Vodka Mafia

Débauche, alcool et mafia au pied des Carpates : je vous propose un very bad trip slave enivrant pour électriser votre quotidien littéraire et faire connaissance avec un nouvel auteur prometteur de la scène littéraire noire.😎

Vesoul, de nos jours :
Gino est en plein marasme existentiel…Anastasia, sa très belle et très jeune épouse ukrainienne s'est tirée avec perte et fracas après avoir découvert ses nombreux ébats tarifés dans un bordel russe.
Son procès en divorce l'a essoré : plus d'enfant, plus de manoir familial, plus de cabinet de kinésithérapie. Quant à sa réputation sur Vesoul, elle est juste atomisée pour les trente piges à venir. Pas évident à gérer…

Pour sortir de cette misère affective et professionnelle, son pote Kalache lui propose de partir avec lui une semaine en Slovaquie, du côté de Bratislava, pour rejoindre son pote slovaque Mirko en cheville avec des « hommes d'affaires » locaux. L'aubaine est trop belle et les deux compères veulent "dégoupiller" en programmant une semaine de débauche apocalyptique avec les beautés locales.
Kristina, Suzanna, Nina, Veronika, Petra, Ritka croiseront leur chemin mais rien ne se passera vraiment comme prévu et la mafia locale ne tardera pas à entrer en piste...

Richard Palachak vous embarque dans un roman noir et cru invraisemblable à travers les bordels de la ville de Bratislava et d'un réseau mafieux des Carpates. Vodka Mafia permet de retrouver les personnages de Kalache et Gino découverts dans le récit de nouvelles noires intitulé Kalache, sorti également cette année.
Le récit est sombre, outrancier, cynique. Il est narré par Kalache, à la fois auteur et protagoniste de ce « very bad trip » slave.
Kalache et Gino sont les deux parfaits anti-héros : à la fois faibles, lâches et axés sur la seule satisfaction de leurs besoins sexuels mais aussi fragiles et très attachants dans leur quête.
Ils pataugent allègrement dans cette fange slovaque mais sont plus souvent victimes de la faune locale que profiteurs. le choc des cultures a bien lieu au plus grand plaisir du lecteur et les acolytes se retrouvent confrontés à des amazones envoûtantes et au tempérament en acier trempé, à des mafieux locaux plus puissants que des ministres et à des créatures fantastiques.
Il y a du rire gras, de la tristesse aussi, mais surtout une vraie satire de la société slovaque dominée dans ce récit par la corruption, l'argent et le sexe. Je préfère avertir que que le ton est cash et certaines scènes crues...
Pour faire contrepoint avec la noirceur du contexte, Richard Palachak éclaire son récit par une plume limpide et ciselée. Les mots s'enchaînent avec une dextérité déconcertante et vous emportent dans les tribulations glauques de Gino et Kalache.

Son premier recueil de nouvelles noires intitulé Kalache m'avait impressionné en début d'année.
Avec Vodka Mafia, Richard Palachak confirme un incontestable talent littéraire et il signe, selon moi, une entrée remarquable sur la scène du roman noir.
J'espère vraiment qu'il vous plaira autant que moi.

Un extrait généreux de Vodka Mafia de mon ami Richard Palachak afin que vous puissiez apprécier la force de sa plume évocatrice. Il dit, et tel un démiurge, il fait se dresser dans votre imagination des tonnes de béton, des kilomètres de rues peuplées d'une faune pittoresque et vous sers leur histoire glanée au détour d'une conversation.
Vue de Bratislava, ma ville natale, extrait du roman Vodka Mafia (voir lien en fin d'article)

"Un mélange d'avancement trop rapide et de passé immuable,
où les buildings côtoient des vestiges médiévaux et le gigantisme soviétique des quatre voies en lacets bouclés.
Puis des blocs administratifs d'entreprises du monde entier,
le château et son Stare Mesto pittoresque,
un océan d'immeubles déglingués à perte de vue,
le beau Danube bleu qui vire au marron sous la pollution des picaillons européens,
des centres commerciaux féroces et titanesques,
des usines de tout et de rien et surtout de partout,
des zones d'activité cyniques et démesurées,
les fameux trams et trolleys rouges plus explosifs et plus forcenés que jamais,
les bagnoles toujours plus fumeuses et les antennes relais toujours plus populeuses,
et les éoliennes vertigineuses qui poussent sur le terreau moisi de la piétaille empressée,
du bordel et du bruit,
des odeurs acres et des visions stroboscopiques,
autrement dit le futurisme malhonnête et la nostalgie artificieuse,
le tout gribouillé sur un même faux papier jauni de liseuse numérique dégénérée,
convulsionnant l'avenir dans la nuit du Nouveau Monde."
Richard Palachak

Ayant fini Kalache et tokarev, je m'attelle donc au dernier chef d'oeuvre de la trilogie ! Vodka Mafia ou le long périple dans l'est, Gino ne manque jamais une occasion de faire découvrir les mythiques occupations slaves, sous couvert d'alcool, de femme, d'excès en tout genre tel que la mafia, tout est étonnement expliqué parfaitement, vous donnant la sensation d'y être ! Inutile (ou presque) de vous rendre dans les carpathe,(même si après avoir lu vous n'aurez que cette envie) vous aurez sûrement une sensation de déjà vu. La facilité de se mettre dans le livre, la beauté de l'écriture, la sensation d'être dans ces repas sans fin, sont totalement bouleversant ! La noirceur bien amorcé qui rajoute une certaine brillance dans les écrits est stupéfiante ! Je recommande ce chef d'oeuvre une fois de plus signé Palachak !
En un mot : ADDICTIF

Parmi mes découvertes de l'année, il y a Richard Palachak dont je termine la lecture de Voka Mafia, 3eme livre cette année (c'est donc que j'accroche). Certains parlent de noirceur, je lis de l'humour et un regard plein de tendresse désabusée sur ses personnages. On s'attache et s'intéresse (on se s'offusque aussi) aux mésaventures de ses personnages ce qui rend la lecture très agréable et facile. Bien entendu cette facilité vient aussi d'un texte très travaillé, d'une musicalité des phrases et des mots (argots, verlan, rap, toute la palette y passe. du talent.

Après Kalache et Tokarev, il était évident que je ne serais pas déçu par "Vodka Mafia".
On suit l'épopée de Gino pendant un voyage dans les Carpates. Mafia, ours, loups, prostitués, gros bras steroïdés, alcool jonchent son parcours. Comment ne pas être conquis par l'oeuvre de Richard Palachak???