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EAN : 9782330116552
272 pages
Actes Sud (03/10/2018)
3.89/5   28 notes
Résumé :
Ted Hughes s'est très peu exprimé sur le suicide de sa première femme, Sylvia Plath. C'est dansce silence que s'introduit Connie Palmen, qui imagine qu'à la fin de sa vie, le poète rédige dansl'urgence une sorte de confession, rappelant les souvenirs des sept années passées en compagnie de Sylvia Plath, de 1956 à 1963. Avec une empathie admirable, elle rend vie à l'un des couples les plus célèbres de l'histoire de la littérature.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le début de Ton histoire mon histoire m'a enthousiasmée ! À la page 40, j'avais déjà mis sept petits repères pour des phrases à citer, à relire, à tenter de retenir… et j'en ai mis beaucoup d'autres après. Pour une fois, le titre français de ce roman me semble plus pertinent que le titre original (Jij zegt het : Tu le dis). Peut-être est-ce parce qu'il est flanqué, sur la première de couverture, de deux photos identiques mais inversées, les deux personnages formant un chiasme qui les oppose et les sépare, renforçant ainsi l'impression produite par les regards qui ne convergent pas vers le même point. L'histoire est connue. Les amours tumultueuses et tragiques de Sylvia Plath et Ted Hughes ont défrayé la chronique dans les années soixante et après, particulièrement en Angleterre et aux États-Unis. Connie Palmen raconte la douloureuse aventure amoureuse de ces poètes, aujourd'hui célèbres tous les deux, en adoptant le point de vue de l'homme, dont elle fait son narrateur. Elle choisit de mettre en exergue une phrase de Ted Hughes sur le besoin d'écrire, la « pulsion » de « confession secrète » sans laquelle, peut-être, « On n'a pas d'écrivain ».

Et c'est vraiment l'impression que j'ai eue : assister à la confession d'un accusé considéré comme coupable ; c'est le rôle habituellement dévolu à Ted Hughes. Pourtant, jusqu'au milieu du roman environ, il ne m'a pas semblé que le personnage se cherchait des excuses, plutôt qu'il tentait de raconter les faits comme ils avaient eu lieu. Connie Palmen s'appuie fréquemment sur certains écrits de ses deux protagonistes et signale les « emprunts » par un astérisque dans le texte, ce qui l'ancre dans le réel. Au début, tout semble opposer Plath et Hughes : leur nationalité, leur milieu social, leur personnalité, leur notoriété, l'attitude de leurs familles, et cela fait beaucoup de dissemblances à gérer malgré l'amour et la commune passion d'écrire. De plus, il faut composer avec la fragilité psychologique de Sylvia : sa dépression, ses sautes d'humeur, sa violence. Lui n'est pas simple non plus : sa passion pour l'ésotérisme en général, l'astrologie et l'interprétation des rêves en particulier, sa confiance dans ses intuitions, sa célébrité naissante qu'il savoure forcément, sa conscience des ridicules auxquels s'expose parfois Sylvia n'en font sans doute pas toujours un compagnon très agréable… Dans la deuxième moitié du roman, j'ai trouvé que le ton changeait. L'auteure met en scène un Ted Hughes à bout, qui n'en peut plus de cette vie, et qui se laisse aller à une aventure, précipitant ainsi le couple vers la séparation. Connie Palmen présente un personnage qui avoue ce qu'il ressent même quand ce n'est vraiment glorieux. Sans lui donner le beau rôle, la romancière traite parfois son personnage comme une victime ; la narration à la première personne renforce cette impression, prenant ainsi le contrepied sur la plupart des biographies, des romans et des diverses œuvres traitant de la même histoire. C'est dans cette deuxième moitié qu'est le plus fréquemment évoqué l'après-suicide, « après sa mort » dit le personnage, et cela colore chacune de ses paroles, provoquant parfois un vrai malaise chez le lecteur, en tout cas chez moi, accompagné d'un sentiment de voyeurisme.

Ce que j'ai adoré dans ce roman, plus que l'originalité du point de vue, c'est l'écriture. Divisé en paragraphes plus ou moins longs, le texte n'est jamais pesant. le vocabulaire se révèle précis et très riche, mais sans sophistication ni pédanterie. Connie Palmen affectionne l'alternance de phrases très courtes et assez longues et les énumérations enrichies d'explications :
« Tous ceux à qui la mort a pris un proche connaissent la douleur de la rétrospective, le décompte des derniers jours et des dernières heures, les mois et les saisons marqués d'une croix noire, la conscience à la limite du supportable des survivants que ce lundi-là, ce mois de mai, ce printemps, ce Noël, fut le dernier qu'un bien-aimé ait vécu.
Et qu'il ne le savait pas, que personne ne le savait. » (p. 200)
Je ne vais pas citer le dixième de ce que j'ai noté…

Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac
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La Feuille Volante n° 1347 – Mai 2019.

Ton histoire. Mon histoire – Connie Palmen – Actes Sud
Traduit du néerlandais par Arlette Ounanian.

C'est un roman inspiré par la vie de Sylvia Plath (1932-1963), écrivain et poétesse américaine et Ted Hughes (1930-1998) poète et écrivain anglais, leur bref mariage et leurs relations difficiles. C'est Ted qui prend la parole et évoque tout d'abord leur rencontre, à la fois violente et sensuelle. Lui c'est un idéaliste réservé qui croyait au destin, un séducteur, mais à cette période, un étudiant pauvre, un poète « sans nom ni renom ». Elle, c'est une belle étudiante, exubérante et inattendue qui croit en son avenir de femme de lettres. Il découvre cette jeune fille, sa tentative de suicide avant de le connaître, sa volonté de se mettre en danger, de disparaître, ce qui est une façon de faire planer sur sa vie l'ombre inquiétante de la camarde. Il y a tout au long de ce roman une atmosphère malsaine, ésotérique avec la pratique de la divination, de l'hypnose avec Sylvia comme objet et également l'usage du ouija, la présence oppressante de la part d'ombre que chacun d'eux porte inconsciemment et qui se révèle destructrice, avec le constant rappel du concept de la séparation, de la mort suivie d'une hypothétique renaissance. Après leur mariage, ils voyagent en Europe, dans Paris occupé par les nazis et en Espagne où le décor de mort violente est symbolisée par la tauromachie, puis en Amérique, ce qui, malgré leur appétit de voyage et de grands espaces ressemble à un exil. Ce climat un peu délétère laisse place à l'écriture, mais seulement en contrepoint, comme si elle était accessoire, alors qu'ils sont tous les deux écrivains. En outre semble s'installer entre eux une atmosphère de secret et leur mariage est d'emblée mis sous l'égide du non-dit, du mensonge et de la dissimulation de la vérité, de méfiance, de lourds silences. Leur amour fou du début s'habille très vite des soupçons de Sylvia et d'une jalousie maladive de sa part, d'attirance supposée de Ted pour les jeunes et belles étudiantes, puis, plus tard, des relents d'adultère, Sylvia voyant dans toutes les femmes que rencontrait son mari, une possible rivale. Lui, de son côté, sans doute accablé par Sylvia, répond facilement aux étourdissements libérateurs de l'amour.
Sylvia a un lourd passé névrotique avec une incompréhension et un désamour de ses parents, le fantôme envahissant d'un père traumatisé par la guerre, une mère abusive puis, plus tard, après son mariage, le côté agressif de sa belle-soeur. Elle a sans doute pensé que sa rencontre avec Ted puis leur union serait une solution, un exorcisme, mais elle a été obligée de se rendre à l'évidence qu'il n'en était rien. Elle voudrait être une épouse attentive, peut-être une future bonne mère de famille mais elle voit bien qu'elle n'est guère douée pour cela et les événements semblent lui donner raison. Lorsque que leur deux enfants naîtront, elle ne sera pas vraiment à la hauteur de son rôle de mère. de plus elle est un génial poète et le sait, veut pratiquer son art avec passion et recherche légitimement le succès qui ne vient pas alors que Ted connaît dans ce domaine une relative réussite ce qui induit un atmosphère délétère dans ce ménage de créateurs littéraires qui ont ainsi tendance à se détruire alors qu'ils devraient s'épauler. Elle en conçoit une improbable cabale dirigée contre elle et s'y accroche, nourrissant ainsi une réelle paranoïa. Son état mental lui interdit même pendant longtemps de tomber enceinte, ce qui pour elle a des accents d'échec et entretient ses pulsions destructrices. L'amour réel que Ted éprouve pour Sylvia engendre une situation assez surréaliste. Chacun d'un cherche sa propre voix poétique mais elle est jalouse des succès de son mari et il en résulte une attitude nocive et lui se laisse manipulé. Pire peut-être, les angoisses et les obsessions de son épouse deviennent les siennes propres au point que Ted finit par ne vivre que par elle et pour elle. Leur vision idyllique du mariage s'estompe peu à peu et, face à cela, une démarche psychiatrique s'impose pour Sylvia et, dans ce contexte de paroles, son mari se retrouve facilement au centre de ses accusations avec toute la culpabilité incontournable, sa position au sein du couple s'en trouve affectée et le suicide de Sylvia le met définitivement pour le monde extérieur dans le rôle du coupable. le retour sur le passé, inévitable dans ce genre de thérapie, ne fait qu'aggraver les choses et l'écriture ne joue même plus pour elle son rôle cathartique. Au terme de ce processus Sylvia devient une véritable inconnue pour son mari, une femme insaisissable, victime de ses vieux démons, de ses obsessions, qui, malgré leurs efforts pour rendre plus douce la vie, malgré la présence des enfants et l'atmosphère commun de créativité, à cause des infidélités de son mari, s'avance inexorablement vers la mort tandis que Ted connaît enfin une notoriété dont elle est exclue.
Ce roman met en scène fictivement Ted qui écrit à la première personne et qui ainsi nous donne sa vision unilatérale des choses sans que son épouse puisse prendre vraiment la parole. Il y confesse lui-même, comme une quête de rédemption, son attirance pour d'autres femmes, comme pour se libérer du carcan de sa vie conjugale pourtant brève mais de tout temps vouée à l'échec et ne pouvait avoir pour Sylvia qu'une issue fatale, présentée comme une sorte de sacrifice fait à un amour impossible, à la vie et aux illusions qu'elle engendre.
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman fort bien écrit et poétique qui, à titre personnel, a nourri ma réflexion sur le mariage, sur l'amour qui devrait y présider et qui finalement n'est pas autre chose qu'une frêle illusion, sur l'espèce humaine et ses incroyables légèretés, ses faiblesses et ses hypocrisies entretenues, sur la fragilité de la vie...
©Hervé Gautier.

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Lorsque je présente un livre et la lecture que j'en ai faite, je me refuse à me lancer dans une longue explication de texte, privilégiant ce qu'a été mon rapport à l'oeuvre.
Tout d'abord il me faut dire la place singulière qu'est venue occuper la poétesse américaine Sylvia Plath dans ma vie.
Après l'avoir découverte dans son succès mondial posthume - La cloche de détresse -, je n'ai eu de cesse de me promettre d'en apprendre davantage sur le destin exceptionnel et tragique de cette jeune femme brillante et douée, morte à 30 ans.
Comme beaucoup, si je ne crois pas forcément "aux signes", je ne les ignore pas.
Son suicide à 30 ans a tristement fait écho à celui de ma fille aînée… au même âge...
De plus, la première tentative d'autolyse de Sylvia a eu lieu en 1953... année de ma naissance.
En découvrant ce qu'a été sa vie ante et postmortem, d'autres coïncidences troublantes (que je tairai) m'ont troublé.
J'avais dans la liste de mes livres à lire - Ton histoire Mon histoire - de Connie Palmen, dont je reculais sans cesse la lecture… par peur des émotions fortes qu'elle génèrerait.
J'ai franchi le pas il y a quelques jours ; le choc et l'émotion (très forte) ont été au rendez-vous attendu et redouté.
L'auteure, à travers l'étude pointue de documents, donne la parole à celui qui ne l'a jamais prise : le grand poète anglais Ted Hugues, mari de Sylvia et père de leurs deux enfants. Autrement dit, "le salaud", le coupable que les biographes de Sylvia et la mythologie populaire ont fait de lui.
Connie Palmen rebat les cartes et nous propose une vision plus "équilibrée" de ce que furent ces sept années de vie commune.
Et même si l'empathie de l'auteure à l'égard de Ted est manifeste, mais nuancée, elle n'a pas réussi à me convaincre que ce malaise que je ressens dans leur relation… persiste, et toujours "en faveur" de Sylvia.
Par ailleurs, j'ai regretté le trop court paragraphe évoquant la mort (dans les mêmes conditions que Sylvia) d'Assia Wevill et de leur petite fille Shura… 6 ans plus tard.
De même que le tour de prestidigitation réalisé sur la disparition (probable) du dernier cahier du journal intime de Sylvia… disparition que l'on impute à Ted, et dont Connie Palmen ne le dédouane qu'en "passant".
En résumé, un livre qui se lit comme un roman, mais la vie de ce couple légendaire est un roman.
Il est impossible de connaître l'un de ces deux poètes sans connaître l'autre, mais pour ceux qui ont encore ce "blanc" dans leur connaissance de la littérature du XXéme siècle…. ne faites surtout pas l'impasse sur la vie et sur l'oeuvre de Sylvia Plath et de Ted Hugues.
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Sylvia Plath et Ted Hugues.
Une histoire qui a déjà fait couler beaucoup d'encre.
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Ils se rencontrent le 25 février 1956, au cours d'une fête d'étudiants et se marient quatre mois plus tard.
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Ils sont tous les deux poètes.
Il est Anglais. Elle est Américaine.
Ils veulent tous deux vivre de leur plume.
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Leur histoire dramatique est connue de tous. Les biographies ne manquent pas. Mais que peut donc apporter ce livre de plus à l'édifice ?
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Un petit vent de contestation !
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Toutes les versions concordent. Sylvia, c'est l'idole. Et Ted, c'est le traître de l'histoire. Alors quand Connie Palmen nous emmène faire un petit tour du côté de Ted, on se laisse embarquer de l'autre côté du miroir.
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Oui, cette histoire a Ted pour narrateur. Et franchement, c'est un vrai tour de force parfaitement réussi.
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J'ai adoré ce roman. Adoré voir toute cette relation par les yeux de Ted. J'avoue même avoir un peu compati.
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Connie Palmen se base sur des textes écrits par Ted avant son décès. C'est rondement mené et le résultat est exceptionnel.
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Sylvia Plath s'est suicidée et son mari, Ted Hugues, en a toujours porté l'opprobre.
Je l'avoue, je ne connaissais rien d'eux, n'avais lu aucune de leurs oeuvres avant de me plonger dans cette confession fictive du romancier.
Évidement, ce récit a pour objectif de réhabiliter Ted Hugues. Il se livre, décrit ses années de mariage auprès d'un femme bipolaire. Qu'il est difficile de vivre avec ces hauts et ces bas, cette violence, cette instabilité. Comment être heureux, sauver son mariage, protéger ses enfants devant tant de dépression, de mal être ? Tout cela est parfaitement décrit, on se met à la place de l'époux qui ne cherche pas tout à fait à s'absoudre mais à donner sa version de l'histoire. Il ne l'a jamais fait en réalité. L'écriture est ciselée, non voyeuriste, on sent l'inévitable arriver.
Un livre intéressant et intime.

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critiques presse (1)
LeMonde
26 octobre 2018
La romancière néerlandaise Connie Palmen s’empare du mythe de l’écrivaine, suicidée à 30 ans, en 1963, en donnant une voix poignante à son époux et poète, Ted Hughes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Chaque mois d’avril, je vois les jonquilles sortir par milliers de la terre aux alentours de Court Green, indifférentes au sort des humains, aveugles, n’obéissant qu’au désir irrésistible de s’extirper du royaume des ombres, de se frayer un chemin vers la lumière pour danser, fringantes ballerines au gré des vents. Et chaque année, je pense à son dernier avril, comme elle avait accueilli pour la première fois – et puis plus jamais – avec des cris de joie respectueuse, ce don d’or jaune d’une excessive beauté. L’épicier nous y avait un peu poussés, il nous avait fait comprendre que nos prédécesseurs récoltaient les jonquilles pour les lui vendre, alors nous nous sommes mis au travail, sourds aux petites plaintes des tiges malmenées, nous avons coupé les fleurs avec des ciseaux, nous les avons attachées par douzaines et nous les avons apportées au revendeur. La vente de ces fleurs, à côté du gibier que je chassais, des poissons que je pêchais, des fruits et légumes que nous récoltions, nous confortait dans le sentiment de séjourner dans un paradis autarcique où la terre et notre travail nous permettaient de vivre. Une visiteuse a pris, un dimanche de Pâques, une photo de ma femme et de nos enfants, une sainte famille, placée au milieu des jonquilles, sous l’éclairage parfait d’un insolent soleil printanier. Ce mois d’avril là, nous avons perdu les ciseaux – un cadeau de mariage – disparus sous la terre où, petite croix rouillée, ils gardent en mémoire la fine empreinte de ses mains.
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L'industrie babylonienne qui s'est développée autour du culte de ma femme a changé mon monde clos, secret, en une place de village au centre de laquelle j'étais cloué au pilori, nu devant un public de croqueurs de cacahuètes avides de sensations. (p. 259)
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Celui qui veut créer doit mourir des dizaines de fois dans sa vie. (...)La littérature aime détruire pour créer de nouvelles vies. Je ne demandais pas mieux que de l'aider, d'être le maïeuticien qui l'accoucherait de son Moi poétique. Comme pour tous les parents, l'enfant était pour nous le grand inconnu et nous n'imaginions pas qu'il détruirait tout, tout le monde, y compris lui-même
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Nous, un groupe de jeunes gens ambitieux, destinés à une vie hors du commun que, frivoles et insouciants, nous n'étions pas pressés d'entamer, nous nous étions mis en garde contre le mariage et le pouvoir des femmes. Les ballades irlandaises, écossaises et celtes que nous chantions le soir dans nos chambres ou dans les pubs nous apprenaient à nous méfier de l'attrait exercé par le sexe faible, du mystérieux pouvor qu'avaient les femmes de domestiquer les hommes, de les transformer en animaux dociles.
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Nous étions jeunes et inexpérimentés, indécis à l’orée du monde des adultes, des responsabilités, des revenus, des maisons, nous cherchions tous deux notre voie. Nous écrivions tous les jours, rêvions d’une vie de poésie, avions peu d’argent et de la passion à revendre. Six jours après notre mariage, nous partions pour deux mois sur le continent, elle une Samsonite pleine à craquer dans une main, sa machine à écrire – une Hermès portable – dans l’autre, moi avec un sac à dos bourré de vieux vêtements et un Shakespeare à couverture rouge et papier bible sous le bras. C’était la première étape d’une existence nomade à laquelle la jeunesse, une certaine prédisposition au pathos romantique, et une admiration partagée pour Frieda et D. H. Lawrence semblaient nous avoir destinés. Nous nous prenions pour des pèlerins en quête du sens le plus élevé qu’il fût possible d’accorder au “Nous”.
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