Ce témoignage de
Rithy Panh, plus de trente ans après le régime du Kampuchéa démocratique de 1975 à 1979, est bouleversant. Rithy avait treize ans lorsque cela a commencé. Il y a perdu presque toute sa famille, son identité, son humanité. Par ce récit, il ne veut "ni sacralisation, ni banalisation", il veut comprendre.
Son métier de cinéaste lui permet de mettre des images et surtout de les expliquer. Ce livre permet de mettre des mots sur cette horreur.
L'auteur alterne le récit de sa jeunesse et la confrontation avec le principal bourreau, Duch. Les deux témoignages sont violents. le récit de la deshumanisation, du génocide est horrible mais le rire et la négation de Duch sont révoltants.
Duch affiche son attitude " Ne pas voir, ne pas regarder, ne pas entendre. Annoter les dossiers dans on bureau : telle est sa position officielle" . Et pourtant, dans le centre S21 que dirige Duch, on torture, on viole, on fait avouer et on extermine.
Dehors, les Khmers rouges anéantissent la classe intellectuelle, font les mariages, interdisent les lunettes, uniformisent les habits et changent les prénoms.
" Dans ce monde, je ne suis plus un individu. Je suis sans liberté, sans pensée, sans origine, sans patrimoine, sans droits : je n'ai plus de corps. Je n'ai qu'un devoir : me dissoudre dans l'organisation."
Rithy Panh fait un récit sans concession, dénonçant les avocats de la défense, le secrétaire de l'ONU, l'absence des autres pays. Son style est simple et efficace, il raconte sans rien omettre de l'horreur, et reconnaît les rares soutiens qui l'ont aidé à résister.
Ce document est un témoignage capital et bouleversant.
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