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sur 29472 notes
Je ne regarderai désormais plus de la même façon ces caméras qui s'installent dans tous nos espaces publics. Je viens de lire le plus célèbre roman de George Orwell, 1984, dans la nouvelle traduction de Josée Kamoun. Version modernisée, adaptée aux formes linguistiques et idiomes contemporains. La novlangue qu'ont connue les lecteurs francophones de la première traduction de 1950 est devenue le néoparler. Mais Big Brother est resté Big Brother. Il a survécu au temps, s'y est incrusté, et a même prospéré, pas seulement dans le langage. Ne l'avait-il pas prophétisé ?

Je sors de cette lecture un tantinet oppressé. J'ai besoin d'air pur. Si la traduction est réussie au goût du lecteur tardif que je suis, je suis heureux que prenne fin la torture de ce talent littéraire. Talent immense et incontestable. Au point qu'il peut enfermer le lecteur dans son monde pervers et remettre en question ni plus ni moins que son plaisir de lecture. Et ne lui donner qu'une seule hâte, celle de sortir des griffes de Big Brother.

Et pourtant, dans les griffes de Big Brother, nous autres lecteurs du 21ème siècle nous y précipitons volontairement de nos jours à grands pas, par le truchement de ces appareils qui ne quittent plus nos poches, se sont installés chez nous, ces autres qui suivent les déplacements de notre carte bancaire, et tant d'autres encore. George Orwell en grand visionnaire d'une époque où n'existait encore ni internet, ni reconnaissance faciale avait envisagé cette ère qui est déjà là. Une ère qui au petit homme retire son libre arbitre pour l'inclure avec son assentiment inconscient, à l'insu de son plein gré, selon une expression désormais galvaudée, dans ce que Yuval Noah Harari dans son ouvrage Homo Deus, une brève histoire du futur, appelle la grande bulle de données. Bonne nouvelle l'intelligence survivra. Mauvaise nouvelle, elle sera artificielle. A qui profite le crime ? L'être humain devient la cible du grand marchandage planétaire. Et quid du sentiment dans tout ça ?

Sentiment dont George Orwell vide la conscience humaine, y compris le plus noble : l'amour. L'individu n'existe plus. Il est part d'un tout. Absorbé, phagocyté par une organisation aux contours mal définis mais omnipotente, laquelle a pouvoir de vie et de mort sur terre y compris de retirer à l'individu ce qui fait prospérer l'humanité, le corollaire de l'amour : l'instinct sexuel. Et de gérer la reproduction, la perpétuation de l'espèce sur un plan comptable et non plus affectif.

Au sortir de la seconde guerre mondiale et de l'avènement du communisme, George Orwell est inspiré par ces grandes tyrannies broyeuses d'individus qui s'ingénient à faire des individus des êtres décérébrés, dépourvus de toute velléité de pensée autonome, inféodés à une idéologie totalitaire. le régime s'autogère de façon collective et se perpétue par voie biologique. Eugénisme, sélection, assujettissement, bienvenue dans le monde de Big Brother. "Le pouvoir, rien que le pouvoir pur". le pouvoir n'est pas un moyen, il est une finalité.

La grande idée étant la réécriture du passé, l'abrogation de la mémoire, le modelage de la pensée aux contingences du moment. le présent abolit le passé. le mensonge est institué en vérité. La grande idée c'est aussi le "Ministère de la paix en charge de la guerre, celui de l'amour qui s'occupe de la torture, le Ministère de la vérité de la propagande et celui de l'abondance de la disette". Tout cela savamment orchestré pour entretenir et diriger la rancoeur de la grande masse des "prolos" vers des boucs émissaires. C'est du grand art. C'est déprimant à souhait. Voyage dans les abysses du désespoir, de la résignation, pour la prospérité du Parti et d'une minorité qui a fomenté tout cela à son grand bénéfice. Comme d'habitude, on ne refait pas le monde. La Ferme des animaux nous le confirme.

Archétype de dystopie, un ouvrage qui vous lave le cerveau. Vous fait promettre de ne pas le relire. A moins que…

A moins que la réécriture du passé vous fasse oublier sa lecture et qu'un d'optimisme inconsidéré guide votre main vers sa reliure sur le rayon de la bibliothèque, que vos yeux se portent sur les premières lignes : "C'est un jour d'avril, froid et lumineux et les pendules sonnent 13:00." … Et vous voilà de nouveau sur les pas de Winston Smith à ne plus pouvoir vous en extirper jusqu'à vous convaincre d'amour pour Big Brother. La boucle est bouclée. Bonne chance à vous.
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Je me faisais un devoir de lire enfin ce classique de la littérature qu'est 1984 et j'en termine la lecture avec un certain désappointement.
Le récit m'a souvent paru long, que ce soit la première partie et la mise en place du contexte mais aussi et surtout la dernière partie qui décrit de façon méthodique et exhaustive la rééducation de Winston jusqu'à l'écoeurement.
Comme cela à déjà été évoqué dans nombre de critiques déjà, les références à l'URSS de la guerre froide (entre autres) sont omniprésentes et hormis le contexte historique on imagine que la fiction à été plus que rattrapée par la réalité. J'ai eu l'impression que la structure du récit réussissait à nous imprégner de cette pesanteur de vivre et de ce sentiment d'être en sursis, jusqu'à cette troisième partie qui ajoute le désespoir dans son implacable cruauté.
En fait à l'arrivé j'ai l'impression d'avoir lu un catalogue de ce qui se fait (se ferait ?) de pire dans une société, la phase de rééducation si bien détaillée et illustrée me laisse un sentiment mitigé, une sorte de voyeurisme contraint et forcé que je n'apprécie pas (mais c'est bien sûr le but ?).
Peut-être qu'à l'époque où il a été écrit, ce livre aurait pu paraître une fiction ou un avertissement, mais pour ma part le lire aujourd'hui ne m'aura pas apporté ce que j'en espérais, je parle de ressenti personnel bien sûr.
J'ai comblé une lacune en lisant ce classique, mais je suis soulagé d'en avoir terminé la lecture.
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Mon avatar : le robot pensant montre que je lis 1984 : Winston devient un robot, et O'Brien a supprimé sa pensée.
Je viens de le relire. C'est terrible.
George Orwell, en 1949, imagine ce scénario politique qui se passerait 45 ans plus tard ...
Londres, 1984. Winston ( 40 ans) travaille aux archives du Parti, gouvernement que dirige Big Brother pour Océania, un des trois méga-pays qui se partagent le monde. le télécran, sorte de télévision avec caméra, surveille les six millions de membres du Parti, pour qu'ils restent dans l'orthodoxie : "Big Brother is watching you", partout et tout le temps !

Julia (24 ans), membre aussi du Parti, tombe amoureuse de Winston. Tous deux trouvent une cachette chez Mr Charrington pour se retrouver dans l'intimité sans le Télécran.

O'Brien ( environ 60 ans), membre du Parti interne, ceux qui commandent vraiment, fait un clin d'oeil à Winston : La Fraternité de l'opposant Goldstein existerait-elle vraiment ? Dans ce cas, Winston aimerait échapper à Big Brother, et retrouver la liberté qui existait quand il était petit, une liberté d'action et surtout de penser : le moindre tic nerveux est épié par le télécran qui est partout !
.
A la première lecture, je me suis ennuyé : encore un roman politique !
Mais là, avec le contexte de sortie de deuxième guerre mondiale, les atrocité commises par les sbires d'Hitler et de Staline, ce dernier toujours vivant au moment de la sortie du livre, je vois l'enjeu.

"Orwell s'est engagé dans la dénonciation du stalinisme, ce qui lui a notamment valu d'être durablement proscrit, ignoré et calomnié par les communistes intégristes, d'être qualifié de “renégat du socialisme” par les organes soviétiques et de voir son livre majeur, 1984 (un anagramme mathématique de 1948, date de sa rédaction), interdit en URSS jusqu'en 1985 " ( cairn.info)
.
Je pense que ce livre est plus qu'un message : un avertissement :
attention, peuples démocratiques d'Angleterre et d'ailleurs, ne laissez-pas une dictature oligarchique comme celle d'Htler ou de Staline s'installer au pouvoir dans votre nation libre, démocratique ! Ne perdez pas les jours heureux, le rire et le sourire, qui ont complètement disparu dans ce livre, où la terreur et la haine, la manipulation et les tortures dominent : ne sortons pas de l'inquisition jésuite, du nazisme, du communisme pour retomber dans cette erreur : il y a d'autres façons de gouverner que par la terreur !

Bon, pour un élève de troisième, c'est un livre dur, quand même ! Qu'est ce qu'il lui prend, à la prof... Ou aux didacticiens qui élaborent les programmes ?
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De 1984, on n'a souvent qu'une image tronquée. Celle qui se résume à cette phase : "Big Brother vous regarde".
L'image de Big Brother, trop souvent dévoyée dès que l'on veut illustrer la restriction des libertés pour des motifs parfois discutables, est bien réductrice par rapport à l'oeuvre d'Orwell.
Car 1984, c'est bien plus que cela. Au-delà de ce visage dont les yeux semblent vous fixer, et qui n'est pas sans rappeler celui de Josef Staline, George Orwell nous décrit un système implacable dans lequel l'être humain se trouve totalement annihilé par un parti omniprésent et omnipotent.
Il tente de jouir de quelque liberté auprès de Julia avant d'être implacablement rattrapé à travers les télécrans, objets autant dédiés à l'abrutissement qu'à l'observation des personnes.
On espère avec Winston, on compatit, on vit l'aventure avec lui, au point de finir par se demander par où va arriver la trahison qui le perdra.
1984 détaille avec une précision glaçante les mécanismes du totalitarisme absolu. Les citations du livre de Goldstein, l'invisible rebelle au régime, sont d'une rare richesse et décrivent malheureusement des systèmes connus autant qu'implacables.
Ce roman se dévore jusqu'au dénouement et donne envie, sitôt clos, de retourner au début et de recommencer pour voir si, par hasard, l'histoire de Winston aurait pu être différente.
Probablement un des meilleurs romans lus ces dernières années.
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En 1984, de nombreux médiatiques, visiblement intéressés au maintien d'un relatif optimisme dans les populations, s'empressèrent de clamer très fort que George Orwell s'était entièrement trompé dans cet ouvrage jouissant pourtant et non sans raison d'une assez grande et persistante célébrité. D'après eux, la société décrite dans "1984" n'avait aucun rapport avec la notre.
Toutefois, depuis cette date, un certain nombre d'évènements et d'évolutions laissent à penser que ce soulagement était peut-être prématuré.
Ainsi, on ne peut s'empêcher de constater que les féroces hordes d'Al Qaida, tantôt vaincus, tantôt ressurgissant de l'ombre sous un autre nom, présentent d'étranges similitudes avec l'armée de l'ombre d'Emmanuel Goldstein l'ennemi du peuple et son armée de comploteurs invétérés, tels que les décrit Orwell. Phénomène qui a eu pour principale conséquence le renforcement général du contrôle policier et des logiques sécuritaires et un formidable recul des libertés individuelles.
A qui profite le crime ?
De même, la perte progressive de tout langage signifiant chez nos élites dirigeantes, pourrait bien laisser croire que la Novlangue, qu'Orwell décrit longuement dans son ouvrage, a finalement trouvé sa place dans notre modernité et ses démocraties de pure façade.
Aussi, la multiplication des caméras et des systèmes de contrôle et de surveillance évoque fâcheusement Big Brother.
Également, nous pouvons voir désormais presque chaque jour, comme dans "1984", que ce qui était vrai hier est devenu faux aujourd'hui et que strictement rien ne s'oppose à ce que cela soit rétabli comme vrai demain selon ce que décideront ceux qui savent si bien penser à notre place.
Il est vrai qu'Orwell savait fort bien penser par lui-même pour sa part.
La principale difficulté que certains rencontreront à la lecture de cet ouvrage tient à sa vérité même en ce qu'elle a de particulièrement intolérable dans son actualité et qu'Orwell formula ainsi :
"L'idée lui vint que la vraie caractéristique de la vie moderne était, non pas sa cruauté, son insécurité, mais simplement son aspect nu, terne, soumis."
Voilà ce que beaucoup ne veulent pas entendre par ce que cela dit de leur propre existence et préféreront donc écarter en prétextant un défaut romanesque. Le monde de 1984, qui est donc bien aussi notre monde sous de nombreux aspects, se caractérise en effet par cette réaction commune au plus grand nombre : "Cela est vrai mais je ne veux pas le savoir."
Peut-être est-ce bien pour cela que tout continue ....
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Le XXe Siècle a été un siècle bien difficile pour l'humanité, après les deux guerres mondiales qui ont assombri tout un demi siècle, la seconde moitié de ce siècle verra le monde se plonger dans l'effroyable guerre des intelligences dite la guerre froide. Combien d'auteurs, de philosophes ont tirés la sonnette d'alarme pour dénoncer cette montée en puissance de la dictature. Si le xxie Siècle s'annonce comme le siècle du terrorisme et des catastrophes naturelles, en tout cas, le 20e était celui de la violence, celui où l'homme n'était qu'un loup pour l'autre. 1984 D'Orwell nous dépeint cette violence, cette rage que l'homme a de vouloir exterminer ses semblables en contrôlant avant tout leurs pensées, les privant complétement de la philosophie. Les hommes ne deviennent que des moutons de panurge qui ne savent que déclamer des slogans de haine. Et ça fait peur. J'ai aimé ce livre parce qu'il fait peur. On s'émerveille de la description de ce monde de rêve, hautement technologique mais qui contraste en même temps avec la volonté de son instigateur, le Big Brother qui est de contrôler l'homme depuis ses pensées. On sympathie avec Winston qui représente d'abord l'ignorance, le silence, puis le doute, la réflexion, la philosophie. Mais quant aux personnages, ils portent tous des venins de la haine, de la méfiance. La psychologie des personnages est violente, et la relation entre eux est régie par la loi de chacun surveille l'autre, à défaut des machines de contrôle. Un monde paranoïaque et violent où même des enfants s'enthousiasment d'aller assister aux scènes de pendaison comme si le monde revivait le XVIIIe Siècle.
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Voilà plus de 10 jours que je cale sur la rédaction de ma critique…
Que pourrais-je bien écrire qui ne l'ai déjà pas été sur les quelques 1 000 critiques précédentes ?
Comment trouver les mots justes pour décrire mon enthousiasme, mon engouement, mais aussi mon saisissement, voire mon désarroi…

Parce qu'une chose est sûre, je l'ai dévoré ; et il a désormais sa place dans mon Panthéon personnel.
Mais pourquoi ? Sans doute parce que c'est une oeuvre universelle, qui parle à chacun et qui a ouvert chez moi plein de petites fenêtres sur mes questionnements intérieurs…

1984 - Londres – Océania : Winston Smith est fonctionnaire au Ministère de la Vérité, au Commissariat aux Archives. Son travail consiste à réécrire tout type de documents afin qu'ils correspondent à la réalité du moment présent dictée par le Parti. Comme tous ses concitoyens, il est soumis à une surveillance constante, de ses actes comme de ses pensées, si ces dernières avaient le malheur de transparaître sur son visage ou ses propos…
« Big Brother is watching you ».

Dans un monde totalitaire où la liberté d'expression est bannie, il est difficile d'être différent, impossible d'assumer des pensées dissidentes sans craindre le pire. Alors, quand Winston sent son esprit tendre vers la subversion, il le canalise en rédigeant un journal intime. Il y décrit sa vie, rythmée par son travail et son dévouement feint au Parti, épuisant… Il y explique la novlangue, la langue officielle d'Océania qui permet de mieux contrôler les esprits, mais aussi la double-pensée qui consiste à effacer tout esprit critique en s'entraînant à accepter simultanément deux points de vue opposés. Tels les slogans du Parti : « La guerre, c'est la paix », « La liberté, c'est l'esclavage », « L'ignorance, c'est la force ».

Seulement voilà, de par son action d'écriture, Winston n'arrive plus à oublier le passé au profit d'un présent retravaillé. Il cultive même là sa mémoire individuelle, au mépris des règles fondamentales instaurées par le Parti. Cet acte le fait dès lors entrer en résistance contre l'Autorité, sans qu'il en soit réellement conscient au départ, puis de manière de plus en plus osée et ostensible. Il ne peut plus rester seul avec ses interrogations, il lui faut trouver des réponses à ses questions.
Jusqu'où le mènera sa prise de conscience ?

Un roman magnifiquement angoissant.
D'une grande esthétique, l'écriture de George Orwell, magnifiée par la traduction de Josée Kamoun, m'a portée de bout en bout du récit. L'expression de son humanité, que l'on retrouve dans nombre de ses écrits, est tout simplement bouleversante.
Derrière la forme, le fond, et là je me permets de parler d'une forme d'effroi en termes de ressenti. Cette société cauchemardesque est-elle vraiment si éloignée de notre contexte actuel ? Les extraits du livre de Goldstein lus par Winston sont terriblement troublants sur les leviers d'action à mettre en place pour exercer un tel fonctionnement.
Liberté d'expression, novlangue contemporaine, le « en même temps » cher à notre président, nul besoin de chercher bien loin pour entendre les échos prophétisés. J'espère en tout cas que deux + deux feront toujours quatre, même si cette simple équation ne manquera plus jamais de me donner un frisson glacé…

Je garde cependant ces derniers mots d'espoir, qui concluent admirablement l'ouvrage : « D'une façon ou d'une autre, vous échouerez. Tôt ou tard, ils verront qui vous êtes et vous déchireront. La vie vous vaincra. Il y a quelque chose dans l'univers, je ne sais quoi, un esprit, un principe que vous n'abattrez jamais. »
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L'auteur nous plonge dans l'ambiance dès le début. J'ai éprouvé très rapidement de la sympathie pour Winston. La séance au cinéma dans le premier chapitre m'a plut.
Le dernier chapitre de la première partie est le plus long mais le plus prenant. J'avais l'impression d'être à côté de Winston tellement l'écriture m'a captivé, et Julia m'intrigue de plus en plus.
Prenantes les stratégies élaborées pour survivre et éviter Big Brother. Ah voilà le moment que j'attendais : la conspiration. Arrivé de façon inattendue, sans signe apparent que cela arriverait à ce chapitre.
Lorsque Winston lit le livre interdit, j'avais l'impression de faire une lecture commune avec lui tellement certains passages résonnaient de vérité.
Le dernier chapitre de la deuxième partie est bluffant, happant, inattendu. Waouh, je ne l'ai pas du tout vu arriver cet événement. Je ne peux plus lâcher le livre, il faut que je sache la suite de ce déroulement.
Pour la troisième partie, il m'a été conseillé de bien attacher ma ceinture, c'est ce que j'ai fait et j'ai même prévu le parachute. Très prenante cette partie, j'attendais le moment décisif pour Winston mais il n'arrive pas, du moins pas comme je l'avais imaginé. Dernier chapitre, je ne me suis pas encore servie du parachute mais en lisant « Apendice » là j'ai sauté dans le vide.
Les auteurs de science-fiction d'anticipation me stupéfient et m'effraient à la fois par leur façon de prédire l'avenir.
Très bon roman à découvrir. Je lirais La ferme des animaux qui m'a été vivement conseillé.
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Que dire sur ce livre qui n'a encore jamais été dit?
Lu dans le cadre d'une lecture commune avec mon compagnon , nous sommes tous les deux d'accord sur le génie de cet auteur. Orwell me fascine par son génie. Son analyse des régimes totalitaires, au vu de l'époque de rédaction du roman, est incroyable. A chaque chapitre, je me disais que tel passage permettait d'expliquer plus clairement cette caractéristique d'un régime totalitaire. Si bien que, étant prof d'histoire, j'en vois tout l'intérêt pédagogique. Son roman est d'une modernité criante, qui cadre malheureusement bien avec notre société contemporaine. Certains y voit de la prophétie, pour ma part je me contenterais de réalisme. de plus, avec peu de mots, peu de pages, l'écriture d'Orwell nous emmène au coeur des choses. Cette une lecture enrichissante à tout point de vue.
La dernière partie présente selon moi un goût mitigé. Je l'ai trouvée un peu lente, répétitive mais aussi, et c'est son plus, glaçante quand on voit la fin...

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J'ai bien fait de relire 1984 - avec du second degré - il faut se prévaloir comme on peut de la double pensée.
Il paraît que le novlangue sera perfectionné d'ici 2050. D'ici là, on aura peut-être féminisé tous les mots masculins - ça sert à rien - moi je propose qu'on abolisse les genres, ça sera diablement plus efficace qu'une nouvelle stigmatisation par le langage - bon, c'est mon avis mais auteure, autrice - que c'est moche, je m'y ferai jamais. Et la canelangue, on l'a déjà - moi quand j'entends des mots comme "compétitivité", je me dis que les politiciens ne parlent pas si bien que ça alors que c'est leur boulot aux gratinés de baratiner.

Petite digression à propos du langage : il y a des dictionnaires qui me font bien rire. Je prends un exemple en deux sec. Je tape " saperlipopette" sur le larousse en ligne, ils me donnent comme définition (pour saperlotte aussi) : "Jurons familiers et vieillis". Il y a de quoi se vider l'esprit avec une définition pareille qui n'apprend strictement rien. Heureusement, il y a d'autres bases qu'on peut consulter, comme le Trésor de la langue française informatisé (édité par le CNRS) ce qui permet de mieux comprendre l'origine des mots. Je serais bien malheureuse sinon, parce que moi j'aime bien les mots (comme saperlipopette que j'imagine vêtu d'une salopette), et j'aime les dictionnaires. La lexicologie, la linguistique même , c'est passionnant, vraiment. Je me souviens d'un professeur qui m'a enseigné le principe d'économie du langage, le fait qu'on élimine par exemple systématiquement les syllabes des mots quand on articule vite et mal - et si on articule trop bien certains mots alors que c'est l'usage de les mutiler - on nous regarde bizarrement après. On perd du sens et même du bon sens. La preuve, on ne s'entend plus.
J'ai retrouvé cette idée, l'économie du langage, dans 1984 : "nous taillons le langage jusqu'à l'os" (p.72).
C'est joliment dit, le langage c'est comme l' anatomie.
Il y a un squelette, il y a du muscle, du sang, des organes vitaux. Ouais, j'aime bien cette citation. Fin de la digression.

C'est rigolo les noms des Ministères dans 1984.
Le Ministère de la Vérité - Miniver - mais je préfère Minivrai - la nouvelle traduction - cette rectification - a du bon - qui s'occupe de falsifier le passé. Orwell parle de propagande et il en parle beaucoup étant donné que Winston travaille pour ce Ministère. Il y a aussi le Ministère de l'Abondance au lieu du Ministère de l'Économie avec ses statistiques fantaisistes et c'est toujours aussi marrant si on s'intéresse de près aux acceptions du mot " économie". Le Ministère de la Paix s'occupe de la Guerre et c'est un peu similaire au Ministère de la Défense, si on suit la logique terriblement amusante d'Orwell. Et enfin, le grand, le fameux, le Ministère de l'Amour qui change les gens en âme et conscience.

Je l'aime bien moi la fin de 1984. Les derniers mots de la dernière page, surtout, c'est dire à quel point la double pensée est efficace. Les Semaines de la Haine, les images subliminales ô que combien omniprésentes de Big Brother ,le télécran, qui ne s'arrête jamais, jamais, c'est de la torture (un peu comme certaines émissions à la TV que je ne citerais pas par politesse même si j'en meurs d'envie) et c'est ainsi qu'on en vient à aimer le pouvoir, par le pouvoir sanctifié de l'amour et de la haine, de la haine qu'on entretient avec amour, qui devient de l'amour.
De l'amour émanant de Winston, celui qui fait son bout de chemin avec son ulcère variqueux, "comme une sorte de kyste" (p.370), cette boule de haine contre le Gouvernement, l'amour véritable de Winston pour Big Brother - ce grand frère qui ne s'appelle pas Pascal mais qui rééduque ceux qui sont sortis du "droit" chemin - je ne m'y attendais pas. Et pourtant, il se réveillait de ses rêves avec le nom de Shakespeare sur les lèvres et il écrivait sur son livre, de manière automatique, " A bas Big Brother !"

C'est un livre ô que combien politique qu'il faut lire que cette théorie et pratique du collectivisme oligarchique, par Emmanuel Goldstein, je l'ai lu avec Winston mais c'est moi ou il manque la deuxième partie du manifeste politique fictif ? Winston lit le livre de Goldstein. Il commence par le chapitre I L'Ignorance c'est la Force. Il saute quelques pages ( Aïe aïe aïe Winston ! Que fais-tu malheureux ? Sacrilège ! ) Il continue avec le chapitre III La Guerre c'est la Paix et il reprend sa lecture interrompue du chapitre I et on passe à la troisième partie de 1984. Qu'en est-il du deuxième chapitre manquant dans ce deuxième chapitre de 1984 ? J'avais bien envie de découvrir la partie intitulée La Liberté c'est l'Esclavage. Est-ce que c'est moi qui ai sauté des pages sans m'en rendre compte ? Non, pourtant ! J'ai peut-être oublié certaines parties ? Déjà ? Mais je viens de le relire ! Il y a eu quelques rectifications de faites sur le texte d'Orwell par le Ministère de la Culture euh pardon par le Ministère de la Vérité ou quoi ?
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