jurons et ahanements durèrent une demie-heure, jusqu'à ce que le ventre du vieux dissident soit plus vide que la boite à idées d'un kolkhoze.
Le lendemain matin, le philologue alla changer de l'argent à la banque nationale de Vachardoslavie. La monnaie locale était le mahoussov, qui se divisait en cent kepouicks.
La monnaie locale était le truandero, qui se divisait en cent escorniflores.
Vous êtes le premier Finlandais à avoir jamais tenté de franchir la frontière de notre pays. Nous devons d'abord déterminer où se trouve la Finlande - à supposer qu'elle existe vraiment, ce dont nous doutons.
Il conseilla à Surunen de se tourner vers une compagnie de réassurance internationale n'ayant pas froid aux yeux, spécialisée par exemple dans la garantie du transport en vrac de liquides explosifs dans des zones sismiques ou la voltige aérienne par gros temps dans le triangle des Bermudes, voire dans la vente aux Éthiopiens de contrats sur la vie.
"Allons cher ami. Si nous tuons un archevêque par an, que va-t-on dire à l'étranger ? Le pape était furieux, la dernière fois".
En Finlande, il y a plus de succursales d'établissements financiers que de petits commerces. Sans doute parce que les banques ont les moyens de construire des bureaux, contrairement aux crémiers et aux boulangers. Peut-être aussi l'argent est-il plus important que de saines habitudes alimentaires.
Ils en offrirent aussi au chauffeur de taxi, qui avoua que c'était sa première gorgée d'alcool depuis deux jours. Il ajouta qu'il lui arrivait de rouler totalement à jeun pendant parfois une semaine entière.
"Monsieur, donne-nous quelques Escorniflores, ma sœur est malade...." Des Escorniflores ? De l'argot local ? Quoi qu'il e soit, Surunen distribua une poignée de pièces à la ribambelle de petits mendiants, dans l'espoir de s'en débarrasser, mais avec pour seul résultat de voir doubler en un instant le nombre de ses suiveurs, qui réclamaient à tue-tête un peu d'argent.
Les enfants crient à pleins poumons dans tous les pays du monde, mais ici ils criaient famine. En Finlande, songea l'enseignant de langues vivantes, ses élèves ne faisaient du boucan que parce qu'ils étaient mal élevés.
"Chez vous, on enferme les opposants au régime dans des hôpitaux psychiatriques", fit-il remarquer.
D'après Lebkov, cela n'arrivait que rarement. Et d'ailleurs, tout citoyen assez stupide pour se dresser contre un excellent système était fou et avait besoin de soins psychiatriques.
Surunen protesta, enfermer dans des asiles les gens qui s'opposaient au système en place était indéfendable. Si personne ne critiquait le régime, il ne pourrait jamais évoluer. Et l'internement forcé constituait une violation des droits de l'homme.
"Nous avons bien sûr des problèmes, je le ni pas. Mais mieux vaut la mettre en sourdine pour ne pas avoir d'ennuis. Il faut être fou pour émettre une critiques, ici, et nous avons des établissements spéciaux pour accueillir les fous."