en l'honneur du gris, mais le rouge se montre à son tour à l'improviste aux rideaux des fenêtres et des magasins d'un immeuble-palais, un rouge laque, un rouge rubis, et soudain, d'un autre endroit de la rue -- de la place, du pont ou du bois --, des troupes de turquoises font mouvement à l'assaut du téméraire, épaulées par des verts et des violets qui se confondent, à la faveur de l'ombre avec le vert du fleuve. Depuis le lointain, depuis le fleuve, s'avancent des roses et des blancs, et bientôt la bataille des couleurs fait rage sur le Paris du crépuscule. C'est à ce moment-là qu'apparaissent ses réverbères de perle noire. p 34
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Je n'ai pas vu beaucoup d'oeuvres du Greco, mais je suppose que c'est d'un de ses tableaux qu'était descendu, l'autre jour, le couple de jeunes hommes assis à quelques mètres de moi, sous les miroirs.
(...) Des voix comme des joyaux secs et purs dans la poussière. Ensuite la beauté. Les jumeaux sont grands, noirs de partout sauf de peau, laquelle a des nuances grises et vertes. Les figures sont latines, mais émaciées, allongées, avec des yeux, des nez et des bouches d'une ligne pure, mais dans une immobilité byzantine, à l'intérieur d'une fureur glacée ; grands, calmes et tristes ; non plus des figures : des pensées. Ils sont calmes et beaux ; grands, calmes et tristes. Ils discutent, quoique dans un chuchotement. Ils ont des regards comme chez Picasso : taillés en deux ou trois facettes d'attention, de sévérité, de silence. p 57
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