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EAN : 9782842305109
224 pages
Hoëbeke (08/10/2014)
4.15/5   10 notes
Résumé :
Si la terrible épopée des Indiens d'Amérique a frappé d'emblée les imaginations, les Indiennes, elles, sont restées les grandes oubliées de l'Histoire. Elles jouèrent pourtant un rôle primordial au sein des tribus, tantôt initiatrices spirituelles, chamanes, négociatrices ou guerrières. Qu'il s'agisse de la conquête du Mexique par Cortès avec la Malinche, de la colonisation de la Virginie avec Pocahontas ou de l'expédition de Lewis et Clark guidée par Sacagawea, les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Livre d'histoire autant que d'anthropologie richement illustré de reproductions de photographies, de dessins, de peintures et de gravures dans lequel l'auteur décortique le mythe de la "squaw" dont l'imagerie a été largement abondée et stéréotypée par le cinéma hollywoodien.
Loin de la violence et de l'appétence sexuelle qui leur est prêtée et collant au personnage de la parfaite "sauvage", Patrick Duval dresse des portraits intimistes de femmes valeureuses, cultivées, respectées dans leurs sociétés et donnent à voir la multiplicité des sociétés et des savoirs de ces peuples longtemps ignorés et méprisés. Femme médecin, grand-mère enseignante et porteuse de la mémoire de leurs peuples, guerrière, chamane puis historienne, romancière, anthropologue dans les cultures cheyennes, chinook, crow, ojibwé, navajo...
La partie consacrée au métissage du fait des colonisations européennes successives, du développement du commerce triangulaire jusqu'à la constitution des stéréotypes est très éclairante (le mythe de Pocahontas notamment, les Black indians, coureurs des bois ... ) .
Il montre qu'un génocide n'est pas que physique mais est aussi immatériel : la méconnaissance des choses et le pouvoir de l'ethnocentrisme dans la déformation d'une information, d'un fait.
Un livre riche qui aborde toute la complexité de la rencontre entre les mondes mais aussi l'importance de la place des femmes dans les cultures amérindiennes comme gardienne de la mémoire actuelle.
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Ouvrage remarquable tant par ses photographies que par ses textes très intéressants.

Ce livre permet d'en apprendre beaucoup sur la vie des femmes amérindiennes, notamment pendant toute la période du terrible génocide et ethnocide dont ont été victimes les peuples amérindiens. Ces combattantes de l'ombre n'ont jamais baissé les bras.

Cependant, je suis déçue de constater qu'il ne soit pas fait mention de Pretty Nose (chef de guerre Arapaho qui a participé à la bataille de Little Big Horn), de Minnie Hollow Wood (femme Lakota qui a obtenu le droit de porter un bonnet de guerre en raison de sa valeur au combat contre la cavalerie américaine à la bataille de Little Big Horn) ou encore de Maotsi (appelée Mo-nah-se-tah par les blancs, fille du chef Cheyenne Little Rock, qui fut officieusement l'épouse de Custer) et peut-être d'autres femmes remarquables également oubliées.
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Désolée mais je n'ai jamais reçu ce livre, je n'ai pas pu le chroniquer !
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critiques presse (1)
Lexpress
08 décembre 2014
Squaws, La mémoire oubliée, édité par Hoëbeke, exhume un pan de l'Histoire de l'Amérique du Nord dans lequel les femmes ont joué un rôle souvent important.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mary One Spot, grand-mère blackfoot citée par Beverly Hungry Wolf, raconte: "Je dois tout à ma culture. Mes professeurs furent mes grand-mères et je leur suis vraiment reconnaissante. Nous vivions sainement en ce temps-là, pas de sucreries, pas d'alcool, deux choses qui gâtent les jeunes d'aujourd'hui. Nous n'avions ni source ni puits. En été, nous prenions l'eau dans les ruisseaux, en hiver on faisait fondre la neige ou la glace. J'ai grandi à l'eau de neige. Aujourd'hui, si on la buvait, on s'empoisonnerait; et même ici dans la réserve, l'air est pollué car les villes sont devenues trop grandes et crachent leur poison jusqu'ici dans ces contrées perdues. Nous ramassions des baies sauvages, et de préférence les baies de sorbier et les merises que nous faisions simplement sécher au soleil; aplaties avec un marteau de pierre, ça faisait des petits gâteaux. Les tomates sauvages (cynorrhodons) écrasées et mélangées à de la graisse faisaient des conserves pour l'hiver; de même pour les kinnikinnik, nous séparions les fruits des feuilles pour manger les unes et fumer les autres."
Autres temps, autres moeurs, les occupations féminines étaient saisonnières: confectionner le sucre et le sirop d'érable au printemps, cueillir le riz sauvage et les baies en été, pêcher, chasser le petit gibier en automne et l'apprêter pour l'hiver, saison des conteurs.
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Gilbert L. Wilson (1869-1930) séjourna dix ans chez les Hidatsas dans leur réserve de Fort Berthold dans le Dakota du Nord. Son livre, Waheenee: An Indian Girl's Story (1982) donne la parole à Waheenee, une doyenne de la tribu: "Je suis née dans une hutte en terre battue à l'embouchure de la Knife River, trois ans après l'hiver de la variole en 1869. Je suis une vieille femme à présent. Les buffles et les cerfs à queue noire sont partis et nos façons de faire indiennes ont presque complètement disparu. Parfois je trouve difficile de croire que je les ai jamais vécues. Mon jeune fils a grandi à l'école des Blancs. Il peut lire des livres, il a du bétail et possède une ferme. C'est un chef pour notre peuple hidatsa. Il les aide à suivre le chemin de l'homme blanc. Il est gentil avec moi. Nous ne vivons plus dans une hutte en terre, mais dans une maison avec des cheminées, et la femme de mon fils cuisine dans un four. Mais en ce qui me concerne, je ne peux pas oublier nos anciennes façons de faire. Souvent l'été, je me lève à l'aube et je me précipite dans les champs de maïs et, pendant que je pioche la terre autour du maïs avec ma houe, je lui chante un chant comme nous faisions quand j'étais jeune. Plus personne ne se soucie de nos chants au maïs à présent ! Parfois, le soir, je m'assois et je contemple le large Missouri. Le soleil se couche et le crépuscule s'avance sur l'eau. Dans les ombres il me semble voir à nouveau notre village indien, avec de la fumée qui monte en volutes au-dessus des huttes de terre, et dans les grondements de la rivière, j'entends les rugissements de nos guerriers et le rire des petits-enfants, comme celui des vieux. Mais c'est là juste le rêve d'une vieille femme. Alors je ne vois plus que des ombres et je n'entends rugir que la rivière, et mes yeux s'emplissent de larmes. Notre vie indienne, je le sais, s'est enfuie à jamais."
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On ne saurait oublier non plus que le mouvement pour le droit de vote des femmes mené par les suffragettes américaines à la fin du XIXe siècle fut influencé par la découverte de la culture de leurs voisines amérindiennes. Des militantes féministes, comme Susan B. Anthony (1820-1906), fondatrice du journal new-yorkais The Revolution (1868-1872), qui avait pour devise " The true Republic: men, their rights and nothing more; women, their rights and nothing less" (la vraie République: des hommes, leurs droits et rien de plus; des femmes, leurs droits et rien de moins), et comme Matilda Joslyn Gage (1826-1898), l'auteur de Woman, Church and State: A Historical Account of the Status of Woman through the Christian Ages: with Reminiscences of Matriarchate (1893), dynamitage radical de toutes les figures de Dieu le père, ont cité des femmes indigènes dans leurs livres et leurs discours, guidant ainsi le combat des citoyennes américaines. En mission pour le Peabody Museum, Alice Fletcher (1838-1923) a raconté l'expérience qu'elle vécut dans une tribu sioux sous la loi coutumière dans les années 1880. L'ethnologue suffragette clama à la face du monde blanc que les Indiennes jouissaient d'une grande liberté et que le droit de divorcer, l'accès à la propriété, le droit de vote et celui de maîtriser leur fécondité leur étaient reconnus.
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Au cours du XXe siècle jusqu'à nos jours, des femmes indiennes vont entretenir sans relâche le foyer du Grand Esprit, en restaurant des pans de leur mémoire pour mieux affirmer leur dignité et leur force vitale. Le choc de la rencontre des deux mondes a exterminé des populations entières, la colonisation a poussé son avantage, sans pourtant réussir à briser totalement le cercle tribal. On a vu l'éducation à l'américaine des Indiens échouer à laver entièrement leurs cerveaux. L'école leur a même appris le langage de l'adversaire et à structurer leur résistance. Il faut reconnaître que les universités américaines ont permis à plusieurs générations d'Indiens et surtout d'Indiennes de s'émanciper et de mettre à profit leurs connaissances pour tenter de protéger leurs peuples. Ces femmes indiennes éduquées sont devenues pédagogues, médecins, ethnologues, avocates en lutte contre les spoliations de leurs territoires, activistes politiques et combattantes des droits civiques et écologiques, dans le prolongement moderne de leur rôle traditionnel. Leur autorité naturelle les a portées à la tête de leurs peuples humiliés et offensés de l'Amérique. Et l'on s'aperçoit que derrière ses plumes, le mâle indien américain n'est pas si machiste puisqu'il sait déléguer et laisser ses fortes femmes s'exprimer en tête.
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Les Indiens se révoltent contre "la piste des voleurs" qui profane leur sanctuaire des Black Hills. [...]
La présence d'Amérindiens est attestée depuis au moins huit mille ans dans ces monts du Dakota. Le mont Rushmore, baptisé du nom d'un avocat new-yorkais qui passait par là en 1885, était la montagne sacrée des Six grands-pères du pèlerinage spirituel des Lakotas dont parle Black Elk.
Pour que les choses soient claires, que l'on sache à qui appartient ce pays, le président Calvin Coolidge décida en 1925 de faire du mont Rushmore un mémorial présidentiel. Il engagea le sculpteur Gutzon Borglum, membre du Ku Klux Klan, un artiste obsédé par un "art américain"qui exalterait les accomplissements de son pays, dans la veine nationaliste héroïque chère aux Mussolini, Hitler et Staline de l'époque. De 1927 à 1941, le sculpteur mégalomane va tailler à la dynamite dans les flancs du mont Rushmore les profils de dix-huit mètres de haut de quatre présidents des Etats-Unis, George Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt, choisis pour "leur rôle dans la préservation et l'expansion du territoire américain". Aujourd'hui, ils font partie du paysage, même si l'on trouve ce land art pour le moins offensant envers les premiers Américains.
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Vidéo de Patrick Deval
Entretien avec Emmanuelle Walter, auteure de « Soeurs volées » aux éditions Lux et Patrick Deval, auteur de « Squaws, la mémoire oubliée aux éditions Hoëbeke. TV5 MONDE
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