AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782815929738
405 pages
L'Aube (04/04/2019)
3.32/5   17 notes
Résumé :
« Nous avions en commun l’écho infini de la douleur de nos enfances, la vie à tout jamais recouverte d’un épais brouillard. »

Júlia n’a jamais tout raconté sur ce qui s’était passé. Ni à ses parents, dont elle s’éloigne chaque jour un peu plus ; ni à ses amies, qu’elle a cessé de voir depuis des mois. Elle a cru qu’en vivant ainsi elle pourrait tout oublier, mais les souvenirs gardés par son corps ne peuvent s’effacer. Elle ne désire... >Voir plus
Que lire après Des abeilles sous la peauVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Trois parties distinctes dans ce beau roman de David Machado. Trois époques différentes : 1994, 2010, 2017. Deux personnages principaux, deux femmes à différents âges de leur vie : Julia et Catarina. Au début de la première partie, un narrateur à la troisième personne nous apprend que Julia a subi un terrible traumatisme qui ne s'efface pas. Dépressive, elle rumine des idées suicidaires. Dans l'appartement d'à côté, très souvent, un couple se dispute violemment. Un petit matin, alors que Julia fume un joint penchée à sa fenêtre, une petite fille de quatre ou cinq ans l'interpelle deux fenêtres plus loin. Elle n'aura plus qu'une idée : arracher cette enfant à son enfer de cris et de coups…
***
Si la construction du roman semble simple de prime abord, la lecture réserve des surprises. La première partie traite de Julia, de sa dépression. le lecteur comprend ce que la jeune femme a subi, mais ce n'est jamais totalement explicite. le traumatisme imposé régulièrement à la petite fille, Catarina, est plus clair. Dans la deuxième partie, on suit un écrivain traumatisé par la guerre en Angola, entre autres violences, et on voit son roman en train de s'écrire en prison, mais la guerre n'en est pas le sujet. Dans la troisième partie, Manuel, 11 ans, enregistre des cassettes dans lesquelles il s'adresse au Manuel adulte qu'il espère devenir. le jeune garçon vit dans le traumatisme permanent que lui fait subir la probable paranoïa de sa mère. Les parties sont interreliées, mais le lecteur ne le découvre que petit à petit, et il doit littéralement décoder certains aspects du récit. La première partie qui semblait claire suscite de nombreuses questions quand on prend connaissance de la deuxième. On trouvera des réponses et une touche d'espoir dans la troisième partie.
***
J'ai beaucoup aimé Des abeilles sous la peau, un roman qui impose au lecteur un travail de déduction. Toutes les parties ont leur intérêt, et le style d'écriture diffère selon le narrateur. La plongée de Julia dans la dépression, ou plutôt la plongée dans la dépression de Julia se révèle bouleversante et fait partager l'égarement de la jeune femme comme ses accès de panique. La présentation de la partie métafictionnelle m'a séduite par son contenu, mais aussi par sa forme : alignement à droite ou à gauche selon le cas, phrases et mots raturés mais qui restent lisibles, par exemple. Les trois personnages narrateurs (on découvrira qui se cache derrière celui de la première partie) nous plongent dans leurs traumatismes, nous font partager les violences subies sans jamais les décrire vraiment, nous amènent à comprendre à quel point ces accidents de la vie les ont marqués à jamais et comment leur douleur finit par contaminer leur entourage. Il faudra l'innocence et le courage de Manuel, sa conscience d'être aimé pour que s'ouvre la possibilité d'un avenir meilleur. Je n'ai pour le moment rien lu d'autre de David Machado, mais je le ferai !

Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac
Commenter  J’apprécie          260
Après deux excellents romans : Laissez parler les pierres et Indice de bonheur moyen, ce dernier évoquant la crise économique et sociale portugaise, l'auteur lisboète David Machado signe avec Des abeilles sous la peau son livre le plus noir mais pas le moins captivant. Trois récits se succèdent, à différentes périodes, tous connectés à un traumatisme subi par une jeune femme. Chacune des parties du roman a son style propre : le premier raconte la dépression de Julia après des sévices corporels qui l'ont laissé hagarde, le second décrit les tâtonnements d'un écrivain dans la progression de son roman, le troisième livre les réflexions d'un enfant confronté aux phobies de sa mère. Tous les personnages sont confrontés à la violence avec comme premier réflexe de se réfugier dans la solitude et de refuser les contacts avec le monde extérieur. Mais comment peut-on vivre ainsi ? le remède et le choix de s'ouvrir pour guérir et enfin de faire confiance aux autres se trouve dans le dernier segment du livre. L'écriture de Machado est singulière, proche du conte parfois, créant un suspense émotionnel très fort, suggérant plus que révélant le passé de ses protagonistes. le lecteur ne peut qu'être happé et passionné par ces existences meurtries de personnages qui nous sont si proches que l'on ressent de manière physique chacune de leurs angoisses avec le ferme espoir que la lumière pénètre enfin dans leur vie. C'est dur mais c'est beau.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          200
Dans ce roman en trois parties, on suit le chemin tortueux de personnages ayant subi des traumatismes (violences d'un petit, violences de guerre, isolement). Pour les plus chanceux, ils et elles cheminent de l'ombre à la lumière. Ils et elles se défont peu à peu de la prison dans laquelle les maintiennent les traumatismes subis.

A travers les trois voix qui se font entendre dans chacune des parties et leur confrontation, l'auteur modifie notre regard sur les personnages par de légères touches. Nous découvrons des facettes initialement cachées de leur personnalité. Nous cheminons avec eux dans l'obscurité jusqu'à percevoir une lueur dans leurs ténèbres.

Des abeilles sur la peau est aussi un roman sur l'écriture et sur comment écrire sur ces sujets difficiles que sont les violences. En particulier, dans la deuxième partie, nous suivons un écrivain dans sa quête de vérité à travers l'écriture.

La troisième partie est la plus douce. Une enfance exigeante racontée par le petit Manuel. On s'y délecte des collines du sud du Portugal. Des journées qui s'étirent sous le soleil et qu'il passe avec son amie Rachel, la fille de hippies allemands venus vivre dans les bois, une vie joyeuse et aimante dans la nature qui inspirera Manuel et l'incitera à pousser les portes de la tour d'ivoire dans laquelle sa mère l'a enfermé, avec beaucoup d'amour, pour le préserver du mal.

Roman très riche et exigeant, qui fait appel à notre esprit critique et à notre capacité de réflexion, Des abeilles sous la peau n'apporte aucune réponse toute faite. David Machado dissémine à travers le texte tous les éléments, tels de petits cailloux blancs laissés dans une forêt. A nous de les trouver et de les mettre en lien. Voilà la condition pour reconstituer le puzzle de ces vies fracassées et apprécier le roman dans toutes ses dimensions.
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman de David MACHADO, découvert dans le cadre du Prix des lecteurs de Cognac 2023, mettant à l'honneur le Portugal, a de quoi dérouter du fait de sa structure particulière.
En effet, le récit se développe à travers trois textes qu'on ne comprend reliés qu'à la toute fin. Il court sur trois périodes : 1994, 2010, 2017 et permet de suivre deux héroïnes, Julia et Catarina, qui en constituent le fil rouge. Deux personnages masculins croisent également leur vie chaotique.
Le lecteur suit d'abord Júlia, une jeune femme que l'on suppose battue et détruite psychologiquement par son petit ami. Elle refuse de partager sa souffrance et s'enfonce dans le mutisme, la peur et les addictions. La seconde partie, écrite comme un brouillon de scénario, présente Salomão, homme mûr et écrivain qui se retrouve embarqué dans une histoire d'amour avec une femme fuyante qui le manipule et l'entraîne vers la violence. Enfin, le roman s'achève avec le récit d'un petit garçon complètement isolé par sa mère dans une vie dictée par la peur, la méfiance envers les autres et le monde extérieur.
Tous les personnages se révèlent victimes et/ou auteurs de violences physiques ou psychologiques. Cette thématique du traumatisme est lourde et montre tous les rouages de l'emprise de victimes par la violence, l'autodestruction qui en découle, l'enchaînement de situations et de prises de décisions graves jusqu'à la transmission intergénérationnelle.
Je n'ai pas été sensible à cet exercice de style dont la construction en puzzle ne m'a pas embarqué et a été difficile à suivre.
Tout au long de ma lecture, le propos s'est révélé pesant, noir et j'ai eu du mal à entrevoir une touche d'espoir ou une possibilité de résilience.
Commenter  J’apprécie          10
Julia n'a pas tout raconté de ce qui lui était arrivé. Mais une chose est sûre, elle est traumatisée. Cloitrée chez elle, elle entend les disputes incessantes de ses voisins et ne souhaite qu'une seule chose : sauver la petite fille qui subit la violence de ses parents.

Ce roman se divise en trois parties distinctes, à trois dates différentes. Narration à la troisième personne pour la première partie centrée sur Julia. Des notes pour un roman écrites par un homme pour la seconde partie. Et l'enregistrement d'un enfant pour la dernière. Là encore, je n'ai pas envie d'en dire davantage parce que l'auteur donne à ses textes une ambiance énigmatique, on ne sait pas tout de suite qui sont les personnages qui évoluent sous nos yeux interloqués, on ne le comprend qu'au bout d'un certain temps.

C'est original, atypique et intéressant. D'un point de vue littéraire et formel, la seconde partie est passionnante. Rien n'est totalement explicite, tout est suggéré avec pudeur et parfois des pans entiers de la vie des personnages sont tus. C'est un roman qui permet au lecteur d'avoir une part active dans les déductions qu'il doit faire pour élucider les situations. Ce roman est exigeant, il n'apporte pas toujours de réponse, mais nous mène à réfléchir.

Le sujet ?

La violence faite aux femmes, la violence faite aux enfants, la violence en général et le traumatisme que cela engendre. Ces actes violents ne sont pas décrits, à peine effleurés, car l'auteur a choisi de mettre l'accent sur les conséquences qu'elles ont sur la personne qui les a subies mais aussi sur les générations futures.

Un livre qui mérite qu'on s'y attarde. Vraiment.

Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous avions en commun l’écho infini de la douleur de nos enfances, la vie à tout jamais recouverte d’un épais brouillard. Et je ne sais ce qui est le pire : la souffrance ou le souvenir éternel de cette souffrance ; un souvenir qui s’immisce dans les pensées, la chair, les os, les mots, l’âme, et contamine tout. On a beau lutter de toutes ses forces, il est impossible de survivre au mal qu’on nous a fait.
Commenter  J’apprécie          10
N’y a-t-il vraiment aucune manière d’entraver ce processus qui nous fait revivre sempiternellement nos jours les plus funestes ? N’existe-t-il aucun traitement pour nos souvenirs ?
Commenter  J’apprécie          20
mais subitement se réveiller là, au milieu de ce parc, sous les arbres et à la merci du vent, enveloppée par le doux parfum de la terre mouillée, lui semble plus réel que toute autre chose dans sa vie. Et elle ne peut s’empêcher de penser que ce serait incroyable de ressentir cela tous les matins, une satisfaction facile et immédiate à chaque nouveau soleil, la certitude que tout continuerait à être simplement comme avant.
Commenter  J’apprécie          00
Je sais aussi que, tôt ou tard, notre mémoire devient prisonnière des tristesses et des douleurs et que tout le reste se perd dans une sorte de brouillard, comme c’est arrivé pour ma mère – ou pour ta mère.
Commenter  J’apprécie          10
Le problème avec les cauchemars, c’est le souvenir qu’ils laissent dans le corps.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : littérature lusophoneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Magasin des Suicides

Que ne vend pas le magasin?

Des bonbons
Des jouets pour enfant
Des kimonos
Des cordes

15 questions
435 lecteurs ont répondu
Thème : Le Magasin des suicides de Jean TeuléCréer un quiz sur ce livre

{* *}