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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec ce recueil de nouvelles nous pénétrons dans un kibboutz et nous faisons connaissance avec des personnages de la communauté. Nous découvrons aussi les règles de cet endroit où personne n'est jamais seul mais où l'on peut aussi se sentir très isolé. Il est curieux de voir que les enfants sont tous regroupés dans une même maison, séparés de leurs parents qui vivent ailleurs. La famille privée n'est donc pas vraiment protégée au coeur d'un kibboutz.

Au milieu de la collectivité tranquille du kibboutz, et de ceux qui sont dans la vaste norme, certains autres vivent à la marge, présences satellitaires. Dans ce recueil, Amos Oz décrit ces personnages-là, ceux qui ne sont pas comme les autres.

Le jardinier parle souvent avec Luna la veuve tout en lisant son journal et commentant l'actualité. Osnat et Ariella ont un échange épistolaire où l'une confie son mari à l'autre. le petit Moshe très humble accomplit les pires besognes sans dire un mot, et le soir rend visite à son père qui est à l'hôpital. Un jeune homme désire partir du kibboutz pour suivre des cours ailleurs. Dans la maison des enfants, un enfant subit des maltraitances durant le jour et durant la nuit. Martin nous donne toute la philosophie du kibboutz et désire donner des cours d'esperanto.

Ce livre est extraordinaire. Parfois drôle, il m'a fait passer de très bons moments. Il est instructif, il fait réfléchir sur l'idéologie, sur la solidarité, sur la liberté, sur les compromis existant à l'intérieur de tous systèmes, et il est plein de coeur.
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« Entre amis » est un recueil de huit nouvelles qui ont toutes pour décor le kibboutz Yikhat, au nord d'Israël, fin des années 50, et pour personnages divers habitants du Kibboutz, qui se croisent dans chaque nouvelle.

Je retrouve avec Amos Oz dont j'ai déjà lu quelques ouvrages qui m'ont beaucoup plu une caractéristique qui fait que j'apprécie tant la littérature israélienne : un style en apparence simple, des descriptions très concrètes, ancrées dans le quotidien le plus sommaire, d'où émerge peu à peu, au fil des mots et des phrases, une puissance d'évocation poétique inouïe. Je pense que ce trait commun prend racine entre autres dans la langue originale, cet hébreu ex-langue morte ressuscitée où se côtoient mots très anciens et vocabulaire ultra-moderne, mais aussi dans la mentalité même des habitants d'Israël, les pionniers comme les sabras, qui ont pu à la fois rêver, fantasmer le pays et se confrontent chaque jour à une réalité des plus pragmatique.

Il me semble que le rythme de la prose d'Amos Oz épouse le rythme de sa parole (cf la vidéo de la Grande Librairie postée sur la page de l'auteur) : fluide et posé, clair, dénué de tout effet dramatique.
En apparence, la vie s'écoule plutôt paisiblement au Kibboutz Yikhat. Chacun se consacre à la tâche précise qui lui a été dévolue selon son aptitude et éventuellement ses goûts, l'organisation de la communauté « égalitaire » est soumise à un règlement non moins précis, et démocratique, dans l'esprit des pionniers fondateurs : les enfants dans le bâtiment des enfants, les couples dans des logements de même superficie, femmes et hommes soumis à une parité d'avant-garde…

Seulement, dans ce beau mécanisme rigoureux paré à tout gérer, de la tondeuse à gazon en panne au financement des études des futurs étudiants en passant par les tours de garde nocturnes, les hommes et les femmes sont soumis aux lois plus nébuleuses du désir, de l'amour, de l'épanouissement personnel ou de la maladie…

C'est cela qu'Amos Oz nous raconte tout en nous brossant un tableau très réaliste de la vie des Kibboutzim, vie qu'il a lui-même connue pendant plus de vingt-cinq ans.

Avec une ironie tout à fait délectable, il se moque de l'organisation où « Marx a remplacé le Talmud », tolérant l'amour libre mais puritain de bien d'autres façons, où les femmes, bien qu'égales sont systématiquement assignées à la cuisine, la puériculture, la couture, la buanderie… J'ai particulièrement goûté les portraits de certaines d'entre elles, fières, déterminées, fortes et plus solidaires entre elles que les hommes qui les prennent et les quittent ou les aiment en silence. L'une d'elles prophétise ainsi que le kibboutz finira par évoluer, que les femmes y auront plus de pouvoir, mais que la patience est de mise… car les hommes sont lents.
Certains portraits masculins sont aussi très savoureux : le professeur quinquagénaire séducteur impénitent qui emménage avec la fille de 17 ans de son meilleur ami, le jardinier qui passe son temps à relater les catastrophes de l'actualité mondiale, l'humoriste du groupe soumis et malmené par sa femme, et le vieux malade dont le rêve est d'enseigner l'esperanto afin que l'humanité un jour soit en paix…

Tout le monde est ami, chacun oeuvre pour le bien commun, et surtout, tout le monde épie tout le monde. Comme pour tout groupe humain quel qu'il soit, ça cancane à tout va, ça commente, on jalouse ici, on se moque là, et les histoires d'amour et de sexe font battre le coeur du kibboutz bien plus que toute théorie marxiste.

Certaines nouvelles, comme « Deux femmes », sont parfois cocasses et m'ont fait rire. La plupart, bien que jamais franchement dramatiques, oscillent entre une certaine légèreté et une douce mélancolie. Enfin, deux particulièrement ont des relents tragiques à peine esquissés mais poignants.

Ainsi, « La nuit » se déroule lors d'un tour de garde nocturne. Un homme et une femme se croisent alors que tout le monde dort, il fait froid, ils se connaissent depuis toujours, s'accompagnent quelques instants : rien ou presque n'est dit, tel geste est esquissé, tel autre est retenu, les chacals hurlent au loin, le danger rôde sans que l'on puisse précisément l'identifier… l'aube arrive, rien n'a changé et tout a changé.

« Papa » a pour personnage principal un jeune adolescent placé au kibboutz comme en famille d'accueil à cause de difficultés familiales. Il n'a pas choisi d'y vivre, et refuse en partie de s'y intégrer, de suivre les règles. Il demande l'autorisation d'aller voir son père une journée, et nous l'accompagnons dans son périple interminable en bus sur des routes poussiéreuses et défoncées, tandis que ses pensées errent entre le passé et l'avenir, sa famille mal en point et le kibboutz prêt à le prendre en charge, lui donner un avenir, qu'il n'aurait peut-être pas choisi… Sobriété, épure, certains passages rappellent Dino Buzzati, ou même Camus, teintés d'absurde et de non-dit.

Un moment fort de lecture, envoûtant sous bien des aspects, et la plume « à deux voix » (cf. encore la vidéo de la Grande Librairie) d'Amos Oz inscrit une oeuvre singulière et de toute beauté.






Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Un recueil de 8 nouvelles. Qui se passent dans un kibboutz, chaque nouvelle a un habitant du lieu comme centre de gravité. Un kibboutz à un moment où l'on sent que l'esprit de fondation n'est plus complètement là, que les personnes qui l'habitent sont en train de remettre en question les principes fondateurs, où l'on anticipe peut être le fin de cette façon de vivre. Mais ce n'est pas l'essentiel. Qui sont les êtres. Et ceux-là auraient pu exister ailleurs, à une autre époque. Et se poser quand même les mêmes questions, vivre les même douleurs, les mêmes déchirements, les mêmes solitudes. Et avoir les mêmes consolations.

Amos Oz trace en quelques traits précis le portrait de ses personnages. Pathétiques et attachants. Sans sentimentalisme ni pathos. Un peu comme une épure. C'est d'une grande force et densité. Tout est dit en peu de pages, sans mots inutiles. Chaque phrase fait sens et laisse une trace. du grand art.
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Les huit nouvelles qui composent ce livre se passent toutes dans un kibboutz. Elles racontent avec simplicité et profondeur la vie quotidienne: l'amour, la mort, les responsabilités de chacun, les difficultés du vivre en commun ….. L'auteur montre avant tout l'utopie de cette vie égalitaire, les murs que le kibboutz érige autour des êtres qui y vivent, le poids de l'idéologie. C'est un livre très profond à l'écriture simple. Un coup de coeur.
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Un merveilleux livre d'Amos Oz. Ce sont des nouvelles, mais on retrouve les mêmes personnages au fil des pages. Ils construisent cette petite société qu'est (était ) le kibboutz, un beau rêve qui n'a pas résisté aux envies des êtres humains : partir, voir autre chose, être libre d'étudier ce qu'on veut, connaître son histoire, protéger ses enfants, quitter sa femme...
Très mélancolique.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Le kibboutz de ces récits est un condensé de l'ame humaine: aspiration a la justice et a l'égalité mais aussi affrontement des égos lorsque le bonheur individuel semble menacé par l'intéret collectif. Les récits d'Amos Oz nous montrent cela et aussi d'autres traits humains fondamentaux positifs ou négatifs avec tendresse et humour qui sont nos qualités probablement les plus proches du divin. Comme tous les livres d'Amos Oz, celui-ci est une réflexion sur la nature humaine et le résultat de cette réflexion pourrait peut-etre se résumer par cette pensée de l'un des personnages dans la derniere nouvelle: "La plupart d'entre nous réclament davantage de chaleur et d'affection que l'on ne peut leur en donner (...). Aucun comité ne parviendrait jamais a combler le déficit entre l'offre et la demande."
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Une évocation très intéressante de la vie au kibboutz
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