AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 229 notes
5
25 avis
4
17 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans son documentaire "S21, la machine de mort khmère rouge", Rithy Panh a raconté comment, de 1975 à 1979, 17 000 personnes ont été torturées, interrogées puis exécutées dans le centre S21.
S21 n'est, hélas que l'un des nombreux centres ouverts au Cambodge sous le régime des Khmers rouges.
Sept personnes seulement survécurent aux horreurs de S21 et le cinéaste fit témoigner deux d'entre elles.
Le film est puissant, saisissant, souvent insoutenable, mais je vous le recommande (on peut le trouver sur internet). Il ne s'agit pas de s'adonner au voyeurisme malsain, mais de s'informer et surtout de réfléchir.

La réflexion, couplée au désir de comprendre, est justement le moteur de Rithy Panh.
Quelques années après la sortie de son documentaire, il a souhaité le compléter. Pour schématiser, le film montre et raconte, le livre tente de comprendre l'origine du mal.
De comprendre l'incompréhensible. de trouver des explications, des causes à ce mal absolu qui a permis que des hommes aient pu infliger tant de souffrances à d'autres hommes. Sans états d'âme et d'une façon systématique.
"Qui proteste est un ennemi, qui s'oppose est un cadavre !" : les slogans khmers rouges sont clairs !

On peut légitimement se demander comment un être dit humain peut être à ce point barbare, et faire subir autant d'horreurs à ses semblables.
Eh bien, c'est simple, il suffit de ne pas considérer sa victime comme humaine, de refuser de la voir semblable à soi : "Duch est un idéologue : les ennemis sont des déchets, à traiter puis à détruire. C'est une tâche pratique, qui pose des problèmes d'hygiène, de mécanique et d'organisation."
Ça ne vous rappelle rien cette déshumanisation de ceux qu'on cherche à anéantir ? le nazisme, évidemment ! Les idéologies ont bien des points communs et sont toutes destructrices.
L'auteur en est d'ailleurs bien conscient puisqu'il écrit : "À dix-huit ans, je découvre "Nuit et brouillard" d'Alain Resnais. Je suis surpris. C'est pareil. C'est ailleurs. C'est avant nous. Mais c'est nous."
Trente ans après les faits, Rithy Panh interroge celui qui a été le chef d'un centre de torture et d'exécution et la personnalité de celui-ci est glaçante.

Rithy Panh analyse avec le recul et son intelligence d'adulte les évènements qu'il a vécus enfant et dont sa famille a souffert ; son livre est le fruit de ses réflexions et il est d'une force inouïe.
C'est un ouvrage indispensable pour essayer de comprendre comment une idéologie a pu transformer des gens ordinaires en monstres sans limites, capables des pires atrocités.

[Entre 1975 et 1979, le régime des Khmers rouges a causé la mort de 1,7 millions de Cambodgiens, soit le tiers de la population du pays.]
Commenter  J’apprécie          375
Rithy Panh avait treize ans en 1975 lorsque la révolution khmère se déchaîna au Cambodge sous le gouvernement de Pol Pot. A l'actif des révolutionnaires : persécution des intellectuels qui durent travailler la terre, famine, déplacements contraints de populations, torture, exécutions, négation de l'individu. En face : des innocents mourant de faim, de blessure, de maladie, des personnes terrorisées mettant fin à leurs jours. On estime le nombre de morts à 1,7 millions, soit près du quart de la population.

Entre souvenirs, fragments d'interrogatoires et véritable essai, Rithy Panh raconte dans ce texte "la cruauté et la folie khmères rouges" et réfléchit de manière plus générale sur les totalitarismes et les révolutions : "(...) je crois à l'universalité du crime khmer rouge, de même que les Khmers rouges ont cru à l'universalité de leur utopie." (p. 319). Cinéaste et auteur de documentaires sur cet épisode noir de son pays, il revient pour ce récit auprès de Duch (un des rouages du génocide). Il le filme et le questionne, patiemment, calmement, pour savoir et tenter de comprendre. L'ancien bourreau se réfugie dans le déni, dans le rire : il n'a rien vu, rien entendu, il n'a pas torturé… mais il se contredit aussi, parfois.

Le douloureux travail de Rithy Panh force le respect : en tant que rescapé, il ne semble jamais mu ni par la haine, ni par l'esprit de vengeance, mais il a besoin d'entendre la vérité, des aveux - à défaut de repentir - de la part d'un de ses tortionnaires. Admirable, il ne se départit jamais de son calme, même face au bourreau ricanant.

L'élimination est un témoignage-documentaire intense et bouleversant sur quatre années mal connues et/ou mal interprétées par l'Occident pendant et après. Tout au long de l'ouvrage, j'ai ressenti le besoin d'en savoir plus, non pour légitimer la parole de l'auteur mais pour comprendre notamment le contexte international, la longue inertie des autres nations, l'impuissance de l'ONU... Et bien sûr, j'ai également très envie de voir les films de Rithy Panh.
Commenter  J’apprécie          260
Niveau crime de masse, il est beaucoup question, à raison, de l'Allemagne nazie et du Rwanda. le Cambodge, Kampouchéa démocratique à l'époque, est souvent oublié.
Et pourtant... Presque 2 millions de morts en 4 ans (1975-1979) pour une population légèrement inférieure à 8 millions, bon score non ? En vrac : tortures et exécutions, évacuation des villes, travail forcé, famine... Personne n'est à l'abri.
Rithy Panh, 13 ans en 1975, évacué de Phnom Penh avec sa famille, survivra avec sa soeur aînée. 4de ses frères, étudiants à l'étranger y sont restés et ont également survécu. Tout le reste de la famille est mort, souvent à cause de la famine ; parfois exécuté ou de manque de soins.
Ici, il nous raconte plusieurs choses en simultané. Sa rencontre avec Duch, responsable du tristement célèbre centre de torture S21, en procès pour crime de masse. Mais cela réveille ses souvenirs de jeunesse : travail, blessures, morts, famine... Et les effets qu'elles ont sur l'homme adulte et la révolte devant un procès mal mené semble-t-il.
Eh bien, c'est horrible et nécessaire. Et encore, ce ne sont pas des descriptions détaillées de tortures (encore que certaines sont évoquées, Duch oblige)... Bien que voir sa famille mourir, frôler la mort à plusieurs reprises et voir les charniers que sont devenus les hôpitaux sont des formes de tortures également. Mais jamais une plainte ; toujours de la dignité et du courage pour survivre un jour de plus. Sans abdiquer son humanité. Survivre pour un jour avoir l'opportunité de comprendre.
Commenter  J’apprécie          180
"Je ne cherche pas la vérité mais la parole" affirme le cinéaste cambodgien Rithy Panh dans L'élimination: récit autobiographique (rédigé avec l'aide de l'écrivain Christophe Bataille) sur son vécu à l'âge de treize ans lors de la prise de pouvoir de Phnom Penh en 1975 par les Khmers Rouges, sur les 4 ans de dictature imposée par Pol Pot et les Révolutionnaires (qui "fit 1,7 millions de morts") et sur ses rencontres (lors de son proces) avec Duch "le chef de la police du régime" qui fut "responsable du centre de torture et d'exécution S 21".
Bien que très dur à lire, j'ai préféré ce témoignage plus réaliste que celui de Tian (dans sa BD L'année du lièvre Tomme 1de Au revoir Phnom Penh pourtant percutante) qui n'était qu'un nourrisson au moment des faits et trouve un récit autobiographique plus crédible que par exemple un roman d'anticipation comme Les années fastes de Chan Koonchung cinéaste et écrivain (paru dernièrement dénonçant les dérives chinoises).
"A S21, nul n'échappe à la torture, nul n'échappe à la mort".
"Sans peur et sans haine" Rithy Panh essaye de comprendre la cruauté et la folie des bourreaux.
Il dresse un portrait psychologique presqu' humain (car complètement inconscient de l'horreur de ses actes) de l'antipathique Duch: rigide, arrogant, rusé, menteur, décontracté, manipulateur, qui avoue s'être pissé dessus (comme un petit garçon) alors qu'il avait une envie pressante face à son supérieur intransigeant. Il essaye de comprendre le mal, inéluctable, mais le dénonce et se délivre par la même occasion de ses propres ressentiments.
Il ne pardonne pas mais analyse chaque "détail" pour que le génocide ne devienne pas un "détail" dans l'Histoire de son peuple.
Il relate sans tomber dans le pathos la famine des Cambodgiens,les droits de l'homme bafoués, la "chasse aux traîtres et aux ennemis", le passage de l'inquiétude à la terreur, le déplacement de la population,sa famille bourgeoise de neuf enfants (dont le père intellectuel était "chef de cabinet" ministériel) envoyée en camp de rééducation, "l'extermination de la classe bourgeoise" devenue "nouveau peuple", la faim,la soif, la survie...
"Je crois en l'image" car malgré la dictature on peut filmer une image juste, confie-t-il. Il en a tiré un film contre ce S 21, ce centre de torture abject et immonde à dénoncer, il publie ce témoignage pour dire plus jamais ça!
"Je voudrais que ce livre nous rende la noblesse et la dignité" dit-il.
On ne peut qu'admirer le courage de ceux qui traités d'une façon plus vile que du bétail, n'avaient plus rien, étaient considérés comme rien, étaient interdits de penser et ont su pourtant survivre et conserver leur identité tout au fond d'eux.
Bravo. L'élimination, faite par les Khmers rouges, qui dit que "l'homme n'a droit a rien" doit être dénoncée car l'homme a des droits à préserver pour conserver son statut d'homme et sa liberté!
Commenter  J’apprécie          120
Le cinéaste Rithy Panh coécrit avec Christophe bataille l'histoire de sa famille de son pays, le Cambodge lors de la dictature des Kmers rouges et de Pol Pot de 1975 à 1979. Une histoire collective et individuelle donc. Ce récit est extrêmement dur émotionnellement. L'auteur perd toute sa famille restée au Cambodge à l'âge de 13 ans, il fait le récit des tortures, de la famine mise en place sciemment par le nouveau régime (1,7 millions de morts sans moyens d'extermination de masse), destruction de la culture, du passé, de la classe bourgeoise, déportations des habitants de Pnom Penh, des mensonges (en 1975, les Américains ne sont jamais encore allés sur la Lune !) . Trente ans après les faits, Rithy Panh a interrogé Duch, responsable du centre de tortures S21. Il fait le choix de mêler histoire singulière et collective et il fait le parallèle avec la Shoah et d'autres génocides où l'individu est nié. Il termine en citant des intellectuels occidentaux qui ont minimisé ces crimes alors qu'n 1979 les crimes des communistes étaient connus depuis bien longtemps.
Commenter  J’apprécie          114
Un témoignage bouleversant de la jeunesse de Rithy Panh qui nous livre son vécu sous la dictature des Khmers rouges au Cambodge. Nous vivons avec lui, toute l'horreur de cette période. Au fur et à mesure que je lisais, je me disais que je ne parviendrai pas au bout. Mais, je revoyais Rithy Panh témoignant à la télévision avec une telle émotion. Tout se voyait dans son regard. Non, je ne pouvais pas abandonner la lecture de "L'élimination". Il me fallait poursuivre.
J'ai fini le livre.
Commenter  J’apprécie          100
A l’âge de 13 ans, Rithy Panh voit son monde basculer lorsque les Khmers Rouges entrent dans Phnom Penh le 17 avril 1975. La tragédie du génocide cambodgien a commencé et va entraîner la mort de près de deux millions d’êtres humains.

A partir de ses souvenirs toujours vivaces, Rithy Panh raconte la tragédie de sa famille et l’extermination d’un peuple. Il revient sur le lent processus d’élimination mis en place par les khmers rouges, guidés par une folle et radicale idéologie révolutionnaire. Rithy Panh a tout connu : l’évacuation de Phnom Penh et la déportation dans les campagnes où les citadins doivent être rééduqués, les longues séances d'endoctrinement politique et d'autocritique, les sévices, la famine, les « hôpitaux-mouroirs » où la mort vous guette… Le Kampuchéa démocratique, le nouveau régime dirigé par Pol Pot, souhaite créer un « peuple nouveau » et tout est fait pour déshumaniser et nier l’individu proprement dit : le système familial cambodgien est éclaté et le traditionnel respect vis-à-vis des anciens désavoué, le « pyjama » noir et la coupe unique sont de rigueur, la propriété n’existe plus et seul le collectif compte. L’individu n’est plus rien.
C’est dans ce contexte d’éradication systématique de l’individu que le cinéaste va perdre une grande-partie de sa famille. Lui, qui frôle la mort à plusieurs reprises, survit à cet enfer. Les descriptions sont glaçantes, les scènes hallucinantes. Et pourtant, Rithy Panh raconte avec justesse et sobriété.
Mais le cinéaste va plus loin qu’un simple récit autobiographique. Sa confrontation avec Duch, l'ancien responsable du centre de détention et d'exécution S21 à Phnom Penh, est fascinante. Rithy Panh cherche des réponses et il trouve en face de lui un homme qui voudrait se faire passer pour un simple exécutant. Mais Duch se trahit lui-même : en prison, il cherche toujours à façonner sa légende. Manipulateur et pervers, il montre un esprit retors. Alors que François Bizot (cf la critique sur « Le portail »), nous dit «Je n'ai pas vu un monstre, j'ai vu un homme, et c'est ce qu'il y a de plus terrible, justement, qu'il soit un homme comme moi.», Rithy Panh, lui, a deviné clair dans le jeu de l’ancien tortionnaire. Le vécu des deux hommes n’est effectivement pas le même…
Au-delà des faits concrets, cet ouvrage est également ponctué des réflexions méditatives de l’auteur qui dans le travail d’écriture, cherche certainement un apaisement à sa douleur.

« L’élimination » est un grand livre, au même titre que tous ceux qui témoignent des immenses tragédies du 20e siècle. C’est enfin un témoignage capital sur un génocide qui se perpétua dans l'indifférence totale des démocraties et avec le soutien d'intellectuels occidentaux.

Commenter  J’apprécie          92
Témoignage sur l'abomination qu'à été ce massacre par les Khmères rouge avec pour "chef" Pol Pot de 1975 à 1979, ayant massacré 1.7 millions de personnes et selon d'autres sources presque 3 millions. de suite, je pense à cet autre film "D'abord, ils ont tué mon père" de Angelina Jolie.
Le témoignage à reçu le prix Joseph-Kessel
Rithy Panh perd toute sa famille, il vivra l'enfer de cette politique de terreur, il verra les tortures, les famines, exécutions, etc..
Rith Panh reverra plusieurs années après Kaing Guek Eav alias Duch, responsable du centre de torture S21, au tribunal parrainé par l'ONU, pour répondre à des accusations de crimes de guerre, crimes contre l'humanité, tortures et meurtres avec préméditation. Cette rencontre ravivera ses souvenirs..
Rith Panh a gardé son humanité, pourtant, il a vécu de multiples traumatismes, preuve de résilience..
Commenter  J’apprécie          70
Cette "Élimination" est celle de plus d'un million et demi de Cambodgiens tués par les Khmers rouges de 1975 à 1979. Il ne s'agissait pas seulement de tuer des ennemis de la Révolution, mais bien d'éliminer des individus, avec leurs idées, leurs savoirs, leur culture, par tous les moyens possibles, avant et après leur mort.

Rithy Panh a vécu cet épisode noir. Ses souvenirs alternent ici avec ses entretiens avec "Duch" - responsable d'un camp de torture et d'extermination - en attente d'un jugement trente ans après ses crimes. le contraste entre l'image d'homme jovial, sage et pieux, que l'ancien bourreau Duch tente de donner de lui, et la réalité de la vie au "Camputchea démocratique" décrite par Rithy Panh est saisissant. L'effort de l'auteur pour "comprendre" L Histoire et l'un de ses cruels acteurs est aussi remarquable.

Il y a beaucoup de points communs entre ce massacre et d'autres perpétrés suite à des révolutions (notamment au XXe siècle). Si le dessein de l'auteur est de rappeler que de tels événements peuvent souvent se produire - y compris lorsqu'on ne s'y attend pas - alors il est parfaitement atteint. Je suis en revanche à la fois admiratif et dubitatif quand Rithy Panh déclare en conclusion : "J'ai affronté cette histoire avec l'idée que l'homme n'est pas foncièrement mauvais. La mal n'est pas nouveau - le bien non plus, mais, je l'ai écrit, il y a aussi une banalité du bien ; et aussi une quotidienneté du bien."

Bien que je n'aie guère apprécié le style d'écriture, souvent trop concis à mon goût, j'ai été impressionné et happé par ce livre, qui, au-delà de l'épisode historique qu'il relate, amène à s'interroger sur la nature humaine et sur le fonctionnement des sociétés humaines.
Commenter  J’apprécie          70
« Essayez de regarder. Essayer pour voir. » Charlotte DELBO
(«  Aucun de nous ne reviendra », extrait).

Rithy Panh est là. L'enfer lui a traversé les chairs.
Est ce qu'on « en revient », un jour, de l'enfer?
«  Ainsi la violence demeure. le mal qu'on m'a fait est en moi. »
Il est là , présent Rithy, l'enfant, et interroge Duch.
Kaing Guek Eav, Duch le tortionnaire en chef du S21.
Cambodge 1975-1979. 1,7 millions de morts. Phnom Penh, S21.
«  A S21, nul n'échappe à la torture, Nul n'échappe à la mort ».
L'enfant ne cesse jamais de rêver, il rêvait qu'un appareil photo tombe du ciel.
L'appareil photo n'est jamais venu.
Noël n'existe pas en enfer.
Alors pour, vivre encore, il doit «  tenir ses poings dans ses poches », et il choisit les images et les mots.
Puisqu'on n'a rien dit, puisqu'on a rien vu, il nous montre, puisque «  ce qui blesse est sans nom », il prononce.

Le conflit vietnamien – cambodgien est une gorgone.
Chine, USA, France, ONU, colonie, communisme, américanisme...
Bourbier «  sans nom » . «Ce qui blesse est sans nom »...

Certains répondent «  Pol Pot » par « agent orange », certains répondent «  raisons » par « famine », certains répondent « légitime défense » par «  torture », corruption par discipline, doctrine par dialectique, etc etc etc .
On répond beaucoup, nombreux, très vite, par anticipation quand on ne veut pas entendre les questions....

La guerre chez soi est toujours plus propre que chez les autres.
On a toujours de bonnes raisons, mon voisin a toujours de mauvaises intentions.
Et qu'avaient ils, eux, les 1,7 millions de morts  du Cambodge ?
Qu'avaient ils, ces enfants du Rwanda, du Chili, d'Arménie, de Tchétchènie , d' Ukraine, du Tibet, de Syrie, de Varsovie, du Vel d'Hiv, de Palestine, du Vietnam, du Japon, du Cambodge. et tous leurs frères et soeurs.. ?

Tenter de justifier ce que rien ne pourra jamais justifier est un crime.
Le combat peut être un devoir, la résistance une nécessité, l'éducation une priorité,

La destruction est un crime.
Quelque soit la main, quelque soit la couleur du drapeau, quelque soit le livre, quelque soit la colère. L'élimination est un crime.

Un de nos présidents occidentaux et non des moindre puisqu' il s'agit du nôtre, a, lors d'une conférence de presse déclaré : «  l'ennemi sera détruit ».
Vaincu ! Monsieur le Président, vaincu !, pas détruit.

Détruire est un mot de bourreau, vaincre est un mot de combattant.

Il faut faire attention au mot. Ils sont importants.
Extrêmement important, ils sont le plus souvent la première arme de tous les extrémistes.

Une démocratie peut combattre, une dictature détruit toujours.

Monsieur le président, n'oubliez jamais que lorsque vous parlez, un peuple vous écoute.
Vous avez une responsabilité, n'en faites jamais un métier ni une fonction.

Rithy Panh veut savoir, veut comprendre l'injustifiable. Il veut nommer, montrer, ne pas oublier, expliquer.
Il interroge Duch.
Duch rie.
Duch est un homme.
Duch ne veut pas être un homme.
Il veut être une machine, une pièce de la grande machine.
La grande machine qui détruit ce qui n'est pas humain, ce qu'elle appelle l'ennemi.
L'ennemi... ?
L'ennemi n'a pas de nom, n'a pas de visage, il est partout, il est « tout le monde », alors pour mieux le détruire, la grande machine, l'organisation va effacer, tout effacer, détruire.

L'organisation, l'Angkar, va changer les mots. On invente un nouveau langage pour remodeler le nouveau peuple.
Duch est un technicien de la révolution.

Les recettes sont partout les mêmes. Un chef, un pays, un peuple.

L'homme perd son travail, son adresse, son nom, sa famille, ses enfants, ses vêtements.
Tous égaux : la peur, la faim, la maladie, la coupe de cheveux, la pauvreté, la misère, la terreur. le mécanisme de la machine infernale ne peux supporter que des rouages égaux.
On lamine, on détruit, on coupe, on extermine, on taille, on éradique, on tranche, on élimine.
L'être n'existe plus, il appartient.

«  Ne touchez personne. Jamais. Et si vous n'avez pas le choix, ne touchez jamais avec la main, mais avec le canon du fusil ».

On compte, on recompte, on décompte, on inscrit, on reporte, on rapporte, on fiche, on éventre, on répertorie, on démembre, on dénombre, on affame.
Le crime a toujours ses outils.

Toutes les pièces se valent, c'est à dire qu'elles ne valent rien.
«  A te garder, on ne garde rien. A t'éliminer, on ne perd rien. » .
La technique fait son travail.
«  kamtech »....réduire en poussière
Rien ne doit rester de l'humain.
Rithy ne l'accepte pas, ne l'acceptera jamais.

«  J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi j'étais vivant, car je n'étais plus rien ».

«  Ce que je cherche c'est la compréhension de la nature de ce crime et non le culte de la mémoire. Pour conjurer la répétition. »
Voilà ce que Rithy essaie d'obtenir en interrogeant Duch.

«  Je n'ai jamais envisagé un film comme une réponse, ou comme une démonstration. Je le conçois comme un questionnement. »

Puisqu' « une langue totalitaire est une réponse à l'absence de question » , Rithy lève les poings d'interrogation par ses mots et par son oeil.

Duch répond,
Duch rie.
Il est stoïque.
Il lit la bible.
Duch pense.
Duch se souvient.
Duch dit.
Duch lit.
Duch écoute.
Duch lit de la poésie
Duch est humain.
Il n'est pas tous les humains.

«  le monde est un enfer pour l'homme qui ne croit pas au diable » Jacques Lacan.

Le livre, « L'élimination »   pose la question . le film « l'image manquante » montre son origine.

Un diptyque nécessaire pour opérer le remontage de ce temps subi et enrayer toutes les mécaniques infernales.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (494) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}