AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Claude Herbette (Traducteur)Bernard Teyssèdre (Auteur du commentaire)
EAN : 9782070248872
394 pages
Gallimard (26/04/1967)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance

Quand les Essais d'iconologie sont réunis pour la première fois, en 1939, l’histoire de l’art est encore dominée par les explications psychologiques et esthétiques, voire réduite à une simple description iconographique. C’est en approfondissant les démarches de ses maîtres Ernst Cassirer et Aby Warburg qu'Erwin Panofsky parvient à lui offrir son statut contemporain de science d’interprétation.
>Voir plus
Que lire après Essais d'iconologieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Erwin Panofsky a passé sa vie à chercher la signification des oeuvres d'art et à comprendre pourquoi un artiste avait représenté telle chose de telle façon. Pour ce faire, il a défini une méthode qui est un aller-retour permanent entre d'une part l'observation attentive des oeuvres étudiées et d'autre part l'histoire des idées et de leurs représentations.
Parce qu'il était plus perspicace ou plus consciencieux (ou les deux) que nombre de ses pairs, il a remis en question bien des idées reçues. Parce que son petit haut-parleur (des cours, des articles universitaires et des livres spécialisés) n'était pas bien puissant, nombre de ces idées reçues perdurent de nos jours. D'où l'intérêt de le lire.
Le lire est surtout un plaisir. Se frotter à son érudition apparemment sans borne, suivre les détails de ses enquêtes et être époustouflé par ses conclusions. du bonheur. Comprendre avec lui qu'un tableau ne représente pas la scène qui lui donne son titre communément admis, suivre l'évolution de la représentation du temps, de la mort, de l'amour au cours des âges, voir comment la Renaissance se figurait les temps préhistoriques, ce sont quelques aspects de ces Essais d'iconologie compilés en 1939.
La Renaissance, c'est la grande affaire de Panofsky. Qui n'est pas, comme on croit communément, la redécouverte de l'antiquité. Les idées et représentations classiques ont traversé tout le Moyen-âge, il suffit de fouiller les vieux codex ou de regarder les cathédrales pour les y retrouver. Ce qui est nouveau, c'est la volonté de réaliser une réelle synthèse entre l'antiquité et la chrétienté, alors que le Moyen-âge était simple replâtrage. Et ce sont les néo-Platoniciens (d'abord Florentins) qui vont initier ce mouvement.
Du coup, aidés par l'archéologie qui prend son essor, les artistes de la Renaissance remettront pleinement les thèmes antiques au goût du jour. Fondant des représentations qui perdureront à travers les siècles jusqu'aux bouleversements de l'art moderne de la seconde moitié du XIXe siècle qui est autant une révolution des sujets que des formes.
Et tout cela n'est pas barbant, parce que Panofsky s'y entend pour communiquer ses émerveillements et son amour pour les grands peintres ou sculpteurs et leurs chefs d'oeuvre.
Voilà.
Cela dit, je recommande plutôt de commencer avec son ouvrage plus tardif sur L'oeuvre d'art et ses significations que j'avais trouvé meilleur, embrassant un spectre plus large et riche de davantage de synthèses comme autant d'idées fortes et lumineuses.
Et puis cette édition est un calvaire : pleine de notes de peu d'intérêt (que j'ai rapidement laissé tomber) et avec une numérotation et un placement des illustrations doucement désordonnés, occasionnant de nombreuses interruptions de la lecture et nuisant à la fluidité.
Commenter  J’apprécie          4814


critiques presse (1)
NonFiction
11 mai 2022
Si l’iconographie semble passée de mode dans les apprentissages scolaires, la leçon d'Erwin Panofsky invite à réapprendre l'art d'être spectateur de tableaux, sur le fond et sur la forme.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les plus anciens historiens de l'art italiens, tels que Lorenzo Ghiberti, Leon Battista Alberti, Giorgio Vasari surtout, pensaient que l'art classique [de l'Antiquité] avait été jeté à bas au début de l'ère chrétienne, et n'avait point repris vie avant qu'il ne servît de fondement au style de la Renaissance. À leurs yeux, cette ruine des arts s'expliquait par les invasions barbares et par l'hostilité des premiers prêtres et érudits de la chrétienté.

En pensant de la sorte, ces anciens auteurs avaient à la fois raison et tort. Ils avaient tort en ce qu'il n'y eut point de rupture absolue de la tradition au cours du Moyen Âge : les conceptions littéraires, philosophiques, scientifiques et artistiques de l'âge classique avaient persisté à travers les siècles, particulièrement après qu'elles eurent été délibérément rappelées à la vie du temps de Charlemagne et de ses successeurs. Pourtant ils avaient raison en ce que l'attitude d'ensemble à l'égard de l'Antiquité subit une radicale métamorphose lorsque la Renaissance prit son essor.

Le Moyen Âge ne fut nullement aveugle pour les valeurs visuelles de l'art classique et prit un intérêt profond aux valeurs intellectuelles et poétiques de la littérature classique. Mais il est significatif qu'à l'apogée même de la période médiévale (aux XIIIe et XIVe siècles), des motifs classiques n'aient jamais servi à la représentation des thèmes classiques, que des thèmes classiques n'aient jamais été exprimés par des motifs classiques.

[...]

Si nous nous demandons la raison de cette curieuse séparation entre des motifs classiques chargés d'une signification non classique, et des thèmes classiques exprimés par des personnages non classiques, dans un cadre non classique, la réponse qui d'emblée se propose paraît tenir à la différence entre la tradition par l'image et la tradition par les textes. Les artistes qui se servaient d'un Hercule pour représenter le Christ, ou d'un Atlas pour représenter les Évangélistes, agissaient sous l'influence de modèles dont ils avaient l'image sous les yeux, soit qu'ils eussent copié directement dans un monument classique, ou imité une œuvre plus récente, dérivée d'un prototype classique par l'intermédiaire de toute une série de transformations. Les artistes qui représentaient Médée sous l'aspect d'une princesse du Moyen Âge, ou Jupiter sous l'aspect d'un juge du Moyen Âge, traduisaient en images une simple description fournie par des sources littéraires.
Commenter  J’apprécie          250

autres livres classés : philosophie de l'artVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}