Citations sur Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés (39)
"Tout à fait entre nous, je vous recommande d'envisager l'achat d'un gilet pare-balles. Je suis allé au Macabraguay il y a quelques années, et à l'époque, en tout cas, vu la situation, j'ai été content de m'en sortir vivant. Pardonnez-moi, mais si vous voulez mon avis, ce pays est une hémorroïde saignante dans le trou du cul de la terre."
"Comme vous le savez surement, la graisse de baleine entres dans la nourriture des chiens et des chats des familles bourgeoises du monde entier, comme celle des renards bleus élevés pour leur fourrure. Le spectacle de mille manteaux de renard bleu sur le dos de pouffiasses capitalistes vaut-il celui d'une seule baleine bleue prolétairement libre ?"
"Monsieur, donne-nous quelques Escorniflores, ma sœur est malade...." Des Escorniflores ? De l'argot local ? Quoi qu'il e soit, Surunen distribua une poignée de pièces à la ribambelle de petits mendiants, dans l'espoir de s'en débarrasser, mais avec pour seul résultat de voir doubler en un instant le nombre de ses suiveurs, qui réclamaient à tue-tête un peu d'argent.
Les enfants crient à pleins poumons dans tous les pays du monde, mais ici ils criaient famine. En Finlande, songea l'enseignant de langues vivantes, ses élèves ne faisaient du boucan que parce qu'ils étaient mal élevés.
En Finlande, il y a plus de succursales d'établissements financiers que de petits commerces. Sans doute parce que les banques ont les moyens de construire des bureaux, contrairement aux crémiers et aux boulangers. Peut-être aussi l'argent est-il plus important que de saines habitudes alimentaires.
"Allons cher ami. Si nous tuons un archevêque par an, que va-t-on dire à l'étranger ? Le pape était furieux, la dernière fois".
Ils en offrirent aussi au chauffeur de taxi, qui avoua que c'était sa première gorgée d'alcool depuis deux jours. Il ajouta qu'il lui arrivait de rouler totalement à jeun pendant parfois une semaine entière.
"Chez vous, on enferme les opposants au régime dans des hôpitaux psychiatriques", fit-il remarquer.
D'après Lebkov, cela n'arrivait que rarement. Et d'ailleurs, tout citoyen assez stupide pour se dresser contre un excellent système était fou et avait besoin de soins psychiatriques.
Surunen protesta, enfermer dans des asiles les gens qui s'opposaient au système en place était indéfendable. Si personne ne critiquait le régime, il ne pourrait jamais évoluer. Et l'internement forcé constituait une violation des droits de l'homme.
"Nous avons bien sûr des problèmes, je le ni pas. Mais mieux vaut la mettre en sourdine pour ne pas avoir d'ennuis. Il faut être fou pour émettre une critiques, ici, et nous avons des établissements spéciaux pour accueillir les fous."
« Ça quand même été difficile, au début, de s’habituer à ce nouveau régime soviétique de sobriété. J’ai peur de la circulation, maintenant, les gens roulent comme des fous sans regarder devant eux. Quand on n’a rien bu, c’est quelquefois un peu terrifiant. »
L'évêque de Santa Riaza était un vieillard aux cheveux blancs, sûrement déjà âgé de plus de soixante-dix ans, grand, digne, sur le visage paternel et ridé duquel flottait un sourire attristé. Surunen commençait à connaître cette expression. Au Macabraguay, elle semblait être le lot de tous les intellectuels.
Une photo de bidonville n'a pas d'odeur, un bidonville, si.