The guilty heart est paru en 2003 à Londres, a été traduit en 2004 en France grâce à Calmann-Lévy sous le titre
Un coeur coupable.
Le jour d'Halloween 91, un garçonnet, Owen, disparaît, s'évapore, se volatilise alors que son papa Nick se trouve chez sa voisine et néanmoins maîtresse, occupé à des activités adultères bien éloignées de la surveillance due à sa progéniture. L'enfant n'a laissé aucune trace, et malgré une enquête longue, approfondie et minutieuse de la Garda Sochiana, - police nationale irlandaise - jamais il n'a été retrouvé, ni mort ni vif. C'est dire le poids de culpabilité qui pèse sur les épaules de ce père momentanément défaillant. Dans les suites immédiates du drame, son couple explose, il fuit Dublin, et durant 10 ans, parcourt la planète dans tous les sens, ou plus exactement arpente tous ses bistrots, cherchant dans la fuite en avant et dans l'alcool un impossible apaisement. Un déclic, dans une boîte du Mississippi le ramène chez lui pour tenter de comprendre ce qui a pu arriver à son fiston. La notion de déclic est intéressante. A un instant T d'un jour J, une rencontre, une odeur, un mot, un incident bouscule une vie que l'on croit à tout jamais figée par une tragédie inexpliquée et l'exhume des ténèbres pour l'éclairer d'une lueur d'espoir.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Nick, homme brisé, puni à vie pour avoir succombé durant quelques minutes fatales au vertige du sexe clandestin. Illustrateur de livres pour enfants, au lieu de noter ses sensations, ses découvertes, il les dessine, au fusain, en noir et blanc comme si la douleur du souvenir, du deuil, ne tolérait aucune coloration. Il s'agit d'une histoire étouffante, confinée dans un quartier résidentiel, où le nombre de coupables potentiels est limité.
Le talent de
Julie Parsons réside dans son écriture. Puissante, précise dans la description des plus infimes rebondissements psychologiques qui animent les protagonistes. La lecture d'
Un coeur coupable est d'une lenteur proche du piétinement, voire de l'immobilité, qui peut apparaître excessive aux lecteurs qui n'auraient pas le temps indispensable pour mesurer tout le travail de fourmi nécessaire à la découverte d'une vérité, qui, au final, ne surprend pas. "Peu importe la vérité, seul le chemin pour y accéder est essentiel".