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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Le conservateur déroule le châle devant moi, sur une table de la réserve. Il n'a pas d'odeur, sauf peut-être un léger badigeon de renfermé, une teinte nouvelle du temps arrêté aux narines, mais il a gardé la trace des plis, les plis que faisait ma tante Nella en le rangeant dans sa boîte. Je retrouve les taches, les petits trous dans ce tricot très fin, à des endroits plus fin qu'à d'autres, les endroits d'habitudes, les endroits usés, les endroits de contact avec nos peaux à toutes les deux, nos peaux consanguines. »

Ainsi débute ce petit livre et toute la suite est concentrée dans ce début. Nous partons de la découverte d'un châle rare, en soie de mer, remis au Musée des Confluences de Lyon par la narratrice, nièce de Nella, qui va en se dépliant faire renaître une histoire d'amour et de haîne entre un frère et une soeur dont la narratrice nous dit : « Je n'ai jamais su du début à la fin de leur relation, ce qu'il y avait d'amour, à la limite de l'inceste, ou de haine, à la limite de l'inceste aussi, parce que haïr aussi fort son frère, sa soeur, haïr au point de livrer une guerre, de brouiller et séparer toute la famille, haïr si fort qu'on en tremble, je crois que c'est de l'inceste. »

C'est un livre écrit à fleur de peau, brûlant de sensualité qui dit la vie des deux soeurs Nella et Bice isolées dans la maison familiale de Stellanello en Ligurie dont le frère, chef d'entreprise, dominateur, leur a laissé la jouissance. Lui, a hérité de tous les biens et a fondé une famille.

Nella est une rebelle qui tient tête à son père et à son frère, qui aime courir les bois non pour leur ombre mais « pour la lumière au contraire, piégée par la fente des frondaisons (…) apercevoir par les trouées,… La lumière à travers. » comme à travers les trames du châle lorsqu'éclairé il perdait son aspect terne et redevenait chatoyant.

Ce châle lui fait retrouver toute sa féminité quand elle le déploie, c'est son bien le plus précieux qu'elle lèguera à sa nièce :

« Nella n'avait aucun sens des usages, elle lâchait ses cheveux qui tombaient défaits et longs, à peine brossés, sur ses épaules, son torse et son dos, comme les cheveux du châle, lorsqu'elle s'en revêtait en cachette, les mèches de byssus à peine retenus par le galon, chavirant ambrés sur sa peau un peu boucanée et desséchée parce que trop souvent découverte. »

Je sors de cette lecture avec l'impression d'avoir vécue une grande aventure. Ce petit livre m'a fait découvrir l'existence de la soie de mer, et ma curiosité (en tapant soie de mer sur google) m'a menée en Sardaigne où une femme, Charia Vigo, initiée par sa grand-mère, est la seule artiste qui utilise encore la soie marine comme fil de broderie. L'histoire du livre se prolonge et s'enrichit de celle de Charia
Allez faire sa connaissance ici : http://www.sardolog.com/bisso/france/index.htm

Et puis visionnez ici : http://www.museedesconfluences.fr/fr/en-cheveux-emmanuelle-pagano , plutôt après avoir lu ce beau petit livre, la vidéo où Emmanuelle Pagano, alors résidente à la villa Médicis, nous raconte les « hasards » qui l'on conduite à écrire cette histoire qui vient enrichir la nouvelle collection des Editions Invenit, « Récits et Objets » créée en collaboration avec le Musée des Confluences de Lyon qui doit ouvrir ses portes le 20 décembre prochain.
Ce petit livre, peu onéreux, beau par son aspect et son contenu peut faire un cadeau plein de richesses.

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La collection Récits d'objets qui existe depuis la création du Musée des confluences en 2014 propose à des écrivains de s'emparer d'un objet parmi les plus de deux millions que compte le musée pour en faire oeuvre de fiction.
A ce jour, la collection dirigée par Dominique Tourte (Invenit) et Cédric Lesec (musée des Confluences) est composée de huit ouvrages, écrits notamment par Jean-Bernard Pouy, Philippe Forest, Valérie Rouzeau, Olivia Rosenthal ( atour des momies de chats du musée)
Parmi eux, la romancière Emmanuelle Pagano, l'auteur notamment d'une « Trilogie des rives" paru chez POL, a imaginé de sa plume poétique un joli récit autour d'un châle italien, datant du 19è siècle et qu'elle a retrouvé dans la réserve du Musée. Un texte court mais sensuel
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Un petit livre à l'écriture aussi fine que de la soie marine. Autour d'un objet, un châle de soie marine ayant appartenu à sa tante et désormais au musée, la narratrice raconte son père et sa famille, le patriarcat italien et le fascisme.

Un bijou de délicatesse finement tissé
Lien : https://www.noid.ch/en-cheve..
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L'histoire d'une famille à travers un objet, un châle en soie de mer. Cet objet est arrivé entre les mains d'une jeune femme à qui sa tante l'a donné. Il est le symbole de sa résistance à son frère et aux convenances d'une époque auxquelles elle refusait de se soumettre dans l'Italie Fasciste. Une belle histoire sur la résistance aux pressions sociales et sur le statu des femmes dans la société italiennes des années 30-40.
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Voici le portrait d'une femme indépendante dans l'Italie fasciste, refusant de se marier, préférant marcher aux alentours de la propriété familiale. Refusant de s'habiller et de paraître en société, préférant les bains dans le lac, nue sous la lune. Refusant d'attacher ses cheveux comme le lui demande son frère.

Voici l'histoire d'une guerre larvée entre un frère et sa petite soeur qui s'adoraient étant enfants mais que l'âge adulte et les conventions sociales ont séparées.

Un bémol toutefois. le point de départ est ce fameux châle que le père d la narratrice cache au fond d'une malle pour ne pas que sa soeur cadette le trouve ni le vende. Or, il en est très peu question tout au long du récit. Il n'est que le symbole matériel de la désunion du frère et de la soeur.

L'image que je retiendrai :

Celle du châle de soie de mer, exposé au tout nouveau Musée des Confluences à Lyon.
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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Deuxième livre, après « L'enfant fossile », dans la série « récits d'objets » initiée par le Musée des Confluences de Lyon.

Cette fois, l'«  objet » est un châle, doux et mordoré, frangé sur les quatre côtés et venu d'Italie, probablement fin XIX ème. Sa particularité est d'être fait de « soie de mer  tricotée », une matière si rare qu'il n'existe qu'une soixantaine d'articles (gants, bonnets, étoles) qui en soient constitués dans le monde entier. Destinés à des gens riches, ecclésiastiques ou nobles, il figurent aujourd'hui dans les musées comme celui de Lyon, sagement rangés dans des tubes cylindriques quand il s'agit de ce châle, à l'abri de la lumière, des regards et du moindre contact avec les mains.

C'est la narratrice qui a donné le châle au musée et qui raconte aujourd'hui tout une vie dont il a été témoin. Et d'abord elle raconte avec tous les détails la fabrication de ce tissu si rare et étonnant à partir de fils de Pinna nobilis, ce mollusque bivalve qu'on trouve dans la Méditerranée.

« Il faut pêcher mille grands nacres, les sortir de l'ombre, pour obtenir deux cent cinquante grammes de fil de soie de mer, deux cent cinquante grammes seulement de lumière avec un millier de gros coquillages .»

Ce châle fait partie de l'héritage de la famille, caché dans des malles avec tous les objets de valeur, retourné à l'ombre par la volonté du père de la narratrice dans la maison où il « autorise » ses deux soeurs à vivre dans la gêne avec pour tout moyen de survivre de vendre les objets à des antiquaires. Tous, sauf le châle, ornement féminin qui pour cette raison doit rester entre les mains des femmes, les deux soeurs, la douce Bice et la rebelle Nella. Deux portraits de femmes, l'une soumise au moins en apparence, l'autre qui se coupe les cheveux, refuse le mariage et porte des pantalons pour résister à son machiste de frère, politicien fasciste aux grandes heures mussoliniennes.

Le châle, doux et résistant, précieux et en apparence malléable, représente assez bien la condition féminine en ces temps où une femme n'avait à peu près aucun droit personnel, placées sous le contrôle des pères, des frères, des maris.

Un livre bien écrit, avec délicatesse et poésie, sans concession toutefois ni féminisme exacerbé. Une lecture agréable et intéressante.

On attend avec intérêt les prochains »objets »du musée qui donneront lieu à de nouveaux textes.
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