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Anne Colin du Terrail (Traducteur)
EAN : 9782070388486
288 pages
Gallimard (15/02/1994)
3.91/5   540 notes
Résumé :
Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D'abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n'ont dès lors qu'une idée, l'envoyer à l'asile.
Mais Huttunen, soutenu par la conseillère rurale Sanelma Käyrämö,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Une comédie humaine finlandaise...
J'aime beaucoup les romans d'Arto Paasilinna : ils mettent souvent en scène des personnages originaux tout à fait attachants.
C'est le cas ici : le personnage principal, Gunnar Huttunen, s'installe dans un petit village après la deuxième guerre mondiale et restaure un moulin ; il éprouve le besoin singulier de hurler de temps à autre en forêt au cours de la nuit ; il imite à la perfection les animaux ; et puis il frémit de passion pour la conseillère horticole du village, la délicieuse et pimpante Sanelma Käyramö.
J'ai apprécié ce personnage pittoresque, j'aurais voulu voir son amour couronné de succès...
Mais la comédie se transforme en satire sociale virulente qui fustige le conformisme, l'intolérance et l'arbitraire : les habitants du village, qui ne goûtent pas ce comportement singulier, obtiennent de leur médecin à l'esprit étroit que Gunnar soit déclaré fou et interné dans un asile psychiatrique !
Le réquisitoire contre le fonctionnement de ce type d'institution il y a une soixantaine d'années est sans appel : un docteur à la tête de l'asile qui jouit d'un pouvoir absolu, des infirmiers brutaux et tyranniques, des malades que la camisole chimique détruit inexorablement...
Rappelons que, dans un certain nombre de pays pas forcément éloignés du nôtre, ce type d'institution continue à fonctionner de cette manière et qu'on y interne délibérément homosexuels et autres "déviants" sans aucun recours.
Gunnar s'évade et revient au village, incapable de vivre loin de celle qu'il aime. Il est dépouillé, poursuivi; harcelé... J'ai éprouvé une immense sympathie pour ce personnage victime de persécutions aussi systématiques qu'injustes.
Quant à la fin... Je n'en dirai pas plus.
Ce "Meunier hurlant" s'avère profondément émouvant.
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Gunnar Huttunen avait tout pour s'intégrer parfaitement dès son arrivée.
D'un abord avenant, il pratiquait également des tarifs défiant toute concurrence pour qui désirait s'assurer les services de son moulin fraîchement restauré. Bien sûr il pouvait se montrer lunatique mais dans l'ensemble, c'était vraiment le bon gars. Célibataire, il se serait bien vu réchauffer la couette et la couenne de la nouvelle conseillère rurale Sanelma Käyrämö.
Sympathique, travailleur, amoureux, Gunnar n'avait qu'un seul défaut, il adorait hurler à la mort dans les bois à la moindre contrariété, réveillant ainsi tous les clébards du coin qui, à leur tour, ne se sentaient plus de lui répondre toute la nuit.
Le villageois a beau être tolérant, passées deux trois nuits blanches, son seuil s'en ressent méchamment. C'est sans état d'âme aucun qu'ils dépossédèrent le meunier de son gagne-pain, allant même jusqu'à lui payer, dans un ultime élan de générosité totalement désintéressé, des vacances bien méritées à l'asile le plus proche…

Complètement loufoque et décalé, le Meunier Hurlant séduit de suite.
La personnalité atypique de son anti-héros attachant y participe activement. Un pauvre gars qui ne fait de mal à personne sinon casser les oreilles des croquantes et des croquants et sur qui l'on décide de s'acharner en lui prêtant mille maux, c'est pas très très beaucoup gentil je trouve.
A ce moment-là, pourquoi ne pas foutre en taule les Dion, Carey et autres pseudos divas au prétexte de nous fracasser régulièrement les tympans ?
Pour la pétition, c'est ici :
Lâche-moi l'acouphène.com !

D'une plume alerte et grinçante, Paasilinna soulève la problématique de l'acceptation de l'autre pour peu que ce dernier ne soit pas représentatif de la norme préalablement établie. Les tribulations de cet être discordant noyé en une nature salvatrice, autre élément incontournable de ce récit, promettent quelques belles heures de lecture tout en suscitant le débat. Rien de vain en ces temps chargés d'ostracisation profonde. Engagez-vous dans la Marine qu'y disaient...
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Arto Paasilinna est un conteur hors pair. Après la guerre, Gunnar Huttunen, venu du Sud de la Finlande, s'installe dans un petit village du nord ; il y achète un moulin à eau qu'il retapera au fil des ans dans le but d'exercer le métier de meunier. En attendant, pour subsister, il fabrique des tuiles en bois pour recouvrir les toits des maisons du village. Gunnar est très gentil et serviable tant qu'on ne l'énerve pas mais, dans l'affirmative il perd tout contrôle et aussi ... certaines nuits il hurle comme un loup et tous les chiens des villages avoisinants lui répondent, résultat : plus personne ne dort. À cause de cela, Gunnar est différent et cette différence les villageois ne l'accepte pas, ils le traitent de fou et décident de l'envoyer à l'asile.
Une histoire à lire !
J'admire Arto Paasilinna qui tout en racontant, de sa belle écriture, une histoire commune dénonce les faits et méfaits de la société telle que l'intolérance à la différence et le fait qu'une fois lancée la machine de la répression, personne ne veut faire marche arrière.
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C'est un peu de folie dans une société trop bien huilée que l'on trouve dans des romans de Paasilinna. Ici, c'est un meunier-charpentier qui ne ménage pas sa peine pour rénover le moulin qu'il vient d'acheter.

Mais l'habilité de ses mains n'a d'égal que son penchant pour les vocalises tel un chanteur de Heavy Metal avant l'heure. Hurler est sa passion, il ne peut pas s'en empêcher, même la nuit au grand désespoir des voisins!


Ce serait un contexte d'après guerre enfin tranquille s'il n'y avait pas ce trublion. Cette guerre avait opposé les Finlandais d'abord aux Russes puis aux Nazis.

Trublion qui doit se réfugier dans la nature s'il ne veut pas être interné par des villageois pas toujours honnêtes et surtout, parfois, aussi fous que lui.

L'histoire peut paraître loufoque mais s'il y a un message, il pourrait se rapprocher de la chanson de Brassens "La mauvaise réputation":

"J'ai mauvaise réputation ;
Que je me démène ou je reste coi,
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant mon ch'min de petit bonhomme ;
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Non, les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi. "
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Finlande, un roman qui ressemble un conte, un ton humoristique pour une tragique histoire de société.

Il s'agit d'un homme qui s'installe dans un petit village. Il est sympathique, habile et il travaille fort. Il ne veut que faire le bien et oublier ses malheurs. Mais en plus de son indépendance d'esprit, il possède un gros défaut, il hurle la nuit. Et ça dérange…

Et que fait-on avec un homme qui dérange? On doit trouver des façons de l'exclure et peut-être en profiter pour s'approprier ses biens.

J'aime beaucoup l'écriture particulière d'Arto Paasilinna et avouons-le, il m'arrive parfois aussi d'avoir envie de hurler dans la nuit!
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critiques presse (1)
LigneClaire
11 mars 2024
Nicolas Dumontheuil signe une nouvelle oeuvre de cet auteur atypique et fort séduisant dont il a su extraire tout le sel si ce n'est la farine. Le Meunier Hurlant est une fable campagnarde mais qui flirte aussi avec le drame, la bêtise et la méchanceté.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Huttunen toucha l'eau fraîche de la main et s'imagina être une truite de rivière, d'un kilo au moins. Il se vit nageant dans le ruisseau, remontant le courant ; il ondula et se faufila entre les pierres dans l'eau peu profonde, se reposa un instant dans le contre courant d'un rocher enrobé de mousses, battit des nageoires, ouvrit ses branchies, brisa la surface de l'eau de sa gueule pour reprendre sa nage, se propulsant d'un coup de queue. Le flot bourdonna aux ouïes de Huttunen tandis qu'il remontait plus haut le ruisseau nocturne. Mais il eut bientôt envie d'une cigarette et, cessant pour cette fois de faire le poisson, il repensa à sa vie.
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Note du traducteur:
Ce roman commence "peu après les guerres", c'est à dire peu après la seconde guerre mondiale, marquée en Finlande par deux guerres contre l'URSS.
En novembre 1939, alors que la Finlande refuse d'accorder à l'URSS des bases stratégiques pour la défense de Kronstadt et Leningrad, les soviétiques bombardent Helsinki. C'est le début de la guerre d'hiver, qui durera 105 jours et se soldera par de lourdes pertes dans les deux camps. Malgré une résistance courageuse, au nord du lac Ladoga et sur l'axe Oulu-Suomussalmi, la Finlande est contrainte par le traité de Moscou de céder à l'URSS une partie de la Carelie et de la Laponie.
En jun 1941, après avoir autorisé le ravitaillement des troupes allemandes de Norvège à travers son territoire, la Finlande doit accepter de coopérer militairement avec le IIIe Reich contre l'URSS. Elle s'engage dans la guerre de continuation et se bat pour reprendre ses territoires perdus, jusqu'à ce qu'en aout 1944 le recul de la Wehrmacht, découvrant le front du Ladoga, la pousse à entamer des pourparlers de paix. La Finlande signe avec l'URSS un armistice l'obligeant à verser de fortes indemnités, à revenir aux frontières de 1940 et à rompre avec l'Allemagne.
Les troupes finlandaises se retournent alors contre les unités du Reich stationnées en Laponie, qui se retirent en dévastant systématiquement la région, où les combats se poursuivront jusqu'en avril 1945.
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La vie de Gunnar Huttunen était arrivée à un sinistre tournant : il n'était plus qu'un meunier sans moulin, un homme sans logis. Les humains l'avaient exclu et il s'était exclu de leur société. Qui sait combien de temps il devrait éviter les villages des hommes. Huttunen, assis au bord du ruisseau, solitaire, écoutait le chant du torrent où, dans la fraîcheur de la nuit d'été, coulait l'eau d'une source lointaine. Il songea que s'il avait souffert d'une tumeur à la poitrine, on l'aurait laissé vivre en paix, on l'aurait plaint, aidé, laissé subir son mal au milieu de ses semblables. Mais comme son sprit était différent de celui des autres, on ne le supportait pas, on le rejetait à l'écart de toute vie humaine. Il préférait pourtant cette solitude aux barreaux de la chambre d'hôpital où seuls l'entouraient de pauvres hères dépressifs et asthéniques.
Une truite, ou peut-être un ombre, sauta dans la rivière obscure. Huttenen tressaillit, le rond dans l'eau passa devant lui en se brisant, se fondit dans le courant ; il lui vint à l'esprit qu'il ne mangerait désormais plus de pain ni de lard, comme quand il était meunier. Il devrait vivre de poisson et de gibier.
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Huttunen se sentait comme un prisonnier sans crime, condamné sans jugement. Il n'avait rien - pas de droits, pas d'obligations, pas de choix. Il n'avait que ses propres pensées, sa soif sauvage de liberté qu'il n'avait aucun moyen d'apaiser.
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Huttunen essaya encore de la dissuader.
"Mais c'est que je suis... un peu fou. on ne vous a pas dit au village, mademoiselle ?"
La conseillère horticole balaya la folie de Huttunen d'un mouvement de foulard négligent, comme si elle avait eu affaire toute sa vie à des déséquilibrés mentaux.
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