Avant de commencer cette biographie de Schubert, j'avais peur de m'ennuyer un peu ; peur que sa vie ne manque trop d'aspérité pour m'intéresser. Je me trompais grandement.
L'homme Schubert s'est révélé extrêmement intéressant, non pas par ses actes mais par sa personnalité de pur romantique triste et déchiré. C'est presque une définition du romantisme à lui tout seul. Cet homme a vraiment vécu par et pour la composition musicale. Il a été dénigré par son père qui ne comprenait pas qu'il refuse une honnête carrière d'instituteur. Il a échoué dans ses tentatives de satisfaire le public viennois : ses symphonies et opéras sont des échecs. le génie de Schubert pour les Lieder et la musique de chambre ne s'accordait pas au goût du temps. Pas plus de réussite sentimentale. Il a repoussé sa demande en mariage à la femme de sa vie Theresa Grob tant que sa situation n'était pas assurée, des années, jusqu'à ce que la dame se lasse.
S'il aspirait souvent à la solitude, il n'était pas seul. Il était bien entouré par une bande d'amis avec laquelle il se lançait dans des séances musicales chez l'un ou l'autre. On les appellera des schubertiades.
Atteint probablement d'un complexe d'infériorité, cultivant inconsciemment une certitude de l'échec, une anticipation de la douleur là où il y aurait dû avoir de la joie, il est mort à 31 ans affaibli par la syphilis et vaincu par la fièvre typhoïde.
Schubert est un de mes compositeurs préférés, surtout pour la musique de chambre. « La jeune fille et la mort » est un des rares morceaux qui est capable de me sortir d'un bouquin, de me faire fermer les yeux et d'apprécier l'instant. Pourtant je m'aperçois à présent que je connais peu cette oeuvre. Il va me falloir me pencher sur ces fameux lieder dont il était le maître incontesté.
Coup de chapeau à
Dominique Patier qui a très bien su préciser petit à petit le portrait pathétique de ce génial musicien. Elle a bien profité de la structure des livres de la collection « Découvertes Gallimard » pour ajouter des éléments importants de contexte, comme les reproductions de peinture romantique allemande ou les nombreux crayonnés de scènes de schubertiades.