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C'est un sujet que je connaisais peu, finalement. Trop jeune à l'époque et trop loin pour en avoir pris la juste mesure.
Rithy Panh m'a fait prendre conscience avec dignité, de l'ampleur de cette élimination d'un peuple.
Une grande leçon d'histoire.
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Très dur à lire, cet ouvrage est surprenant.
Car ce livre est presque philosophique.
On ressort sonné de sa lecture, mais aussi grandi d'avoir accompagné Rithy Pan dans sa volonté de comprendre et chercher le pardon avant de condamner.
Rithy Pan essaye de comprendre la cruauté et la folie des bourreaux et en particulier de DUCH dont il dresse un portrait psychologique presque humain (car complètement inconscient de l'horreur de ses actes).
Rithy Pan ne pardonne pas mais analyse chaque "détail" pour que le génocide ne devienne pas un "détail" dans l'histoire. Car ce génocide dont je savais très peu de choses, a été trop longtemps nié, et doit être dénoncé.
C'est un livre fort et terrible, qui ne cherche pas à susciter la pitié, écrit par un homme qui cherche juste à comprendre et à obtenir reconnaissance et respect pour la mémoire des victimes et se termine sur une note philosophique bouleversante.
Un livre qui devrait être lu en cours d'histoire.
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L'élimination est un de ces documents qui vous glace le sang. Rithy Panh, survivant des purges imposées par Pol Pot au Cambodge dans les années 70, nous fait partager son expérience de l'horreur sous ce régime sanguinaire avec beaucoup d'humanité et sobriété.

Rithy Panh s'applique à garder une certaine distance par rapport à son histoire ce qui ne l'empêche pas d'être bouleversante. Les interrogatoires de Duch (tortionnaire et dirigeant du fameux camp S21) qui restent stériles sont particulièrement éprouvants.
Un document brut et éclairant sur le régime Khmer rouge, l'un des plus cruels de l'histoire de l'humanité et que la mémoire collective omet pourtant fréquemment.
Lien : http://www.quartier-livre.fr..
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Un livre fort sur le génocide cambodgien... Un écriture percutante pour décrire une période de barbarie....
Magnifique...
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L'âme Khmère découverte

Entre 1975 et 1979, 1,7 million de cambodgiens (1/4 de la population) ont péri suite à la famine et aux exécutions de masse.

Rithy Panh, 13 ans au moment de la prise de Phnom Penh, en a réchappé, mais il a perdu une grande partie de sa famille. Depuis, il filme et il écrit, pour rappeler.

"L'élimination" co-écrit avec Christophe Bataille, se situe dans le prolongement du formidable film reportage : S21 - La Machine de mort Khmere rouge.

Ce livre croise le récit par Rithy Panh, de ses années de survie et celui de ses entretiens avec Duch, le tristement célèbre commandant de l'usine de mort S 21, le principal camp Khmer rouge.

Rithy Pahn cherche à comprendre comment des hommes issus de familles aisés, cultivés comme Pol Pot, Kieu Samphan, Ieng Sary, Ieng Thirith ou Duch, qui ont étudié en France, ont pu se transformer en monstres au service d'une idéologie dévastatrice. Il cherche l'humanité chez les bourreaux.

Le récit de Rithy Pahn fait froid dans le dos quand il évoque la lutte quotidienne pour la vie, la disparition d'une partie de sa famille, le climat de peur dans un pays devenu un immense camp de travail, l'absurdité idéologique.

Dès l'entrée dans la capitale Khmère le 17 avril 75, les Khmers s'acharnent à faire disparaître toute histoire personnelle et se lancent dans un projet dément : "créer" un homme...ancien ! Oui, les Khmers rouges considèrent que seul "l'ancien Peuple" (les paysans, les illettrés, les acculturés), est l'héritier du grand Royaume Khmer et que quiconque possède un semblant d'éducation, ou vit en ville ou porte des lunettes ou n'a pas les mains calleuses...est un "nouveau Peuple" et doit être rééduqué, écrasé, effacé.

Car cette dictature est aussi celle du verbe.

Les chefs Khmers rouges ne sont pas issus de cette classe du "Peuple ancien", mais en tant que "Techniciens de la révolution", même bourgeois, même éduqués, ils sont assimilés. Car "la révolution n'est pas une idée ou une aspiration, mais aussi une technique".

Les slogans sont terrifiants : "A te garder on ne gagne rien. A t'éliminer, on ne perd rien". "La dette de sang doit être remboursée par le sang", "L'homme n'a droit à rien".
Au S 21, dirigé par un ancien professeur de mathématiques, les détenus ne sont pas des hommes mais des ennemis qui doivent avouer, par principe. Même n'importe quoi, même si c'est absurde ou incohérent.
Leurs "aveux" ne sont de toute façon, qu'une étape. Ils sont torturés quoi qu'ils fassent ou disent, puis éliminés. Personne n'est épargné. Les parents sont torturés avant d'"être "écrasés", les "enfants-ennemis" sont fracassés contre un tronc d'arbre.

"L'histoire nouvelle doit effacer L Histoire".

Cette démence dialectique n'a évidemment pas rebuté d'illustres intellectuels qui n'ont pas hésité à crier "Touche pas à mon Pol Pot", en vertu de la traditionnelle attirance de certains, pour des classes ouvrières ou paysannes qu'ils n'ont jamais fréquentées ailleurs que dans les livres et qu'ils parent de toutes les vertus et toutes les sagesses primitives.

C'est Alain Badiou qui écrit en 1979 dans sa tribune "Kampuchea vaincra !" (Le Monde) : "...la simple volonté de compter sur ses propres forces et de n'être vassalisé par personne éclaire bien des aspects, y compris en ce qui concerne la mise à l'ordre du jour de la terreur", avant de fustiger la "formidable campagne anticambodgienne".

Ce sont aussi les propos ambigus de Noam Chomsky qui déplore la mauvaise image qu'on donne des Khmers rouges et souhaite qu'on se demande pourquoi ils ont choisi "la voie étrange de l'autogénocide".

C'est enfin, bien évidemment, Jacques Vergès : "Il y en a qui disent que le génocide c'est un crime qui a été voulu. Moi je dis non,. Il y a eu des morts, il y a eu la famine, c'était involontaire"...".."on n'a qu'à regarder les charniers qu'on a trouvés, on ne trouve pas le nombre de morts qu'on dit"..." ...on a ignoré les bombardements américains et la famine provenant de l'embargo américain". Puis : "Il n'y a pas eu de génocide au Cambodge. Ces chiffres sont exagérés. Il y a eu beaucoup de meurtres, et certains sont impardonnables. Cependant, il est faux de définir cela comme un génocide délibéré. La majorité des gens sont morts des suites de la famine et de maladies." Ce fut la conséquence de la politique d'embargo des Etats-Unis. Il y eut un prologue sanglant au processus : les Américains ont soumis la population civile cambodgienne à un bombardement brutal au début des années 70"

Et là, on touche du doigt l'importance de ce livre.

Rithy a la même hantise que Primo Levi, de ne pas être cru. Il sait que "tout crime de masse est susceptible un jour ou l'autre, d'être considéré comme un détail".
Alors, il filme, il interroge, il accumule la documentation pour que "les victimes soient à leur place, les bourreaux aussi".

Il ne s'agit pas pour autant de nier la responsabilité du Protectorat français, des régimes corrompus qui l'ont suivi, l'importance des bombardements américains lors de la guerre du Vietnam, les conséquences de l'embargo ou les difficiles conditions de vie des paysans Khmers.

La famine a tué au Cambodge. Mais comment gommer la responsabilité de ces idéologues meurtriers à l'origine de l'effarante et continuelle migration à laquelle a été soumise la population des villes (deux millions d'habitants rien que pour Phnom Phen), envoyée sur les routes, dans des conditions logistiques et sanitaires suicidaires ?

Il y a eu crime de masse et famine.

Comment considérer comme une incidence regrettable, une erreur ou un détail, l'exécution après torture, de 17000 personnes au seul camp S 21 ?

Autre élément important du livre, la question sur le caractère unique ou non du génocide cambodgien.

Toutes les dérives ou composantes du communisme telles que l'Europe de l'Est a pu les connaître, sont ici démultipliées dans cette quête du "communisme parfait", mais contrairement à François Bizot par exemple, Rithy refuse de considérer que cette parenthèse folle est spécifiquement cambodgienne. Il ne la voit pas comme "le fruit d'une démence collective...un autogénocide unique".

Pour lui, elle est le fruit d'un travail humain, d'une "partie de notre XXème siècle, pas seulement d'une "bizarrerie" de l'Histoire. L'histoire du Cambodge est la nôtre.

A la fin du livre, on sent Rithy un peu frustré et meurtri. le bourreau continue à mentir, à rester loin de la communauté humaine. Duch ne regrette qu'une chose au fond, que les chiffres "2" et "1" du sigle (S 21 est la fréquence radio du camp) ne donnent que 3, alors que les bureaux prestigieux de l'Angkar (le nom du Parti -l'Organisation) ont 3 chiffres plus importants.

Rithy voulait comprendre, il ne semble pas y être parvenu. Mais il y a t-il quelque chose à comprendre ?

En attendant, son témoignage est essentiel car aujourd'hui comme hier, ceux qui ont décidé de jouer sur les maux sont à l'affût.

Livre dur, mais qu'il est difficile de ne pas conseiller.
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Auteur inconnu pour moi. C'est un livre très bien fait. On n'en sort pas intact et les réflexions de l'auteur sur l'Homme sont à mon sens la vérité, celle que l'on cherche.... C'est dur, c'est juste et la justice n'est pas là où je la croyait.
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C'est un livre terrible, dans la lignée des écrits de Primo Levi. D'une part un bourreau : Duche, d'autre part les victimes : les 1 500 000 cambodgiens massacrés entre 1974 et 1979. La cadre : le Kampuchéa démocratique sous les Khmers rouges.
Ce livre ne peut pas se lire d'une traite. Les horreurs relatées nécessitent une certaine assimilation pour ne pas dire intégration. Il n'y a pas verre à moitié vide ou verre à moitié plein, il y a un aspect de ce que pourrait être l'enfer sur terre. La gageure de ce livre est d'avoir mis des mots pour témoigner de l'indicible.
il subsiste quelque similitude avec les nazis : la lâcheté d'un bourreau qui ressemble à Eichmann et cette folie de pureté qui est précède l'élimination..
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Bouleversant
Qui est le long le chemin de Rithy Panh jusqu'à sa libération du joug des Khmers rouges,
on est avec lui partageant sa souffrance morale et physique et la voix du bourreau Duch résonne étrangement, atrocement ; on pense à Hannah Arendt et au "mal ordinaire"
Le fait qu'il ait survécu, qu'il puisse questionner son bourreau, qu'il raconte son histoire nous rassérène;
un livre difficile à lire émotionnellement mais accessible


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A la suite de ces deux documentaires et en faisant référence à Charlotte Delbo, Rithy Panh nous livre son témoignage de son enfer, éprouvant.
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Il y a "Si c'est un homme" pour la Shoah, "Une saison de machettes" pour le génocide au Rwanda... "L'élimination" raconte le génocide cambodgien. Rithy Panh, après son film "S21" continue à interroger Duch et le monde sur ce qui s'est passé sous le régime de Pol Pot. Toujours cette même question : qu'y a-t-il dans l'homme qui lui permet de massacrer, torturer d'autres hommes ? Un témoignage poignant, sans haine, tout en dignité de l'auteur qui a perdu toute sa famille dans des conditions innommables, un livre dense.
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