J'ai de la chance, oui j'ai de la chance...... Recevoir cet ouvrage des Editions de l'Observatoire par l'intermédiaire de la Masse Critique de Babelio est une chance car qui dit que je me serai arrêtée sur cet ouvrage sinon..... Je remercie donc Babelio et félicite les Editions de l'Observatoire pour la qualité de leurs livres : jolie photo de couverture, titre et nom de l'auteure mis en relief avec une jolie couleur mordorée et un livre que l'on a plaisir à tenir entre ses mains, souple et maléable.....j'aime. Un livre est aussi un bel objet.
Passons maintenant à la lecture elle-même qui m'a embarquée dès les premières lignes, les premières pages car qui n'a pas connu la montée de l'angoisse pour un doute sur la bonne arrivée à destination après un trajet en voiture, sur l'absence répétée ou inexpliquée d'un membre de la famille.... L'absence, l'incompréhension.
Raphaëlle découvre à l'occasion de la disparition de sa mère, Laurence dite Manou, une femme qu'elle ne connaît pas ou ne reconnaît plus, une presque étrangère qui ne lui dit pas tout ou alors est-ce elle qui n'écoutait pas sa mère ? Qui est vraiment sa mère ? La mère et la femme sont-elles les mêmes personnes. Elle la regarde avec ses yeux d'enfant, devenus adulte mais toujours des yeux d'enfant, alors qu'elle a une vie de femme, avec des désirs, des rêves, des occupations, des amis. Tant que tout va bien, on ne se pose pas de question, c'est notre mère..... mais dès que la machine se détraque, dès qu'un caillou sur le chemin transforme la mère en femme, que savons-nous réellement d'elle ?
Disparue lundi après la fin de son bridge à seize heures, comme si elle continuait à faire la morte, mais en masquant ses cartes, cachant a donne, dissimulant ses atouts.(p40)
Très joli récit sur l'installation et la montée de l'angoisse, les doutes, les questionnements, les souvenirs qui remontent à la surface, les pertes déjà subies. L'absence s'installe, inquiète, les réponses ne viennent pas et toutes les bases s'effondrent. Vivait-elle depuis tant d'années auprès d'une étrangère ?
Tout était clos pourtant, inhabité, mais l'été avait conservé la trace de sa présence derrière les volets, dans l'obscurité du temps suspendu, avec le fétichisme d'un amoureux (...) C'est à peine si elle sait bouger, de peur sentir sa mère disparaître.(p53)
L'angoisse installe tout un cheminement sur notre propre existence, sur notre propre rôle de femme et de mère, disons-nous tout à nos proches, nous connaissent-ils vraiment, intimement ? Et puis une mère reste une femme.
A l'occasion de cette disparition elle redevient l'enfant qu'elle a été, avec ses blessures, ses joies mais aussi ses souvenirs et refait, à l'occasion des déplacements dans les différents lieux de vie de sa mère, le voyage parfois douloureux dans leur passé commun.
Le récit est découpé en scènes par journée de recherches, par heure, lieu et protagonistes. Tout se déroule entre Paris, Versailles (très conoté petite bourgeoisie....) et Nonant, la résidence familiale normande, et en communication avec Singapour pour les deux membres de la famille, Marc le mari en déplacement professionnel et Charles le fils qui y fait ses études.
L'écriture est fluide, beaucoup de métaphores surtout vers la fin du récit, trop peut être. La lecture est aisée, on tourne les pages, différentes pistes s'offrent à nous, on se reconnaît dans cette femme qui perd pieds, qui sombre car le pire est de ne pas avoir de réponses. On connaît cette angoisse qui monte, irraisonnée parfois, on tourne tous les scénarios dans sa tête, on en évite d'autres qui nous heurtent ou qui sont inenvisageables car il est question de notre mère, la personne que l'on pense le mieux connaître ...
Juste une orangeade.... La réponse au choix du titre est donnée à la toute fin du livre, elle est le reflet de qui était Manou et de la reconnaissance de la fille pour sa mère.....
Juste une orangeade.
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